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2.3.1 Définition du clavardage

Le clavardage est un phénomène récent. Selon l’Office québécois de la langue française (2002), le clavardage constitue une activité par le biais de laquelle un individu, avec le clavier de son ordinateur, converse par écrit avec une ou plusieurs personnes de façon interactive et en temps réel. D’autres termes font référence au clavardage. En effet, « bavardage-clavier » et « cyberbavardage » sont des termes qui ont été mis de l’avant en 1997 par l’Office québécois de la langue française afin de désigner cet outil de communication. De même, le mot clavardage est formé des mots clavier et bavardage. Tattosian (2008) caractérise le clavardage comme une « conversation sous forme écrite en temps réel, impliquant un ou plusieurs participants en simultané » (Tatossian, 2008, p. 2337). Tattosian (2011) met aussi l’accent sur les aspects spontané et rapide du clavardage, qui sont pris en compte en tout temps par les internautes. Ces derniers cherchent à écrire rapidement, ce qui les amènent à utiliser une langue que l’on pourrait qualifier de « codée ». Finalement, Gonthier (2011) définit le clavardage comme un mode de communication écrit interactif à distance basé sur des discussions virtuelles en direct à l'ordinateur avec une ou plusieurs personnes qui se démarque par ses aspects de rapidité et d’instantanéité.

Par ailleurs, certains chercheurs (Anis, 1999; Tatossian, 2008) affirment que le clavardage n’est ni écrit, ni oral. Selon Tatossian (2008), le clavardage est une forme de communication hybride compte tenu que le code employé est écrit, mais que les

discussions par son intermédiaire peuvent être considérées comme des dialogues et, ainsi, de l’oral dit spontané. Foucher et al. (2010) explicitent eux aussi que le clavardage n’est pas seulement écrit, puisqu’il est possible d’associer plusieurs caractéristiques de l’oral à ce média, étant donné que les phrases sont écrites comme elles sont prononcées à l’oral. Le clavardage peut être utilisé en tant qu’outil pédagogique; il s’agit alors de clavardage en contexte pédagogique.

2.3.2 Définition du clavardage en contexte pédagogique

En situation de clavardage en contexte pédagogique, des élèves clavardent entre eux afin de réaliser des activités scolaires. Cette forme de clavardage permet aux élèves de réaliser des tâches variées, dont discuter et débattre de sujets diversifiés, travailler en équipe sur divers projets et rédiger des textes collectifs et à distance. Dans ce contexte, il est demandé aux élèves d’utiliser un français conventionnel dans la mesure du possible. Les élèves d’une même classe peuvent discuter ensemble, ou bien communiquer avec des jeunes d’autres écoles, de niveaux scolaires semblables ou différents, d'ici ou d'ailleurs. Étant donné que le clavardage en contexte pédagogique semble en être à ses débuts, les définitions le concernant demeurent peu nombreuses à ce jour (Camus et al., 2004). Camus et al. (2004) soulignent que le clavardage en contexte pédagogique offre aux jeunes d’aujourd’hui des situations d’écriture qui se démarquent par leur authenticité. Il s’agit d’un outil pédagogique stimulant et récent favorisant le développement de compétences de différents ordres. Une grande variété d'activités peut être envisagée. Il est également possible d’évaluer si les élèves développent des compétences, autant transversales que disciplinaires, par l’intermédiaire de cet outil pédagogique. Les élèves ont la possibilité de travailler différents types de textes, dont le texte informatif et argumentatif (Camus et al. 2004). Il est nécessaire que les enseignants qui réalisent des activités de clavardage assurent un contrôle de ces activités et que celles-ci aient une visée pédagogique. Cet outil pédagogiqueaidera alors les jeunes à interpréter et à comprendre les normes de

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la langue, tout en pratiquant leur écriture par le biais d’interactions écrites avec d’autres élèves (Labarthe, 2006). Par ailleurs, Camus et al. (2004) rapportent que le clavardage favorise l’esprit critique, le développement de l’imaginaire, aide l’élève à s’habituer à travailler en équipe et à coopérer, développe sa patience et contribue à son cheminement personnel aux niveaux de l’entraide et du respect envers les autres. Quant à Martineau (2009), elle précise que les outils numériques tels que le clavardage, les courriels et les réseaux sociaux, constituent des outils puissants pour l'enseignement des langues, notamment parce qu'ils mettent l'accent sur la communication conversationnelle et exigent des réponses rapides.

Penloup et Lienard (2008) se sont intéressés au clavardage en contexte pédagogique avec les adultes en difficulté d’apprentissage. Ils soulèvent que le clavardage peut stimuler l’intérêt des apprenants qui éprouvent un scepticisme et une insécurité concernant l’écriture. Ce nouvel intérêt peut contribuer à redéfinir leur rapport à l’écriture et faire en sorte qu’ils communiquent plus facilement par le biais de l’écriture, et ce, même si leur maîtrise de la langue n’est pas suffisante. Par ailleurs, ils peuvent se découvrir de nouvelles compétences de différents ordres et performer davantage. Penloup et Lienard (2008) suggèrent la réalisation de productions écrites où les scripteurs ont la possibilité de faire appel à différentes sortes d’écrits électroniques. Ils pourront alors explorer autant les contraintes que les avantages et les ressources multiples de ce style d'écriture. Par exemple, il peut être intéressant de traduire un écrit électronique (tel qu’un texto) en français conventionnel.

En somme, le clavardage devient au fil du temps de plus en plus populaire, que ce soit à la maison ou en contexte scolaire. Ce dernier a le potentiel de favoriser la collaboration, la communication et le développement de compétences variées. Les élèves ont aussi l’opportunité de partager et d’échanger entre eux l’information en temps réel. Le clavardage favoriserait le développement de la compétence à écrire et l’apprentissage de l’interaction, et agirait comme outil de développement pour ce qui

est des formes de prise de parole et en tant qu’élément médiateur entre l’écriture et l’oralité. Aussi, cet outil permettrait aux apprenants de concrétiser un nombre d’échanges considérable si on les compare aux échanges réalisés en face à face. Le clavardage diminuerait la charge cognitive occasionnée par l’écriture puisque cette dernière est alors minimisée; à cet égard, l’activité d’écriture semble faire l’objet de moins de pression et apparaît être moins restrictive lorsqu’elle se déroule en contexte de clavardage. Il demeure qu’avec le clavardage il est maintenant simple et peu dispendieux de créer une véritable communauté d’apprenants qui travaillent ensemble sur différents projets, peu importe l’endroit où ils se trouvent dans le monde (Foucher et al. 2010; Ingram, Harthorn et Evans, 2000). En outre, les jeunes d’aujourd’hui possédant un intérêt marqué pour le clavardage (Clark et Dudgale, 2009; Gonthier, 2011; Lafontaine et al., 2005), celui-ci, utilisé dans un cadre pédagogique, semble à même de contribuer à accroître leur motivation à écrire.