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Première partie : Aspect mycologique

VII. Clé de détermination des panéoles de Normandie

Les différentes espèces de panéoles se ressemblent d’un point de vue macroscopique (Gerhardt, 1999). Ainsi, la détermination de l’espèce en se référant seulement à l’aspect des spécimens, difficile, risque d’aboutir à une confusion. Une fois l’appartenance au genre Panaeolus démontrée, la clé de M. Bon et R. Courtecuisse présentée ici permet de trouver par des critères macroscopiques, mais aussi microscopiques et environnementaux, l’espèce à laquelle se rapportent les spécimens (Bon et Courtecuisse, 2003).

Pour lire la clé, des repères ont été placés devant les paragraphes. Une fois [A] réalisé, les items [B] permettent d’avancer dans la clé. Lorsqu’un item [B] est déterminé, les items [C] correspondants doivent être recherchés. Une fois l’item [C] trouvé dans les paragraphes suivants, les items [D] correspondants à cet item [C] seront obligatoirement situés entre l’item [C] considéré et l’item [C] suivant, ne correspondant plus à l’espèce observée et ainsi de suite.

[A] La première étape consiste à observer les spores.

[B] Si elles présentent une ornementation nettement verruqueuse, elles orientent vers Panaeolus foenisecii et Panaeolus castaneifolius, non répertoriée en Normandie et rare en Europe. Il faudra alors vérifier que le chapeau, convexe à hémisphérique mesure jusqu’à 2,5 cm de hauteur, que le stipe, de dimension allant jusqu’à 7 x 0,4 cm présente une pruine au sommet. Panaeolus foenisecii présente des spores franchement verruqueuses et une couleur plus rosée par rapport à l’autre espèce.

[B] Si les spores sont lisses ou subtilement ruguleuses, la présence ou non de chrysocystides faciales et la viscosité du chapeau permet d’avancer dans la clé.

[C] Dans l’hypothèse où les chrysocystides faciales ne sont pas observées et le chapeau est non visqueux, il faut regarder la marge.

[D] Une marge dentée, débordante ou contractée dans le cas où le voile partiel est encore présent, chez une espèce graminicole à tendance coprophile ou détriticole oriente vers la section des panéoles vrais en référence aux anciens sous-genres.

[E] Une espèce pâle ou blanchâtre, à marge plus ou moins débordante ou non contractée oriente vers Panaeolus papilionaceus ou Panaeolus leucophanes. Parfois considérée comme synonyme de Panaeolus semiovatus, cette espèce n’est pas répertoriée en Normandie (Bon et Courtecuisse, 2003 ; Malaval, 2002). La taille des spores, supérieures à 11 µm de long renvoient à Panaeolus papilionaceus, les spores de

Panaeolus leucophanes possédant une taille plus petite.

[E] Des espèces plus colorées, de brun roux à gris verdâtre ou noirâtre oriente vers trois espèces.

[G] Si la marge se contracte nettement et présente des dents plus ou moins triangulaires, le spécimen appartient à l’espèce Panaeolus sphinctrinus. Les reflets gris verdâtre sont fréquents et les lames, ascendantes, sont noires à maturité.

[G] Si la marge est incurvée ou légèrement débordante, mais non contractée vers le stipe, qu’il n’existe pas de reflets olivâtres et que les lames sont noires à pourprées à maturité, il faut penser à Panaeolus campanulatus ou à Panaeolus retirugis. Parfois assimilée à Panaeolus papilionaceus, cette dernière espèce n’a pas été inventoriée en Normandie (Bon et Courtecuisse, 2003 ; Malaval, 2002). La seconde espèce est plus rougeâtre. La première possède un chapeau lisse et une marge un peu dentée.

[D] Si la marge est oblique, lisse ou légèrement involutée, mais non débordante, avec absence de voile partiel, il faut s’intéresser aux lames. La présence éventuelle de gouttelettes limpides ou opalescentes blanchâtres et fugaces oriente vers plusieurs espèces. Il existe une espèce présentant un lait opaque blanc à jaunâtre, Panaeolus

guttulatus, mais sa présence n’a pas été notée en Normandie (Bon et Courtecuisse,

2003 ; Malaval, 2002). Concernant les espèces ne présentant pas de gouttelettes opaques, la microscopie permet encore de les différencier.

[E] Des spores très finement ornementées permettent de déterminer Panaeolus

olivaceus, les autres espèces présentant des spores lisses. Il faut noter que

l’ornementation des spores de Panaeolus olivaceus, discrète, nécessite un appareillage de qualité et une attention importante.

[E] Si les spores sont lisses, la taille du champignon permet d’avancer dans la clé. Une silhouette franchement mycénoïde chez un spécimen de petite taille par rapport

aux autres du genre (chapeau inférieur à 1 cm et pied de diamètre de l’ordre de 0,15 cm) caractérise Panaeolus alcidis, non présente en Normandie (Bon et Courtecuisse, 2003 ; Malaval, 2002). Un champignon plus grand oriente vers plus d’espèces. Il faudra alors observer le chapeau.

[F] Un spécimen assez charnu, à chapeau hémisphérique, convexe ou plat voire déprimé et très hygrophane avec une marge souvent cernée d’un liseré de couleur différente fait référence à quatre espèces : Panaeolus subfirmus, Panaeolus cinctulus,

Panaeolus uliginosus et Panaeolus atrobaltatus. Parmi toutes ces espèces, seule Panaeolus cinctulus a été retrouvée en régions normandes (Malaval, 2002 ; Malaval,

2013). Pour les différencier, il faut observer la taille des spores. Les spores des deux premières espèces mesurent jusqu’à 14-20 µm de long et celles des secondes, moins de 11 µm. Entre Panaeolus subfirmus et Panaeolus cinctulus, la distinction se résume à la forme du chapeau et la taille du stipe : chapeau conico-convexe et stipe jusqu’à 17 cm pour la première et chapeau convexe à presque plat et stipe épais, jusqu’à 9 cm, pour

Panaeolus cinctulus.

[F] Chez les spécimens peu charnus ou restants bombés, à chapeau parfois conique à campanulé et moins hygrophane, à marge peu ou pas cernée, la pruine et les caractéristiques des cheilocystides revêtent leur importance.

[G] Des champignons assez élancés au stipe entièrement pruineux et à chéilocystides étroites et polymorphes peuvent correspondre à deux espèces : Panaeolus

rickenii et Panaeolus acuminatus. La première possède un chapeau plus ou moins

obtus, dont la dimension du diamètre avoisine celle de la hauteur alors que la seconde présente un chapeau plus haut que large, à mamelon ou aigu.

[G] Un caractère plus trapu, pruineux seulement au sommet et à cheilocystides plus larges, rassemblent Panaeolus dunensis et Panaeolus fimicola. La première, maritime et non répertoriée en Normandie, possède un pore germinatif oblique sur ses spores tandis que la seconde, un pore axial (Bon et Courtecuisse, 2003 ; Malaval, 2002).

[C] Dans l’hypothèse où la présence de chrysocystides faciales ou de métuloïdes faciales est remarquée ou si le chapeau est visqueux, chez des espèces parfois annelées, les caractères du revêtement permettent de discriminer deux groupes : d’un côté des espèces à cuticule sèche et colorées, de l’autre, des espèces à revêtement plus ou moins visqueux et de couleur pâle.

[D] Deux espèces appartiennent au premier groupe. Elles sont distinguées par leurs spores. Si elles portent un pore germinatif axial, l’espèce Panaeolus ater est déterminée. En revanche, si elles montrent un pore germinatif oblique ou dorsalement excentré, c’est Panaeolus obliquoporus qui est représentée. Cette dernière n’a pas été inventoriée dans la région (Malaval, 2002).

[D] Concernant le second groupe, il correspond aux anciens sous-genres

Copelandia et Anellaria. L’ancien sous-genre Copelandia est représenté par une seule

espèce dans la région, Panaeolus cyanescens, à métuloïdes faciales, alors que les espèces anciennement appelées Anellaria n’en possèdent pas, mais présentent des chrysocystides faciales. Pour ces dernières espèces, l’une d’entre elles possède un anneau et un chapeau visqueux : Panaeolus semiovatus. La variété Panaeolus

semiovatus var minor ne possède pas de chrysocystides faciales. Les autres, non

annelées, peuvent être légèrement cortinées et la viscosité de leur chapeau est nulle ou faible. Deux espèces y sont rattachées : Panaeolus antillarum et Panaeolus

phalaenarum. Pour les différencier, il faut regarder un ensemble de caractères. Panaeolus antillarum est plus grande, à stipe pruineux seulement au sommet, et

cespiteuse alors que Panaeolus phalaenarum pousse en solitaire et ses cystides d’arêtes sont rares. Cette dernière n’a pas non plus été référencée en Normandie (Malaval, 2002).

Naturellement, il convient, pour s’assurer de l’appartenance des spécimens à une espèce, de vérifier que tous ses caractères sont compatibles avec la description de l’espèce considérée.

Le genre Panaeolus appartient donc aux champignons à basides de la famille des Bolbitiaceae. Toutes les espèces de ce genre sont de petits champignons à sporée noire, à lames nuageuses, saprophytes et plus ou moins coprophiles. Les critères permettant de les différencier font largement appel à la microscopie, ce qui nécessite du matériel. Si la détermination du genre est possible sans microscope, l’identification de l’espèce est hors de portée d’un mycologue ne possédant pas de matériel, et encore moins d’un ramasseur de champignons inexpérimenté.

Les panéoles, cosmopolites, restent assez rares en régions normandes. Douze espèces de panéoles y ont été inventoriées. Parmi elles, seulement deux possèdent des

molécules hallucinogènes à concentration assez élevée pour induire un effet psychodysleptique, les rendant dignes d’intérêt d’un point de vue de la santé publique. Après s’être intéressé à l’aspect mycologique, l’exposé se poursuivra donc naturellement par l’analyse des travaux publiés sur ces molécules principalement sur le plan mycochimique.

Deuxième partie :