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Première partie : Aspect mycologique

III. Le genre Panaeolus

III.2. Caractères du genre

Dans cette partie, les caractéristiques morphologiques seront abordées en premier lieu. Ensuite, les éléments microscopiques intéressants pour la détermination des espèces seront évoqués. Enfin, le mode de vie des panéoles sera détaillé.

III.2.1. Caractères morphologiques

Le genre Panaeolus est assez cosmopolite puisque des spécimens y appartenant ont été trouvés sur tous les continents (Courtecuisse et Deveaux, 2004). Ces champignons sont surtout présents de juin à septembre dans les zones tempérées (Ola’h, 1969). Aucun panéole n’est comestible (Guillot, 2003). Les Panéoles sont des champignons de petite taille, de l’ordre d’une dizaine de centimètres en général, fragiles et fugaces (Heim, 1978). Leur couleur est généralement terne ou pale (Ola’h, 1969).

Ces champignons possèdent une silhouette de type pied + chapeau. Le chapeau, mince et hémisphérique à conico-convexe, présente une marge débordante (Courtecuisse et Duhem, 2011). Il est orné de ridules ou de craquelures. La cuticule est sèche, rarement collante (Gerhardt, 1999). L’hyménophore est formé par des lames non libres, souvent adnées, nombreuses et serrées, dont l’arête est généralement blanchâtre (Courtecuisse et Duhem, 2011). Elles sont en général larges et ventrues, jamais déliquescentes (Ola’h, 1969). La maturation des spores est caractéristique du genre (Guillot, 2003). La figure suivante illustre le caractère nuageux des lames.

Figure 8. Lames nuageuses

(Les Champignons.fr, site internet)

La maturation par plages des spores donne un aspect nuageux ou papilionacé, aussi qualifié de pommelé aux lames. Elles revêtent alors un aspect moucheté, les taches apparaissant nombreuses et peu étendues (Guillot, 2003). Ces lames sont non déliquescentes et les spores, noires et mat (Ola’h, 1969 ; Pace, 1996). Le stipe, d’insertion centrale, présente une texture fibreuse. Elancé et tubuleux, il ne possède pas de voile partiel mis à part la présence d’un anneau chez certaines espèces. Il peut être strié longitudinalement et présenter un renflement à la base (Ola’h, 1969). Il est souvent pruineux, la pruine ressemblant à de très fines gouttelettes, est toujours plus claire à proximité du chapeau (Courtecuisse et Duhem, 2011 ; Ola’h, 1969). Elle devient noire après dépôt de spores. La chair, hygrophane, mince, blanc crème mais bleuissant chez

certaines espèces, présente en général une odeur herbacée et une saveur douce (Eyssartier et Roux, 2013 ; Ola’h, 1969).

III.2.2. Organisation microscopique

Le chapeau présente un revêtement épithélial, aussi appelé celluleux, à hyméniforme, selon les espèces (Courtecuisse et Duhem, 2011). Alors qu’une cuticule celluleuse est composée de cellules sphériques ou ellipsoïdales, une couche hyméniforme présente des cellules disposées les unes à côté des autres, perpendiculaires à la surface (MycoDB, site internet). Des schémas correspondants à ces structures seront présentés lors de la description des espèces.

La trame des lames est régulière, composée d’hyphes grêles ou « en boyaux » parallèles à l’exception du Panaeolus africanus (Ola’h, 1969). Le sous-hyménium est celluleux et hyalin*. Les basides, hyalines, cylindriques ou clavées*, sont tétrasporiques ou bisporiques. Les basidioles ont une forme cylindrique ou piriforme. Les poils de l’arête des lames sont aussi hyalins, piliformes, clavés ou encore fusoïdes-ventrus. Ces derniers sont peu spécifiques.

Concernant les cystides des panéoles, des cheilocystides ou cystides d’arête, des pleurocystides situées sur la face des lames, des piléocystides ou des caulocystides peuvent être présentes, selon les espèces (Bon et Courtecuisse, 2003 ; Breitenbach et Kränzlin, 1995 ; Eyssartier et Roux, 2013).

Chez certaines espèces de panéoles, il existe des chrysocystides. (Bon et Courtecuisse, 2003) Ces dernières sont lamellaires et se caractérisent par un contenu bien délimité qui se colore en jaune dans la potasse (Breitenbach et Kränzlin, 1995). Pour étudier ce caractère, un fragment de lame doit être mis en présence de potasse à 3 % avant observation au microscope. Comme cette réaction n’est pas toujours évidente, le fragment de lame peut aussi être coloré par une solution de bleu patenté V à 1 %. Il sera ensuite rincé et observé dans de l’ammoniaque. Le contenu central des chrysocystides reste coloré en bleu. Des schémas de cystides seront aussi présentés dans la partie décrivant les espèces.

Les spores, aux dimensions frontales et latérales différentes, sont pourvues d’un pore germinatif débordant, parfois oblique, hyalin (Bon et Courtecuisse, 2003 ; Ola’h, 1969). Elles possèdent une paroi épaisse, plus foncée dans la potasse que le reste de la spore, et une couleur noirâtre, non transparente (Ola’h, 1969). Les spores de ce genre sont rarement ornementées. Contrairement aux genres Coprinus et Psathyrella, les spores des panéoles, observées au microscope, ne se décolorent pas après adjonction d’acide sulfurique (Breitenbach et Kränzlin, 1995). Les jeunes spores ont cependant tendance à s’éclaircir vers le brun-clair au bout de cinq à six minutes (Ola’h, 1969). Les spores plus âgées passent du brun-noir foncé à un brun-noire verdâtre, voire à un vert fumé. En présence du réactif de Melzer, qui permet de détecter le caractère amyloïde, les spores, comme les autres tissus du champignon, donnent une réaction négative (Musshoff et al, 2000).

Le mycélium en culture est blanc-grisâtre à brunâtre, bleuissant et formant parfois des pseudo-sclérotes chez certaines espèces (Ola’h, 1969). Les hyphes sont grêles et régulières, au contenu granuleux et à boucles simples. Les hyphes sont souvent vésiculeuses ou piliformes. Des arthrospores, le plus souvent en chaînes rectilignes, moins souvent en grappes peuvent être observées. Elles signent l’existence d’une multiplication asexuée.

III.2.3. Mode de vie : le saprophytisme

Les panéoles adoptent un mode de vie saprophytique (Gerhardt, 1999). Ils se développent donc aux dépens de déchets organiques d’origine animale ou végétale (Bouchet et al, 2005). Certains spécimens poussent sur du fumier en fermentation, sur les bouses et sur les crottins de volume important lorsque leur température est suffisamment élevée (Ola’h, 1969). Ils sont dits fimicoles. D’autres, dits coprophiles, croissent sur des excréments, mais de faible volume, ce qui ne permet pas la fermentation continue par des microorganismes, et donc une température et un état hydrique élévés. D’autres spécimens vivent dans l’herbe, dans des prairies ou des pelouses riches en matière organique (Bouchet et al, 2005). Ce mode de vie est couplé, sauf pour quelques espèces appartenant à d’autres embranchements, à l’aérobie. Ainsi, les panéoles ne peuvent pas vivre en l’absence d’oxygène.

Les espèces saprophytes tirent leur source de carbone préférentiellement dans les sucres et leur source d’azote dans les protéines ou leurs produits de dégradation (Purves

et al, 1994).

Ces champignons participent au cycle de l’azote en dégradant l’humus dans les milieux acides où les bactéries se développent difficilement (Bouchet et al, 2005 ; Purves et al, 1994). Ils jouent alors le rôle d’éboueur dans leur écosystème, en dégradant, par voie enzymatique, la cellulose et la lignine, non dégradée par les bactéries.

Après avoir passé en revue les caractéristiques du genre Panaeolus, une clé de détermination de ce genre va être donnée.