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Ciblage communautaire

Le ciblage communautaire permet aux communautés d’identifier ceux de leurs membres qui ont le plus besoin d’une aide

alimentaire et de gérer elles-mêmes la distribution des vivres.

Cette méthode exploite la connaissance que la communauté a des ménages vulnérables et renforce sa responsabilité à l’égard de ces derniers. Elle peut contribuer à mettre en place des structures communautaires de développement économique et efficace et parvient généralement à une distribution plus efficiente. On a également constaté que cette méthode constitue un excellent moyen de rendre les femmes plus autonomes. Elle est utilisée par exemple pour les opérations d’urgence ou les interventions prolongées de secours et de redressement afin de définir des critères de ciblage convenus adaptés à la situation locale.

Comme les idées que les communautés se font de la vulnérabilité varient de l’une à l’autre, le PAM doit brosser un tableau général pour veiller à ce que le mandat et les priorités de leurs

organisations soient reflétés dans les critères de ciblage.

Le ciblage communautaire donne de bons résultats si les deux conditions ci-après sont réunies:

➢ Il existe un solide sentiment de communauté et les dirigeants sont disposés à aider certains secteurs de la collectivité (personnes déplacées, femmes, membres des castes inférieures et/ou personnes vivant dans l’insécurité alimentaire).

➢ Les niveaux de redistribution au sein de la collectivité sont si faibles qu’il est peu probable qu’un apport soit

généralement partagé, quelle que soit la nécessité d’une aide alimentaire.

Pour déterminer si ces deux importantes conditions sont remplies dans un cas particulier, l’on peut avoir recours à la

Cartographie des réseaux sociaux ou au Diagramme de Venn(Brochure 5). Ces outils permettent également de déterminer quelles sont les personnalités influentes dans la communauté et quelles sont les institutions dans lesquelles les femmes et les groupes marginalisés ont confiance pour les représenter.

Organiser un exposé d’information

S’il semble qu’un ciblage communautaire soit probable, il y aura lieu d’organiser un exposé préliminaire d’information entre le PAM et les dirigeants de l’opinion publique, les représentants des populations marginalisées, les représentants des organismes gouvernementaux et les autres partenaires locaux pour expliquer en détail le processus de ciblage communautaire et planifier sa mise en œuvre.

Il y aura lieu d’organiser un réunion publique avec l’aide des dirigeants communautaires. Cette première réunion publique aura pour but d’informer les intéressés de l’objet de l’aide alimentaire et des critères sur la base desquels la communauté a été

sélectionnée et d’indiquer quel sera le total de l’allocation de vivres et quelle sera la ration distribuée aux familles. Pendant la réunion, il conviendra aussi d’insister sur les points suivants:

• L’aide alimentaire n’est destinée qu’aux ménages les plus vulnérables et les plus affectés.

• Les membres de la communauté eux-mêmes, par l’entremise d’un comité élu par eux, détermineront qui recevra l’aide alimentaire et qui la distribuera.

• Les distributions se feront sur la base des ménages plutôt que de l’individu (l’unité que constitue le ménage devra être définie).

La deuxième partie de cette réunion sera consacrée à l’élection du comité communautaire de secours. Une partie de ses membres devront être des femmes — cela n’est pas négociable. Le PAM peut désigner quelques membres du comité.

Il y aura lieu de préciser que les membres du comité devront se consacrer à plein temps à l’enregistrement des bénéficiaires pendant une durée pouvant atteindre une semaine, que, normalement, ils ne seront pas rémunérés, qu’ils seront soumis aux mêmes critères que les autres membres de la communauté pour ce qui est du droit de recevoir une aide alimentaire et qu’ils devront rendre des comptes à la communauté.

Veiller à ce que chaque membre du comité ait un travail distinct à faire pour empêcher que les femmes ou des pauvres qui siègent au comité ne jouent qu’un rôle symbolique. Il faudra peut-être pour cela dispenser une formation spéciale aux femmes.

Après la première réunion publique, le comité devra identifier les critères de sélection des bénéficiaires et subir une formation en matière de ciblage, de rôles et de responsabilités, de

comptabilité, de signature des bordereaux d’expédition, de stockage des aliments, de déchargement, etc. Les membres du comité pourront suggérer leurs propres critères de sélection des bénéficiaires ou utiliser ceux du PAM. Des outils participatifs comme Images de la vulnérabilitéou Notation de la richesse ou du bien-être(Brochure 5) pourront être utiles à cette fin.

Organiser une deuxième réunion publique

Lors d’une deuxième réunion publique, pas plus d’une semaine après la première, le président du comité donnera lecture des critères de sélection proposés par celui-ci et les expliquera. Des

changements pourront y être apportés sur la base des propositions et des idées formulées par les participants.

Les membres de la communauté devront approuver la série de critères finalement retenus et il devra être établi une liste

permanente de ces critères qui devra rester constamment exposée.

Les critères pourront être écrits au mur plutôt que sur un document.

Le processus d’enregistrement peut commencer

Enfin, il y aura lieu d’annoncer les dispositions à prendre pour l’inscription des ménages, laquelle pourra être opérée par le comité. Le nombre de membres du ménage et leurs noms, ainsi que le nom de la femme chef du ménage, seront inscrits dans un registre.

Il conviendra en outre de mettre en place un mécanisme qui permette au PAM d’obtenir du comité une information en retour concernant les besoins alimentaires ainsi qu’un autre mécanisme qui permette aux bénéficiaires exclus de contester directement cette décision auprès du PAM. Le comité sera responsable de la distribution des rations et de la comptabilité.

Le ciblage communautaire à Loyangalani (Kenya)

Le comité de secours de Loyangalani comprend huit femmes et six hommes. Les hommes et les femmes ne concevaient le ciblage communautaire de la même façon. Pour les hommes, le principal avantage de ce système était qu’il réduisait la corruption car il empêchait les personnes chargées de

distribuer les vivres de les conserver par-devers elles. Ils ont ajouté qu’ils se félicitaient de la participation des femmes mais que celles-ci ne devaient pas prendre part aux activités de diffusion de l’information en raison de la charge de travail que représentaient leurs tâches au foyer.

Les femmes ont souligné que le nouveau système leur donnait beaucoup plus de responsabilité en matière de distribution des produits alimentaires et qu’il était généralement

beaucoup plus avantageux que l’ancien. Elles ont précisé que, selon leurs traditions culturelles, les femmes ne sont pas censées assumer des “rôles de direction”, ce qui avait initialement causé des problèmes car les hommes voulaient prendre totalement en main le contrôle de la distribution des secours. Voyant que les rations parvenaient effectivement aux personnes qui en avaient besoin lorsque les femmes

participaient à leur distribution, les hommes avaient néanmoins peu à peu battu en retraite. Comme l’a dit une femme “Ils se rendent compte maintenant que la

participation des femmes signifie que les vivres parviennent vraiment à leurs destinataires”.

Un autre groupe a déclaré que ce système communautaire avait pour la première fois amené les femmes à prendre la parole dans les barazas (lieux publics de réunion) et il encourageait l’union et la collaboration au sein de la communauté.

Le comité de secours de Loyangalani se considère comme un comité de développement potentiel. L’on a parlé par exemple de la possibilité d’utiliser la structure constituée par le comité de secours pour gérer des potagers communautaires et fabriquer des filets de pêche.