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ET FONDEMENTS THEORIQUES

Partie 1 – Problématique du recueil des données

1. Le choix du terrain d’étude

Avant de présenter notre enquête, nous présentons dans ce qui suit notre terrain d’étude. Nous justifions le choix porté sur la ville de Tébessa et nous décrivons les situations sociales et les établissements dans lesquels nous avons mené notre enquête, ainsi que le public visé (enseignants et apprenants).

Nous avons mené notre recherche dans la ville de Tébessa, située dans la daïra de Tébessa et la wilaya de Tébessa qui se trouve à l'est de l’Algérie, entre le massif des Aurès et la frontière algéro-tunisienne. La wilaya s'étend sur 184 km² et compte 648 703 habitants depuis le dernier recensement de la population de 2008. La densité de population est de 1 068,1 habitants par km² sur la ville (cf. Annexe 2 carte géographique de la wilaya de Tébessa).

Tébessa est une grande ville marquée par un grand nombre d’habitants environ 196 537 selon les statistiques de 2008. Elle est connue pour son patrimoine archéologique et historique et ses vestiges romains (l’Arc du triomphe de Caracalla, le Théâtre romain, le temple de Minerve, l’Amphithéâtre, les ruines de la basilique St Crispine, les murs byzantins et le musée archéologique). Elle est célèbre par sa richesse culturelle et sa forte tradition artisanale (les tapis, la broderie, la poterie et la céramique, le travail du bois, le travail du cuir, les bijoux, le travail du cuivre). Les gens de Tébessa mêlent dans leur répertoire verbal et à des degrés divers, l’arabe dialectal, l’arabe littéraire et le chaoui (langue berbère parlée par les Chaouis, habitants des Aurès et ses régions attenantes). Notre choix de ce terrain est motivé par les raisons ci-après :

- Tébessa est notre ville natale ; nous avons beaucoup d’informations sur la région, les habitants et les établissements, ce qui nous permet d’avoir des facilités pour

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mener à bien notre recherche. Nous connaissons bien ses caractéristiques sociales, économiques et culturelles.

- nous sommes nous-mêmes enseignant à Tébessa. Nous connaissons aussi les caractéristiques du système éducatif de cette région, plusieurs établissements et des enseignants.

- Tébessa est, comme les autres régions d’Algérie, fortement marquée par les changements fondamentaux liés à la mise en place d'une réforme du système éducatif depuis 2003. Ce dernier donne plus d'ampleur à l'enseignement des langues étrangères, dans une volonté d’ouverture sur le monde et afin de donner plus de chances sociales aux apprenants. Cette réforme veut être une remédiation aux carences de l’ancien système qui se manifestaient par un taux élevé de déperditions et d’échecs scolaires avec toutes les conséquences que nous connaissons, à savoir la baisse de qualification, le chômage, la délinquance et la violence.

- l’enseignement-apprentissage du français, langue qualifiée d’étrangère, à Tébessa comme dans d’autres villes algériennes connaît beaucoup de difficultés. Malgré les longues années consacrées à l’apprentissage du français, les apprenants éprouvent toujours d’énormes difficultés à s’exprimer à l’oral et à l’écrit dans la langue cible. Nous essayerons d’en analyser quelques causes et de proposer des remédiations. - en tant que grande ville, Tébessa est concernée par le thème de la pollution, thème

du projet proposé dans le manuel. Le phénomène de la pollution dérange à la fois les responsables et les habitants de la ville ; ils souffrent du rejet inconscient des déchets par les gens et par les usines.

Les observations issues de la vie sociale quotidienne ont été faites dans notre environnement personnel immédiat, dans Tébessa et ses environs proches.

Passons au deuxième niveau de notre comparaison. Notre terrain d’étude scolaire est, quant à lui, composé dans un but comparatif de deux établissements d’enseignement moyen. L’établissement A est un collège situé dans un quartier populaire qui porte le nom de « Imam Ali ». Construit en 1984, il accueille aujourd’hui plus de 800 apprenants issus de diverses couches sociales. Cet établissement se situe au sud de la cité de « Oued Nagues », l’un des plus grands quartiers de la ville de Tébessa (cf. carte de la ville Annexe

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- la cité « Oued Nagues » est le quartier où nous habitons, nous connaissons bien ses habitants, leurs habitudes et leurs caractéristiques.

- ce quartier, très peuplé, abrite plus de 5000 âmes. Comme dans beaucoup de villes algériennes que, dans la Cité Oued Nagues, les habitants sont souvent issus de milieux ruraux, à l’origine. Ils ont souffert pendant de longues années d’une négligence de la part des autorités en ce qui concerne surtout l’aménagement extérieur (cf. Annexe 4, El Watan 29/11/2014). Cette situation les a amenés à développer un esprit de solidarité et les a obligés pendant tout ce temps à coopérer et à collaborer pour surmonter les difficultés, comme on le faisait dans la vie rurale. Le travail collaboratif, très présent, fait donc partie de leur vie quotidienne. Nous nous basons sur cette expérience pour construire nos observations sociales et pratiques de classe.

- nous étions nous-même enseignant dans ce collège pendant 07 ans, nous connaissons donc son architecture, ses responsables, ses enseignants ainsi que ses conditions de travail. Nous pouvons affirmer que les conditions de vie, de travail et d’enseignement-apprentissage dans cette école sont proches de celles décrites plus haut pour la société, pour ne pas dire qu’elles la reflètent. C’est un établissement ancien, qui n’est pas réaménagé et qui souffre du manque du matériel et des outils de travail nécessaires. Cependant, cette situation difficile a créé une atmosphère de solidarité et de collaboration entre les enseignants, les apprenants et les travailleurs dans cette école ainsi qu’avec les parents qui se présentent de temps en temps.

- du fait que nous connaissons les enseignants, leurs personnalités ainsi que leurs méthodes d’enseignement, cela nous a facilité la tâche pour choisir ceux qui sont habitués à faire des travaux collaboratifs avec leurs apprenants.

- notre connaissance des responsables dans ce collège nous a permis d’avoir facilement l’autorisation de recherche et de nous déplacer sans trop de contraintes dans l’établissement, entre autres pour enregistrer les échanges.

L’établissement B où nous avons mené également notre enquête porte le nom de « Mechri Mohamed Nacer ». C’est un nouveau collège construit au début des années 2000. Il se situe dans le quartier « PELF », peu peuplé et que nous pouvons qualifier d’« administratif ». Ce quartier, récemment construit par les autorités de la wilaya, vise à

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faire sortir toutes les administrations du centre-ville dans le but de diminuer la surpopulation dans les autres quartiers et de réduire les embouteillages. Il regroupe la poste centrale, la maison financière, l’hôpital public, les conseils wilayal et communal et beaucoup d’autres directions administratives. La cité résidentielle est limitée à quelques bâtiments dont les habitants ne se connaissent pas ou se connaissent peu (cf. annexe 1). Notre choix pour cette école qui scolarise près de 400 apprenants issus des familles dont les parents sont surtout des fonctionnaires, est motivé par les raisons suivantes :

- il convient à notre objectif, car nous cherchons à savoir si les personnes dans cet établissement développent des pratiques collaboratives et s’ils ont des intérêts pour la collaboration.

- contrairement au collège « Imam Ali » qui se trouve dans un quartier populaire dont la solidarité forme l’originalité, le collège « Mechri Mohamed Nacer »se trouve dans un quartier peu peuplé avec des logements collectifs dont ses habitants ne sont pas stables, donc se connaissent peu, ont peut-être moins de besoins matériels et donc nous nous demandons s’ils sont aussi solidaires que les quartiers plus traditionnels.

- dans ce collège, nous connaissons l’enseignante, elle est notre collègue. Nous connaissons sa personnalité et son professionnalisme. C’est une enseignante qui travaille de façon traditionnelle et n’est pas formée au travail collaboratif en classe. Elle pense que l’enseignant doit être autoritaire dans sa classe pour pouvoir transmettre les informations, et que les nouvelles méthodes et stratégies en didactique des langues sont inapplicables en Algérie, à cause du manque du matériel, du nombre des apprenants en classe, etc.

- notre connaissance de cette enseignante qui nous a présenté aux responsables de l’école nous a permis d’avoir facilement notre autorisation de recherche.

Notre intérêt est donc clair ; il s’agit de mener une analyse détaillée des mécanismes régissant les dialogues collaboratifs entre apprenants à travers un rapprochement entre société et classe et en nous basant sur une série de comparaisons : une comparaison entre les dialogues collaboratifs réalisés dans la société et les dialogues collaboratifs réalisés dans la classe entre apprenants ; une comparaison entre une classe habituée à ce genre de dialogues et une deuxième classe qui ne l’est pas ; une comparaison entre un enseignant

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qui a l’habitude de réaliser des travaux collaboratifs avec ses apprenants et un autre qui ne l’a pas.