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II.1. L’organisation de l’administration civile Française

La présence française à Madagascar a duré une soixantaine d’années. Il n’y avait pas de ville, mais de petits villages sur la côte sur le littoral de dunes, de marais, de pressions salines et de mangroves qui abritaient les Vezo. Les traces se trouvent actuellement à Mahavatse, Tsimenatse, Ambohitsabo, Besakoa, Ankilibe, etc. là, on pratique la pêche associée à la culture du maïs en saison des pluies.

Des agro-éleveurs, Masikoro habitaient à quelques kilomètres à l’intérieur des terres, dans les espaces et environ de Miary à l’embouchure du Fiherenana. L’agriculture qu’ils pratiquent, utilise les alluvions du fleuve et les terrains de décrue.

La plaine côtière est, elle, occupée par des Tanalana, de lignage qui vient de Betsinjaka. Partout on défriche les terrains par le feu. Puis on laisse les eaux les fertiliser l’irrigation est exceptionnelle.

Les colons ont mis en place un circuit d’échange sur la côte ouest, apprécié pour ses qualités portuaires depuis XVIIe Siècle.

Tuléar ne faisait pas partie des régions que l’administration coloniale pensait en raison de l’évidente médiocrité de ses potentialités naturelles par rapport à d’autres régions de Madagascar7. Elle ne faisait pas partie non plus de ce que les colons appelaient le Madagascar utile d’après KOTO Bernard.

Pour parvenir à une stratégie de pacification, l’administration coloniale s’engageait d’assurer le contrôle politique de la nouvelle colonie. Pour la raison de communication en l’absence des constructions des routes, le point de convergence est le port, de plus, une possibilité des sites comme Manombo, Toliara, Saint Augustin et Nosy-ve doivent être mise en vigueur.

A partir des sites, Toliara réussit d’être le centre régional, car les sites cités ci-dessus sont beaucoup plus difficiles d’accès alors qu’en 1880 ils étaient plus peuplés que Toliara.

C’est pourquoi Gallieni en 1897 ordonne à ESTEBE de transférer les services administratifs civils (les traitants étrangers, les entrepôts des Indiens et la vice-résidence avec

7KOTO BERNARD, Talily N°3-4, 1996 p.29

tous les services administratifs) de Nosy-ve à Toliara. C’est à partir de cette décision que Toliara accède une place dite capitale régionale :

Dès lors, le développement de la ville comme une entité administrative est très rapide :

- De 1897 à 1902 c’est une nouvelle forme de construction autonome dirigée par Genin, puis par Estèbe

- De 1902 à 1914 une première jetée est construite et encore visible derrière l’actuel Hotel Plazza.

- De 1902 à 1926 c’est un chef lieu de district dépendant de l’administration civile.

- De 1933 à 1935 construction du wharf actuel de 1,5km de long qui permet l’accostage des navires

- En 1934, première adduction d’eau y est terminée - En 1939, la ville est d’ailleurs érigée en municipalité

- D’Octobre 1946 à la décolonisation, c’est un chef lieu de la province de Toliara.

- En 1950, Toliara s’industrialise de façon beaucoup plus nette.

En conséquence, on a l’affirmation de la vocation régionale de Tuléar parallèlement à l’émergence du Sud-Ouest en tant que région.

C’est une ville qui existe par ces fonctions et seulement pour elles, pourtant elle est éminemment modeste.

On va le voir, le colonisateur va penser et organiser cette ville pour son propre usage soit des services, c’est des activités pour un nombre très restreint de personnes. Les malgaches n’y sont pas conviés. La ville est le « Tanam-bazaha » le lieu des étrangers. Selon l’expression de J. M Ela , dans ces villes coloniales, l’Africain vit dans le monde des autres.

Et quand la ville est indépendante, elle plonge dès le début des années 1960 dans une profonde litharge pendant 10 ans.

II.2 L’ouverture d’un port de migration

Des nouveaux quartiers sont intégrés et l’électrification commençait à se généraliser grâce à l’installation de la société électrique de Madagascar en 19588 .

Toliara s’intensifiait avec une allure d’une ville et va devenir jusqu’aujourd’hui un pôle de migration de la population du Sud-Ouest de l’île y compris Betania un arrondissement d’une nouvelle citadinitée et qu’on voit le jour qu’à partir de la période coloniale.

D’une manière générale, Tuléar étant récemment une terre de départ par sa faible densité avec un espace très vaste et une population moindre, le Sud Ouest n’était plus un front pionnier. Mais les mouvements migratoires ne se font pas vers d’autres régions, ils s’effectuent à l’intérieur même. C’est à partir de là que la ville doit assumer cette responsabilité dont des contrastes.

A part du recensement de 1975 avec 12 000 habitants, comme il était cité auparavant selon B.KOTO, plus de 55 % de la population se sont arrivées après 1980 et on l’évalue supérieur à 100 000 habitants. Malgré le regret de l’absence des données statistiques récentes et fiables sur un phénomène à la fois si important et si nouveau, ces mouvements sont, eux, beaucoup plus significatifs du système migratoire dans cette ville. Il en existe de mouvement de prêt que de loin comme Mahafale, Fianarantsoa et même des Merina. On peut aussi dire qu’un migrant sur deux dans le Sud-Ouest vient de s’installer dans l’ex-préfecture de Tuléar et même avant cela.

L’impact qui conduit ces migrants dans la ville n’était pas ni perçu ni vécu de façon identique. Pour l’arrondissement Betania, les Makoa ont vu les colons propriétaires de cette terre.

Carte n°3 : Tuléar 1921 (d’après H. Poisson)