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Chapitre 2 – Revue de littérature

2.2. Principes du Cadastre 3D

2.2.2. Le cas des propriétés superposées

La croissance démographique, le développement des villes et l‟urbanisation, durant les deux derniers siècles, ont considérablement augmenté les pressions sur l‟utilisation du territoire et ont suscité, en conséquence, un intérêt croissant pour l'utilisation de l'espace sous et au-dessus de la surface (Aien et al. 2011; Stoter 2004).

Des infrastructures souterraines (ex. tunnel, métro, stationnements), des bâtiments multiniveaux et des condominiums, par exemple, sont les résultats de l‟urbanisation et représentent des propriétés superposées verticalement dans l‟espace. La superposition de propriétés est la situation dans laquelle des propriétés se retrouvent partiellement ou entièrement verticalement au-dessous l‟une de l‟autre (ex. condominium) tandis qu‟elles appartiennent aux plusieurs propriétaires. La figure 2.1 montre trois exemples de la superposition de propriétés, l‟un est « Residencial Sanchinarro », un immeuble de grande hauteur avec un trou à Madrid, en Espagne. C‟est une résidence en copropriété de 21 étages et deux sous-sols (Figure 2.1a). L‟autre est la station Henri-Bourassa de la ligne orange du métro de Montréal qui est construite au-dessous de l'arrondissement d‟Ahuntsic-Cartierville dans le nord de l‟île de Montréal. Cette station est localisée au- dessous d‟un boulevard, deux rues et de bâtiments résidentiels (Figure 2.1b). La troisième est un bâtiment localisé à Rotterdam, aux Pays-Bas, appelé « De Bruge », qui est construit au-dessus d‟autres bâtiments et d‟un chemin public (Figure 2.1c).

(a) Residencial Sanchinarro (une copropriété), Madrid, Espagne (Extraite de maps.google.com)

(b) Station Henri-Bourassa, métro de Montréal, Canada

(Extraite de www.flickr.com, image : Matt' Johnson)

(c) Bâtiment « De Bruge », Rotterdam, Pays-Bas

(Extraite de maps.google.com)

Figure 2.1: Exemples de la superposition de propriétés, (a) « Residencial Sanchinarro », un immeuble de grande hauteur à Madrid, en Espagne, (b) la station Henri-Bourassa du métro de Montréal, au Canada, construite au-dessous

de l'arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville et (c) le bâtiment « De Bruge » construit au-dessus d’autres bâtiments et d’un chemin public à Rotterdam, aux Pays-Bas

Les systèmes cadastraux actuels sont généralement basés sur les parcelles (2D) et les plans cadastraux fournissent une description graphique 2D des limites et de la forme ces parcelles (Stoter 2004). Comme plusieurs l‟ont démontré (Aien et al. 2011; Guo et al. 2011; Pouliot et al. 2009; Stoter and Oosterom 2006; Stoter et al. 2013), dans le cas des propriétés superposées et de par leur nature tridimensionnelle, de telles propriétés ne peuvent pas être représentées directement sur les plans cadastraux et il faut donc utiliser d‟autres solutions. La figure 2.2 montre la représentation des trois exemples illustrés dans la figure 2.1 sur les plans cadastraux de l‟Espagne, du Québec et des Pays-Bas.

(a) La représentation de « Residencial Sanchinarro » sur le plan cadastral de l’Espagne. Extraite de

www.sedecatastro.gob.es

(b) La représentation de la station Henri-Bourassa du métro de Montréal sur le plan cadastral du Québec. Extraite de l'interface Web Infolot (http://infolot.mrnf.gouv.qc.ca)

(c) La représentation de « De Bruge » sur le plan cadastral des Pays-Bas. Extraite de Stoter et al. (2012)

Figure 2.2: Exemples de la représentation des propriétés superposées sur les plans cadastraux, (a) la représentation de « Residencial Sanchinarro » sur le plan cadastral de l’Espagne, (b) la représentation de la station Henri-Bourassa du

métro de Montréal sur le plan cadastral du Québec, et (c) la représentation du bâtiment « De Bruge » sur le plan cadastral des Pays-Bas

La forme du bâtiment « Residencial Sanchinarro » est représentée sur le plan cadastral de l‟Espagne par les polygones fermés des unités de bâtiment, dites sous-parcelles (Figure 2.2a). Une sous-parcelle est définie chaque fois que la nature (i.e. sous-sol ou étage) et/ou la composante verticale du bâtiment (i.e. le nombre d‟étages et de sous-sols) changent. De même, chaque sous-parcelle est identifiée par des chiffres romains indiquant sa nature et son nombre d‟étages. Le signe moins (-) devant le chiffre romain montre la présence de sous-sols et le signe plus (+) montre la présence d‟étages (Olivares et al. 2011). Par exemple, le polygone possédant le chiffre « -I+XIX » est composé d‟un sous-sol et 19 étages. Par contre, cette solution ne permet pas de connaître facilement la nature 3D du bâtiment et en particulier de bien comprendre l‟emplacement de son trou.

La figure 2.2b montre la représentation de la station Henri-Bourassa du métro de Montréal sur le plan cadastral du Québec. Le numéro du plan complémentaire (PC-11713) montre la présence de la superposition des propriétés, soit la station du métro au-dessous des bâtiments résidentiels (ex. corporéité PC-11712 et lot numéro 1995609). Le PC-11713 réfère aux plusieurs plans complémentaires qui comportent le plan de localisation de la station Henri-Bourassa par rapport aux propriétés voisines et des vues en profil permettant de montrer la relation verticale de la station avec les autres propriétés. Par contre, cette solution ne permet pas d‟avoir une vue complète de la géométrie 3D de ces propriétés superposées et un exercice mental est nécessaire pour comprendre l‟arrangement spatial (les relations de voisinage) entre les diverses propriétés. La figure 2.2c montre la représentation du bâtiment « De Bruge » sur le plan cadastral des Pays-Bas. Le plan cadastral des Pays-Bas représente les parcelles sous forme de polygones fermés, et dans le cas des propriétés superposées, leurs intersections avec la surface 2D du sol (i.e. leurs empreintes) y apparaissent en rouge. Le droit de propriété du bâtiment « De Bruge » a été établi par un droit de superficie sur toutes les parcelles qui se croisent (Stoter et al. 2012). La projection de ce bâtiment sur les autres bâtiments en dessous de celui-ci permet de générer des petites parcelles fragmentées (ex. parcelles 6633, 6634, etc.). Par contre, cette solution ne permet pas d‟avoir une vue instantanée de la relation verticale de ces propriétés superposées et un exercice mental pour en comprendre est nécessaire.