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Chapitre I. Introduction Générale

6. Cas d’étude: la Nouvelle-Calédonie

6.1. Situation géographique et climatique

Située dans le Pacifique sud-ouest (18°-23° S et 162°-168° E), à l’est de l’Australie et au nord-est de la Nouvelle-Zélande, l’archipel de la Nouvelle-Calédonie est constitué d’une île principale d’environ 400 km de long et 60 km de large: la Grande-Terre, entourée des îles Loyauté, situées à l’est (principalement Ouvéa, Lifou, Tiga et Maré), de l’Ile des Pins au sud et des îles Béleps situées dans le Grand Lagon Nord qui s’étend jusqu’au Grand Passage. Au-delà vers le nord un ensemble d’îles coralliennes forment les récifs d’Entrecasteaux, tandis qu’à l’ouest à mi-chemin de l’Australie s’étale

le vaste plateau corallien des Bellona-Chesterfield-Bampton. Au sud, les formations récifales de la Corne Sud à l’ouest et le complexe récifal de l’Ile des Pins à l’est délimitent le Grand Lagon Sud (Fig. I.10). La Nouvelle-Calédonie est bordée à l’ouest par la Mer de Corail et à l’est par l’océan Pacifique. La Grande-Terre est entourée d’un lagon considéré comme le plus grand du monde, avec une superficie approximative de 19 000 km². La barrière récifale qui l’entoure est considérée comme la deuxième plus longue du monde, avec environ 1 600 km de récif linéaire continu (Andréfouët et Torres-Pulliza 2004). A la limite entre zone intertropicale et tempérée, la Nouvelle-Calédonie est caractérisée par un climat tropical, avec deux saisons marquées: une saison chaude et pluvieuse de mi-novembre à mi-avril, et une saison fraîche et sèche de mi-mai à mi-septembre. Les Alizés soufflant d’est à sud-est sont largement dominants et très souvent forts (> 35 km/h). Des vents d’ouest sont également fréquents durant la saison fraîche et lors de dépressions ou de cyclones. Les conditions climatiques qui baignent la Nouvelle-Calédonie sont résumées dans l’article de synthèse de Maes et al. (2007) (www.ird.c/biodec).

6.2. Diversité d’habitats récifo-lagonaires

La richesse géomorphologique du lagon et des récifs néo-calédoniens est à l’origine d’une grande diversité d’habitats et de communautés benthiques. Travaillant sur la base d’images satellitaires, Andréfouët et al. (2007) utilisent une typologie appelée « Millenium » pour décrire la diversité des complexes récifaux néo-calédoniens. Les classes morphologiques de la typologie Millenium ont été choisies de manière à refléter, non seulement les processus géomorphologiques, mais aussi et principalement la diversité d’habitats destinée à plusieurs applications dont l’étude de la biodiversité. Ainsi, la Grande-Terre est considérée comme un continent alors que l’Ile des Pins, Balabio, Yandé et les Beleps sont décrites comme des îles continentales, satellites de la Grande-Terre. Les récifs d’Entrecasteaux et les îles Maré, Lifou et Tiga sont reconnus comme des îles océaniques. Finalement, Ouvéa qui possède un grand lagon avec une couronne soulevée et des îlots, est reconnue comme un atoll océanique. Andréfouët et al. (2007) considèrent la Nouvelle-Calédonie comme une région présentant une des diversités récifales les plus complexes au monde. Cette diversité inclut des récifs océaniques et continentaux qui forment des îles, des atolls, des banquettes, des récifs soulevés, des récifs immergés, des récifs frangeants, des récifs-barrières, des récifs en patch (isolés), et des lagons profonds ou peu profonds. Ces récifs montrent des expositions hydrodynamiques, des distances à la côte et des profondeurs variées. La diversité géomorphologique des récifs et lagons néo-calédoniens est décrite dans l’article de synthèse de Andréfouët et al. (2007, www.ird.nc/biodec). La diversité des récifs et lagons tient également à l’histoire géologique complexe de la Nouvelle-Calédonie résumée par Pelletier (2007, www.ird.nc/biodec).

24°S 21°S 18°S Grande T err e Iles loyautés Ouvéa Lifou Maré

Ile des Pins Récifs D'Entrecastaux Iles Chesterfield Matthew Hunter Récifs Bellona VANUATU NOUVELLE-CALEDONIE Iles Belep

156°E 160°E 164°E 168°E 172°E

150°E 160°E 170°E 180°W

32°S 24°S 16°S 8°S ILES SALOMON NOUVELLE-CALEDONIE NOUVELLE ZELANDE AUSTRALIE FIDJI VANUATU NORFOLK PAOUASIE NOUVELLE GUINEE

40°S

ZEE

A

B

Fig. I.10. Situation géographique (A) de la Zone Economique Exclusive (ZEE, ligne pointillée) de Nouvelle-Calédonie, et (B) des îles et récifs néo-calédoniens.

6.3. Biodiversité des récifs et lagons néo-calédoniens

A l’occasion d’un forum sur la Biodiversité des écosystèmes coralliens (BIODEC) en 2007 (www.ird.nc/biodec), la biodiversité néo-calédonienne marine recensée à nos jours a été évaluée à 9372 espèces, appartenant à 3582 genres et 1107 familles différentes (Payri et Richer de Forges 2007)

(Tableau I.4). Néanmoins, cet inventaire représente seulement la biodiversité connue et de nombreuses

espèces restent à recenser et à décrire. Beaucoup de groupes sont encore mal échantillonnés et insuffisamment étudiés, en particulier, les fonds durs coralliens des récifs intermédiaires et surtout les pentes externes du récif-barrière (Payri et Richer de Forges 2007). Sur la base de la littérature disponible mais également de nouvelles collectes, Payri (2007) a recensé 443 espèces de macrophytes

pour la Nouvelle-Calédonie, représentant 62 familles et 185 genres. Cependant, ceci n’est qu’une vision partielle de la diversité réelle puisque de récentes et importantes collections provenant de régions encore jamais étudiées (Côte Oubliée, Chesterfield, Bellona, récifs D’Entrecasteaux) sont en cours d’étude (Payri 2007).

Tableau I.4. Diversité faunistique et floristique marines de Nouvelle-Calédonie d’après Payri et De Forges (2007).

Taxa Familles Genres Espèces Auteurs1

Mangroves flora 16 26 34 J. Munzinger & M. Lebigre

Foraminifera 99 226 585 J-P. Debenay & G. Cabioch

Marine macrophytes 64 191 454 C. Payri

Porifera 54 94 149 J. Hooper & M. Schlacher-Hoenlinger

Hydrozoa 16 34 109 N. Gravier-Bonnet Actinia 2 10 13 D. Fautin Ceriantha 2 2 5 T. Molodtsova Antipatharia 5 8 21 T. Molodtsova Stylasterida 1 12 49 A. Lindner Zoantharia 3 7 11 F. Sinniger

Alcyonaria 8 20 173 L. Van Ofwegen

Gorgonacea 13 45 93 M. Grasshoff

Scleractinia 17 66 310 M. Pichon

Bryozoa 85 190 407 D. Gordon

Brachiopoda 3 3 4 A. Bittner

Phoronida 1 2 4 C. Emig

Fish parasites 28 70 130 J.L. Justine

Polychaeta 34 145 286 F. Pleijel

Mollusca 160 669 2151 P. Bouchet et al.

Pycnogonida 9 24 74 R. Bamber

Copepoda 45 119 313 G. Boxshall & R. Huys

Isopoda 16 54 83 N. Bruce

Ostracoda 16 47 70 L. Kornicker & R. Maddox

Amphipoda 58 121 198 J. Lowry

Cirripedia 20 53 166 D. Jones

Caridea 13 70 154 T.Y. Chan

Peneoidea 6 30 102 A. Crosnier

Macroura 2 7 12 T.Y. Chan

Thalassinidea 8 14 26 P. Worschak

Galatheoidea 2 24 141 E. MacPherson

Paguroidea 4 27 90 P. MacLaughlin

Brachyura 42 268 552 B. Richer de Forges & P. Ng

Stomatopoda 9 35 62 S. Ayhong

Echinodermata 61 135 257 N. Ameziane

Tunicata 12 86 290 F. Monniot

Fish 152 596 1695 R. Fricke & M. Kulbicki

Sea-Snakes 1 7 15 I. Ineich

Sea turtles 2 3 4 D’Auzon

Sea birds 11 24 55 J. Spaggiari et al.

Sea mammals 7 18 25 C. Garrigue

Total 1107 3582 9372

1, Références issues de Payri et De Forges (2007).

6.4. Etat des connaissances sur les espèces de Sargassum de la Nouvelle-Calédonie

En Nouvelle-Calédonie, les sargasses forment des grandes algueraies dans le lagon et structurent un des habitats majeurs pour de nombreuses espèces (Rossier et Kulbicki 2000). Néanmoins il n’existe pas de données concernant leur distribution, leur biologie ou leur écologie. Les premières collections

phycologiques disponibles pour la Nouvelle-Calédonie datent de la seconde moitié du 19ème siècle et la première liste d’espèces de Sargassum néo-calédoniennes datent des travaux de Grunow (1915, 1916a, b). Ces travaux recensent 25 taxons et sont basés sur l’étude des collections propres de l’auteur en 1884, principalement aux abords de la capitale Nouméa (sud-ouest de la Grande-Terre), ainsi que les collections de E. Vieillard et B. Balansa réalisées entre 1850 et 1872 provenant pour la majorité du sud-ouest et de l’est de la Grande-Terre. Par la suite, Catala (1950) et May (1953, 1966) listent 15 taxons supplémentaires basés sur des spécimens collectés par Mme. Catala à l’anse Vata et à l’îlot Canard situés dans le lagon de Nouméa. Dans leur catalogue des algues de Nouvelle-Calédonie, Garrigue et Tsuda (1988) recensent seulement 28 taxons à partir des études précédemment publiées, considérant partiellement les travaux de Grunow (1915, 1916a,b). Enfin, Noro et Abbott (1994) identifient cinq taxons de plus d’après l’étude de la collection de G. Valet. Au total 45 épithètes différentes sont attribuées aux sargasses de Nouvelle-Calédonie. Aucune étude taxonomique n’a encore réévalué ces taxons, néanmoins Payri (2007) recommande que les listes disponibles soient révisées. De manière générale pour la région Sud du Pacifique et en particulier pour la Nouvelle-Calédonie, l’identification au niveau spécifique est compliquée par le manque de connaissances des populations de sargasses à l’échelle de la région et par l’absence de clefs d’identification au niveau spécifique. Lorsque ces clefs d’identification existent, elles sont généralement anciennes, peu précises et par conséquent l’identification des espèces est souvent incertaine.