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4.12 Données relatives au trouble des conduites

4.12.3 Caractéristiques spécifiques du trouble des conduites : les symptômes

Les quinze symptômes du TDC sont divisés en quatre catégories identifiées comme suit : les agressions envers les personnes et les animaux, la destruction de biens matériels, la fraude ou le vol, les violations graves de règles établies. Ces symptômes ont été colligés au cours de l’année précédant la date d’admission s’en remettant aux comportements adoptés par les jeunes. Très peu de différences significatives sont notées entre les groupes de délinquants : il n’y en a qu’une seule chez ceux identifiés par le DSM-IV et trois chez ceux identifiés par le CBCL. Les figures 2 et 3 illustrent les symptômes du TDC manifestés par les adolescents durant l’année précédant leur admission à l’IPPM pour leur évaluation.

Figure 2. Les symptômes du trouble des conduites rencontrés chez les délinquants dont le TDC est identifié sur la base du DSM-IV.

* Délinquants sans pathologie associée (40,0%) > délinquants hyperactifs (5,0%) : p ≤ 0,001

Tel qu’indiqué dans la figure 2, une seule variable présente une différence significative entre les groupes de jeunes. Les délinquants sans pathologie associée auraient été proportionnellement plus nombreux que les délinquants hyperactifs à avoir fait preuve de cruauté physique envers les personnes (40,0% vs 5,0% : p ≤ 0,001). Dans cette catégorie étaient inclus les crimes graves commis contre la personne tel un meurtre, une tentative de meurtre, un homicide involontaire et des voies de fait graves. Par le fait même, cette variable donne un aperçu du type de délit commis par les jeunes au cours de l’année précédant leur admission en évaluation à l’IPPM.

0,0% 10,0% 20,0% 30,0% 40,0% 50,0% 60,0% 70,0% 80,0% 90,0% 100,0%

Les symptômes du trouble des conduites rencontrés chez les délinquants dont le TDC est identifié sur la base du DSM-IV

Une seule recherche réalisée par Biederman et coll. (1997) a rapporté une proportion de vandalisme27 significativement plus élevée chez les délinquants bipolaires que chez les délinquants sans pathologie associée. Cette donnée, recueillie lors d’une collecte de données initiale auprès des jeunes de leur échantillon, ne montre plus de différence significative lors de collecte de données de suivi qui a eu lieu quatre ans plus tard. Ces auteurs concluent leur recherche en soulignant que les symptômes les plus prévalents chez les délinquants de leur échantillon sont les bagarres, le vandalisme, les mensonges, les vols sans affronter la victime et l’école buissonnière. Cette recherche précise que les symptômes les plus fréquents chez les délinquants bipolaires sont les bagarres (collecte de données initiale et de suivi) et le vandalisme (collecte initiale), alors que chez les délinquants sans pathologie associée ce sont les mensonges (collecte de données initiale et de suivi), les vols sans affronter la victime (collecte de suivi) et l’école buissonnière (collecte de suivi). Il existe une certaine constance entre la collecte de données initiales et de suivi pour deux de ces variables : les délinquants bipolaires sont fréquemment impliqués dans les bagarres et les délinquants sans pathologie associée utilisent fréquemment le mensonge pour arriver à leurs fins.

Plusieurs recherches de Biederman et coll. (1999; 2000; 2003) ont reconnu la similitude des symptômes du TDC entre les délinquants bipolaires et les délinquants sans pathologie associée, au point où aucune différence statistiquement significative n’est notée entre ces deux groupes. Les symptômes les plus fréquemment rapportés (se retrouvant chez plus de 40% des jeunes) chez les délinquants bipolaires sont les bagarres, le vandalisme, les mensonges, l’utilisation d’une arme, alors que chez les délinquants sans pathologie associée ce sont les vols sans affronter la victime, les bagarres, le vandalisme et les mensonges. Il importe de mentionner que Biederman et coll. (1997; 1999; 2000; 2003) ont utilisé le DSM-III-TR pour diagnostiquer le TDC, alors que nous avons eu recours au DSM-IV : l’édition antérieure reconnaît que le TDC est constitué de treize symptômes, alors que dans la suivante il en a quinze. Il n’y a donc aucune donnée relative à deux symptômes dans les études de Biederman et coll., soit « a contraint quelqu’un à avoir une relation sexuelle » et « brutalise, menace, intimide souvent les autres ».

27Dans notre rapport, le vandalisme est identifié comme étant le symptôme du TDC : « a délibérément détruit le bien

Nos résultats sont relativement similaires à ceux de Biederman et coll. (1999; 2000; 2003), sauf pour quelques symptômes affichant des différences plus importantes (> 25%) entre les groupes comparables. Les délinquants sans pathologie associée de notre échantillon sont ainsi proportionnellement plus nombreux que ceux des recherches de Biederman à utiliser une arme (65% vs 35%), à commettre un vol en affrontant la victime (30% vs 1%) et à fuguer et passer la nuit dehors (50% vs 10%). Les délinquants bipolaires de notre échantillon ont pour leur part été plus nombreux que ceux des échantillons de Biederman et coll. à commencer des bagarres (100% vs 67%), à utiliser une arme (83,3% vs 48%) et à commettre un vol sans affronter la victime (66,7% vs 36%), mais ils ont été moins nombreux à être cruels envers les animaux (0% vs 33%).

Figure 3. Les symptômes du trouble des conduites rencontrés chez les délinquants dont le TDC est identifié sur la base du CBCL.

* Jeunes ayant un TDC délinquant (41,3%) > jeunes ayant un TDC avec une MAB-J (5,0%) : p ≤ 0,01

* Jeunes ayant un TDC délinquant (41,3%) > jeunes ayant un TDC avec des symptômes du TDAH (17,5%) : p ≤ 0,05 ** Jeunes ayant un TDC délinquant (34,8%) > jeunes ayant un TDC avec des symptômes du TDAH (15,0%) : p ≤ 0,05

0,0% 10,0% 20,0% 30,0% 40,0% 50,0% 60,0% 70,0% 80,0% 90,0% 100,0%

Les symptômes du trouble des conduites rencontrés chez les délinquants dont le TDC est identifié sur la base du CBCL

Tel qu’illustré dans la figure 3, seulement deux symptômes du TDC affichent des différences significatives entre les groupes de délinquants distingués par le CBCL. En fait, les jeunes ayant un TDC délinquant sont significativement plus nombreux que les jeunes ayant un TDC avec une MAB-J (41,3% vs 5,0% : p ≤ 0,01) et les jeunes ayant un TDC avec des symptômes du TDAH (41,3% vs 17,5% : p ≤ 0,05) à avoir fait preuve de cruauté physique envers les personnes. De leur côté, les jeunes ayant un TDC délinquant auraient été proportionnellement plus nombreux que les jeunes ayant un TDC avec des symptômes du TDAH à commettre un vol en affrontant leur victime (34,8% vs 15,0% : p ≤ 0,05). Même si les jeunes ayant un TDC avec une MAB-J affichent une proportion inférieure (10,0%) à ces derniers, la différence n’atteint pas un seuil statistiquement significatif (p = 0,069).

Comme chez les délinquants distingués sur la base du DSM-IV, les proportions de jeunes manifestant différents symptômes du TDC pour les groupes de délinquants comparables sont aussi relativement assez similaires à ceux de Biederman et coll. (1999; 2000; 2003); seuls quelques symptômes affichent des différences plus importantes (> 25%). Ainsi, les jeunes ayant un TDC délinquant de notre échantillon sont proportionnellement plus nombreux que ceux des recherches de Biederman et coll. à utiliser une arme (67,4% vs 35%), à commettre un vol en affrontant la victime (34,8% vs 1%), à entrer par effraction dans une maison, un bâtiment ou une voiture (41,3% vs 16%) et à fuguer et passer la nuit dehors (45,7% vs 10%), mais ils ont été moins nombreux à être cruels envers les animaux (5% vs 33%). Les jeunes ayant un TDC avec une MAB-J de notre échantillon, ont pour leur part été plus nombreux que ceux des échantillons de Biederman et coll. à commettre un vol sans affronter la victime (70% vs 36%) et à fuguer et passer la nuit dehors (45% vs 13%), mais moins nombreux que ceux-ci à être cruels envers les animaux (5% vs 33,3%) et les personnes (5% vs 33,3%).

Pour terminer, aucune différence significative n’est notée entre les délinquants quant au nombre moyen de symptômes du TDC ; tous les groupes présentent en moyenne entre six et sept symptômes sur un total de quinze. Chez les délinquants identifiés sur la base du DSM-IV, la moyenne des symptômes du TDC est ainsi similaire entre les délinquants sans pathologie associée (6,9; É.T. 2,2), les délinquants bipolaires (6,8; É.T. 2,3) et les délinquants hyperactifs (6,4; É.T. 2,0). Le constat est le même pour les adolescents dont le

TDC est identifié sur la base du CBCL : les jeunes ayant un TDC délinquant (6,9; É.T. 2,3), les jeunes ayant un TDC avec une MAB-J (6,4; É.T. 1,9) et les jeunes ayant un TDC avec des symptômes du TDAH (6,6; É.T. 1,9) affichent une moyenne de symptômes de TDC similaire. Biederman et coll. (1999) notent que les délinquants bipolaires affichent une moyenne de symptômes supérieure aux délinquants sans pathologie associée (4,6 vs 3,7 : p ≤ 0,01). Ces moyennes sont par ailleurs inférieures aux nôtres, probablement parce que les chercheurs ont eu recours au DSM-III-TR (13 symptômes) pour diagnostiquer le TDC plutôt qu’au DSM-IV (15 symptômes).