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Caractéristiques hydrogéologiques

Système aquifère de la Djeffara

4. Caractéristiques hydrogéologiques

Le système aquifère de la Djeffara a été à l’origine de l’activité de l’homme depuis des époques recu-lées. La présence d’une multitude de sources et d’une nappe phréatique proche de la surface du sol, a largement favorisé l’installation de plusieurs zones urbaines et agricoles dans un domaine consi-déré comme zone de passage entre le Machreq et le Maghreb.

L’alimentation de ce système se fait par infiltration ainsi que par abouchement latéral à partir du Continental intercalaire. En Tunisie, près de 75 % de l’alimentation de la nappe de la Djeffara parve-nait des eaux du Continental intercalaire à travers le seuil d’El Hamma qui constitue l’exutoire du bas-sin saharien. Le reste de l’alimentation est attribué à l’infiltration. L’accroissement des prélèvements à partir du Continental intercalaire en Tunisie et en Algérie, a largement influencé l’alimentation de la Djeffara en Tunisie, au point d’affecter sérieusement l’équilibre hydrodynamique et chimique de cette nappe.

En Libye, on estime la recharge naturelle de la Djeffara à près de 200 hm3/an.L’accroissement de l’irrigation et des usages domestiques ont contribué par la suite à favoriser le retour des eaux utili-sées dans la nappe et constituent ainsi une alimentation occulte qui ne cesse d’augmenter.

L’alimentation latérale à partir d’autres nappes (Trias-Jurassique-Kiklah) est estimée à 217 hm3/an (52 % des entrées naturelles du système). Un net déséquilibre est apparu ainsi entre les entrées glo-bales de la nappe (417 hm3/an) et ses sorties globales évaluées en l’an 2000, à 787 hm3/an. Il en est résulté des rabattements localisés dépassant 50 m en 30 ans ainsi que la dégradation de la qualité chimique de l’eau dans la zone de Tripoli à forte activité urbaine et agricole.

Cette forte mobilisation des ressources en eau du système de la Djeffara est nettement décelable à travers l’évolution de la piézométrie et de l’exploitation.

4.1 Piézométrie

La piézométrie de ce système aquifère montre des directions d’écoulement du continent vers la mer avec un gradient localement influencé par la perméabilité des formations aquifères et les zones à forts prélèvements. Cette direction d’écoulement perpendiculaire à la frontière tuniso-libyenne, exclut toute influence d’exploitation d’un pays sur l’autre.

L’évolution de la piézométrie dans le temps traduit une tendance de baisse confirmée qui est le signe d’une vidange continue. Depuis le début des années 1970, la baisse piézométrique a oscillé entre 40 et 65 m en Libye et entre 15 et 35 m en Tunisie. Cette baisse est plus importante au niveau des zones à forte exploitation comme la zone de Tripoli en Libye ou les oasis de Mateh, Kettana et Gabès en Tunisie (Fig. 3). Ceci est confirmé dans les deux pays, par le tarissement graduel du débit des sources, l’affaiblissement de l’artésianisme et le passage progressif au sein des zones d’exploitation, au pompage (Fig. 4).

Cette baisse ayant ramené le niveau de la nappe dans la région de Tripoli au-dessous du niveau de la mer, a entraîné l’intrusion de l’eau de mer au sein de la nappe et la dégradation de la qualité chimique de l’eau.

Aquifère: Azizia

Piézomètre Ksar Ben Ghasir n°1318 (Libye)

-70

1970 1974 1978 1982 1986 1990 1994 1998 2002 2006

Piézomètre Ksar ben Ghasir n°1006 (Libye) Aquifère: Plio-Quaternaire

-110-100-90-80-70-60-50-40-30-20-100

1953 1957 1961 1965 1969 1973 1977 1981 1985 1989 1993 1997 2001 2005

Piézomètre As Saidiya n°1050 (Libye) Aquifère: Quaternaire

1970 1974 1978 1982 1986 1990 1994 1998 2002 2006

NS(m)

Piézomètre Wadi Mejinine n°1022 (Libye) Aquifère: Miocène

1970 1974 1978 1982 1986 1990 1994 1998 2002 2006

NS(m) NS(m)NS(m)

Figure 3. Évolutions piézométriques de la nappe de Djeffara

0

1950 1960 1970 1980 1990 2000

Débit(l/s)

Figure 4. Évolution du débit des sources de la Djeffara de Gabès (Tunisie)

4.2 Exploitation

Parallèlement à cette évolution de la piézométrie, l’exploitation des différents niveaux aquifères exploitant le système de la Djeffara, n’a cessé d’augmenter au cours du XXesiècle. Cette exploitation qui se faisait jusqu’à la fin du XIXesiècle à partir de l’écoulement naturel des sources, a enregistré en 1885, la réalisation des premiers forages jaillissants dont le nombre et les prélèvements ont graduel-lement augmenté. Cette situation de prolifération des sondages jaillissants a entraîné avec le temps, la baisse de plus en plus sensible de l’artésianisme. Le recours progressif au pompage qui a commencé à se généraliser au cours des années 70, a accéléré la baisse des niveaux piézométriques, le tarisse-ment du débit des sources et la décompression généralisée de la nappe.

L’exploitation de la nappe de la Djeffara n’a cessé de s’accroître depuis le début des années 1950 sous l’effet grandissant de la demande en eau dans cette zone côtière. En effet, cette exploitation qui était en Libye, de 318 hm3/an en 1959, est passée à 539 hm3/an en 1972 pour atteindre 737 hm3/an en 1978 et 967 hm3/an en l’an 2003.

Cette exploitation se fait essentiellement en Djeffara libyenne (80 %). Les prélèvements de la nappe phréatique ont connu une mutation notable depuis le début des années 80 suite à la prolifération du nombre de forages accédant au niveau aquifère profond. Progressivement, les puits de surface ont été abandonnés au profit des forages dont la profondeur était au départ de 70 à 120 m.

En Djeffara tunisienne, l’exploitation des aquifères profonds qui était de l’ordre de 97 hm3/an en 1950, est passée à près de 122 hm3/an en l’an 2000. Elle est plus ou moins constante durant les dix dernières années, mais les prélèvements de la nappe phréatique ont sensiblement progressé pour atteindre en l’an 2000, près de 40 hm3/an.

Une telle exploitation qui trouvait au départ dans le fonctionnement artésien des ouvrages (sources et forages) un moyen de contrôle des volumes prélevés, s’est vite agrandie d’une manière démesu-rée avec la généralisation du pompage. Elle est même devenue incontrôlable et seule la dégradation de la qualité de l’eau en certains endroits ont été à l’origine de la limitation des prélèvements.

L’accroissement des prélèvements sur les ressources en eau de la nappe a évolué d’une manière sen-sible à partir de 1985. Cette situation traduit le dépassement des ressources renouvelables du système et le puisage sur les réserves géologiques. Il en est résulté des baisses piézométriques de plus en plus accentuées. Cette situation s’est traduite par un cône de dépression assez étendu au niveau de la zone de Tripoli où s’est manifestée l’intrusion saline à partir de la mer. Le suivi du biseau salé dans cette région a montré qu’il n’a cessé de progresser à l’intérieur du continent pour atteindre plus de 30 km.

5. Conclusion

Le système aquifère de la Djeffara tuniso-libyenne est un cas typique de système transfrontalier où l’état d’exploitation avancée incite à une gestion concertée afin d’éviter la dégradation croissante de la qualité de l’eau et l’augmentation de son coût d’exploitation.

En effet, à travers ses liaisons hydrauliques avec le bassin du Sahra sptentrional et l’exploitation intensive de ses ressources, ce système aquifère est soumis à plusieurs influences qui se répercutent sur son comportement d’ensemble. A travers son alimentation latérale à partir de la nappe du

Continental intercalaire saharienne (exutoire tunisien et Jabel Nafussa), ce système reflète l’impact des prélèvements qui se font en amont en Algérie, Tunisie et Libye. Son alimentation est donc large-ment influencée par ces prélèvelarge-ments. Son exploitation locale en Libye et en Tunisie montre une pro-gression avec des prélèvements dépassant la recharge naturelle. Il s’en est suivi affaiblissement de l’artésianisme, tarissement des sources et généralisation du pompage. L’intrusion de l’eau marine dans l’aquifère sous la plaine tripolitaine est suffisamment étendue pour imposer le transfert d’eau du domaine saharien vers cette zone.

Le système aquifère de la Djeffara est de nature à faire apparaître à long terme, des signes de décom-pression piézométrique et de dégradation de la qualité de l’eau beaucoup plus généralisés que ce qui est actuellement observé. Les options prises séparément dans chacun des deux pays pour assurer une meilleure gestion de ses ressources en eau, s’avéreraient insuffisantes pour limiter les impacts transfrontaliers. La Libye s’est trouvée contrainte de limiter les prélèvements en eau sur ce système et d’avoir recours au transfert. La Tunisie en optant pour le transfert à partir du Continental inter-calaire localisé en amont et au dessalement, a également cherché une solution qui contribue à la rationalisation de la gestion. Mais l’accroissement continu des prélèvements sur les réserves du système est de nature à intensifier les impacts déjà constatés, principalement la dégradation de la qualité de l’eau.

L’option des deux pays de mener en commun ces derniers temps, une étude de réévaluation des res-sources en eau de ce système et de l’intégrer dans le cadre du mécanisme de concertation du système saharien, constitue un bon début pour une concertation basée sur l’évaluation des risques et la volonté de les réduire dans la perspective d’une gestion plus rationnelle.

6. Bibliographie

FLOEGELH. 1979. Gefara Plain Water management Project. Soc. Peoples’ Libyan Area Jamahiriya, 1979.

PALLASPh. 1980. Water Resources of the Socialist People’s Libyan Arab Jamahiriya – The geology of Libya. Second Symposium on the Geology of Libya, held at Tripoli, September 16–21, 1978, pp. 539–93. Academic Press, 1980.

PNUD. 1984. Actualisation du modèle de la nappe de la Djeffara. DGRE-Tunis, 170 pp.

MACDONALD, M. 1994. General Plan for the utilization of the Great Manmade River waters- Phase II.

Final Water Management Plan.

BRCI. 2002. Étude de l’intrusion d’eau de mer dans le Nord-Ouest d’el Jamahiriya. Libye, Université d’El fateh-Tripoli, 2002, 3 vols. (en arabe).

1. Présentation générale

Le bassin sédimentaire d’Errachidia-Béchar est partagé par le Maroc et l’Algérie. Orienté suivant une direction Ouest-Est, il se situe entre le Haut Atlas et l’Anti-Atlas. Il a près de 350 km de long et sa lar-geur maximale atteint au méridien de Boudenib, 75 km. L’altitude moyenne y est de 1 000 à 1 100m.

Cette entité dont plus des 2/3 de sa superficie se situent au Maroc, est comprise géographiquement dans les bassins des oueds Rhéris, Ziz et Guir. Constituée d’un ensemble de plaines et plateaux vastes d’environ 60 000 km2, elle s’étend du Todrha à l’Ouest à la plaine de Talzaza à l’Est en traversant le Tafilalt et la Hamada du Guir. En Algérie, elle correspond à la plaine de Talzaza. Sa partie Ouest est parcourue par les oueds Ziz et Rhéris qui confluent à l’aval de Hassi Remlia pour former l’oued Daoura s’écoulant en direction sud vers le bassin endoréique de Tindouf. Sa superficie en Algérie est de l’ordre de 22 000 km2.

A l’Est, les oueds Guir, Zelmou, Safsaf et El Morra issus également du Haut Atlas et du Tamlelt, confluent à l’aval de Bouanane pour constituer l’Oued Guir qui prend alors une direction sud et ali-mente la retenue du barrage de Djorf- Torba en Algérie. Plus en aval, cet oued prend le nom de l’oued Saoura.

Le climat y est du type présaharien. La tendance d’aridification s’accentue dans les zones de piémont et plus au Sud. Les précipitations annuelles y sont faibles et très irrégulières. Elles sont de l’ordre de 100 mm/an et se répartissent entre 25 et 3 jours de pluies par an.

Le régime d’écoulement des oueds Ziz, Rhéris et Guir est très irrégulier avec un apport moyen annuel pour les deux premiers, variant entre 1 et 5,0 m3/s pour une superficie de l’ordre de 2 000 km2. La superficie drainée par l’Oued Guir à Djorf Torba est de l’ordre de 22 000 km2. Les observations d’apports en eau de surface entre 1952 et 1992, donnent un débit moyen interannuel de 6,32 m3/ s avec un débit spécifique de 0,287 l / s / km2.

Bassin