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Chapitre 3 : Aperçu de la méthode DEEVA

3 Solution

3.2 Diagnostic de l’alignement

3.2.2 Caractéristiques de la modélisation de l’alignement dans DEEVA

La modélisation de l’alignement proposée dans cette thèse se base sur (i) un ensemble de liens d’alignement mettant en correspondance des objets intentionnels issus du modèle de buts et des objets opérationnels manipulés par les processus et/ou le SI et (ii) un modèle d’alignement intentionnel permettant de représenter la non contribution des processus et systèmes à la réalisation des buts sous forme de dysfonctionnements capturés au niveau opérationnel. Ces dysfonctionnements sont catégorisés en Classes de Dysfonctionnement (CD).

Figure 3.2 : Modélisation de l’alignement dans la méthode DEEVA

La suite de la section introduit (i) les liens d’alignement, (ii) la définition de la mesure de l’alignement entre les modèles opérationnels (processus et système) et les buts organisationnels et (iii) le modèle d’alignement intentionnel.

3.2.2.1 Les liens d’alignement

Dans cette thèse, nous proposons une modélisation de l’alignement qui se base sur des liens d’alignement complexes de types n-m mettant en correspondance des objets définis au niveau intentionnel avec des objets définis au niveau opérationnel.

Les objets définis au niveau intentionnel proviennent du modèle de buts. Ce modèle subsume les buts qui devraient être partagés par le métier et le SI. Il exprime ce que le métier et le SI devraient atteindre sans se préoccuper de leur fonctionnement « réel ». Le langage de modélisation utilisé pour représenter les buts organisationnels est celui de la Carte [Rolland99]. Ce formalisme repose sur trois notions clés : le but, la « stratégie » qui est une manière pour accomplir le but et la « section » qui est le triplet <But Source, But Cible, Stratégie> tel que la satisfaction du but source est une pré-condition à l’utilisation de la stratégie pour atteindre le but cible. Les modèles produits avec le formalisme MAP sont appelés des cartes.

Le formalise de la Carte a été utilisé pour sa caractéristique d’expliciter les stratégies permettant d’atteindre les buts. Une stratégie liant un but source et un but cible forme une section qui est caractérisée par un ensemble de pré-conditions et de post-conditions. Ces pré et post-conditions sont des expressions booléennes utilisant des objets et des états d’objets. L’ensemble des post-conditions caractérisant une section expriment les conditions qui doivent être satisfaites pour pouvoir atteindre le but cible de la section. L’ensemble d’objets intervenant dans la définition de ces post-conditions

Objets intentionnels Objets opérationnels Liens d’alignement (n-m) but i but j Démarrer Arrêter Modèle d’Alignement Intentionnel CD CD CD CD CD CD

constituent les objets intentionnels. Par exemple, l’expression booléenne « Fiche_Produit : disponible ET Produit : créé » est la post-condition permettant d’atteindre le but « référencer les produits ». Les objets « Produit » et « Fiche_Produit » sont donc considérés comme des objets intentionnels. Par contre, les objets opérationnels sont les objets manipulés par les processus métier et/ou le SI et correspondent à la représentation des objets intentionnels au niveau des modèles opérationnels. Par exemple, l’objet intentionnel « Produit » est représenté au niveau du système par trois objets opérationnels « type_ produit », « détail_logistique » et « détail_tarifaire ». Cet exemple montre qu’un objet intentionnel peut être représenté par plusieurs objets opérationnels. D’où la nécessité de définir des liens complexes de type (n-m).

La figure 3.3 illustre les liens d’alignement dans DEEVA.

Figure 3.3 : Liens d’alignement dans DEEVA

Un lien d'alignement (n-m) est dit complexe car :

 Il est structurellement riche. Contrairement aux liens simples de type 1-1, le lien d’alignement caractérise un bloc d’alignement pouvant mettre en relation N éléments opérationnels et M éléments intentionnels (N et M >= 1).

 Il est sémantiquement riche. Il est possible d'associer une classe de dysfonctionnement à chaque bloc d’alignement constitué par un ou plusieurs objets intentionnels, un ou plusieurs objets opérationnels et un lien d’alignement. Ceci permet de mettre en évidence la non contribution du bloc d’alignement au but organisationnel ainsi que les manques au niveau opérationnel. Objets opérationnels Liens d’alignement complexes (n-m) Objets intentionnels

3.2.2.2 Evaluation des liens d’alignement

Une évaluation de l’alignement est indispensable à la prise de décision quant aux actions à entreprendre pour améliorer l’alignement et le maintenir dans le temps. La méthode DEEVA propose une évaluation qualitative renforcée par une vision quantifiée de l’alignement.

L’alignement entre les processus et systèmes d’un coté et les buts d’un autre côté est perçu en termes de dysfonctionnements des premiers qui font que les derniers (les buts) ne sont pas ou sont partiellement atteints. Une évaluation qualitative consiste en la définition d’un ensemble de classes de dysfonctionnements associées aux liens d’alignement. Cette vision qualitative est complétée par des métriques définies au niveau des liens d'alignement pour effectuer la mesure effective et évaluer quantitativement le non alignement (ou les dysfonctionnements). Ces mesures donnent une vision quantifiée du type de dysfonctionnement identifié. Ceci permet de détecter s'il y a des actions à entreprendre pour atteindre le but correspondant. Un seuil peut être fixé, au-delà duquel des actions pour corriger le non alignement sont entreprises, et au dessous duquel le dysfonctionnement est considéré comme acceptable.

Le résultat de cette évaluation est un tableau de bord mettant en relation les buts organisationnels avec les processus et/ou systèmes qui les supportent. Ce tableau présente les mesures de non alignement en termes de dysfonctionnements des processus et/ou des systèmes.

L’évaluation des liens d’alignement permet de détecter les dysfonctionnements et les traduire en termes de non contribution des entités opérationnelles (processus métier et système) à la satisfaction des buts organisationnels. Ce non alignement est exhibé par le modèle d’alignement intentionnel. 3.2.2.3 Le Modèle d’Alignement Intentionnel

Le Modèle d’Alignement INtentionnel (MAIN) est utilisé pour (i) représenter conjointement les buts partagés par le métier et le SI et (ii) représenter la non contribution des processus métier et du SI à la satisfaction des buts. Un modèle pivot intentionnel subsumant le métier et le SI est donc nécessaire.

Le langage de modélisation utilisé pour représenter l’alignement des processus métier et du SI avec les buts organisationnels est le méta-modèle de la Carte ou MAP [Rolland99]. Le formalisme de la carte a été choisi pour (i) son pouvoir d’expression aussi bien des processus métier que du système au niveau intentionnel faisant ainsi abstraction des détails opérationnels et permettant de se concentrer sur l’essentiel, (ii) sa distinction des intentions (les buts) de la manière de les atteindre (les stratégies), (iii) l’explicitation des stratégies permettant ainsi de capturer les différentes alternatives pour atteindre un but et (iv) sa facilité de compréhension aussi bien par les acteurs du monde du métier que du monde du SI.

Les buts et les stratégies du MAIN sont ceux du modèle de buts exprimant ce qui devrait être atteint. Les sections du MAIN sont annotées avec les classes de dysfonctionnement (CD) identifiées lors de l’analyse des liens d’alignement, permettant ainsi de refléter la situation de l’alignement des processus et systèmes par rapport aux buts organisationnels. Le MAIN permet donc de spécifier (i) les buts partagés par le métier et le système et (ii) la manière dont les entités opérationnelles (processus et système) contribuent à l’atteinte de ces buts.

Cette étape mène à l’identification des exigences d’évolution pour la correction de l’alignement.