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LE CANCER PULMONAIRE

7.1. Les études animales

Les cancers pulmonaires présentent la plus forte incidence chez les fumeurs de cigarettes, bien que de nombreux autres facteurs déclenchants soient encore inconnus.

Dans cette étude, Yan et al. (2006) [109] ont évalué l’activité anticancéreuse de Polyphénon E sur des adénocarcinomes pulmonaires induits facilement sur des souris A/J par une dose de 100 mg/kg de benzopyrène.

Polyphénon E est un extrait standardisé de thé vert décaféiné, contenant cinq catéchines différentes : le gallocatéchine gallate, l’EC, l’ECg, l’EGC et l’EGCg comme principale catéchine.

Tous les groupes de 10 souris présentent une incidence de 100% d’adénocarcinome pulmonaire après administration unique du benzopyrène. Une semaine après, Yan et al. ont démarré l’administration sur 20 semaines d’une poudre diététique dosée respectivement à 0,5%, 1,0%, 1,5% et 2,0% de Polyphénon E, additionné de 3% de saccharose pour améliorer le goût.

Les résultats montrent une diminution dose-dépendante du développement tumoral, avec un maximum de 46% après administration de 2% de Polyphénon E.

Les chercheurs ont choisi de ne pas évaluer l’effet prophylactique de Polyphénon E sur les adénomes pulmonaires, pour pouvoir plus facilement organiser les essais cliniques conduits sur d’anciens fumeurs.

En conclusion, on peut retenir que Polyphénon E semble diminuer efficacement les adénocarcinomes pulmonaires déjà formés, et présenterait un effet bénéfique pour les anciens fumeurs.

Dans une deuxième étude, Yang et al. (1997) [112] ont étudié l’action du thé comme seule boisson sur des tumeurs pulmonaires induites par différentes molécules cancérigènes chez des souris. Le thé était administré pendant ou après le traitement inducteur de tumeurs. Dans un premier temps, du thé vert fut préparé à partir de 1,25 g de feuilles infusées dans 100 mL d’eau bouillante : il réduit de 36 à 44% des tumeurs pulmonaires N-nitrosodiéthylamine-induites, et de 44 à 60% la multiplication tumorale.

Dans un deuxième modèle les boissons sont préparées avec 0,6 g d’extrait aqueux de thé vert ou noir dans 100 mL d’eau distillée. Les résultats montrent une diminution de 14 à 30% de l’incidence des tumeurs pulmonaires induites par la 4-(méthylnitrosoamine)-1-(3-pyridil)-1-butanone (NNK), et de la multiplication tumorale de 65 à 85%. Les effets anti tumoraux étaient optimaux lorsque les extraits de thé étaient administrés 2 semaines avant, ou même 5 semaines après le début du traitement par la NNK, par rapport à l’administration 2 jours avant l’administration de NNK. On a même observé des résultats lorsque le thé était administré pendant 1 semaine, juste après la prise de NNK.

Yamane et al. [7], [108] montrent que l’administration de 0,01 ou 0,1% de polyphénols de thé vert dans l’eau de boisson pendant 15 semaines à des rats Fischer diminue l’incidence du cancer pulmonaire induit précédemment sur 10 semaines par des administrations hebdomadaires de 7,4 mg/kg d’azoxyméthane. Les effets observés ne sont pas dose-dépendants.

Wu et al. (1998) [7], [107] ont démontré que l’effet cancérigène pulmonaire des hydrocarbures aromatiques cycliques comme le benzopyrène, le benzanthracène, le dibenzanthracène, le 1-nitropyrène ou le 1,3-dinitropyrène dégagés dans les fumées d’huile de cuisine taïwanaise chauffée, peut être réduit par addition de catéchine juste avant son chauffage. Cinq cents ppm (parties par million) d’une catéchine de nature non précisée sont suffisantes pour diminuer le pouvoir mutagène des fumées ainsi que les concentrations de certains de ses hydrocarbures.

7.2. Les études humaines

Une étude de cohorte coréenne menée par Shim et al. [87] a inclus 52 hommes sains, âgés de 20 à 52 ans, et fumant plus de 10 cigarettes par jour depuis 14 et 15 ans.

L’étude a été réalisée sur 4 groupes : les non-fumeurs, les fumeurs, les fumeurs consommant 2 à 3 tasses de thé vert par jour, et ceux consommant la même quantité de café pendant 6 mois. Les mitogènes de la fumée de cigarettes sont susceptibles de provoquer des échanges de chromatides sœurs (SCE) au niveau de lymphocytes périphériques. Comme la plupart des sujets avaient moins de 40 ans, on pouvait exclure une augmentation âge-dépendante des SCE. D’autre part, le nombre de SCE augmente proportionnellement en cas de consommation de 40 à 60 cigarettes par jour pendant 9 à 58 ans.

Les résultats de l’étude montrent que les SCE sont de l’ordre de 9,46 ± 0,46 chez les fumeurs, contre 7,03 ± 0,33 chez les non-fumeurs et 7,94 ± 0,31 chez les fumeurs buveurs de thé. On peut donc conclure que la consommation régulière de thé ramène la fréquence des SCE d’un fumeur à celle d’un non-fumeur. L’étude montre que la caféine n’a pratiquement pas d’influence sur les modifications génétiques, mais on ignore si elle agit éventuellement en synergie avec les autres constituants du thé.

Goldbohm et al. (1996) [32] ont mené une étude prospective de cohorte néerlandaise pendant 4,3 ans sur 58 279 hommes et 62 573 femmes âgés de 55 à 69 ans, afin d’évaluer l’influence du thé noir sur l’incidence du cancer du poumon.

Comme pour le cancer oral, la consommation moyenne de thé noir est de 2,6 tasses par jour pour les hommes et de 3,1 tasses pour les femmes.

Les facteurs de risque ou de protection pour l’incidence du cancer ont été évalués par un questionnaire. Il s’agit du niveau éducatif, du tabagisme, des antécédents familiaux de cancer du poumon, de la consommation de café, de vitamine C et de béta-carotène.

Une corrélation positive a été rapportée entre les variables suivantes et la consommation de thé noir : le niveau éducatif, l’âge, le sexe, la consommation de vitamine C et de béta-carotène.

Les variables suivantes ont montré une corrélation négative avec la consommation de thé : le tabagisme et la consommation de café.

En 4,3 années d’étude, voici le nombre de cas enregistrés : 675 hommes et 89 femmes ont développé un cancer.

Lorsqu’on exprime les résultats en fonction de l’âge, du sexe et du nombre croissant de tasses de thé journalières, on observe une corrélation négative avec le nombre de cas de cancer. Par contre, ces observations s’inversent lorsqu’on tient compte du tabagisme dans l’analyse des résultats.

On ne peut donc pas considérer le thé noir comme facteur de protection contre le cancer du poumon chez un fumeur. De plus, on a pu observer que la proportion de non buveurs de thé était importante dans la population ayant développé un cancer du poumon.

D’autres hypothèses ont été avancées pour expliquer ces résultats, résumées au niveau des études sur le cancer gastrique (p.142).