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SECTION II Test du cadre méthodologique sur deux projets concrets

3.4. Calcul des pertes pour le projet RG

Les pertes sont calculées selon les règles décrites en section I, et sont présentées

aux Figures 43, 44 et 45.

3.4.1. Court terme

Au niveau général (Figure 43), on observe des pertes d’habitats naturels : les

habitats buissonnants, ouverts et humides du site sont détruits en totalité et 80% de

l‘habitat forestier est défriché. Par contre, les habitats aquatiques et rocheux ne sont pas

touchés. Nous pouvons noter néanmoins que la Romanche est déviée de son lit, ce qui

pourrait se traduire par une altération de ses fonctionnalités, mais le cadre

méthodologique ne prévoit pas encore d’indicateurs spécifiques aux milieux aquatiques.

Le site, qui était similaire au PE en termes de recouvrement d’habitat forestier,

devient très différent car il n’est plus dominé par la forêt. En revanche, les milieux

détruits ne sont pas les derniers présents dans le PE (l’indicateur n’est pas à 0). La

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mégaphorbiaie inventoriée lors de l’état initial, considérée par le BE Karum comme de

faible enjeu, a été totalement détruite (indicateur de représentativité est à 0) mais ce

n’était pas la seule zone humide recensée dans le PE.

Ces pertes d’habitats se répercutent sur la faune, particulièrement les espèces des

milieux forestiers (disparition des chiroptères, et diminution de 60 % de l’avifaune) et

ouverts (disparition des orthoptères, lépidoptères et reptiles) qui ne peuvent plus se

maintenir et se reproduire sur le site. La faune et la flore patrimoniale (c’est-à-dire soit

menacée, protégée ou déterminantes des ZNIEFF) sont impactées : disparition de toutes

les espèces sauf deux espèces de faune déterminantes ZNIEFF. 35 % des oiseaux nicheurs

sont impactés, tandis que toutes les autres espèces se reproduisant sur le site ne peuvent

plus se maintenir.

La valeur de trois indicateurs augmente :

 D’une part la valeur de deux indicateurs de pression augmente. Le pourcentage de

zones artificialisées dans le PE et le pourcentage de milieux non cultivé sur le site. En

effet, une partie du site est artificialisée par les infrastructures du barrage et de la

prise d’eau, ce qui fait augmenter la proportion de zones artificialisées dans

l’ensemble du PE (très faiblement : 0.06 %). De plus, les travaux de déviation de la

Romanche impactent le champ cultivé qui par conséquent disparait, donc la

proportion de milieu non cultivé sur le site augmente. La nature des pressions sur le

site a donc changé ;

 D’autre part l’indice de spécialisation de l’avifaune augmente (communauté plus

spécialisée). Il s’agit de l’avifaune hébergée par les milieux rocheux et aquatiques qui

ne sont pas impactés par le projet, qui est spécialiste. L’augmentation de cet

indicateur est donc une conséquence mécanique de la disparition d’une grande partie

de l’avifaune généraliste, elle ne traduit pas l’apparition d’habitats intéressants pour

la faune spécialiste.

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Au niveau NH (Figures 44) concernant l’habitat à enjeu « Frênaie à Tilleuls et

Erables » les indicateurs montrent des pertes importantes. En effet sur les 11 patchs de cet

habitat, 10 sont défrichés. Les espèces animales associées à l’habitat (avifaune nicheuse,

coléoptères et chiroptères) disparaissent à 100 % (le patch restant n’étant pas suffisant

pour permettre le maintien de ces populations).

Au niveau NSp (Figure 45), les habitats favorables aux espèces à enjeu couleuvre

verte et jaune, et pie grièche écorcheur disparaissent totalement du site ainsi que plus de

80% de l’habitat favorable au muscardin. Les impacts correspondant sont permanents

(construction de la centrale hydroélectrique), ponctuels de faible surface et modifient

l’ensemble des composantes de l’écosystème (sol, hydrologie, faune et flore)

Figure 44 : Sorties graphiques représentant les pertes (effet des impacts) au NH (frênaie à Tilleuls et

Erables) sur le site de Véna à CT et LT.

3.4.2. Long terme

Au niveau général (Figure 43), le calcul des pertes à long terme n’a pas pu être

réalisé pour les espèces patrimoniales et les fonctionnalités. En effet, la prédiction de la

valeur des indicateurs pour ces critères a été limitée par mon degré d’expertise et les

informations disponibles sur le projet de renaturation du site après impacts.

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Concernant les critères pour lesquels le calcul a été réalisé, les pertes sont

globalement moindres à long terme. Au niveau des habitats naturels, seuls les habitats

buissonnants et zones humides montrent encore 100 % de pertes car ils ne sont pas

restaurés. En revanche, des milieux ouverts sont restaurés sur une surface deux fois et

demie plus importante que celle de l’état initial. De plus, la restauration de boisement

alluvial diminue la perte de ce milieu à 25 % (par rapport à 80 % à CT). Le site devient

ainsi plus représentatif (ou similaire) au PE en termes de recouvrement de milieux ouverts

(augmentation de 250 % de la valeur initiale de l’indicateur).

Grâce à la renaturation du site, la plupart des espèces présentes initialement sur le

site devraient retrouver des conditions favorables à leur maintien (milieux forestiers et

ouverts) et de nouvelles espèces pourraient recoloniser les berges de la Romanche

renaturées, ainsi que la retenue d’eau. Il y a donc aucune perte de faune à LT. Les EEE

présentes sur le site devraient disparaitre suite à la gestion prévues sur ces espèces,

réduisant la pression sur la biodiversité du site.

Pour l’habitat à enjeu (Frênaie à Tilleuls et Erables ; Figure 44), les actions de

renaturation permettent de réduire les pertes sur tous les indicateurs qui ont pu être

évalués. Le haut des berges devrait, en effet, être constitué de milieu forestier (4 patchs de

plus de 4 ha en tout). Il ne sera cependant pas aussi mature que celui de l’état initial au

bout d’une quinzaine d’années (durée des prédictions à long terme). Cela aurait été

certainement visible sur les indicateurs dédiés à la maturité qui n’ont pas pu être

renseignés (taille des arbres et quantité de bois mort notamment).

Les actions de renaturation bénéficient à la couleuvre verte et jaune dont la surface

d’habitat favorable augmente de 250 % (Figure 45). Le muscardin pourra retrouver

également quelques zones favorables sur les berges restaurées, ce qui se traduit par une

diminution des pertes à LT par rapport à CT. En revanche, les pertes d’habitats favorables

à la pie grièche restent identiques car des actions de restauration du site de Gavet ne sont

pas prévues.

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Figure 45 : Sorties graphiques représentant les pertes (effet des impacts) au NSp (couleuvre verte et

jaune, muscardin et pie grièche écorcheur) sur le site de Véna à CT et LT

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3.5. Etat initial du site compensatoire (site de l’Île Falcon )