• Aucun résultat trouvé

Étude de cas du Sénégal :

1 CADRE CONCEPTUEL

Par rapport au thème de la présente étude de cas, il serait important, voire indispensable, de partager les concepts de partenariat, d’approche-programme afin d’en avoir une culture commune.

1.1 L’approche-programme

Elle fait l’objet de plusieurs définitions parmi lesquel-les on peut retenir cellesquel-les de l’UNESCO et du PNUD.

Selon l’UNESCO, l'approche-programme est un pro-cessus qui permet aux gouvernements d'articuler les priorités nationales et de réaliser les objectifs de développement humain durable dans un cadre cohé-rent et participatif.

Le PNUD définit l’approche-programme comme un processus qui permet à un gouvernement, une collec-tivité ou un secteur spécifique, à partir d’une appro-che participative très large d’élaborer et de mettre en oeuvre un programme.

INTRODUCTION

L’éducation constitue un enjeu capital pour l’ensem-ble des acteurs du champ social. Depuis plus de deux siècles, les États modernes se sont arrogé le contrôle et l’organisation de cette mission.

Depuis la rencontre de Jomtien, la communauté inter-nationale donne au partenariat une place de plus en plus importante dans le développement de l’éducation et de la formation. Le partenariat est compris comme une mise en synergie de l’ensemble des contributions des acteurs, des partenaires (intérieurs et extérieurs) et bénéficiaires dans un cadre sectoriel afin d’assurer plus de cohérence, d’efficacité et d’efficience aux systèmes éducatifs.

Le Forum de Dakar de 2000 a renforcé les conclu-sions de Jomtien sur le partenariat et invité les pays à élaborer des plans EPT crédibles. La crédibilité, concept sur lequel les acteurs, partenaires et spécialis-tes de l’éducation ont beaucoup discuté, se rapporte à la pertinence et à la faisabilité. Or, un plan d’éduca-tion ne peut répondre à ces critères s’il ne tient pas compte des préoccupations et des possibilités de l’en-semble des acteurs, des partenaires et des bénéficiai-res impliqués dans le processus de développement de l’éducation et de la formation.

Le Sénégal, pour sa part, a depuis le milieu des années 90 tenté de mettre en application les recom-mandations relatives au partenariat de Jomtien et de Dakar dans le processus d’élaboration, de mise en œuvre et de suivi-évaluation de son Programme Décennal de l’Éducation et de la Formation et de son plan EPT. D’ailleurs, pour plus de cohérence, ces recommandations ont été intégrées dans le PDEF au début de l’année 2000.

Cela a permis au système éducatif de faire des progrès très importants mais non sans difficultés.

La présente étude de cas, fruit d’une réflexion com-mune entre syndicats, parents d’élèves et techniciens du ministère de l’Éducation :

lSe veut une contribution à la réflexion sur le développement d’une culture de consultation, de concertation et de dialogue politique ;

lSe propose de jeter les bases d’une discussion autour du thème : « Le partenariat dans l’appro che-programme : quelles applications pour quels résultats ? ».

Certaines étapes sont à considérer :

1)la définition d’une politique ou d’une vision basée sur une loi d’orientation ;

2)la définition de stratégies sous-sectorielles (par les responsables de sous-secteurs) ;

3)l’élaboration d’un plan d’action sectoriel consolidation des plans d’action du niveau central et décentralisé ;

4)l’élaboration d’outils de gestion pour l’harmo nisation de la démarche : manuels de procédures ; 5)la mise en place d’un dispositif participatif de mise en œuvre ;

6) la mise en place d’une structure de gestion et de coordination générale du programme ; 7)la mise en place d’une structure chargée de la gestion et de l’exécution financière, de l’informa tion financière et des audits ;

8)la mise en place d’un dispositif de suivi-éva luation avant le début de la mise en œuvre ; 9) le renforcement des capacités institutionnelles qui est un préalable très important pour la réussite du programme.

L'approche-programme est bien plus qu'un simple moyen de réunir des projets exécutés en un lieu donné dans un "programme". C’est une approche logique qui intègre les processus de la planification et de la gestion, aux niveaux macro-économique et méso-économique, sous la conduite du gouvernement. Elle encourage l'intégration de toutes les ressources dispo-nibles (nationales et extérieures) en vue de répondre aux priorités nationales.

De cette définition, l’on peut déduire que, l’approche-programme doit s’inscrire dans une dynamique parte-nariale qui doit cibler les différents types de partena-riats et s’appuyer sur un certain nombre de principes que nous allons évoquer au fil de la présentation.

1.2 La notion de partenariat

Selon certains auteurs, l’idée de partenariat est avant tout sous-tendue par la réalisation d’un objectif com-mun et se fonde sur une volonté d’association, une reconnaissance mutuelle et la recherche de complé-mentarité.

Ainsi, le partenaire est perçu comme celui (la per-sonne, le collectif humain, l’institution ou le réseau d’institutions) qui est intéressé par une stratégie de mise en commun et qui a les capacités d’y introduire et d’y développer des orientations enrichissantes, en y

investissant des moyens et des efforts en vue de trou-ver des solutions à des problèmes et d’obtenir de bons résultats.

L’ADEA, dans sa biennale organisée du 14 au 18 octobre 1997, définissait le partenariat « comme un système de collaboration, de coopération, d’associa-tion d’entreprises, d’institud’associa-tions, d’organisad’associa-tions de personnes indépendantes les unes des autres mais liées par des intérêts communs et impliquées à des niveaux variés dans une action commune en vue de réaliser conjointement des objectifs partagés ».

Dans le champ de l’éducation, le partenariat constitue une dynamique coopérative créée autour des enjeux de l’école pour promouvoir son ouverture au milieu en vue d’une action durable et généralisable.

Sous ce rapport le partenariat commande de nou-veaux types de rapports que le secteur éducatif déve-loppe avec des acteurs d’autres horizons et les béné-ficiaires de ses prestations de services selon un style démocratique et participatif.

Le partenariat résulte ainsi d’une option suggérée par le nouveau statut de l’école dicté par les orientations nouvelles pour la mise en œuvre de la réforme qui recommande une institution scolaire réconciliée avec sa société.

L’exploitation de ces deux définitions met en exergue un certain nombre d’éléments communs dont :

lL’idée d’association donc de reconnaissance de l’autre dans ses différences, sa complémentarité ;

lLes relations entre contractants marquées par des rapports d’interdépendance, de complémenta rité et non de dépendance, de subordination et d’autorité ;

lLe respect des différences portant sur des sta tuts, des positions ou des moyens, des rôles dans la distribution des missions, des fonctions et des tâches ;

lL’égalité dans l’interlocution, le dialogue et les négociations ;

lLa vocation consensuelle déclinée en liens d’in formations mutuelles, de partage ;

lL’attachement commun à une obligation de transparence optimale, de confiance entre parte naires de respect des termes d’un contrat.

Le partenariat est devenu incontournable dans la ges-tion des systèmes éducatifs. C’est une valeur ajoutée,

Autrement dit, il faut nécessairement mobiliser toutes les ressources financières et humaines disponibles et impliquer tous les acteurs en les organisant autour d’un partenariat fondé sur les principes du partage équitable des droits, des rôles et des responsabilités.

a) Le principe de participation :

Dans le contexte d’une approche-programme, aucun écart ne doit exister entre le système et son environ-nement. Ces derniers doivent épouser une forme d’or-ganisation coopérative qui fonctionne selon un sys-tème d’osmose sinon, la qualité du syssys-tème d’éduca-tion peut en souffrir.

L’école n’est plus en mesure de faire progresser seule les objectifs d’éducation et l’expérience a montré que les partenariats constituent un bon moyen d’atteindre des objectifs généraux à long terme.

La mise à contribution des partenaires augmente les ressources existantes, offre de bonnes disponibilités de réduction du double emploi et crée des relations marquées par une plus grande collaboration, une plus grande confiance au sein d’un cadre de concertation défini au préalable.

b) Le principe de responsabilisation :

Ce principe appelle une bonne information et une bonne formation des partenaires afin de les rendre aptes à participer efficacement au relèvement des dif-férents défis qui interpellent l’éducation. La respon-sabilisation des groupes et des personnes requiert, d’une part, l’utilisation judicieuse de l’information et de la formation, d’autre part, une reconnaissance et une valorisation de leurs opinions et de leurs savoirs.

Elle permet également de pérenniser la participation.

Le droit de décider en toute souveraineté en vertu d’un pouvoir légitime est le fondement d’un partena-riat efficace.

c) La vision partagée :

Les partenariats qui aboutissent à des complémentari-tés fructueuses découlent invariablement d’une vision construite et partagée au début de la démarche parte-nariale, qui se charge de l’enrichir. La vision partagée incite des partenaires potentiels, qui n’avaient pas prévu antérieurement de se rapprocher, à se mettre ensemble, à prendre des engagements les uns envers les autres et à les honorer. Elle ne peut être imposée ni par directive, ni par coercition, c’est un acte de per-suasion et de mobilisation.

une philosophie, une façon d’améliorer les rapports entre les différentes organisations, entre les groupes et entre les personnes.

Si l’école veut réussir ses missions en terme d’éduca-tion, dans ce contexte de mondialisad’éduca-tion, force est de reconnaître qu’elle ne devra plus s’enfermer entre ses quatre murs, mais plutôt s’ouvrir aux partenaires. En plus de ses missions premières, l’école doit être une instance de consultation, de concertation et de dialo-gue afin de mieux prendre en compte les intérêts et les exigences de tous les acteurs, gage de l’atteinte de ses objectifs.

À ce titre, s’imposent une coordination et une organi-sation judicieuses des différents partenaires en vue de garantir l’efficacité et l’harmonisation des interven-tions.

Ainsi on peut noter plusieurs catégories de partenai-res :

lLes partenaires au développement : bailleurs de fonds, ONG nationales et internationales, orga nismes internationaux ;

lLes partenaires techniques : personnes-ressour ces, spécialistes ;

lLes partenaires institutionnels : l’État et ses démembrements (ministères, directions, services, etc.) ;

lLes partenaires sociaux : associations des parents d’élèves, les syndicats, les collectivités locales, les élus locaux, les mouvements associa tifs de jeunes, de femmes, etc.

1.3 Vision du système sénégalais en matière de partenariat

Dans sa Lettre de Politique Sectorielle, opérationnali-sée par le PDEF, le gouvernement s’est résolument engagé à développer un partenariat large, efficace et mieux organisé, pour que les ressources de toute nature, disponibles chez les différents acteurs et par-tenaires puissent être investies sans entrave dans le système éducatif.

L’atteinte de cet objectif exige le respect d’un certain nombre de principes et l’organisation des interven-tions afin d’éviter la dispersion et la déperdition des énergies et des synergies.

d) La pérennisation :

L’approche-programme bien perçue et bien managée ne perd de vue l’importance de la pérennisation.

L’absence de dispositifs de pérennisation des acquis fait souvent défaut au pilotage des projets et entrave gravement l’après-projet. Les acquis ne sont pas capi-talisés afin d’être réinvestis pour relever d’autres enjeux et défis. L’approche-programme qui permet à tous les acteurs de s’impliquer dans la mise en œuvre permet ipso facto de capitaliser les acquis et de les réinvestir dans le système.

e) L’imputabilité :

La mise en œuvre réussie de ce concept crée le devoir de rendre compte, mais aussi le droit à l’information sur les résultats et sur l’utilisation qui est faite des moyens provenant des différentes sources de finance-ment afin de pouvoir situer, à tout instant, les respon-sabilités et apporter les remédiations nécessaires. Une bonne approche-programme doit s’inscrire dans une dynamique de gestion axée sur les résultats en s’atte-lant au respect scrupuleux de ce principe.

L’élaboration des cadres de performance par les prin-cipaux responsables du secteur aux niveaux central et déconcentré renforce l’imputabilité et la conscience d’être pleinement responsable dans la réussite ou l’échec. Le cadre de performance est un outil de ges-tion qui amène le responsable à plus d’engagement, de sérieux et d’efficacité dans l’action.

f) La décentralisation :

La centralisation excessive de même que des prati-ques de gestion défectueuses entretiennent des effets pervers pouvant entraîner des dysfonctionnements au niveau des relations entre le système et son milieu. Ce principe appelle des réformes pertinentes.

Le partage de responsabilité entre l’État central et les collectivités locales permet l’allègement des charges du premier et une plus grande implication du second dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques.

Une décentralisation bien pensée est gage de plus de ressources, de plus d’efficacité.

C’est conscient de cela que l’État sénégalais a ins-tauré une réforme majeure visant à renforcer la démo-cratie par un transfert de responsabilité aux acteurs locaux.

Documents relatifs