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Identité libanaise : appartenance confessionnelle et partage culturel

A- Cadrage de l’enquête sur l’interculturel et l’identité libanaise

Comme tout terme sociologique, « la culture » est une notion largement dépendante de l’évolution historique et sociétale. Bien que son emploi ait précédé les années 1870, ce ne fut qu’en 1871 que l’anthropologue anglais Tylor tenta d’identifier ses composantes et ses caractéristiques proposant ainsi une première définition de la culture. Selon lui,

« la culture ou la civilisation, entendue dans son sens ethnographique étendu, est cet ensemble complexe qui comprend les connaissances, les croyances, l'art, le droit, la morale, les coutumes, et toutes les autres aptitudes et habitudes qu'acquiert l'homme en tant que membre d'une société ».20

À l’époque, la culture était souvent confondue avec la civilisation. Cependant, et suite à l’évolution des sciences humaines en Amérique ainsi qu’en Europe, et l’adoption du terme par les sociologues aussi bien que par les anthropologues, deux distinctions opposées entre les deux termes apparurent. La première distinction contredisait le terme « culture » désignant des entités matérielles du monde physique à « la civilisation » désignant notamment des notions immatérielles spirituelles et intellectuelles. La deuxième distinction était diagonalement opposée et reçut une acceptation plus répandue.

Aujourd’hui, bien que « la très grande majorité des sociologies et anthropologues évitent d'employer le terme civilisation »21

, deux distinctions entre les termes persistent.

20 ROCHER Guy. Introduction à la sociologie générale. Chapitre IV: Culture, civilisation et idéologie, 1992. P 101-127

24 La première distinction au niveau de l’échelle: la civilisation étant capable d’englober plusieurs cultures d’origine commune, la deuxième attribuant le terme « civilisation » ou « civilisé » aux pays industriels ou développés.

La définition proposée par Tylor a reçu un succès mondial, or une critique lui a été faite concernant son contenu majoritairement descriptif. Par conséquent, inspirée par cette définition ainsi que toutes les études qui en avaient découlé, Guy Rochet propose en 1992 la définition suivante: la culture est,

« un ensemble lié de manières de penser, de sentir et d'agir plus ou moins formalisées qui, étant apprises et partagées par une pluralité de personnes, servent, d'une manière à la fois objective et symbolique, à constituer ces personnes en une collectivité particulière et distincte. » 22

D’après cette définition, six caractéristiques principales de la culture peuvent être relevées. En premier lieu « les modèles, valeurs, symboles qui composent la culture inclus les connaissances, les idées, la pensée, s'étendent à toutes les formes d'expressions des sentiments aussi bien qu'aux règles qui régissent des actions objectivement observables. »23

En deuxième lieu, les « manières de penser, de sentir, et d’agir » peuvent être ‘plus ou moins formalisées’. Troisièmement, la culture n’est pas individuelle, elle correspond à une « pluralité de personnes ». De plus, la culture est acquise et transmise par le biais de l’« apprentissage ». Finalement, il existe un aspect « objectif » (lien réels) et un aspect « symbolique » (manière d’agir) relatifs à la culture. (Guy Rochet, 1992)

En plus, Guy Rocher explicite deux fonctions principales de la culture. La première sociologique correspond à « réunir une collectivité de personnes en une collectivité spécifique » et la deuxième psychologique convient à un « moulage des personnalités individuelles » proposant « des modes de pensée, des connaissances, des

22 ROCHER Guy. Ibid. 1992

25 idées, des canaux privilégiés d'expression des sentiments, des moyens de satisfaire ou d'aiguiser des besoins physiologiques, etc. » Selon lui, « la culture informe la personnalité, dans le sens qu'elle lui confère une forme, une configuration, une physionomie qui lui permet de fonctionner au sein d'une société donnée ». (Guy Rochet, 1992) 24

Les caractéristiques et les fonctions relatives à la culture mentionnées précédemment nous paraissent particulièrement intéressantes puisqu’elles nous serviront de fondement dans la construction d’une définition de la culture libanaise dominante. Dans notre contexte, le terme « dominante » signifie « partagée par la majorité du peuple libanais. » Ainsi, il ne s’agit pas de distinguer une « culture dominante » versus « une culture populaire » comme l’a fait Bourdieu dans son livre La Distinction, mais plutôt une « culture dominante » d’une « contre-culture émergente » comme plusieurs chercheurs ont clairement expliqué ses aspects, depuis l’apparition du terme dans les années soixante, tels que Klaniczay25 (2006), Whiteley26 (2012), Ferrand

27

(2012) et Bennett28

(2012) pour établir les différences et les similarités entre les cinq catégories conceptuelles « culture dominante », « culture populaire », « subculture », « contre-culture » ou culture « underground ».

Nous sommes toujours en situation interculturelle: de soi par rapport à l’autre, par rapport à sa propre culture et par rapport à la culture des autres. Aujourd’hui se manifestent un peu partout les aspirations à la reconnaissance des spécificités culturelles et identitaires. Nous entrons dans une nouvelle époque de conceptions des relations entre cultures, et que traduit l’émergence de cette notion d’interculturel

24 Italique propre à l’auteur

25 KLANICZAY Gábor. L’underground politique, artistique, rock (1970 – 1980). Ethnologie Française,

2006. Vol. 36

26 WHITELEY Sheila. Contre-Cultures : musiques, théories et scènes, 2012. Volumen° 9-1

27 FERRAND Laure. Les approches des cultural studies et de Simon Frith. Des subcultures à la musique comme accompagnateur du quotidien, 2012. Volume n° 9-1. 2012

28 BENETT Andy. Pour une réévaluation du concept de contre-culture, 2012. Volumen° 9-1

26 signifiant la reconnaissance du fait que nous vivons dans des sociétés pluriculturelles où de plus en plus, tel ou tel groupe ethnique ou culturel affirme son droit à l’existence et l’identité. Elle traduit encore une double idée: celle de réciprocité dans les échanges et de complexité dans les relations entre cultures, le préfixe « inter » signifiant à la fois liaison/réciprocité et jonction/disjonction. C’est l’idée d’interférences, d’interactions, de contacts entre cultures mais aussi d’interrogations selon une dynamique continue. On pourrait donc définir l’interculturalité comme l’ensemble des processus psychiques, relationnels, groupaux, institutionnels générés par les interactions de cultures dans un rapport d’échanges réciproques et dans la perspective du respect d’une relative identité culturelle des partenaires en relation. Une telle définition n’est pas innocente, car elle implique une prise de position vis-à-vis de deux types d’idéologies antagonistes: les idéologies du pluralisme culturel et celles du nivellement culturel.

Cependant, il n’existe pas de définition consensuelle et académiquement fondée de la culture libanaise. Le Liban a obtenu son indépendance en 1943, or la première période de paix n’a pas dépassé les trente deux ans. Au fil des années, le Liban a été tourmenté par vingt ans de guerre sanglante et plus de deux cent cinquante milles victimes de guerres civiles. Ce n’est que quinze ans après son indépendance que la première révolution surgit pour des raisons socioéconomiques en 1958. Celle-ci a été suivie par les conflits des années 68, et « la guerre des deux ans » en 1975 aboutissant finalement à la guerre civile qui a duré treize ans au total et qui s’est achevée en 1990. Par conséquent, le Liban demeure un pays jeune subissant toujours les conséquences des guerres passées, dont la reconstruction et le remoulage culturel ne dépassent pas les vingt- trois ans, un pays dépourvu d’une politique culturelle bien définie, souvent de second plan souffrant d’un manque de financement, et dont le destin est toujours sous réserve des forces politiques dominantes dans le pays et soutenues par les forces régionales et internationales.

27 Aujourd’hui, les autorités reconnaissent officiellement dix-huit communautés (12 chrétiennes, 5 musulmanes et une juive) « cohabitant » les territoires libanais. Entre les années 1922 et 1943, les deux grandes communautés (musulmane et chrétienne) étaient à proportions plus ou moins égales (45% par opposition à 55%), cette distribution a été complètement bouleversée par la guerre civile, à la suite de laquelle un grand nombre de Libano-chrétiens ont émigré à l’occident. En 1975, les musulmans constituaient 62% de la population alors que les chrétiens n’étaient plus que 37,4% de cette dernière.

a- Entre 1920 et 2014, le confessionnalisme, une culture dominante au Liban: l’entrée en vigueur du confessionnalisme

En 1920, la nation du « Grand Liban » a été créée sous les autorités Françaises. Ces dernières « procèdent de 1920 à 1943 au découpage du territoire selon des frontières plus ou moins provinciales, sans prendre en consideration les références au confessionnalisme et au patrimoine culturel de chacune des communautés. Ce découpage sera issu d’une volonté des autorités françaises de garantir la liberté des chrétiens dans un état où ils seront majoritaires » 29

(Desparois, 2005).

Ce sont les années 1919-1926 qui sont les plus significatives pour la fabrication du

Liban confessionnel. La concrétisation des projets de partage va se heurter à des entraves, non exclusives d’une compétition franco-anglaise. Elle conclura à l’aspiration majoritaire à l’indépendance et à l’unité arabe, en convergence avec le Congrès (pan-)

syrien réuni à Damas en juin 1919, les minorités chrétiennes liées à Rome revendiquant

un État libanais élargi sous garantie francaise. Si un mandat paraissait inévitable, le choix de la France (sauf dans la montagne libanaise) et de l’Angleterre était exclu

majoritairement. La constitution de 1926 garantit les intérêts du mandataire, proclame

29 DESPAROIS Sébastien-Paul. Portrait socio-culturel, politique et économique du Liban. Paysage et Environnement. Université de Montréal, 2005

28 certes l’égalité des Libanais devant la loi, ainsi que la liberté de conscience, mais

contradictoirement, dans son article 95, qui prend appui sur l’article 1er,la charte du mandat, prévoit « à titre transitoire» une représentation équitable des communautés, « dans les emplois publics et dans la composition du ministère, sans que cela puisse cependant nuire au bien de l’état ». À la fin des années trente, l’ensemble des communautés dispose de statuts personnels reconnus par arrêtés. Il aura fallu attendre 1932 pour qu’un recensement permette d’évaluer le poids démographique respectif de chacune d’elles30. Sur les 15 communautés relevées, 11 sont « chrétiennes », avec une prééminence de maronites, 3 sont musulmanes, avec une prééminence de sunnites, 1 israélite31. Un rapport de force 6 contre 5 en faveur des chrétiens va désormais être comme immuable. Ce déséquilibre prévalait déjà avant l’indépendance dans la

représentation des communautés dans les instances exécutives et législatives. Le chef de l’Etat est toujours chrétien, maronite ou grec orthodoxe, y compris pendant les périodes de suspension de la Constitution (1932-1936) on note un seul cas où un sunnite aurait pu figurer. 32Le cabinet est toujours à majorité chrétienne. Il en est de même de la Chambre, avec une tendance à l’équilibre en fin de parcours. Le traité franco-libanais de 1936 n’aura été négocié que quand il est apparu que, la victoire du Front populaire aidant, on ne pourrait fairelanterner les nationalistes syriens. Il entraîne le renoncement

des musulmans à la revendication de restitutionà la Syrie des régions annexées au Liban en 1920 que les Syriens par ailleurs ne réclament plus. C’est à un partage plus équilibré

des postes qu’ils prétendent.

30 VERNIER Bernard. Politique étrangère. Pour des éléments comparatifs, cf. RONDOT Pierre. Les institutions politiques du Liban. Des communautés traditionnelles à l’Etat moderne. Paris, A. Maisonneuve. 1947 à 1998

31

Suiventpour les « Chrétiens », dans l’ordre décroissant: grecs orthodoxes, grecs catholiques, arméniens

grégoriens, protestants, arméniens catholiques, syriens catholiques, jacobites, chaldéens catholiques,

nestoriens, latins (classés parmi les « divers »); pour les « Musulmans » : chiites et druzes ; deux autres minorités sont parfois ajoutées : « alaouites » et « ismailites ».

32 AL-JISR Mohammed. Mais la suspension de la constitution a écarté (aussi) cette éventualité. Cf. un essai de synthèse sur le mandat.

MEOUCHY Nadine (coord.). France, Syrie et Liban. 1918-1946. Les ambiguités et les dynamiques de la

29 En 1943, le Liban obtint son indépendance. Le système politique qui en découla sera démocratique mais reposant sur une base confessionnelle et démographique.

La France, néanmoins laïque à l’époque, porte une lourde responsabilité dans l’instauration du système politique confessionnel au Liban, instrumentalisant la religion au service de ses intérêts coloniaux. Le Liban a depuis développé et aggravé ce système; si une opposition en faveur d’une issue démocratique grandit, les couches bénéficiaires de ce système s’efforcent de le reproduire, bien que sa nocivité ait été largement démontrée.

« C’est la naissance d’une république communautaire à base unitaire. » Depuis, le pouvoir démocratique est accordé aux différentes confessions selon leur proportion démographique et les fonctions du président de l’état, président de la chambre et président du conseil sont respectivement réservées à un maronite, un chiite et un sunnite. Une guerre civile « éclata au Liban en 1975 pour se terminer en 1990, avec l’Accord du Taef, qui recommanda la déconfessionnalisation des institutions ».

Vingt-trois ans plus tard, aucun changement n’est observable. Bien que la loi du vote (des élections) ait subi plusieurs réformes, l’aspect confessionnel n’a cessé de dominer. Aujourd’hui, le Liban confronte une nouvelle modification législative prospective de la loi des élections, ainsi q u ’ un nouveau projet de loi « La loi Orthodoxe » a été déposé au Parlement. Cette loi prévoit qu’un citoyen libanais ne puisse élire qu’un candidat appartenant à sa communauté, ainsi un Sunnite ne pourrait élire qu’un Sunnite; un Chiite, un Chiite; un Maronite, un Maronite et ainsi de suite. Ces principes de démocratie pluraliste à base communautaire « encourage [nt] la confessionnalisation de la vie publique, conserve [nt] l’autonomie législative des communautés et encourage[nt] leur cloisonnement ». 33

(Desparois, 2005)

Depuis les années 1990, nous avons assisté sur le plan territorial à « la diminution des

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30 zones mixtes et au repli de chacune des communautés sur son territoire alors qu’avant 1975, une coexistence réelle existait. » Par suite, on trouve aujourd’hui une agglomération Sunnite au Liban Nord, une autre Maronite à Byblos, Maten et leurs alentours, une majorité Chiite à Bika’a et Hermel, Durzite à Damour et le Sud du Mont-Liban, versus une agglomération mixte à Beyrouth et au Sud-Est du Liban aux frontières de la Palestine et de la Syrie. 34

Cette ségrégation territoriale peut être expliquée suivant la théorie de Schelling (1969) Initialement, Thomas Schelling a mené ses études sur la ségrégation raciale aux États-Unis. Son but était de prouver l’aspect « non-voulu » de cette ségrégation en la conférant à des préférences individuelles dues à une tolérance limitée de la différence ou de l’autre. Selon lui:

« whites and blacks may not mind each other’s presence, even prefer some integration, but, if there is a limit to how small a minority either color is willing to be, initial mixtures more extreme than that will lose their minority members and become all of one color; these who leave may move to where they constitute a majority, increasing the majority there and causing the other color to evacuate. Evidently if there are limits to the minority status that either color can tolerate and if initially complete segregation obtains, no individual will move to an area dominated by the other color. Complete segregation is then a stable equilibrium. » 35

(Schelling, 1969)

Remplaçant les variables Blanc et Noir par les diverses communautés Sunnite, Chiite, Maronite et Druze, cette citation peut être facilement projetée sur la situation libanaise

35 La citation est traduite par DAEZLY Haytham le 22 février 2014: « Blancs et Noirs pourraient ne pas être dérangés par la présence de l’autre, ou même préférer une certaine intégration, mais, s’il existe une certaine limite à la volonté d’être une minorité relative à chaque couleur, les mélanges initiaux non-conformes à ces limites perdront les membres de leurs minorités et seront d’une même couleur; ceux qui quittent peuvent s’installer où ils constituent une majorité, augmentant la majorité là-bas et entrainant l’évacuation de l’autre couleur. Évidemment, s’il existe des limites au statut de la minorité que chaque couleur pourra tolérer, et si initialement une ségrégation complète est obtenue, aucun individu ne se déplacera vers une région dominée par l’autre couleur. Ainsi une ségrégation complète marque un équilibre stable. » (Schelling, 1969)

31 dont les territoires ont subi au cours des trois dernières décennies des processus de déplacement, de migration et d’évacuation sectorielle. La diminution des zones mixtes et le repli de chacune des communautés sur elle-même ainsi que le découpage du territoire selon les sectes ne sont que des manifestations de la ségrégation sociale induite par le seuil de la tolérance limitée des citoyens libanais dans leur recherche de l’équilibre communautaire.

Cette situation est davantage encouragée par le code de statut personnel qui confère à chaque confession le droit de délibérer afin de débouter ou accepter les demandes de mariage, de divorce, de séparation et la tutelle des enfants mineurs, etc. Ainsi, « la vie au quotidien est davantage réglée par les lois communautaires que par les lois civiles de l’Etat. Les questions de statut personnel sont ainsi l’affaire des lois et des tribunaux confessionnels, ce qui a pour effet de créer autant de types de mariage qu’il y a de confessions ». 36

(Desparois, 2005)

Dans son article, Desparois évoque une hybridation culturelle dans la production artistique, une illusion contestée par Christopher Stone dans son œuvre « Popular Culture and Nationalism in Lebanon. The Fairouz and Rahbani Culture ». En effet, l’auteur critique une série de productions théâtrales les plus réputées dans l’histoire du Liban, les pièces de théâtre musicales des Frères Rahbani et Fairouz. Selon lui:

« Fairouz and Rahbanis came to prominence at a time of increased internal and external migration and a global explosion of mass media technologies. It was time in other words when representations of the nation were particularly potent. Lebanon in the mid-1950s was just thirty some years old and had only enjoyed a decade of independence from France. What constituted this Lebanon remained an open question. » 37

(Stone, 2010) Dans cette perspective, Christopher Stone affirme:

36 DESPAROIS Sébastien-Paul. Ibid. 2005

32 « the causes of the Lebanese civil war are multiple and complex. I would like to suggest however, that the instability created by migration and competing mass media-facilitated localities, including the project of the Rahbani Brothers, played some role in the sparking of that conflict. » (Stone, 2010)38

De même, l’auteur souligne de grandes divergences en termes de contenus entre les productions théâtrales réalisées avant et après la guerre civile par les frères Rahbani et leur descendant Ziad. Ces divergences sont notamment visibles au niveau de la conflictualisation et la résolution des conflits interprétés, souvent décrits comme des conflits entre deux villages libanais. Il s’intéresse aussi aux productions théâtrales de Ziad El Rahbani – fils de Assi Rahbani et Fairouz. Ces productions, à l’époque de la guerre civile reflètent clairement la tension confessionnelle et la grande importance de la religion dans la société et l’ordre civil.

En revanche, cette « sectorisation » du territoire et des pratiques juridiques nous amène à questionner la légitimité de supposer l’existence d’une seule culture dominante au Liban, ainsi qu’à suggérer l’existence de multiples cultures sectorielles ou subcultures au détriment d’une culture unique. Cependant, en revenant sur la définition de Klaniczay

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de la subculture, selon laquelle cette appellation problématique « tente d’énoncer qu’il existe des territoires en dessous de la culture, et des groupes humains qui n’ont pas de culture, mais une subculture ». (Klaniczay, 2006) Ainsi, une subculture ne peut exister qu’à l’ombre d’une culture dominante. En dépit de la

Routledge, 2010

Traduction par Haytham Daezly: « Fairouz et les frères Rahbani furent connus à un moment où la migration interne et externe avait cru considérablement une croissance et les technologies médiatiques avaient connu une explosion mondiale. En d’autres termes, c’était où les représentations de la nation étaient particulièrement puissantes. Le Liban au milieu des années 1950 n’avait qu’une trentaine d’années et n’avait connu qu’une décennie d’indépendance de la France. Une telle image du Liban resta un point d’interrogation. »

38 STONE Christopher. Ibid. 2010

Traduction par Haytham Daezly: « Les causes de la guerre civile libanaise sont multiples et compliquées. Je voudrais suggérer toutefois que l'instabilité créée par la migration de masse et la facilitation des localités engendrée par la concurrence des médias, y compris le projet des frères