C OMMUNES À FACILITÉS DE LA FRONTIÈRE LINGUISTIQUE

Carte 7. Élections communales (Flandre, 2006-2018)

4.3. C OMMUNES À FACILITÉS DE LA FRONTIÈRE LINGUISTIQUE

En 2018, comme lors des scrutins précédents, seules des listes francophones ont été déposées dans les quatre communes wallonnes à facilités contiguës de la région de langue néerlandaise (Comines-Warneton, Mouscron, Flobecq et Enghien). Ces listes comptent tout au plus l’un ou l’autre candidat néerlandophone, y compris à Comines-Warneton où les néerlandophones bénéficient d’un régime de facilités renforcé.

À Comines-Warneton, depuis 1994, la liste majoritaire est Action, de tendance CDH.

Elle occupe habituellement le mayorat. En 2012, elle avait perdu sa majorité absolue.

En 2018, elle recule à nouveau, avec 40 % des voix et 11 sièges au conseil communal.

Le PS et Écolo, qui s’étaient présentés ensemble en 2012 (20,3 % des voix et 5 sièges) font mieux séparément, essentiellement grâce aux verts qui obtiennent 17,6 % des voix et 4 sièges pour 7,0 % des voix et 1 siège au PS. C’est toutefois moins que la liste Ensemble (24,9 % des voix et 7 sièges). La liste MCI obtient 2 sièges avec 10,5 % des voix. Dans cette commune, les 5 échevins sont élus directement sur la base du résultat du scrutin : le groupe Ensemble obtient 1 échevin, Écolo également, et la liste Action 3. Suite à la conclusion d’un accord entre Écolo, Action et MCI, Alice Leeuwerck (MR, élue sur la liste Ensemble) devient, à 27 ans, l’une des plus jeunes bourgmestres du royaume ; cette majorité relègue la liste Action, de tendance CDH, dans l’opposition. Avec une majorité disposant de 3 postes au collège communal pour 3 autres à l’opposition, la mandature pourrait être compliquée à Comines-Warneton.

À Mouscron, la liste majoritaire est également CDH. Elle se présente face aux listes du PS, du MR et d’Écolo. En 2018, une liste du Parti populaire (PP) s’ajoute à la compétition et recueille 5 % des voix et 1 siège. Cela n’empêche pas le CDH de conforter sa majorité de 1,9 % des voix supplémentaires, à 47,5 %, et de maintenir sa majorité absolue en sièges, de 19 sièges sur 37 (comme en 2012). Écolo progresse de 10,4 % des voix à 16,6 % et double sa représentation au conseil communal (de 3 à 6 sièges). Le MR voit son score s’effriter (13,6 %, contre 14,4 % six ans plus tôt), et le perdant est le PS, qui, avec 17,4 % des voix au lieu de 26,7 %, perd 4 de ses 10 sièges, au profit d’Écolo et du PP. Brigitte Aubert (CDH), qui avait succédé au bourgmestre Alfred Gadenne après son décès dans des circonstances tragiques en septembre 2017, conserve son poste. Le CDH a toutefois décidé d’ouvrir la majorité au MR.

La commune de Flobecq est dirigée par un bourgmestre socialiste, Philippe Mettens, qui a emmené la liste Flobecq-Viva aux élections, et conserve, avec 52,0 % des voix, une large majorité absolue de 8 sièges sur 13.

La configuration politique dans la commune d’Enghien est différente, la commune ayant à sa tête un bourgmestre Écolo depuis 2012, Olivier Saint-Amand. La liste LB Écolo arrive en tête avec 33,3 % des voix et 9 sièges sur 23. Elle est suivie par la liste Ensemble Enghien (de tendance CDH, 20,9 % et 5 sièges), la liste Enghien en Mouvement, dont c’était la première participation (18,2 % des voix et 4 sièges), le MR (15,3 % des voix et 3 sièges) et le PS (17,0 % des voix et 2 sièges). Une coalition LB Écolo/Enghien en Mouvement/PS s’est constituée autour du bourgmestre sortant.

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Dans les communes à statut linguistique spécial situées en Région flamande, hors Fourons, on note la présence de listes bilingues et de listes néerlandophones comprenant des candidats francophones.

Dans la petite commune d’Herstappe (72 électeurs), il n’y avait pas eu d’élection communale en 2006 et en 2012, une seule liste bilingue étant déposée. En 2018, le scrutin est organisé car une seconde liste, dénommée Herstappe, est apparue. La liste GB-IC conserve néanmoins sa majorité absolue, avec 39 voix contre 28, et 4 des 7 sièges au conseil communal.

À Messines, la liste bilingue MLM (Mesense Liberalen–Libéraux messinois) du bourgmestre Sandy Evrard (Open VLD), à la tête de la commune depuis 2002, perd 5,8 % des voix, passant de 74,1 % à 68,3 %. Elle obtient toutefois 1 siège supplémentaire, le nombre total de conseillers communaux étant passé de 7 à 9, suivant l’augmentation de la population. Face à elle, l’opposition remporte 31,7 % des voix et 2 sièges. Elle est constituée par la liste également bilingue Respect!, qui a succédé à la liste MDM (Mesense Democraten–Démocrates messinois).

À Espierres-Helchin, la liste du bourgmestre Dirk Walraet, en poste depuis 1989, conserve de justesse sa majorité absolue (6 sièges sur 11) tout en enregistrant un recul de 83,1 % à 53,2 % des voix face à la liste TeAm+, conduite par le conseiller communal Vincent Devos (de la liste Aspirant de 2012) et poussée par l’échevin sortant Rik Vandevenne.

Dans les communes de Biévène et de Renaix, les listes en présence ont toutes une dénomination néerlandophone, bien qu’elles accueillent également des candidats francophones. À Biévène, on a assisté à un duel entre la liste Thuis in Bever (tendance CD&V) et la liste Open voor de mens (tendance Open VLD). Il a été remporté par Thuis in Bever, qui a tout juste obtenu la majorité absolue, avec 50,7 % des voix, emportant 6 des 11 sièges. La N-VA, qui a déposé pour la première fois une liste dans la commune, était le troisième choix possible ; il a été celui de 5,5 % des électeurs, un score insuffisant pour décrocher un siège. Toutefois, l’un des élus de Thuis in Bever, Patrick Capiau, a annoncé fin novembre sa décision de siéger désormais au conseil communal comme indépendant, faisant perdre au bourgmestre sortant Luc Deneyer (CD&V) sa majorité absolue.

À Renaix, les six principaux partis néerlandophones se sont affrontés à cette élection et ont tous obtenu des élus : CD&V, 40,0 % (18 sièges) ; N-VA, 18,6 % (7 sièges) ; VB, 15,0 % (6 sièges) ; Groen, 9,6 % (3 sièges) ; SP.A & de vernieuwers, 9,4 % (3 sièges) ; Open VLD, 7,4 % (2 sièges). Les deux listes arrivées en tête, le CD&V et la N-VA, ont annoncé la formation d’une coalition et le maintien de Luc Dupont (CD&V) au mayorat.

Dans toutes ces communes de la frontière linguistique, il n’est pas possible de tirer des enseignements linguistiques des résultats électoraux, à moins d’interpréter en ce sens les voix de préférence obtenues par les différents candidats.

À Fourons, il existe une longue tradition de bipolarisation entre une liste francophone, nommée Retour à Liège jusqu’en 2000, et une liste néerlandophone, Voerbelangen. En 2006, la liste francophone s’appelait Retour @ Libertés et en 2012 comme en 2018 R.A.L.

(Respect-Avenir-Libertés).

86 LES RÉSULTATS DES ÉLECTIONS COMMUNALES DU 14 OCTOBRE 2018 EN FLANDRE

CH 2396-2397 Tableau 38. Élections communales (Flandre, 2006-2018)

Fourons : conseil communal (CC) et conseil de l’action sociale (CAS), en voix et en %

2006 2012 2018

CC CAS CC CAS CC CAS

Listes Voix % Voix % Voix % Voix % Voix % Voix %

R.A.L. ¹ 1 226 39,2 1 164 48,6 1 095 37,0 1 053 47,1 1 075 36,9 1 033 46,6 Voerbelangen 1 898 60,8 1 233 51,4 1 866 63,0 1 184 52,9 1 838 63,1 1 182 53,4

1 En 2006, liste Retour @ Libertés ; en 2012 et en 2018, liste R.A.L. (Respect-Avenir-Libertés).

C’est en 2000, à la faveur de l’élargissement du droit de vote aux ressortissants de l’Union européenne, qui étaient, dans leur quasi-totalité, de nationalité néerlandaise dans la commune, que la liste néerlandophone l’a emporté pour la première fois depuis la fusion des communes. Cette suprématie de la liste néerlandophone à l’élection du conseil communal s’est amplifiée en 2006 et en 2012. Toutefois, en 2018, le rapport de force apparaît stabilisé, avec des résultats extrêmement proches de ceux obtenus en 2012 par chacune des listes, un glissement de 0,1 % des voix seulement s’opérant en faveur de la liste néerlandophone. La répartition des sièges est inchangée, avec 10 sièges pour la liste Voerbelangen et 5 pour la liste R.A.L.

À Fourons, les échevins sont élus directement. Comme en 2006 et en 2012, la liste néerlandophone Voerbelangen décroche 2 sièges d’échevin et la liste francophone RAL en obtient 1. Le poste de bourgmestre continuera à être occupé par Huub Broers (N-VA).

Lors du scrutin de 2000, la liste francophone était restée majoritaire à l’élection du conseil de l’action sociale, à laquelle aucun étranger ne participe. Cette primauté a également pris fin dès 2006, même si la liste francophone continue à obtenir un score plus élevé à ce scrutin qu’à l’élection des conseillers communaux.

La situation dans ces petites communes flamandes à statut linguistique spécial situées le long de la frontière linguistique est donc très différente de celle, analysée plus haut, dans les six communes à facilités de la périphérie bruxelloise.

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Dans le document LES RÉSULTATS DES ÉLECTIONS COMMUNALES DU 14 OCTOBRE 2018 EN FLANDRE (Page 85-88)