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L E BON CARE DE T RONTO

Dans le document Travail et justice du care (Page 82-104)

3.3 É VALUATION DU MODÈLE

3.3.1 L E BON CARE DE T RONTO

Souci des autres. Le modèle de Méda semble attentif aux besoins exprimés par les enfants

et les parents, au sens où justement ils ne sont pas mis en contradiction. Méda propose de tenter de répondre à la fois au besoin exprimé par une majorité des femmes d’accéder au

42 Encore plus fondamental que simplement chercher à concilier des horaires, des éthiciennes du care ont

montré comment les temps du care ne peuvent être contrôlés et compressés de la même façon que les temps de travail capitaliste. Patricia Paperman et Aurélie Damamme écrivent : « S’occuper de personnes, qu’elles soient ou non dépendantes au sens des politiques publiques, requiert de basculer du temps dominant, linéaire, celui qui s’est imposé dans la société industrielle, au temps des personnes qui n’est pas un temps mesurable ou échangeable selon des principes d’équivalence » (Paperman et Damamme, 2009 : 2).

marché du travail, tout en garantissant que certaines tâches de soin, pour qu’elles répondent aux besoins des parents et des enfants, continuent d’être réalisées dans la sphère domestique.

Par contre, on pourrait lui reprocher de défendre le point de vue des couples occidentaux hétérosexuels structurés en familles nucléaires. En effet, Méda aurait avantage à contextualiser son modèle, parce qu’il n’est pas universalisable. Pour avoir une alternative au modèle hétéronormé, on peut par exemple se tourner vers Nancy Fraser, qui écrit :

Ce travail [de care] pourrait être réalisé au sein des foyers, par des parents ou des amis, mais ces foyers n’auraient pas à être des familles nucléaires hétérosexuelles. Il pourrait également prendre place complètement hors des foyers, dans la société civile. Dans des institutions financées par l’État, mais organisées localement, des adultes sans enfants, des personnes âgées et d’autres personnes sans responsabilités fondées sur les liens de parenté s’engageraient avec des parents, et d’autres individus, dans des activités de care démocratiques et autogérées (Fraser, 2012 : 187).

De plus, pour combler les besoins de celles et ceux qui sont pourtant les plus vulnérables, comme les mères monoparentales, d’autres mécanismes seront nécessaires. Entre autres, puisqu’elles vivent de grandes difficultés à faire reconnaitre leurs droits, une attention particulière devrait être portée aux familles dont un enfant est gravement handicapé43.

Nous avons aussi mentionné que les personnes pour qui l’espace public est le lieu de nombreuses oppressions ont des besoins particuliers dont nous devons tenir compte, tant et aussi longtemps que ces discriminations seront systémiques. Il ne faudrait pas que le besoin de certaines à avoir un meilleur accès à la sphère publique devienne une injonction à toutes les femmes.

Prendre en charge. Concernant l’organisation démocratique des soins, deux aspects sont à

considérer : d’une part est-ce que le modèle encourage la participation politique des principaux concernés, soient les parents, et d’autre part, est-ce qu’il semble être le résultat

43 Au Québec, le collectif Parents jusqu’au bout milite pour un meilleur soutien financier. Actuellement une

allocation annuelle d’environ 4,000 $ est versée aux parents qui prennent soin de leur enfant handicapé, mais lorsque les parents à bout de ressources placent leur enfant dans un foyer d’accueil, ce dernier reçoit une compensation annuelle de 37,000 $.

d’un débat démocratique. Concernant le premier critère, Méda n’accorde pas clairement d’importance à la participation citoyenne des parents. Sa définition de la participation semble étroite, se résumant à l’activité économique, même si cette dernière inclut le travail salarié et non-salarié44. Le modèle est donc insatisfaisant à cet égard et gagnerait à être enrichi. Le deuxième critère est beaucoup plus complexe, il interroge le rôle des intellectuelles lorsqu’est prise au sérieux l’exigence de donner la voix et le pouvoir aux personnes concernées. Il semble que Méda, philosophe de formation, mais devenue sociologue, témoigne à la fois d’un souci de rendre compte des besoins exprimés, en se référant à de nombreuses études et sondages, tout en plaidant pour le changement de la norme culturelle qui justifie la division sexuelle du travail. Sur le deuxième critère, cette démarche peut donc être considérée comme offrant un compromis intéressant.

Prendre soin. Le modèle semble satisfaisant en ce qui concerne la phase du travail de soin.

Proposer un meilleur partage du travail concret du care offre de nombreux avantages, entre autres en participant à la valorisation de ce travail et de celles et ceux qui l’accomplissent; en évitant une délégation à des travailleuses sous-payées et personnes exploitées; en favorisant le développement des valeurs morales de sollicitude et d’empathie.

Recevoir le soin. Pour ce qui est de la dernière phase, sans répéter ce qui a déjà été dit, on

peut imaginer, à la lumière des études sur leur développement, que les enfants seront satisfaits si leurs parents peuvent prendre soin d’eux tout en ayant accès à des services de garde publics de qualité.

3.3.2ÉGALITÉ ET JUSTICE SOCIALE

Le modèle de Méda participe-t-il directement ou indirectement à la crise écologique? Il semble que l’autrice, en choisissant de défendre une approche productiviste, manque l’occasion de remettre en question notre société productiviste et de surconsommation capitaliste. En effet, notre contexte d’abondance actuelle mène à une consommation excessive, soit au-dessus d’un niveau considéré comme normal ou moyen, encouragée par

44 Méda développe plus en détail sa critique de la vision économiste de ce qui est « productif » dans son livre Qu’est-ce que la richesse? Elle consacre tout un chapitre à une « philosophie de l’activité », dans lequel elle

la visée de la croissance économique. Des autrices féministes ont montré comment, dans les pays industrialisés, l’avènement de la société de surconsommation de masse redéfinit la relation entre les sphères privées et publiques, alors que notre salaire sert à payer d’autres personnes, qui travaillent dans des conditions souvent déplorables, pour produire les biens et services autrefois autoproduits (Shiva et Mies, 1999). Glucksmann décrit bien comment on est passé d’un modèle d’autoproduction privée (souvent un seul salaire masculin et la transformation des matières de base par les femmes) à un modèle de production de masse (deux salaires qui permettent d’acheter des produits transformés sur le marché) (Glucksmann, 1995 : 72). Il a été maintes fois démontré que cette production de masse capitaliste qui se met en branle depuis la Deuxième Guerre mondiale a rapidement mené à la surconsommation, qui est à la source de la crise écologique.

Fraser montre elle aussi les tensions entre les revendications féministes concernant l’accès au travail et sa récupération à des fins de marchandisation et d’accumulation capitaliste (Fraser, 2012 b [2010]). Si autrefois une famille pouvait vivre confortablement avec un seul salaire, le double revenu parait être aujourd’hui un non-choix. Il semble qu’en ce sens, Méda ne développe pas suffisamment un discours critique par rapport aux travers du productivisme et n’intègre pas à son modèle une perspective pour éventuellement en sortir. Il serait pertinent de réfléchir à une meilleure répartition du travail de care en contexte non productiviste45.

Pour ce qui est de la justice liée à un partage équitable de la prise en charge des enfants, dans le modèle de Méda la collectivité participe aussi à la prise en charge des couts des enfants à travers le financement d’un réseau de garde public de qualité pour les enfants d’âges préscolaires. Les congés parentaux seraient aussi sans doute payés en partie par tous les contribuables. Par contre, Méda ne développe pas suffisamment sa vision des autres programmes qui seront nécessaires pour soutenir les familles plus vulnérables. Elle n’accorde pas non plus beaucoup d’intérêt au secteur communautaire, alors qu’il est un lieu important de solidarité, encore davantage pour les personnes plus défavorisées. La prise en

45 Des discours écologistes et alternatifs en économie développent depuis plusieurs années des savoirs sur les

bienfaits écologiques d’une décroissance économique, mais peu d’analyses féministes y contribuent pour l’instant. Penser la justice du care en contexte de décroissance économique reste à faire.

charge des enfants devrait être pensée en tenant compte de l’ensemble de ce que le milieu comporte comme ressources, comme le proposent les analyses d’Anttonen et coll. qui incluent le secteur bénévole (Anttonen et coll., 2003 : 13).

Puisque Méda, de manière similaire à Espring-Andersen, fait valoir que l’activité des femmes est une opportunité pour la collectivité, elle porte flanc à la critique féministe formulée par Jane Jenson à propos de l’instrumentalisation des rapports sociaux de sexes. Méda argumente que le couple biactif est une réponse au problème du financement des programmes, à celui de la démographie, à la baisse de productivité. Ainsi, « l’égalité des sexes est finalement un moyen plutôt qu’une fin en soi comme elle est une fin, au contraire, pour les féministes » (Jenson, 2011 : 35).

En effet, Jenson critique l’approche dite d’« investissement social », qui, même si elle est pénétrée par une certaine « sensibilité au genre », est une menace pour le projet féministe d’égalité dans la citoyenneté sociale (Ibid. : 23). Un des initiateurs les plus célèbres de la perspective d’investissement social et dont les analyses sont reprises par Méda, Esping- Andersen, défend un « nouveau contrat de genre » capable de fonder un nouvel État- providence et de promouvoir une stratégie sociale centré sur l’enfant (Ibid. : 29).

L’argumentation ne souffre aucune ambigüité. Les économies postindustrielles et les familles modernes dépendant de l’activité de femmes. Mais le fait que ces dernières aient aujourd’hui moins d’enfants a créé un nouveau défi : celui de l’équilibre à trouver entre activité professionnelle et maternité. Selon Esping-Andersen, la politique la plus à même d’y parvenir est de transférer la prise en charge des enfants (Ibid. : 29).

Esping-Andersen croit que la solution se trouve dans la défamilialisation du care, soit l’externalisation par les familles des tâches de care, pour permettre ainsi aux femmes de concilier leurs objectifs professionnels et la maternité, et pour éviter les problèmes actuels que sont la dénatalité et la pauvreté qui menace le bien-être des enfants (Ibid.). La défamilialisation du care permettrait une « masculinisation du parcours de vie des femmes » (cité par Jenson, ibid.). Selon Jenson, le problème avec cette perspective, c’est qu’elle élude l’effet des facteurs structurels expliquant que le travail et les réussites des femmes sont dévalués par rapport à ceux des hommes (Ibid. : 31). Ainsi, ces analyses occultent les inégalités de genre et ne prennent pas en compte certaines inégalités

structurelles qui ont toujours été la préoccupation des féministes. « En Suède, par exemple, si le taux d’emploi des femmes est effectivement élevé, deux femmes sur cinq travaillent à temps partiel (contre 11 % des hommes). Il n’est donc pas surprenant que l’écart de salaire entre les Suédoises et leurs homologues masculins soit plus élevé que l’écart constaté dans l’Europe des 27 » (Ibid. : 35).

Justement, Méda ne mentionne pas, tout comme Esping-Andersen d’ailleurs, une des plus importantes revendications mises de l’avant par les féministes : l’égalité salariale. Jenson critique Esping-Andersen sur cette omission en affirmant qu’il néglige ainsi l’enjeu de l’inégalité des sexes sur le marché du travail et celui des discriminations structurelles. On pourrait faire cette même critique aux arguments de Méda, qui aurait avantage à recentrer son argument sur la défense de l’égalité en tant que principe, et non pas en faisant valoir son utilité pour la collectivité.

***

Méda prétend que son modèle est « le seul qui pourrait garantir une véritable égalité de genre » (Méda, 2008 [2001] : 119). En effet, il est une réponse satisfaisante pour remédier au fait que le temps de travail salarié des hommes reste partout supérieur à celui des femmes, de même que leur contribution aux revenus de la famille, alors que les femmes accomplissent davantage les tâches familiales et domestiques. Par contre, il serait sans doute intéressant d’enrichir ce modèle avec une préoccupation pour la participation politique des femmes, un discours critique de la société capitaliste de surconsommation et de la crise écologique, des recommandations plus détaillées sur les enjeux qui concernent les familles vulnérables, une perspective féministe plus radicale. Aussi, il semble qu’il faille préciser que ce modèle s’applique uniquement au contexte occidental, là où les femmes sont suffisamment scolarisées pour accéder au marché de l’emploi et que ce dernier est structuré par le salariat. On peut aussi reprocher au modèle de Méda d’être hétéronormatif et souhaiter une prise en compte plus inclusive de la grande diversité des arrangements familiaux. Il reste encore beaucoup à dire sur le projet d’une société de care, notamment concernant la prise en charge des autres personnes dépendantes, particulièrement des personnes âgées. Chose certaine, les débats sur la prise en charge des

besoins humains et sur l’organisation du travail, salarié ou non, sont en pleine effervescence.

C

ONCLUSION

Les statistiques sur les inégalités économiques entre les hommes et les femmes sont sans équivoque, elles montrent clairement que les femmes subissent des injustices quant à l’accès aux ressources. Partout dans le monde, elles disposent de moins de temps libres, entre autres pour s’impliquer politiquement, moins de revenus, plus de dépenses liées au soin des autres (en temps et en argent). La répartition du travail est à l’avantage des hommes, mais aussi de femmes privilégiées. Comme l’explique Brugère, « l’entrée dans la compétition économique des uns n’est possible que parce que d’autres assurent tout ce qui relève du soin dans une société : éducation des enfants, soins corporels des malades, des personnes âgées, travail et bénévolat social » (Brugère, 2012 : 135).

Le discours féministe a montré que cette situation, prolongement d’une longue histoire de rapports de domination, est le résultat de choix collectifs. Ces choix sont sous l’influence de discours philosophiques marqués par des dichotomies inventées par des hommes, à leur avantage. Bien concrètement, des personnes en situation de pouvoir peuvent dissimuler leurs dépendances grâce à un ensemble de dispositifs sociaux qui s’inscrivent dans différents rapports de pouvoir et les renforcent : les rapports sociaux de sexe, de classe, de « race ». Porter notre attention sur l’organisation sociale des activités de soin permet d’identifier la non-reconnaissance de la dépendance généralisée envers les personnes donneuses de soin - dont bénéficient ceux qui les reçoivent, mais aussi ceux qui sont exemptés de ces activités. Nous pouvons maintenant mesurer l’ampleur de l’injustice envers celles et ceux qui endossent la responsabilité des activités de prise en charge des besoins des autres. Mais, les féministes gardent espoir, comme en témoigne cet appel de deux économistes féministes :

Nous pouvons répartir autrement les responsabilités en matière de solidarité. Nous pouvons forger un nouveau contrat social qui partage les responsabilités entre les hommes et les femmes en ce qui concerne l’aide à autrui. Nous pouvons concevoir de nouvelles normes de comportement masculin et féminin qui concilient la force et la tendresse, l’autonomie et le lien social, l’argent et l’amour. Nous pouvons même refuser de prendre pour conjoint,

partenaire (ou même ami) des personnes qui se cantonnent dans un aspect de ce dualisme au détriment de l’autre. Mais nous devons aussi faire face au dynamisme fondamental du capitalisme mondial. Le seul moyen de soutenir et défendre le travail social est d’alléger la pression du travail rémunéré sur la vie de famille, d’imposer des normes de qualité strictes pour les prestations sociales de l’économie de marché, et de promouvoir de nouveaux niveaux de qualification et d’engagement chez les travailleurs sociaux rémunérés. Plutôt que d’entraver les pieds des femmes, nous pourrions contraindre le capitalisme à assumer ses responsabilités à l’égard de la famille et à se cantonner à la sphère limitée qui est la sienne (Badgett et Folbre, 1999 : 357).

Les éthiques du care ont enrichi les réflexions sur le travail invisible en mettant en lumière le même processus d’invisibilisation et de dévalorisation de la contribution des femmes à l’économie et au développement moral des individus. Elles ont aussi élucidé les enjeux moraux liés au travail de care, particulièrement le développement moral auquel il participe. Parce qu’elles sont nécessaires à la vie citoyenne, les qualités morales liées au care ont une portée politique importante.

Penser à une justice du care consiste entre autres à se demander comment reconfigurer nos institutions pour que la prise en charge des enfants soit assurée de manière plus juste. Les savoirs du discours féministe et des éthiques du care ont été mobilisés pour tenter une brève critique du modèle « deux apporteurs de revenus/deux pourvoyeurs de soins », notamment proposé par Méda. Cet exercice a permis d’apprécier les avantages d’un modèle qui favorise une partie de la prise en charge dans la sphère privée par les deux parents et en partie par la collectivité, qui profite aussi de l’activité économique des deux parents. J’ai tenté de montrer qu’un tel modèle manque d’inclusion, notamment pour tenir compte des familles non traditionnelles et celles plus vulnérables, et qu’il aurait avantage à être resitué dans une perspective écologiste et plus radicalement féministe.

Mai 2020. Je termine la rédaction de ce mémoire en pleine crise du COVID-19. Cette période est dense en réflexion sur le care, alors que son rôle fondamental pour la société se révèle plus que jamais. Des manifestations de reconnaissance et de gratitude envers les professionnelles de la santé se multiplient, avec l’idée sous-jacente qu’il n’est pas trop tôt pour enfin reconnaitre collectivement leur valeur. Parmi les innombrables hommages aux

travailleuses de la santé, notamment aux préposées et aux infirmières46, il y a l’auteur- compositeur Thomas Hellman qui s’exprimait ainsi sur les ondes de la radio publique : « L’amour, le caring, prendre soin des autres, c’est ce qui donne espoir, beaucoup plus que Dieu dans les époques de crise. C’est ce qui met la lumière dans la noirceur, c’est ce qui élève les êtres humains au-dessus de leur condition » (Hellman, 2020). Puis, l’autrice Véronique Grenier ajoute ceci sur l’importance de prendre soin de celles et ceux qui prennent soin de nous :

Nous ne sommes pas des îles isolées les unes des autres, des êtres atomisés. Nous sommes interdépendant. e. s. On se nécessaire. C’est une des choses qui se valide, « en temps réel », en ce moment. J’espère qu’on aura gardé une mémoire de cela. Que celles et ceux qui ont été désigné. e. s « services essentiels » méritent notre considération et notre reconnaissance. Et qu’on veillera à ce que leurs conditions de vie et de travail soient à la hauteur de ce qu’ils représentent (Grenier, 2020).

En effet, nous pouvons espérer que nous saurons relever les défis que nous impose la nécessaire prise en compte de la vulnérabilité qui nous caractérise et du souci des autres qu’elle implique. Si nous arrivons à penser care, à se soucier réellement de nos besoins et de ceux des autres avec bienveillance, nos sociétés changeront radicalement. En attendant, grâce au care, les femmes, et autres subalternes, continueront à penser la justice et à panser le monde.

46 L’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec nous apprend qu’au Québec, 90 % du personnel infirmier

A

NNEXE

1.

L

A DÉFINITION CONTEMPORAINE DE L

ÉCONOMIE Extrait de Julie A. Nelson, 1996, Feminism, objectivity and economics (version électronique via MyiLibrary).

The contemporary definition of economics

Core Margin

Domain:

public (market and government) private (family) individual agents society, institutions

efficiency equity Methods : rigorous intuitive precise vague objective subjective scientific non-scientific detached committed mathematical verbal formal informal general particular Key assumptions : individual social self-interested other-interested autonomous dependent rational emotional

acts by choice acts by nature

Gender/sex associations :

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