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Boisgelin de Cucé, Jean de Dieu-Raymond

(t. 1, p. 105-107)

Clergé. Aix, Provence.

Né le 27.II.1732 à Rennes (Ille-et-Vilaine) : mort le 22.VIII.1804 au château d’Angervilliers (Seine-et-Oise).

Famille noble, originaire de Bretagne ; connue depuis 1300 (preuves 1378).

Grand-père, Gabriel de B. (mort 1734). chevalier marquis de C., président à mortier au parlement de Bretagne.

Grand-mère, Anne de la Bourdonnay-Coétion (morte 1743). Père, Renaud-Gabriel de B., marquis de C. (mort 1774), président à mortier au parlement de Bretagne et

président des États de Bretagne.

Mère, Jeanne-Marie de Roscoët (morte 1743).

Frère, Louis-Bruno B. de C., 1734-1794 (exécuté), carrière militaire, maître de la garde-robe, gentilhomme de la chambre du roi de Pologne (1760), président de la noblesse de Bretagne, épouse, à Lunéville en 1760, Marie-Stanislas-Catherine de Boufflers, 1744-1794 (exécutée), sœur du futur Constituant, le chevalier de Boufflers (Nancy) : deux neveux, royalistes.

Études

Collège des Jésuites à Rennes 1748, séminaire Saint-Sulpice à Paris ; maître ès arts, bachelier en théologie à Paris ; 1751, collège de Lisieux ; 1755, licencié in utroque jure, Paris ; pendant ces années d’études. se lie d’amitié avec Loménie de Brienne, Champion de Cicé, Morellet, Turgot, Véri.

Carrière avant 1789

1756, vicaire général à Rouen. chargé de l’officielle du Vexin français (Pontoise) ; 1760, abbé de Vauluisant ;

26.XII.1764, nommé évêque de Lavaur ; participe aux travaux des États de Languedoc.

1766, prononce et publie les Oraisons funèbres de Stanislas Leczinski et de la dauphine M. J. de Saxe (1767).

17.VI.1771. archevêque d’Aix. Revenu net du diocèse en 1790, 59.517 livres ; 84 paroisses ; revenu de l’archevêque, 256.378 livres.

1774, prononce le Sermon au sacre de Louis XVI (non publié).

29.II.1776. reçu à l’Académie française.

Président des États de Provence, il développe une importante activité administrative et économique.

Participe aux travaux des Assemblées du clergé de France.

Publie des œuvres littéraires diverses mais peu diffusées.

1787, membre de l’Assemblée des Notables (3e bureau) ; avec Brienne collabore à la chute de Calonne.

31.XII.1787. préside l’assemblée des trois ordres des États de Provence (rétablis par Louis XVI le 1.X.1787).

V.1788, défend Brienne à l’Assemblée du clergé.

XI.1788, membre de la deuxième Assemblée des Notables (2e bureau).

6.II.1789, dissout les États de Provence ; 20.III, publie une Lettre circulaire au clergé régulier et séculier de son diocèse.

Carrière parlementaire 1789-1791

Élu 1er sur 2 députés le 6.IV.1789. Dans la chambre du clergé, il est contre la réunion des ordres (17.VI.1789. cf. aussi Les principes des droits des ordres dans les États généraux, Paris). Lors de la réunion de la majorité du clergé au tiers état le 24.VI, Bouche le dénonce comme infidèle à son mandat prescrivant la réunion. Mais Champion de Cicé, archevêque de Bordeaux, se lève pour faire remarquer que l’Assemblée ne connaît pas de scission et que « nous avons l’espérance d’être tous réunis ». L’Assemblée arrête aussitôt, par acclamation, de ne pas enregistrer la demande de Bouche pour « conserver la bonne augure de la réunion totale ».

Boisgelin fait partie des membres du clergé et de la noblesse qui remettent des déclarations et réserves sur le bureau des États généraux le 30.VI.1789.

Il est membre de deux comités : Douze (31.VIII.1789) et Finances (14.IV.1790 où il remplace le comte de Puisaye). Il est élu président de l’Assemblée le 23.XI.1789. Il prend deux congés, le 11.XII.1789 (affaire de famille) et le 1.VII.1790 pour une durée de six semaines.

Quand on discute le règlement intérieur, le 29.VII.1789, il donne son accord pour adopter la pluralité simple lors du vote des lois qui doivent être discutées pendant trois séances successives devant un nombre suffisant de députés avant d’être votées (29.VII.1789).

Parmi les orateurs d’Aulard, Boisgelin semble plus important par son statut social et la sobriété et la solidité de ses discours que par leur importance quantitative. Toutes ses interventions se situent pendant la première année de l’Assemblée nationale quand il fait un grand effort pour tenter de garder la Révolution dans l’orbite d’une monarchie constitutionnelle.

Il intervient dans la nuit du 4.VIII pour dépeindre les maux de la féodalité et prouver la

nécessité de les prévenir par la prohibition de toutes conventions à l’avenir. Dans la discussion de l’article XX du projet du 6e bureau concernant la déclaration des droits de l’homme, il insiste sur la puissance respective des citoyens qui ont le droit d’influer sur le gouvernement ; il souhaite que tous participent à l’établissement et au maintien de la puissance publique ; leurs droits politiques sont aussi indestructibles que leurs droits naturels et civils (24.VIII.1789). Puis il distingue entre les principes de la

constitution (la déclaration des droits) et les moyens pour assurer ces principes (la constitution elle-même) ; c’est-à-dire, il aborde le problème de la division des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif (26.VIII.1789). Il revient sur cette question lors du débat sur le droit de guerre et de paix : un discours interminable où il se perd dans un

dédale de références au Sénat romain et aux pays modernes de l’Europe (Angleterre, Suède, Pologne, Prusse). S’il semble s’approcher de Mirabeau dans l’idée qu’il faut être prêt à faire la guerre pour se protéger des agresseurs, ses propositions n’offrent aucune solution précise (21.V.1790). Le 8.x. 1789. il appuie la formule, « Louis par la grâce de Dieu », que Fréteau veut conserver comme le souhaite Mirabeau : pour Boisgelin, la providence est la base de l’administration et de la morale.

Grand personnage de l’Ancien régime, ayant une solide expérience politique dans l’administration, Boisgelin intervient sur des questions pratiques : (a) les finances, (b) la division du royaume, (c) les biens d’église et la constitution du clergé.

(a) Il est contre l’émission de papier-monnaie par le corps exécutif et contre la

conversion des assignats en papier monnaie ; il veut donner aux assignats « un cours libre et favorable dans le commerce » (1.X.1789 et 15.IV.1790). Il réclame le vote annuel des impôts ayant l’espoir ferme que la théorie de l’impôt se perfectionnera dans la pratique (7.X.1789). Un long discours le montre favorable à la suppression de la gabelle et à la vente libre du sel à travers le pays. Le manque à gagner serait

remplacé par une répartition de la somme sur tous les départements « en raison de la quotité du sel qui se consommait dans ces provinces ». Son discours se termine par la présentation d’un projet en 9 articles (14.III.1790). Vivement applaudi, l’Assemblée ordonne l’impression du rapport et Dupont de Nemours demande qu’on aille aux voix sur le projet, point par point ; mais l’Assemblée décide d’accorder la priorité au projet du comité des Finances, adoptant l’article 1er qui supprime la gabelle.

(b) Il plaide en faveur d’un chef-lieu de département aussi central que possible : Aix étant mieux placée pour cela que Marseille, l’intérêt de 6oo.ooo habitants provençaux doit l’emporter sur celui des 200.000 marseillais jouissant déjà d’une ville très

importante comme port de mer (1.II.1790).

(c) Un très long discours sur les biens d’Église le révèle comme défenseur des propriétés appartenant aux églises auxquelles elles ont été données pour les

dépenses du culte, l’entretien des ministres, le soulagement des pauvres. Il demande qu’on nomme une commission de membres du clergé chargée de rendre compte de l’état de ses biens et de ses revenus en vue de leur répartition éventuelle entre les besoins de la religion et l’aide qu’on accordera à la nation (31.X.1789). Il condamne

également tous les efforts de l’Assemblée nationale pour régler ses problèmes

financiers en s’emparant des biens de Église : « Nous croyons pouvoir démontrer que c’est le projet de prendre tous les biens du clergé, qui cause aujourd’hui tous les

embarras des finances et qui doit faire la banqueroute... Nous osons vous le prédire ; les biens du clergé seront pour la nation, ce qu’ont été pour l’Espagne les mines du Pérou. » Deux principes sont à retenir, selon Boisgelin : Église représente la seule religion vraie ; la liberté est réclamée pour le commerce et les métiers. Il se réfère au despote Henry VIII qui n’a pas osé saisir les biens ecclésiastiques sans passer par le parlement. Il renouvelle l’offre de Église : un emprunt de 400 millions, autorisé et décrété par l’Assemblée nationale au lieu de la vente décrétée du 19.xn. 1789 (12.

IV.1790).

Son dernier discours est une réponse argumentée au rapport sur la constitution civile du clergé fait au nom du comité ecclésiastique par Martineau. Se référant à l’histoire ecclésiastique. il montre que tout ce qui concerne le religieux a été établi par Église elle-même. La réforme des abus est sans doute nécessaire, mais les règles et

institutions ecclésiastiques ne constituent pas les abus. Insistant sur l’incompétence de l’Assemblée à opérer unilatéralement des changements et sur la nécessité d’une collaboration, il propose à l’Assemblée de consulter Église gallicane : « Nous vous supplions, vous et le roi, de convoquer un concile national ». Bref, Boisgelin refuse toute participation au projet du comité Ecclésiastique et se montre ferme dans son opinion modérée concernant les limites du pouvoir de l’Assemblée nationale dans le domaine spirituel (29.V.1790).

Aux Capucins le 13.IV.1790. Il proteste contre la suppression des titres. Il signe la déclaration du 19.IV.1790 en faveur de la religion catholique comme religion État Il est un des 30 signataires de l’Exposition des principes sur la constitution civile du clergé, qu’il a lui-même rédigée (30.X.1790). Il adhère à la formule de serment, proposée par Bonal en I.1791.

Il vote contre les assignats, et son nom figure sur trois listes de droite (29.VI. 30.IX et IX.1791) ainsi qu’aux « Amis de la Liste civile ». Il est membre de deux clubs des monarchiens : club des Impartiaux et club Monarchique. Il proteste contre la constitution (8.IX.1791).

Carrière après 1791

1791, publie Considérations sur la Paix publique adressées aux chefs de la Révolution.

XII.1791-II.1792. à Bruxelles puis à Mayence pour voir sa famille ; revient à Paris ; échappe aux massacres de IX.1792.

18.IX.1792, s’embarque pour l’Angleterre ; y retrouve Malouet, Lally-Tollendal et plus tard Montlosier. Pendant toute cette période (1792-1801), chef des catholiques français émigrés, animant le

comité des évêques de France et cherchant à conseiller la cour.

1796, on lui attribue un Projet de déclaration royale (inédit, qu’il aurait proposé à Louis XVIII), dans lequel il affirme ses principes monarchiques : un roi concentrant dans ses mains tous les pouvoirs comme garant et sauvegarde de la tranquillité publique. (Ce manuscrit est aussi parfois attribué à Bethisy de Mézières.)

1801, se rallie au Concordat et publie sa Lettre de M.

l’Archevêque d’Aix en réponse au bref de sa sainteté le pape Pie VII en date du 15 août 1801.

I.1802. de retour en France ; ,6.sv, nommé archevêque de Tours : publie Discours sur le rétablissement de la religion prononcé à Notre-Dame de Paris, pour célébrer la signature du Concordat.

17.I.1803. nommé cardinal par Pie VII ; candidat au Sénat.

meurt avant d’y siéger.

Honneurs et titres

14.VII.18o4, grand officier de la Légion d’honneur.

Membre de l’Institut.

Sources

Archives des Affaires étrangères, fonds Bourbon, l’inédit de 1796 : Projet de déclaration royale.

Archives nationales. M788, 24 lettres manuscrites, été 1789-printemps 1790. à la comtesse de Gramont, publiées dans Révolution française, 1902.

Boisgelin. Œuvres (contenant ses oraisons funèbres.

discours. traités philosophiques et politiques), Paris, 1804.

R. Griffiths, 1988.

E. Lavaquery, Le cardinal de Boisgelin, Paris, 1920.

M. Peronnet. 1977.

Armes & Blason

Devise

(« In vitute vis », i.e. « Dans la force la vertu »)

Ex-libris Armes

(source des 3 images : coll. M. Popiel de Boisgelin, clichés Y.-A. Durelle-Marc)

Remarques :

Portraits : Granges de Surgères (marquis de), Iconographie bretonne ou Liste de portraits dessinés, gravés ou lithographiés de Personnages nés en Bretagne ou appartenant à l’Histoire de cette province avec Notices biographiques, Rennes, J.

Plihon et L. Hervé, Libraires-Éditeurs, 5, rue Motte-Fablet, Paris, A. Picard, Libraire des Archives nationales et de la Société de l’École des Chartes, 82, rue Bonaparte, 1888, Bibliothèque municipale de Rennes 10253 (3 réf.).

1. N. in8° ovale équarri. De Profil à droite, sur la tablette: Mgr. L’archevêque

d’Aix

2. Pannemaker sc. – Goffineau del. Inv. Profil à droite dans La Révolution par

P. Janin. Dans le même Cartouche : Lepelletier de Saint-Fargeau

3. H. Pottin – Gérard. Bois, dans Le Musée des Familles, t. XXV, p. 72, in8°

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