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III. Résultats

1) Une base de fonctionnement commune malgré des différences entre structures

Le fonctionnement des dispositifs interrogés était basé sur une équipe pluridisciplinaire variant en termes d’effectifs et de temps de présence. On retrouvait au minimum pour les PASS psychiatriques, un infirmier, une psychologue et une assistante sociale, et pour les associations, plusieurs psychologues et une psychomotricienne. Il existait aussi des similarités au niveau du cadre de soins proposé, du travail d’équipe en lui-même, ainsi que des positionnements défendus par les équipes.

Le cadre de soins proposé était assez similaire d’une structure à l’autre. Toutes portaient une attention particulière à l’accueil qui devait être le plus respectueux et le plus bienveillant possible.

« Notre devoir premier, c’est vraiment d’accueillir les gens qui se présentent à nous de la manière la plus humaine qui soit, la plus humanisante ». E12

Ce premier contact se faisait en présence d’un ou de deux membres de l’équipe dont les fonctions varient selon les dispositifs (assistante sociale, infirmier, psychologue, médecin). Il s’agissait alors de faire le point sur la situation sociale de la personne reçue, sur son état physique et psychique, sur ses demandes et ses besoins, afin de pouvoir lui proposer des soins adaptés, au sein de la structure ou en l’orientant vers d’autres dispositifs. Parfois, ces propositions étaient réfléchies au préalable en équipe lors de réunions cliniques. La mise en œuvre des soins se faisait ensuite avec une grande souplesse, notamment pour la gestion des rendez-vous, en termes de délais, de fréquence ou de temps accordé à la consultation. Ceci était d’autant plus important qu’il s’agissait d’une population avec laquelle le nombre de rendez-vous ratés et les retards pouvaient être importants, du fait de troubles cognitifs ou de la précarité sociale.

« On a une population qui n’est souvent pas en mesure de respecter un cadre. Du coup, j’ai appris à être très souple ». E12

Le travail en réseau constituait un autre axe important. Il permettait de créer des liens entre les différents professionnels ayant une connaissance de la personne prise en charge qu’ils appartiennent au champ du médical, du social ou du médico-social. Certaines structures favorisaient ce contact en demandant au tiers adressant d’être présent lors de l’accueil du sujet sur le dispositif de soins et en essayant par la suite de maintenir un lien avec cette personne-ressource.

« On essaie vraiment de travailler en réseau pluri-institutionnel : c’est l’idée de la constellation de Tosquelles de la clinique de La Borde, où on peut en partageant les connaissances qu’on a d’une personne, ça permet de prendre soin de la personne ». E3

Les professionnels interrogés signalaient aussi l’importance du travail en équipe. Ce dernier requérait d’abord, la création d’une culture commune avec des valeurs et des références partagées.

« C’est absolument nécessaire qu’il y ait une culture d’équipe pour pouvoir faire ce travail ». E1

place à l’expression individuelle des expériences vécues et des difficultés rencontrées. Cela évitait qu’un soignant se retrouve seul face à une situation compliquée : il avait la possibilité, une fois dans son bureau, de solliciter d’autres membres de l’équipe pour gérer ensemble cette situation complexe. Cet échange pouvait avoir lieu de façon informel ou en réunion clinique. Il permettait souvent d’élargir le regard porté sur les difficultés et de limiter les effets du sentiment d’impuissance, fréquemment ressenti face à ce public.

« Pour ne pas céder à de la sidération, il faut savoir que l’on n’est pas seul face à ça et qu’il y a quelque chose que l’on pourra déposer de tout ça ». E14

En raison du poids des prises en charge individuelles effectuées et des responsabilités qu’elles engageaient, il était important que ces équipes puissent bénéficier de dispositifs de supervision ou d’analyse de la pratique portés, si possible, par l’institution.

« C’est bien nécessaire d’avoir une reprise d’équipe avec de l’analyse clinique et de la supervision ». E13

Cette possibilité de reprise existait dans la plupart des structures interrogées sachant que l’une d’entre elles avait monté des réunions de concertation pluridisciplinaire dans cette optique. Ce travail était nécessaire pour permettre aux soignants de prendre du recul par rapport à certaines situations vécues afin de rester dans une relation thérapeutique. Cela permettait aussi d’éviter certains passages à l’acte tels que des professionnels qui donnaient des objets ou de l’argent, voire qui accueillaient des migrants chez eux. À un niveau institutionnel, cela pouvait aussi empêcher l’apparition d’une agressivité larvée dans le lien avec certains partenaires, du fait d’une ou de plusieurs situations compliquées.

On notait aussi une inscription différente de chacun des dispositifs sur le territoire où il se situait, avec un positionnement différent dans le parcours de soins de ces patients. Cette différence s’observait principalement à propos de la durée des soins. Les PASS somatiques et psychiatriques sont, par définition, des lieux où les soins sont censés être provisoires afin de permettre un retour dans le droit commun par la suite. Toutes essayaient de respecter leurs missions mais l’on observait, soit une dérive vers la mise en place de suivis qui perduraient, soit une volonté de rester dans un travail de repérage et d’orientation.

« On souhaite vraiment rester dans quelque chose du pré-soin et non pas du soin à proprement parler ». E14

Du côté des associations, certaines avaient plutôt des missions d’orientation au cours desquelles elles pouvaient être amenées à proposer des prises en charge qui restaient de l’ordre du provisoire.

« Nous, on propose un suivi. La fréquence, en général, c’est tous les 15 jours avec la butée de l’AME, de la CMU ». E5

Tandis que d’autres avaient fait le choix d’intervenir sur le long terme en argumentant sur l’absence de dispositifs pérennes pour ce public.