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Une des principales conséquences de ces stratégies internationales est la création d’une interdépendance entre les Etats dont il leur est de plus en plus difficile de se détacher. Pour théoriser cela, Jérôme Dunlop (2009 p. 89) reprend l’approche d’Olivier Dollfuss, le système-monde qui est « constitué d’un ensemble de centres, de réseaux et de flux qui articulent à l’échelle planétaire des territoires situés sur tous les continents » et qui revient

à « considérer qu’il existe un territoire d’échelle planétaire, dont les composantes sont fortement interdépendantes ». Ce phénomène d’interdépendance au système économique mondial touche quasiment tous les domaines. Au niveau énergétique par exemple, le cas des ressources fossiles que sont le gaz et le pétrole, montre la création de dépendance de certains Etats vis-à-vis d’autres. Les sous-sols de pays disposent de ressources que d’autres n’ont pas, mais dont ils ont besoin. Ainsi, « les ressources minières et les sources d’énergie primaire se concentrent dans un faible nombre de pays, du fait des conditions géologiques » (Baud, et al., 2008). Le nombre d’intermédiaires introduit un niveau de complexité supplémentaire dans le système : l’extraction de la ressource, sa transformation et la production finale peuvent par exemple se réaliser dans un Etat différent à chaque étape. C’est souvent le cas de pays africains qui, faute de moyens suffisants sur place pour la transformation, ne font qu’exporter leurs ressources brutes (Felix, 2006 et Mahieu, 1991). La proximité géographique peut également favoriser des liens d’interdépendances énergétiques. L’Italie du Nord par exemple, est fortement dépendante de la France en matière de fourniture d’électricité pour laquelle les échanges se font aussi avec l’Allemagne. Des scientifiques ont travaillé sur les effets de cette proximité, notamment au travers de la notion de régionalisation de la mondialisation économique (Siroën, 2004 et De Boissieu , 2000), montrant une très forte interdépendance entre les économies régionales de certains espaces mondiaux, comme en Asie par exemple (échanges commerciaux, investissements directs étrangers).

Les moyens de communication et de déplacement disponibles depuis le XXème siècle rendent possible ce fonctionnement à l’échelle planétaire, et de manière de plus en plus aisée, notamment avec le numérique (Internet). Pierre George et Fernand Verger le décrivent ainsi dans leur dictionnaire : « le développement à faible coût des transports à longue distance et la libéralisation des échanges ont provoqué l’extension à la totalité du monde des échanges économiques ou culturels » (2009 p. 277). Le système-monde est tellement étendu sur la planète qu’il est quasiment impossible de lui « échapper ». Le cas des sociétés dites primitives l’illustre. Elles ont de plus en plus de mal à maintenir leur système de subsistance, pourtant en œuvre depuis des millénaires. Leur durabilité est directement remise en cause par d’autres sociétés de pays développés, notamment par une intrusion croissante de leurs lieux de vie. L’exemple le plus connu est l’atteinte faite au territoire des peuples d’Amazonie, menacés par la déforestation intensive, et en grande partie illicite, de la forêt. Des déboiseurs exploitent illégalement des parcelles de forêt primaire pour la revente et la transformation du bois (Medina, et al., 2004 et Sylvie Brunel in Gauchon, et al., 2005). Nous aurions pu citer également le développement de la monoculture de palmiers à huile en Indonésie (Schweithelm, 1998) ou en Malaisie (Koh, et al., 2008) qui se traduit par des hectares de forêt vierge brulés. Des porte-parole des ethnies menacées font valoir leur droit devant les tribunaux nationaux et internationaux. Ils s’opposent de fait à une économie illégale de forte importance d’un point de vue financier et qui sait trouver les appuis nécessaires à la poursuite de leurs actions de

déforestation massive et incontrôlée. Ce déboisement porte atteinte au milieu de vie des tribus dont l’existence repose sur l’équilibre entre l’homme et la nature. Le lieu de vie est essentiel pour ces sociétés qui y trouvent l’ensemble des éléments nécessaires à leur subsistance. Selon les sources (Denevan, 1966 et Taylor, 1989), près de 90 tribus aurait disparus de la forêt amazonienne dans sa partie brésilienne au XXème siècle. La population d’autochtone serait passée de 9 millions en 1500 à 350 000 aujourd’hui. Nous constatons à travers cet exemple que même malgré eux, les hommes sont impliqués dans le système- monde. Ceci est d’autant plus vrai dans le cas des sociétés développées : « que l’on soit homme ou femme, jeunes ou vieux, on ne peut échapper à la société de consommation qui utilise des méthodes d’influence nombreuses agissant telle une pieuvre tentaculaire » (Baudrillard, 1986). Au final, les hommes doivent pleinement participer à ce système mondialisé s’ils veulent remplir leurs besoins, au sens de Maslow. Ainsi, ils cherchent à répondre à des nécessités de plus en plus complexes, la pyramide des besoins montrant, de bas en haut, des besoins physiologiques (manger, boire, dormir, respirer), des besoins de sécurité (du corps, de l'emploi, de la santé, de la propriété), des besoins d'appartenance et affectif (amour, amitié, intimité, famille), d’estime (confiance, respect des autres et par les autres, puis l’estime personnelle), et d’accomplissement personnel (morale, créativité, résolution des problèmes). Selon cet auteur, les êtres humains cherchent à satisfaire prioritairement les besoins d'un niveau inférieur de la pyramide avant de s'intéresser aux niveaux supérieurs.

Outre ces situations d’interdépendance, ce système de développement économique mondialisé est largement remis en cause aujourd’hui et ceci par différents types d’acteurs et de motifs. Ce système économique et monétaire est caractérisé de non durable vis-à- vis de divers impacts que nous allons développer à présent, notamment les aspects négatifs au niveau social, environnemental et de la gestion des ressources non renouvelables de la planète.

B. LE DÉVELOPPEMENT MONDIALISÉ, UN SYSTÈME

LARGEMENT REMIS EN CAUSE

La mondialisation est remise en cause par différents acteurs qui dénoncent la mauvaise gestion des ressources qu’elle implique. Ce sont les impacts sur le changement climatique et les ressources naturelles qui confortent cette critique.

1. UNE DÉNONCIATION ISSUE DE MULTIPLES ACTEURS

Le développement des sociétés actuelles repose sur un système très critiqué, notamment par des Etats du Sud vis-à-vis du changement climatique, des scientifiques que ce soit au niveau économique ou géographique, et des associations de citoyens qui revendiquent une autre vision du monde.