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La mise en œuvre des orientations définies dans les plans climats et les schémas régionaux s’appuie sur des outils locaux tels que les schémas éoliens, les schémas de services collectifs de l'énergie ou les Plans régionaux de la qualité de l'air (PRQA), le Bilan gaz à effet de serre et le diagnostic de vulnérabilité pour un PCET.

Le Bilan GES, sous la forme du Bilan carbone - version Patrimoine établie par l’Ademe, est rendu obligatoire dans les plans climat des collectivités de plus de 50 000 habitants). Ce bilan permet à la fois de faire un diagnostic de la situation et d’établir un plan d’actions. L’Ademe offre également un outil pour le volet « adaptation ». Il s’agit d’une méthode de pré-diagnostic à un PCET qui vise l’analyse de vulnérabilité d’un territoire au changement climatique (aussi appelé Impact’climat). Plus largement, que ce soit dans le cadre d’un plan climat ou non, les territoires peuvent également valoriser leur engagement par des outils de labellisation (Ademe, 2013). L’objectif est alors soit de récompenser les communes et les intercommunalités « qui souhaitent contribuer activement à améliorer leur politique énergie durable en cohérence avec des objectifs climatiques » (pour le label « Cit’ergie » - Ademe, 2012), soit « de réduire ses besoins d’énergie au maximum, par la sobriété et l'efficacité énergétiques, et de les couvrir par les énergies renouvelables locales (pour les « territoires à énergie positive » - Régnier, 2013). Ces démarches restent encore peu mobilisées par les collectivités : moins d’une dizaine de territoires à énergie positive avant l’appel à projet de septembre 2014, et une vingtaine de collectivités labélisées Cit’ergie en 2013.

Ces outils de mise en œuvre locale des politiques de lutte contre le changement climatique s’associent aux nombreux autres plus généraux pour un développement durable, un Agenda 21 1 par exemple. L’ensemble de ces schémas de planification et de programmation, couplé aux outils locaux, constituent parfois un maillage compliqué pour la gestion des territoires. Cela peut nuire à l’efficacité des différentes démarches, usant les acteurs sollicités régulièrement pour plusieurs projets à la fois par exemple (Grenouillet, 2008). D’un point de vue pratique, la mise en place des politiques locales de lutte contre le changement climatique concerne principalement deux volets : la diminution des gaz à effet de serre et l’adaptation au changement climatique. Pour gérer ce second aspect, les gestionnaires locaux peuvent s’appuyer sur le diagnostic de la vulnérabilité de leur territoire pour connaître les secteurs sensibles et établir des priorités d’intervention.

1 L’Agenda 21 local a été adopté au sommet de la Terre de Rio 1992 : « il est devenu en France un véritable outil de

développement durable pour les collectivités et les territoires. L’Agenda 21 local marque la volonté d’intégrer aux projets locaux toutes les composantes du développement durable : équilibre entre le court et le long terme, conciliation des exigences économiques, sociales et environnementales, prise en compte des enjeux locaux et globaux (efficacité énergétique, effet de serre…), développement écologiquement et socialement responsable » (MEDDE, 2014).

C. JUGER DE LA VULNÉRABILITÉ DES TERRITOIRES

FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Nous souhaitons développer dans ce travail l’aspect « adaptation » des plans climat, et surtout le diagnostic de vulnérabilité, car nous pensons qu’il offre un outil d’analyse intéressant dans une approche par la Ressource territoriale dans un contexte de changement climatique. L’identification des points de vulnérabilité des territoires au changement climatique est un sujet en développement qui offre peut de moyen d’étude. Nous choisissons ainsi d’utiliser ce type de diagnostic car c’est le seul à notre connaissance assez abouti et simple d’utilisation, ces aspects étant importants dans l’objectif d’une application dans le cadre professionnel. Nous allons voir ainsi ce que l’on peut entendre par vulnérabilité d’un territoire et comment l’outil de diagnostic fonctionne. Nous le testerons ensuite sur les deux terrains d’étude afin, notamment, d’en établir leurs éléments de vulnérabilité au changement climatique.

1. QU’EST-CE QUE LA VULNÉRABILITÉ D’UN TERRITOIRE ?

Pour les géographes, la vulnérabilité représente l’ampleur des conséquences potentielles d’un aléa, qu’il soit naturel ou technologique, et peut toucher le domaine physique, démographique, économique, politique, social et culturel (Baud, et al., 2008). Le risque du changement climatique est d’origine anthropique, considéré comme collectif et perdure sur un temps très long. Il entre dans le classement des risques artificiels, en opposition aux risques naturels (même si la partie « effet de serre » est un phénomène naturel). Dans les rapports du GIEC, nous trouvons une définition de la vulnérabilité en rapport avec le changement climatique : « la vulnérabilité est le degré de capacité d’un système de faire face ou non aux effets néfastes du changement climatique, y compris la variabilité climatique et les extrêmes ; elle dépend du caractère, de l’ampleur et du rythme de l’évolution climatique, des variations auxquelles le système est exposé, de sa sensibilité et de sa capacité d’adaptation » (GIEC, 2007). L’Ademe (2012) explique la vulnérabilité dans ce cadre, comme le degré auquel les éléments d’un système sont affectés par les effets des changements climatiques. Ces éléments systémiques peuvent être tangibles et intangibles, comme la population, les réseaux et les équipements permettant les services essentiels, le patrimoine et le milieu écologique. La vulnérabilité est fonction à la fois de la nature, de l’ampleur et du rythme de la variation du climat (l’exposition) à laquelle le système considéré est exposé et de la sensibilité de ce système. Le niveau de vulnérabilité (ou niveau de risque dans la terminologie de la littérature relative aux risques naturels) s’évalue en combinant la probabilité d’occurrence et l’importance d’un aléa (l’exposition) et l’ampleur des conséquences (ou sensibilité) d’une perturbation ou d’un stress sur des éléments du milieu en un temps donné.

Nous trouvons différents types de vulnérabilités (Ademe, 2012). Les différents aspects de la vulnérabilité au changement climatique peuvent en effet être abordés par une classification thématique selon le secteur sur lequel des effets sont observés. Ainsi, le projet MOVE1 propose une typologie des vulnérabilités selon sept axes, offrant une couverture large des problématiques liées au changement climatique. On distingue ainsi :

- la vulnérabilité physique, qui concerne les dégâts matériels affectant les constructions (bâtiments, infrastructures) : par exemple, l’endommagement de digues suite à la hausse du niveau de la mer, ou la déformation du revêtement d’une route due à des températures extrêmes ;

- la vulnérabilité environnementale, qui concerne les effets sur l’environnement naturel : la migration d’espèces animales ou végétales suite à l’augmentation de la température d’un cours d’eau, ou la prolifération de moustiques favorisée par les épisodes pluvieux pendant les saisons chaudes ;

- la vulnérabilité économique, qui concerne les effets sur les activités économiques à court ou long terme : une hausse des températures en hiver risquant d’entraîner une diminution de la couverture neigeuse dommageable pour les stations de sport d’hiver de moyenne montagne, ou les coûts de remise en état, de rachat de stock, et de perte d’activité après l’inondation d’un supermarché pendant quelques jours ;

- la vulnérabilité sociale, qui concerne les conséquences sur les populations et le lien social : l’isolation de personnes vivant seules suite à une inondation, ou les difficultés rencontrées par les personnes âgées fragiles pendant les épisodes de canicule ; - la vulnérabilité sanitaire, qui concerne les effets sur la santé publique : la propagation

de maladies due à la présence d’eaux stagnantes suite à une inondation, ou l’excès de décès observé lors des épisodes de canicule ;

- la vulnérabilité culturelle, qui concerne à la fois les dégâts matériels infligés au patrimoine culturel (monuments) et les effets sur la culture (traditions) : la destruction d’un marché traditionnel par une tempête d’hiver, ou l’abandon de cultures fruitières régionales suite à l’évolution du climat ;

- la vulnérabilité institutionnelle, qui concerne l’organisation et le fonctionnement des sociétés et des institutions (autorités en place, familles, tissu entrepreneurial, vie associative) : la dégradation de l’image des autorités locales suite à une catastrophe naturelle mal gérée, ou la réduction de la disponibilité des secours lorsqu’une caserne de pompiers subit des inondations.

La vulnérabilité est ainsi forcément liée à l’homme. Elle est présente que là où l’homme vie, sur un territoire. La vulnérabilité étudiée est alors forcément territoriale, mais peut se placer à différentes échelles, de l’individu à l’ensemble du monde. Le diagnostic utilisé dans cette recherche vise la vulnérabilité d’un territoire de niveau intercommunal.

1 MOVE : Methods for the improvement of vulnerability assessment in Europe, projet de recherche européen mené de

2. LE DIAGNOSTIC DE VULNÉRABILITÉ AU CHANGEMENT

CLIMATIQUE

Le changement climatique remet en cause la durabilité du territoire. Identifier ses points de vulnérabilité permet de trouver les leviers pour mettre en place des correctifs. A la base, le diagnostic de vulnérabilité est conçu par l’Ademe dans le cadre de la réalisation des Plans Climat Energie Territoriaux (PCET). Il est utilisé ici pour à la fois servir d’outil de diagnostic territorial et identifier les secteurs sensibles des terrains d’étude. Pour cela, nous avons d’abord regardé sous quelle forme il se présente. Etude portée par une collectivité, ce sont en général ses compétences qui déterminent le champ d’analyse. Différentes étapes structurent ensuite le diagnostic.