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3.4 Les éléments de la communication

3.5.2 Autres types des barrières de la communication

Les barrières de la communication perturbent la fluidité du processus sur la ligne destinateur–destinataire. Comme nous l’avons dit, elles peuvent avoir différentes sources : intérieure et extérieure. L’élimination des barrières extérieures (le bruissement dans l’environnement) n’est pas difficile si seulement les participants ont la volonté de s’en débarrasser. Les barrières intérieures sont un type des facteurs liés directement aux interlocuteurs, c’est-à-dire à leurs états intérieurs tels que la différence d’opinions, d’états mentaux, le manque de confiance, l’interprétation erronée des signaux verbaux et non-verbaux, la colère, la jalousie ou l’énervement, etc. Les types de barrières intérieures peuvent être classés en quatre catégories : jugement, prise de décision à la place de l’autre, fuite devant les problèmes des autres et barrières linguistiques.

Le jugement consiste à appréhender le sujet de la communication par le prisme de ses propres valeurs en essayant de les imposer à son interlocuteur et en ignorant son système de valeurs. C’est aussi une tentative de « catégorisation » de l’interlocuteur dans un certain type ou standard. Une telle attitude ne permet d’apercevoir ni la situation dans son propre cadre, ni la singularité du interlocuteur. La prise de décision à la place de l’autre prive celui-ci de la possibilité de décider de façon autonome et indépendante et l’oblige à la soumission. Il est possible qu’un tel comportement soit dicté par de bonnes intentions, par exemple l’envie d’apporter de l’aide. Cependant il est possible que l’interlocuteur le ressente comme un manque de reconnaissance ou un manque de respect pour ses propres valeurs ou opinions. Par conséquent, ce comportement heurte la sincérité et l’ouverture sur la poursuite de la communication. Le troisième facteur, la fuite devant les problèmes des autres, marque un manque de la volonté d’écoute. La fermeture de l’interlocuteur par

rapport à ce qu’il entend est à la fois la fin de la communication et le début du monologue.

Chaque de ces trois barrières peuvent s’exprimer par plusieurs formes :

Le jugement Prise de décision à la

place du partenaire

La fuite devant les problèmes de partenaire

La critique Ordre Donner des conseils

L’insulte Menace Changer de sujet

Se vanter afin de montrer sa supériorité ou pour manipuler Pose de questions inappropriées Argumentation logique

Déclaration, indication Faire la morale Consolation

Les blocages peuvent apparaître consciemment, délibérément ou

inconsciemment, prémédités ou non. Dans le premier cas, il s’agit de diminuer l’estime de soi chez le partenaire afin de le déstabiliser. Chacun des blocages évoqués peut provoquer la résistance, la révolte, la rage, l’agressivité, le sentiment d’impuissance, le manque d’estime en soi, l’affaiblissement de la motivation, et le sentiment de manque de reconnaissance. Chacune de ces réactions déséquilibre la communication ou même y met un terme.

3.5.3 La pseudo-écoute

La pseudo-écoute peut avoir pour objectif la réalisation de certains buts bien précis, fixés auparavant par l’un des partenaires. En faisant appel à cette méthode, il est possible de gagner un peu plus de temps pour préparer sa propre réponse, pour saisir les points faibles de l’adversaire ou de son argumentation. La pseudo-écoute peut apparaître comme une conséquence des comportements suivants : la comparaison excessive des personnes et des situations, le fait de faire des conjectures qui sont le résultat d’un manque de confiance dans le

message entendu, et l’acceptation d’une hypothèse naïve indiquant que les réactions humaines sont standard. D’autres formes de comportement qui peuvent introduire la pseudo-écoute sont l’écoute sélective et le filtrage. Dans le premier cas, pour différentes raisons une partie seulement du message est retenue, celle qui nous « arrange ». Dans le second, il s’agit de compenser, d’augmenter sa propre estime de soi en discréditant le message et en rejetant de cette façon une partie de message ainsi que son auteur.

Dans la communication se manifeste souvent une tendance à faire des associations ou des généralisations ; le message entendu met en marche chez le destinataire une chaîne d’associations qui le renvoient à ses vécus en dispersant son attention. Par conséquent, les acteurs quittent « l’espace commun » et commence à « vivre » dans le monde de leurs vécus, de leurs expériences respectives. Un mécanisme similaire se met en place quand l’un des acteurs s’identifie avec l’autre. Il réduit le message en le déformant, sélectionnant certaines parties afin de les ajuster à sa propre expérience.

Une autre forme de pseudo-écoute est l’écoute d’une « oreille critique ». Telle attitude provoque chez l’émetteur une mise en question, un affaiblissement de la motivation pour participer ou même l’abandon. Prenons un exemple. Imaginons une situation dont une personne a préparé un repas pour l’autre. Et à la question « Qu’est-ce que c’est ce truc vert dans la soupe ? », la réponse est : « Si ça ne te plaît pas, va manger ailleurs ! ». « L’oreille critique » cherche dans le message, soit un deuxième sens, c’est-à-dire un sous-entendu, un reproche dissimulé, soit la prise du tout pour une critique.

La conviction ferme d’avoir raison est peut-être l’erreur la plus fréquente. Souvent la personne est identifiée avec ses opinions, ce qui est un manque de distinction entre le sujet et l’objet. Le rejet de l’opinion peut être pris comme le rejet de l’interlocuteur, une intimidation. La théorie de la négociation élaborée par Fischer et Ury134 montre qu’il est nécessaire de différencier le problème de la personne, et considérer les opinions comme des hypothèses de travail. Ceci

134Cf. Roger Fisher, William Ury with Bruce Patton, Getting to YES. Negotiating Agreement Without Giving In.

permet d’avancer sur la voie de la recherche d’une entente mutuelle et d’élaborer ou de maintenir le respect réciproque.

Le changement de la voix et le vouloir gagner la sympathie peuvent aussi être considérés comme des formes de pseudo–écoute. Le premier consiste à transformer de l’information en plaisanterie ou inversement. Le second consiste à faire de son mieux pour gagner la sympathie de l’interlocuteur. La liste des formes de la pseudo-écoute se termine par les trois comportements suivants : le jugement, le don excessif de conseil/leçon, et la préparation d’une réponse pendant que l’autre parle. En analysant un échange quelconque, on peut s’attendre à trouver au moins l’une des formes caractéristiques de la pseudo-écoute.