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Atelier 2 – Traces laissées par les nœuds et les cordes

CHAPITRE 4 RÉSULTATS

4.5 P RÉSENTATION , ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS PAR ATELIER

4.5.2 Atelier 2 – Traces laissées par les nœuds et les cordes

Pour ce deuxième atelier, les participants ont chacun quatre feuilles de papiers. Des crayons feutres, des crayons de cire et des crayons de couleur sont disponibles ainsi que des tampons-encreurs de couleur rouge, bleu et noir. Il y a aussi des bouts de corde de chanvre et les nœuds fabriqués la semaine précédente. Le but de l’exercice est de créer des traces de nœuds sur le papier. Trois techniques différentes sont utilisées : par frottis, par traçage du contour et par impression.

Pour la première technique, soit celle part frottis, les bouts de corde et les nœuds sont placés sous le papier et à l’aide de crayons de cire frottés sur le papier, des traces

14 Celles-ci sont normalement obtenues à l’aide de questionnaires et de tests, ce qui s’avère impossible

Chapitre 4 – Résultats

apparaissent. Pour la deuxième technique, les participants mettent directement sur le papier les cordages et les nœuds afin d’en dessiner le contour. Pour la troisième et dernière technique, il s’agit de choisir un ou plusieurs nœuds et de l’appuyer fortement sur un tampon-encreur afin que le nœud soit partiellement imbibé d’encre. Une fois imbibé, le nœud est appuyé à plusieurs reprises sur la feuille de papier, laissant ainsi son empreinte. La seule consigne pour le travail à faire, outre celles spécifiques à chacune des techniques, est d’expérimenter les textures, les couleurs et surtout de s’amuser. Voici quelques résultats :

Frottis Traçage du contour Impression

Figure 4.2 – Traces de nœuds

La symbolique derrière cet exercice correspond à la notion de trace, des traces de nœuds et de cordages laissées sur des feuilles de papier tout comme la corderie a laissé des traces dans certains documents entre autres.

4.5.2.1 Le vocabulaire

Aucun mot nouveau en lien avec l’univers marin ou en lien avec la catégorie Corde,

noeuds et fibres n’a été mentionné durant cet atelier.

4.5.2.2 Les souvenirs et la nature des liens

Au-delà de la symbolique derrière ces exercices, les gens font principalement des liens entre l’abstrait et le figuratif ou ce que l’abstrait peut suggérer de figuratif selon l’interprétation des formes que nous croyons apercevoir. Monsieur C est très rébarbatif à l’art abstrait, pour lui, c’est un non-sens. « J'aime pas ça du tout. C'est comme l'art abstraite, j'aime pas ça, ben ça c'est pareil. L'art abstraite c'est pas de l'art…vous

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comprenez…Parce que ça, ça me dépasse… » (Monsieur C). Et pourtant, après avoir expliqué la symbolique derrière les traces, il est le premier et le seul à mentionner « aujourd'hui ça existe mais sous une autre forme » en parlant de la corderie. Par contre, lorsqu’on revient aux exercices, ses commentaires demeurent similaires. « Ça devient de l'art abstrait à ce moment-là...Mais c'est pas concret c't’affaire là…C'est ça que je suis pas capable de comprendre… » (Monsieur C). Madame K tente une explication de son côté en s’adressant à Monsieur C : « Parce que s'u'l bateau y'a des cordes ».

Lors de l’exécution de la deuxième technique, une fois le contour du nœud tracé, Monsieur C s’applique à dessiner dans les moindres détails les textures de la boucle choisie. Monsieur O, voisin de Monsieur C, et probablement influencé par le côté réaliste du dessin de ce dernier, dessine un « bonhomme » dont le contour du nœud est la base de la tête et du corps. Ce personnage est une sorte d’autoportrait (sûrement involontaire) car les traits du personnage ressemblent aux traits de Monsieur O.

Pour Madame G, elle aborde les exercices de façon très différente. Elle utilise les techniques pour évoquer des choses familières. Avec les nœuds servant comme tampons, elle illustre l’arbre devant chez-elle ou encore, « une p'tite maison en bois, la cheminée boucane » (Madame G). Au moment de choisir une section de l’un de ses dessins, elle trouve des similitudes entre la composition et un cornet de crème glacée. Peu de temps après, elle mentionne la ressemblance entre un dessin qu’elle a fait et une carte géographique. « On dirait une carte de géographie » (Madame G).

Dans le même ordre d’idée, mais cette fois influencées par la question d’un des intervenants, Madame L et Madame J observent un de leurs dessins et partagent ce qu’elles voient.

- Madame L : (Elle rit car l’intervenant vient de lui dire que ça ressemblait à une chauve-souris)…C’t’une tête d’orignal…(Toujours en riant) j'ai très mal réussi...Une chauve-souris (elle rit). J'ai très mal réussi. Ben y manque què’que chose…hein?…Icitte, j'aurais dû faire attention…

- Madame J : Moi j'ai dit c't'une tête d'orignal qua l’a, j’ai dit, garde les cornes en l'air…

- Madame L : Y’é croche un peu. (Puis en s’adressant à l’intervenant) si tu viens quà venir chez-nous une bonne fois, je vais t'en montrer des beaux.

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Y'a été a chasse aux caribous (en parlant de son mari) y'en a tué trois. J'l'ai posé en grand grand grand. C’est l’fun, c’est beau, c’était un chasseur.

Madame Q, toujours avec ses observations métaphoriques, son langage coloré et son humour, mentionne « Moé j'en ai fait tout'un. Aye les chinois sont arrivés moé!...Elyse, j'en ai fait un vilain là! »

Au moment de passer les paroles de la chanson annonçant la fin de la rencontre, C’est

l’aviron15, Monsieur H se met à chanter sur cet air mais avec les paroles suivantes : « C'est l'Angleterre qui nous mène, qui nous mène, c'est l'Angleterre qui nous mène dans l’trouble ».

Madame D, après avoir été se rafraîchir et en attente de son départ, vient me voir et me partage des procédés de coloration que sa grand-mère utilisait pour teindre différents tissus et fibres. Entre la fin de l’atelier et ce moment précis, sa réflexion s’est poursuivie et les souvenirs ont continué de faire surface. « Parce qu’a prenait, tu sais des bettes. Ils laissent cuir leurs bettes là, pis l'eau d'bettes yé gardait, pis la y faisait cuir l'eau…Ma grand-mère faisait ça, de rouge fonçé, de rouge feu à rose très très pâle. A faisait ça avec ça. Pis quand qu'a voulait avoir du bleu, a prenait du bleu à laver, c'tait la mode même chose. Pis ça peut rester » (Madame D).

4.5.2.3 Les retombées durant l’atelier

Tout comme lors de la première rencontre-atelier, les gens se concentrent pour réaliser les exercices. Ils écoutent et sont attentifs aux consignes. Ils explorent volontiers sans trop se soucier des résultats comme je l’avais recommandé. Instinctivement, la majorité des gens ont le sens de la composition visuelle jusqu’au moment où je leur demande de faire une composition de leur choix en utilisant une, deux ou les trois techniques. Un petit vent de panique se soulève, ils sont déstabilisés. Si j’avais fait cette demande en tant que quatrième exercice, ils auraient vécu la chose de la même façon que les trois premiers. Il y a beaucoup de courtoise entre chacun des participants, autant pour s’entre-aider que pour partager le matériel. Ils prennent plaisir à chanter, particulièrement les chansons

15 Voici le lien Internet où se trouve la chanson que je leur ai faite écouter :

//www.youtube.com/watch?v=nxYMNKQ_vNI. Chant traditionnel français et canadien français. Interprété par les Grenadiers Impériaux pour la Bonne Chanson de l'abbé Gadbois au Québec.

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qu’ils connaissent bien, ce qui est le cas avec les deux chansons présentées durant cet atelier : La mer de Charles Trenet et C’est l’aviron de la Bonne Chanson.

Pour clore les résultats de cette deuxième rencontre-atelier, voici les paroles de Madame D suite à une réponse que j’ai donnée à Monsieur C puisqu’il se demande à quoi sert tout ce que nous sommes en train de faire. Je lui ai répondu que les exercices servaient à explorer une autre partie de notre cerveau et sur ce, Madame D ajoute : « Explorer notre intelligence ».

4.5.3 Atelier 3 – Présentation de la recherche documentaire et historique et