• Aucun résultat trouvé

C HAPITRE II Q UE FONT LES EDUCATEURS SPECIALISES ?

IV. D ES TRACES MNESIQUES AU TEXTE DE L ’ ACTION

4.2. Archéologie moderne de la trace et sociologie indiciaire

Si les concepts interactionnistes permettent à ce stade de justifier et de procéder à l’élaboration d’un corpus, les impasses épistémologiques rencontrées relativement à son analyse contraignent la recherche à retourner vers la notion initiale de trace. En effet, comment peut-on qualifier les écritures du cahier de bord autrement que d’inscriptions matérielles et de fragments d’expériences du réel du quotidien, restes et déchets dans l’après- coup de l’action déjà réalisée par l’équipe éducative ? L’apparence énigmatique de la lecture des trajectoires, le caractère hétérogène et insaisissable de ces dernières se double par ailleurs de la difficulté de leur appréhension temporelle. Entre matérialité discursive (dialogique) et

matérialité mnémotechnique438 contribuant à la formation en cours d’action de l’agir dans le

temps du présent de son usage, le cahier de bord se mue dans l’après-coup en déchet des actions qu’il a soutenues, constituant dès lors une matérialité textuelle mnésique de l’agir qu’on peut qualifier d’historiale, au sens de la différance développée par Jacques Derrida dans ses analyses particulièrement attentives à l’étude de la trace.439 Cette matérialité ne

reflète en aucun cas une historicité accessible à une quelconque compréhension temporelle chronologique logique, mais manifeste bien plus une polarisation complexe des multiples sources d’action inscrites synchroniquement et circulairement dans les traces du cahier qui donnent accès à son inaccessible origine (l’archive, archè selon sa définition étymologique physique et ontologique, étant le voile masquant le commencement tout en signifiant rétroactivement qu’il a eu lieu440). Ces déchets, survivant à la destruction qui signe habituellement leur destin ne constituent cependant pas des archives reconnues officiellement comme telles, elles n’en ont ni la fonction, ni l’utilité, restant perdues et ficelées dans les limbes du Centre qui leur a donné vie, elles sont tombées dans la clandestinité, constituant de la sorte une étrange mémoire de l’oubli.

438 Cf. Le travail matériel et discursif envisagés par CHAUVIERE M., Le travail social dans l’action publique, op.

cit., p. 31.

439 Cf. DERRIDA J.De la grammatologie, Paris, Minuit, 1967.

440 DERRIDA J., Mal d’archives, Paris, Galilée, 1998, p.12 ; « L’archive a lieu au lieu de la défaillance originaire

Dans le cours de l’action, leur usage hypomnésique441 ressemble à s’y méprendre à

l’emploi millénaire des tablettes de cire, capables du fixer dans un temps presque immédiat des éléments extraits du réel qui permettent dans l’après-coup de l’action, de servir de guide et de repères pour la composition réflexive et objective de la « texture » de l’action objective, au sens d’une objectité anamnésique. Cependant, la lecture du cahier de bord ne permet pas en soi d’accéder à une appréhension homogène de l’agir, cet outil n’étant que le réceptacle des ingrédients hétérogènes qui ont servi pour le cours et la réalisation d’actions dont les observations directes et réelles font défaut, comme c’est le cas pour les actions véhiculées dans la parole orale adressée dans le cadre de la relation éducative, mais contrairement aux divers documents formels qui rendent compte officiellement de l’action aux autorités mandataires, lesquels sont rédigés dans une texture graphique objectivement compréhensible et sémiotiquement accessible à la lecture. Ce n’est pas le cas ici pour la lecture du cahier de bord. Les inscriptions qu’il contient, telles des « inscriptions de cire », lui confèrent cependant des caractéristiques similaires à la description fonctionnelle de l’appareil décrit par Freud pour tenter d’illustrer le fonctionnement de l’appareil psychique : le bloc-notes magique. Celui-ci correspond en effet en tout point à l’organologie technique hypomnésique évoquée jusqu’ici qui n’est autre qu’une déclinaison technologique améliorée de l’usage ancestral des tablettes de cire, l’avantage de cet instrument étant de pouvoir conjoindre dans le même temps la réception de nouvelles inscriptions, tout en préservant les traces des inscriptions précédentes en mémoire.442

De manière certes différente, mais comme dans le cas du « bloc-notes magique », on dispose dans le cas du cahier de bord du CPA de Valmont d’un accès intégral, d’une part à la feuille invisible de cire qui conserve l’empreinte des inscriptions réalisées, d’autre part aux feuilles originales sur lesquelles les inscriptions ont été appliquées, sans qu’elles soient effacées comme c’est ordinairement le cas dans l’usage du bloc-notes ou par exemple dans l’usage des palimpsestes. Le maniement des feuilles perforées dans le classeur permet à cet effet et dans l’usage effectif quotidien du cahier de bord de revenir rapidement aux inscriptions antérieures ou de retourner aux espaces libres pour de nouvelles inscriptions. Contrairement aux tablettes de cire et bien qu’il fonctionne selon la même logique, les inscriptions déposées à la surface du cahier de bord n’ont pas subi d’effacement autre que de s’être effacées de la mémoire des éducateurs qui ont tourné la page et n’y reviennent plus

441 DERRIDA J., Mal d’archives, op. cit., p.26 : « N’oublions jamais cette distinction grecque entre mnémé ou

anamnésis d’une part, hypomnéma d’autre part, L’archive est hypomnésique. »

après quelque temps. Malgré cela et pour les raisons invoquées, l’incroyable densité du cahier de bord du CPA de Valmont ne constitue pourtant pas en soi un texte accessible et lisible, ni un texte reflétant fidèlement l’action du CPA au sens d’une quelconque mimésis.443 Le cahier de bord n’est en soi qu’un champ des ruines de l’action du CPA, un champ archéologique jonché des vestiges de l’action, les vestiges du texte de l’action de l’équipe éducative dont on ne trouve que les traces, les miettes laissées sur les chemins de l’agir. C’est pour cette raison un objet-mémoire, une « boîte noire » opaque qu’il faut tout d’abord localiser et récupérer dans ses filets pour pouvoir l’analyser.

Ce « texte intégral de l’agir » si tant est qu’il ait jamais existé ne peut dès lors que faire l’objet d’une reconstitution, c’est-à-dire d’une (re-)composition inédite, puisque si nous disposons des « tablettes de cire » originales et des traces graphiques qu’elles supportent, le texte original est quant à lui perdu, il ne nous est jamais parvenu. Peut-on par ailleurs considérer l’action comme un objet et ne devons nous pas en ce sens et comme Freud l’indiquait dans une lettre à Ferenczi, nous contenter de produire un ersatz de l’objet originel qui de toute façon n’a jamais existé ? Bien qu’on puisse accéder à cet improbable par d’autres moyens méthodologiques - auprès des membres de l’équipe éducative notamment -, nous avons opté pour une épistémologie de l’entre-deux, entre histoire du présent et sociologie de

l’agir, méthodologie centrée exclusivement sur l’étude des traces restées inscrites sur la

« cire » du cahier de bord. Dans le point présent de ce chapitre, nous présentons la méthodologie employée pour « deviner »444, construire et reconstituer ainsi le texte

institutionnel de l’action éducative spécialisée au CPA de Valmont, en le définissant à partir

du concept de trace et du « traitement » archéologique opéré pour la recomposition du texte d’une part, de son traitement sociologique indiciaire d’autre part, pour l’analyse ultérieure de ce texte et la détermination des formes de l’agir en travail social auquel il donne accès.

Corpus et archéologie du présent

La trace dit le passage et le passé, passagère, c’est un éphémère spatio-temporel, quelque chose passe et reste la trace. Elle a un double aspect, elle indique d’une part le reste persistant d’une absence (d’un mobile ou d’un acte) et d’autre part, elle en signale la volatilité, les traces

443 Cf.RICŒUR P., Temps et récit 2. La configuration dans le récit de fiction, Paris, Seuil, 1984.

peuvent s’effacer sur la neige et le passé est susceptible de disparaître.445 La trace est de l’ordre du temporaire, le passé ne tenant qu’au fil de la trace. Elle semble un « signe », matérialisation et présentification d’une présence, elle est aussi bien le signe d’une absence dans l’espace et le temps. En effet, si l’objet était présent, il n’aurait pas besoin de se signaler par des traces, lesquelles sont résiduelles, telles des séquelles. Elle advient en ce lieu où quelque chose s’est passé et de cela seule témoigne la trace, qui trace et se constitue dès lors comme acte.446

Dans cette recherche et à travers l’étude du cahier de bord, c’est bien en quelque sorte la trace du passé qui est poursuivie, l’empreinte du « pied nu » de l’agir de l’équipe éducative de Valmont dans la « cendre du temps, celle qu’elle a laissée au moment même où chacun de ses pas imprimait sa présence dans le sol, son allure, sa démarche. Rien d’autre ne nous intéresse, au fond, que d’atteindre cette origine ultime du passé, quand le présent vivant était en train de se fixer dans le sol, au moment même où, en s’inscrivant dans la terre, sa présence s’effaçait du même coup pour disparaître à jamais. »447 Contrairement à la démarche historique, on ne cherche pas ici à retranscrire ce qui s’est passé au CPA de Valmont, mais bien différemment à comprendre ce qui a été agi et de mettre à jour les structures formelles de l’agir qui continuent d’y être déployées et qui sont susceptibles de révéler les structures socio-

anthropologiques de l’agir à l’œuvre dans cette profession.

En ce sens et comme en archéologie, le traitement méthodologique du cahier de bord s’est assimilé au procédé de la fouille, à travers un travail paradoxal du temps où le sujet et l’objet sont entremêlés l’un à l’autre, « car en même temps qu’elle consiste à exhumer les vestiges d’un passé que l’on pensait disparu, la fouille archéologique les fait apparaître inéluctablement comme les objets du présent.448 […] Aussi, ce n’est pas tant le souvenir du passé révolu que l’archéologie fait resurgir, qu’une mémoire mouvante du passé, dont la signification ne s’établit que par et dans l’actuel. »449 Cette mémoire mouvante trouve dans cette recherche des prolongations dans l’usage du cahier de bord qui continue de s’écrire au quotidien et finalement, elle doit pour cette raison être inscrite dans une discipline d’étude de la mémoire des restes matériels qui correspond à l’opposition conceptuelle que souligne

445 ASSOUN P.-L.,La trace folle, pour une métapsychologie de la trace, inCHE VUOI ? Revue de psychanalyse,

Destins des traces, no 23, Paris, L’Harmattan, 2005, p. 85.

446 Ibid.

447 OLIVIER L., Le sombre abîme du temps, op. cit., p. 14. 448 Ibid.

Michel de Certeau entre historiographie et psychanalyse.450 En effet : « […] autant avec la psychanalyse qu’avec l’archéologie, nous entrons ici dans un monde familier et déconcertant où, au contraire de l’histoire conventionnelle, le passé est lové dans le présent, où les événements peuvent se produire à la place, ou en remplacement, les uns des autres et où, surtout, les faits n’agissent plus de proche en proche les uns sur les autres, mais à distance, en quelque sorte en s’imbriquant les uns dans les autres. Une autre logique que celle de l’enchaînement des événements commande la succession de ces faits : une logique de la matière, une filiation de la forme, une production de la mémoire. »451 On retrouve ici une articulation complémentaire à l’étude de « l’art éducatif spécialisé », au regard des analyses effectuées par de Certeau, précédemment examinées sur les arts du quotidien et la place centrale que la mémoire y occupe. De la même manière, cette démarche archéologique particulière ouvre l’accès selon les mêmes modalités que celles des arts de faire, aux

invariants praxéologiques que l’on souhaite identifier, notamment à travers les phénomènes

de répétition452 que l’on cherche à mettre en lumière dans les inscriptions éphémères du

cahier de bord de Valmont dont nous n’avons cessé jusqu’ici d’interroger le caractère énigmatique. Si l’usage et la fonction du cahier de bord le définissent comme outil

hypomnésique, on peut maintenant le caractériser sous l’angle épistémologique par le statut

d’objet-mémoire et par la métaphore du palimpseste453 qui en illustre la nature graphique et

« scriptive ».

La réalisation du corpus de cette recherche a dès lors consisté à opérer un travail de fouille

archéologique impliquant de consentir à une importante perte de matériel, en raison de la destruction inhérente à l’opération basique et mécanique d’extraction effectuée dans le corps

du cahier de bord (le site archéologique de cette recherche). Se référant à Walter Benjamin, Laurent Olivier décrit fort bien ce procédé : « Fouiller, creuser la terre : c’est par là que tout se joue. L’homme qui creuse s’enfonce dans le passé enseveli ; il le traverse, le défonce avec sa bêche. Il n’est pas comme l’érudit qui collectionne, telles des pièces rares, les récits anciens et rêve de les garder dans leur antique gloire, qu’il croit seul connaître. L’homme qui creuse passe au travers des couches de terre et de pages, il perce et tranche pour ne retirer que des lambeaux qu’il ne sait pas lire. Il les retourne ; il les rapproche d’autres fragments avec lesquels ils n’ont jamais rien eu à voir et leur donne un sens qui n’était pas le leur. Il sait qu’il

450 Cf. DE CERTEAU M., Histoire et psychanalyse, Paris, Gallimard, 1986. 451 OLIVIER L., Le sombre abîme du temps, op. cit., p. 33.

452 Ibid., p. 59. 453 Ibid., p. 193.

n’en sait rien, mais il se sert de son ignorance pour laisser le hasard le conduire à la rencontre de la découverte. C’est pourquoi il se tient à l’affût, car le temps lui est compté. Il ignore ce que nul ne devait ignorer ; il ne respecte en rien ce qui était révéré, mais recueille ce qui a été jeté, ce qui est tombé, qu’on a dû abandonner. »454 La matérialité corporelle du « terrain » que constitue le cahier de bord n’est cependant pas faite ni de cire ni d’argile, elle se rapporte bien plus à une texture langagière, à un texte, à une textualité en soi accessible à l’analyse sémiotique.

L’utilisation des concepts interactionnistes de trajectoire et de négociation, par les invariants qu’ils permettent de déterminer dans des contextes institutionnels similaires à celui du CPA de Valmont ont précisément permis d’orienter les fouilles en limitant les pertes induites par ce processus d’extraction, garantissant finalement que l’ensemble des paramètres nécessaires à l’analyse grammaticale de l’agir éducatif spécialisé puisse être pris dans les rets des filets des trajectoires du corpus ainsi formé. Cette opération d’extraction et de découpe de l’objet-mémoire qu’est le cahier de bord en un corpus conceptuellement délimité a permis de l’envisager dans son illisibilité et sa fragmentation persistantes, selon le statut cette fois-ci différent de palimpseste. Dans sa définition archéologique, ce dernier implique en effet l’observation de l’accumulation continue de strates et de restes de constructions qui ne sont, en réalité, que le résultat d’une histoire discontinue dont la partie en quelque sorte « négative » ne nous est pas visible.

Selon Olivier, ces processus d’enregistrement discontinu qui correspondent en tous point à l’usage du cahier de bord au CPA de Valmont, sont aussi à l’œuvre dans la formation des strates archéologiques : « que nous percevons individuellement comme des unités de déposition sédimentaire, (qui) se sont formées en général de manière graduelle, là encore selon une alternance de phases d’activités et de repos qui n’est pas directement visible dans la structure interne des strates. Lorsqu’elles contiennent des objets ou des débris d’objets archéologiques, ceux-ci sont essentiellement déposés en position secondaire, c’est-à-dire qu’ils appartiennent à des périodes d’occupation antérieures à la formation de ces couches. Ces restes archéologiques s’y sont accumulés à l’échelle de durée plus ou moins longues et sont le résultat de la répétition au même endroit de différentes séquences de déposition, alternant avec des périodes d’inactivité, dont ne nous est parvenu que le produit final. Les sols d’habitat ne sont pas autre chose que cela et ce qui nous y apparaît comme des constructions

454 Ibid., p. 36.

uniques (un foyer, une surface de travail) correspond en réalité à la somme d’une accumulation de transformations physiques dont la plupart des étapes ont été effacées. Ces modifications sont essentiellement liées à la répétition de cycles de fonctionnement qui, en se recommençant, font disparaître en partie les restes matériels issus des cycles précédents. Ainsi, avant de nous parvenir sous sa forme terminale, le foyer que nous fouillons a été des dizaines ou des centaines de foyer successifs, à chaque fois semblables dans leur fonction, mais également à chaque fois unique dans leur identité dans le temps. »455

Ce processus correspond fort précisément à la méthode employée dans cette recherche pour constituer le corpus du corpus et l’analyser en sa qualité de palimpseste, c’est-à-dire de reconstituer le texte par des mises en comparaison multiples des trajectoires et des répétitions qu’elles contiennent, en termes d’invariants repérables dans les foyers d’actions de l’équipe éducative du CPA. Le repérage de ces invariants a encore et cependant impliqué de reconstituer de manière supplémentaire le texte masqué par ce palimpseste, en en produisant une composition inédite mais accessible à une lecture compréhensive faisant toujours défaut pour l’analyse du cahier de bord, l’élaboration du texte institutionnel correspondant en fonction des éléments élaborés, à la pratique indiciaire mise en œuvre par Freud au regard de la clinique de la cure analytique qu’il relate dans son texte « Constructions dans l’analyse ». Un détour bref par ce texte nous permet ainsi d’expliciter le cheminement méthodologique qui a consisté à ériger tout d’abord le corpus sous forme de palimpseste, puis à l’analyser par une méthodologie indiciaire pertinente pour les sciences sociales : le « triangle magique de la

découverte » proposé par Marc-Henry Soulet. Le texte institutionnel produit constitue ainsi

l’objet de cette thèse, au sens de l’objet de recherche défini par Gaston Bachelard.

Archéologie du savoir éducatif spécialisé

En définitive, l’ensemble du cheminement de la « conquête épistémologique » effectuée porte à conclure que la technique méthodologique mise en œuvre ne diffère en rien de celle qu’évoque Michel de Certeau lorsqu’il parle des microtechniques de production d’une fiction

panoptique, lesquels reflètent selon lui les procédés de l’archéologie foucaldienne et

permettent de produire non seulement le contenu du discours, mais le procès de sa construction.456 Ainsi, l’opération peut se résumer en deux étapes et de Certeau nous en livre

455 Ibid., p. 195.

la « recette » : « […] Recettes pour produire une théorie. Comme en cuisine, on trouve ici de subtiles « recettes » pour tirer, du profond des pratiques, des théories. Cependant, de même qu’une recette de cuisine est ponctuée d’impératifs d’action (mélangez, arrosez, enfournez, etc.), de même l’opération théorique peut se résumer en deux étapes : une extraction, puis un retournement, d’abord « le geste « ethnologique » d’isoler quelques pratiques pour se donner un objet scientifique, ensuite le renversement logique de cet objet obscur en centre lumineux de la théorie. La première étape est une découpe : dans une étoffe d’un seul tenant, elle isole un motif fait de quelques pratiques, pour les constituer en un corpus séparé et distinct, un tout cohérent, étranger néanmoins à la place où l’on produit la théorie. C’est le cas des processus panoptiques de Foucault, isolés d’une multitude d’autres pratiques. Ils en reçoivent une forme ethnologique. Dans l’intervalle, le genre particulier ainsi isolé est pris pour la métonymie de l’espèce entière : une partie, observée parce que circonscrite, est utilisée pour représenter