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Approches technologiques et analytiques de la carte et de ses règles.

APPRENDRE LA CARTE, APPRENDRE AVEC LES CARTES.

3.1. Des didactiques de la carte à l’école primaire.

3.1.2. Approches technologiques et analytiques de la carte et de ses règles.

La carte et ses langages les plus modernes font l'objet de soucis pédagogiques de plus en plus fréquents. À côté des démarches, qui comme celle de Jacques Mauduy tendent à cerner les étapes du développement de l’enfant cartographe, d’autres partent de l’analyse de l’objet à enseigner

3.1.2.1. L'Institut Géographique National a un souci de communication important

Pierre Lanselle, ingénieur I.G.N., présente les publications de cet établissement public aux enseignants dans le Journal des Instituteurs197. Des expositions mobiles, actuellement composées de 23 panneaux et intitulée "l'IGN crée un monde d'images" sont gracieusement prêtées depuis des années aux centres de formation ou aux circonscriptions d'écoles élémentaires.

Monique Benoît, détachée pendant 2 ans dans cet organisme, anime la rédaction d'un numéro de Textes et documents pour la Classe intitulé « La cartographie »198. Elle y traite de l'histoire de la carte et présente les nouvelles productions de l'I.G.N.

L'ensemble de ces outils peut être présenté aux élèves, mais dans la plupart des cas les maîtres doivent préparer des médiations pédagogiques. Le niveau du discours de ces publications s'adresse plus à des adultes, ou à des lycéens, qu’à de jeunes écoliers. Par ce biais l’I.G.N. contribue surtout à l'actualisation des connaissances des enseignants. Mais après ces informations scientifiques, il reste à bâtir les médiations pédagogiques qui sont généralement centrées sur l’apprentissage de la légende et de l’échelle.

197

Lanselle P., « Une mine de documents », Journal des Instituteurs, n°5, Nathan, janvier, 1988, pp 52-53, plus photographie aérienne couleur et extrait de carte au 1/25 000 correspondante.

198

Benoît M. et alii, « La cartographie », Textes et Documents pour la classe (TDC), n°521, C.N.D.P., 31 mai, 1989, pp 3-27.

3.1.2.2. Apprendre la légende

Le service communication de Michelin n’est pas très actif en direction des enseignants, mais il contribue, lui aussi, à des brochures pédagogiques, fournissant 10 extraits de cartes à différentes échelles pour faire découvrir cette notion aux élèves199. Dans ce dossier, Jeux

de cartes, Monique Flonneau propose aussi quatre pages pour apprendre la légende200. Précédemment elle avait exposé ses recherches menées dans le cadre du groupe média- langage lors de la première Rencontre nationale sur la Didactique de l'Histoire et de la

Géographie organisée par l'I.N.R.P.201 .

Elle analyse la carte comme nécessitant une double maîtrise, celle d'un report dans l'espace et celle d'un codage: la légende. Dans celle-ci, elle distingue deux types et trois familles de signes.

Les signes analogiques : les figurés de marais sur les cartes I.G.N., les petits cônes et les cercles qui distinguent forêts de conifères et de feuillus... facilement compris par les enfants dès le cours préparatoire et placés dans la suite des codages utilisés en Maternelle. Pour cet apprentissage elle propose de faire associer ces figurés à des photographies de paysages: marais, sapinières...

Les signes conventionnels qui nécessitent « une faculté d'abstraction qui n'émerge que

progressivement et timidement ». Plutôt que de faire varier la forme, la taille ou la couleur

du signe les enfants préfèrent l'explicitation orale ou écrite.

Trois grandes familles de signes sont définies en référence aux travaux de Jacques Bertin :

Il est possible de faire trouver aux enfants le groupe de signes convenable en utilisant le langage gestuel: si l'objet est montré du doigt, il est représenté par un signe ponctuel (de la famille des points), si l'objet est suivi par le doigt, il est représenté par un signe linéaire (de la famille des traits), si l'objet est balayé par la main, il est représenté par un signe zonal (de la famille des surfaces).

Monique Flonneau, 1986.

Les implantations linéaires sont plus difficiles à coder. Cette constatation, après travaux avec 150 enfants, va à l'encontre des hypothèses premières de cette expérimentation, le zonal « occupant plus d'espace et étant plus visible »202 . Les activités que nous avons analysées, de notre coté, en particulier dans des classes d'Argenteuil et de Jouy-le-Moutier confirment cette difficulté plus grande de la représentation du zonal203.

Le zonal étant généralement plus hétérogène que le ponctuel il nécessite de passer par une réflexion mobilisant la synthèse.

199

Arnaud A., services de Tourisme Michelin, « l'échelle », Jeux de cartes, dossier, C.R.D.P., Amiens, 1988.

200

Flonneau M. « La légende », Jeux de cartes, op. cit.

201

Flonneau M. « Réflexions sur les étapes d'un apprentissage cartographique à l'école élémentaire: la légende », Actes du colloque I.N.R.P., 21 et 22 janvier 1986, Paris, pp 141-156.

202

Ibidem.

Le linéaire des voies de communication est souvent chez les plus jeunes représenté par les surfaces. Ces enfants ne pensent pas "linéaire", semble-t-il, quand ils dessinent la surface de la route qu'ils utilisent et voient. Pourtant ce sont ces linéarités qui structurent le plus les croquis cartographiques.

Ponctuel, linéaire, ou surfacique ?, ce sera notre interrogation pour essayer de voir

comment les enfants pensent et représentent par des croquis l'espace. C'est en fonction de la nature des signes et du type d'espaces cartographiés que nous essaierons de déterminer des types cartographiques.

Monique Flonneau conclut son intervention par une note relativement pessimiste :

Les enfants du C.M. ne semblent pas beaucoup plus compétents que les plus jeunes pour décoder un croquis. Certains apprentissages en géographie (et ailleurs sans doute) ne pourraient-ils pas être facilités par l'utilisation générale du langage graphique.

Monique Flonneau, 1986

C'est ce constat et la volonté d'y remédier qui donne sûrement sens à sa participation sous la responsabilité de Serge Bonin à la confection du dossier Jeux de cartes204.

3.1.2.3. Enseigner la graphique

Serge Bonin, directeur du laboratoire de graphique de l'E.H.E.S.S., promeut auprès des enseignants les règles élémentaires de la graphique205.

Figure 65. Variables graphiques d’après Serge Bonin

204

Bonin S., (dir.), Jeux de cartes, op. cit.

205

Bonin S., « Cartes à lire, cartes à voir », Journal des Instituteurs, n°5, Nathan, janvier, 1988, p. 15-16, 50- 51.

Roberto Gimeno vulgarise auprès des enseignants du premier degré quelques exercices utilisant les traitements matriciels206. Dans le dossier Jeux de cartes, il présente le logiciel Cartax et donne un exemple de cartographie manuelle : Les densités départementales de la région Rhône-Alpes:

- diagramme de distribution et donc détermination des classes, - visualisation des paliers

- passage à la carte.

La graphique étudie les variables visuelles, Gérard Mottet distingue en plus les variables plastiques, les variables topologiques et les variables morphologiques.

Différence Ordre Proportionnalité

Variables plastiques couleur O Valeur O Texture Grain O Variables topologiques Position en x et en y O Q Orientation Variables morphologiques Forme Dimension O Q

Informations sur les nouveaux outils cartographiques: spatio-cartes de l'I.G.N. ou logiciels de cartographie automatique, initiation aux règles de la graphique, enseignement de la légende sont des conditions nécessaires à l'avancée de la didactique de la géographie. En approfondissant un point particulier, elles contribuent à faire progresser l'utilisation de la carte à l’école. Elles ne sont pas contradictoires à des réflexions la plaçant au sein d'un système plus large.

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