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Enquête et études de cas

9.1 Approche Méthodologique et justification

9.1.1 1. Ancrage méthodologique

Pour concevoir un dispositif optimal, trois paradigmes sont à intégrer : ¨ les objectifs à poursuivre,

¨ la clinique à mettre en œuvre ¨ et les outils d’évaluation à élaborer.

Ces 3 points « incontournables » sont les piliers d’un projet rééducatif cohérent et doivent s’ordonner de façon homogène : Le thérapeute doit veiller à ajuster les objectifs rééducatifs avec des méthodes de rééducation et une clinique orthophonique adaptée et concevoir des évaluations en rapport avec les objectifs poursuivis. Enfin, les méthodes et l’évaluation doivent également être coordonnées, c’est-à-dire qu’il faut réaliser une évaluation en relation avec les étapes d’apprentissage réalisées pendant la rééducation.

Introduit par Ralph W. Tyler (1902–1994) dans le cadre de ses études sur la pédagogie par objectifs, le concept de la triple concordance permet d’élaborer un dispositif de formation cohérent et de faire coïncider les objectifs, les méthodes d’enseignement et les évaluations pratiquées ; un déséquilibre entre deux de ces piliers engendre indubitablement une seconde rupture dans l’application de ce principe.

De ces quelques considérations, il en ressort que c’est dès l’élaboration du projet thérapeutique que les orthophonistes doivent prendre en compte l’interdépendance de ces trois piliers. Le dispositif clinique constitutif d’une rééducation doit être élaboré en veillant à assurer cette cohérence entre objectif, méthode et évaluation et ce n’est qu’à ces seules conditions qu’il sera porteur de sens pour les patients.

Lors du projet de conception de la ROAD, nous avons donc établi notre expérimentation sur la cohérence de ces trois objectifs, et notamment dans la conception de la clinique orthophonique à distance.

Puis, nous avons choisi d'utiliser la grille d'évaluation ETICPRAD de Leclercq (2006) pour situer la qualité de la pratique orthophonique en ROAD, tout en conservant les critères définis par le Comité

permanent de Liaison des Orthophonistes-Logopèdes de l'Union Européenne (CPLOL) pour la pratique en présentiel.

A cette grille d'évaluation, nous avons intégré les recommandations du « guide de réflexion éthique à l'usage des intervenants en télésanté » édité par la Commission en Sciences et technologies du Québec (2014) tiré de l'avis « télésanté clinique au Québec, un regard éthique », ainsi que du rapport « Télésanté : lignes directrices cliniques et normes technologiques en téléréadaptation » de l'Agence d''Evaluation des Technologies et des Modes d'Intervention en Santé (AETMIS), (mai 2006).

9.1.2 Eléments d'échantillonnage

Nous avons effectué une étude sur 54 patients, tous issus de la plate-forme de rééducation de télé-orthophonie.

Les patients n'étaient pas suivis par nos soins pour respecter le principe d'impartialité.

Les patients sont des enfants, ayant bénéficié d'une prise en charge en langage écrit, langage oral, troubles logico-mathématiques.

La population ayant répondu au questionnaire est une population de Français expatriés à l’étranger ainsi qu'une population française de France se situant dans des régions de désert médical.

9.1.3 Outil de collecte des données

La perspective d’un développement des usages de technologies avancées dans le domaine de l'orthophonie et la conception d'une plate-forme de rééducation orthophonique à distance (ROAD) soulève un questionnement que nous avons tenté d'élucider au travers de la passation d'un questionnaire envoyé à chaque patient (ou parent de patient) ayant bénéficié d'une rééducation via la télé-orthophonie.

Ce questionnaire avait pour dessein de pouvoir mettre en lumière :

¨ Quels sont les enjeux de ces usages pour la personne humaine dans sa vulnérabilité, ses aspirations, son humanité ? Que modifient ces usages pour les acteurs de la prise en charge (patients, aidants familiaux, corps médical) et pour les valeurs fondamentales que constituent la liberté, l’égalité et la fraternité, mais aussi la sécurité et la qualité de vie pour tous ?

¨ À l’inverse, quelles conséquences entraîne leur non-utilisation, pour ces mêmes personnes et pour ces mêmes valeurs ?

Rappelons que la question de l’utilité repose sur celle de l’incorporation de ces outils et moyens innovants dans la relation entre le patient et son thérapeute. Ces moyens doivent être l’un des constituants de cette relation, en raison de leur qualité de facilitateur, amplificateur, voire réparateur, de cette relation.

Nous avons choisi un modèle basé sur la satisfaction de l'utilisateur. En effet, se référant aux recherches effectuées dans le domaine de la FOAD, nous avons voulu explorer :

- L’utilité perçue (UP) : définie comme étant le degré de conscience qu’a une personne de l’intérêt de l’utilisation d’un système et de son impact sur l’amélioration de sa performance.

- La facilité d’utilisation perçue (FUP:) : se rapportant au degré de conscience qu’a une personne de l’utilisation facile et « souple » d’un système et donc pouvant être facilement accepté et adopté. Nous avons également souhaité gagner en pertinence en associant le modèle de satisfaction de l'usager. De nombreuses recherches principalement anglo-saxonnes se sont penchées sur l’étude de la construction de satisfaction des utilisateurs des technologies de l’information. Ainsi, DeLone et McLean (2002) pensent que la satisfaction des utilisateurs est une mesure clé de la réussite d’un système informatique. Sur cette question, la littérature distingue entre deux définitions : « la satisfaction de l’utilisateur » et « la satisfaction de l’information de la part de l’utilisateur ». La première est définie selon Doll et Torkzadeh (1988) comme étant l'opinion de l'utilisateur sur une application informatique spécifique, dont il se sert.

Quant à « la satisfaction de l’information de la part de l’utilisateur », équivalente de « l'utilité perçue » (Larcker et Lessig, 1980), Ives et al. (1983) la définissent comme étant « la mesure selon laquelle les utilisateurs croient que le système d'information mis à leur disposition répond à leurs besoins d'information ». Auparavant, Ang en Koh (1997) l’avaient décrite comme « une mesure perceptuelle ou subjective de la réussite du système ». Cela signifie que la satisfaction des informations peut différer d’un utilisateur à un autre. Dans une étude récente, Islam (2011) a montré que les sources d'insatisfaction diffèrent des sources de satisfaction. Il a constaté que les facteurs environnementaux liés notamment à la qualité du système mis en place, étaient plus cruciaux pour provoquer un sentiment d'insatisfaction des résultats tandis que les facteurs spécifiques, tels que l'utilité perçue, étaient plutôt décisifs pour provoquer la satisfaction.

Par ailleurs, cherchant à savoir si certains facteurs influencent la satisfaction de l’utilisateur, l'étude menée par Yaverbaum (1988) a révélé que les personnes qui utilisent leur ordinateur de manière irrégulière ont étrangement tendance à être plus satisfaits que les utilisateurs réguliers. Ces résultats

paraissent surprenants car on sait que plus on utilise les outils TIC, plus on acquiert la capacité de les manipuler facilement, ce qui rassure l’utilisateur et contribue à renforcer le degré de sa satisfaction. Dans ce sens, Mullany (2006) a mené une étude pour déterminer le lien entre la satisfaction des utilisateurs d'ordinateur et le style cognitif. Il a pu montrer que durant la vie d'un système, la satisfaction des utilisateurs augmentent parallèlement au développement de leurs expériences avec le système.

Fort de ces différents apports théoriques, nous avons élaboré un questionnaire permettant d'évaluer la satisfaction des utilisateurs ainsi que le maintien des principes éthiques de bonne pratique.