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Application des mesures politiques

1916 1917 1918 1919 1920 Contrôle des

5.2. Application des mesures politiques

Globalement, la communication du canton vers les communes est relativement satisfaisante. Dans les procès-verbaux de plusieurs communes valaisannes, il est possible de retrouver des décisions consécutives aux courriers adressés par le Département de l’intérieur (abrégé DI).

293 ACH, E 3300 (A) -/1, n°19, Antwort des Kantone : Berichterstattung über Massnahmen gegen die Influenza. 294 ACH, E 3300 (A) -/1, n°19, Antwort des Kantone : Berichterstattung über Massnahmen gegen die Influenza. 295

Bulletin SSHP, n°21, 29 mai 1920, p. 280.

Par exemple à Martigny, le 22 juillet 1918, après l’annonce de la mort du président Georges Morand : « Il est pris bonne note d’une communication du DI relative aux mesures à prendre pour parer au danger d’extension de l’épidémie qui sévit dans le pays, soit en règle générale, l’interdiction de toute réunion, et les mesures sanitaires pour la désinfection des locaux (…). En conséquence de ce qui précède, tous les établissements publics seront désinfectés par les soins de l’Administration et le coût réparti entre les différents tenanciers. »296 Le 2 août 1918, le président de la commune de Sion envoie un courrier à Maurice Troillet, chef du Département de l’intérieur, pour l’avertir que les manifestations publiques et rassemblements de population sont désormais interdits sur le territoire communal297.

Les citoyens valaisans font également office de bons élèves, du moins sur les brefs commentaires retrouvés dans les archives. Il va sans dire que le matériel retrouvé dans les archives est loin d’être exhaustif et ne nous donne malheureusement qu’un reflet incomplet de ce qui s’est produit en 1918. A part quelques remises à l’ordre de la part de l’inspection sanitaire dans les commerces et les cafés, la situation est globalement satisfaisante avec une population attentive aux consignes données par son gouvernement.

Illustration 67 : Déclaration médicale pour la réouverture d’un établissement public (AVM, Martigny Bourg, H 11 : Lettres 01.10.1917-02.08.1918).

296 AVM, Procès-verbaux du conseil communal de Martigny-ville 1909-1919 B22, 3.9, séance du 22 juillet 1918.

297

ACS, HP 3/9 : Grippe espagnole, lettre du président de la ville de Sion à Maurice Troillet, 2 août 1918.

Ce tableau idyllique est parfois assombri par des commerçants qui ne respectent pas les consignes données, comme par exemple le boucher, Fritz Schweizer, qui s’est vu recevoir le courrier suivant de la CSP : « Vu le nombre de réclamations qui nous sont parvenues au sujet de votre triperie (…), considérant que la mauvaise odeur qui se dégage presque constamment de cette installation constitue un danger pour la salubrité publique et que les avertissements sont demeurés sans résultat, nous avons décidé de la fermeture du local. »298 Ou encore, Jean Hofer, le tenancier de la brasserie St-Georges : « Vu un rapport médical d’où il résulte qu’il y a chez vous dans la même maison où se trouve le Café des personnes atteintes de la Grippe, vu l’article 4 alinéa 3 de l’arrêté du Conseil d’Etat du 25 octobre 1918 concernant les mesures à prendre contre l’épidémie, nous avons décidé de la fermeture de votre Café dès ce soir jusqu’à nouvel avis. La non observation de cette décision entraînera la fermeture définitive de votre établissement. »299

Les communes ayant la responsabilité ultime de la mise en application des mesures de prophylaxie, les appliquent avec plus ou moins d’ardeur. Ainsi, à Martigny en août 1918 : « Il est donné connaissance d’une circulaire de l’Etat relative aux mesures à prendre en cas d’épidémie en ce qui concerne l’établissement des infirmeries, lazaret (…). M. le Vice- président déclare vouloir s’occuper de la question et faire rapport de ses démarches à une prochaine séance. »300 Une semaine plus tard, le 8 août 1918, « rapportant le résultat de ses démarches, M. le Vice-président déclare qu’éventuellement la création de lazarets et infirmeries serait assurée dans divers locaux qui pourront recevoir un aménagement ad hoc. »301 Mêmes réponses équivoques en ce qui concerne l’ouverture retardée des écoles au mois d’octobre 1918 : « Etant donné la recrudescence de l’épidémie de grippe, les administrations communales sont invitées à retarder éventuellement la réouverture des classes. »302 En ce qui concerne la municipalité de Sion, les mesures préventives ont rapidement été appliquées et respectées, bien qu’il soit difficile de savoir ce qui a exactement été réalisé dans les autres communes valaisannes.

298

ACS, HP 3/9 : Grippe espagnole, lettre de la CSP à M. Fritz Schweizer, 19 août 1918.

299 ACS, HP 3/9 : Grippe espagnole, lettre de la municipalité de Sion à M. Jean Hofer, 2 novembre 1918. 300 AVM, Procès-verbaux du conseil communal de Martigny-ville 1909-1919 B22, 3.9, séance du 2 août 1918. 301 AVM, Procès-verbaux du conseil communal de Martigny-ville 1909-1919 B22, 3.9, séance du 9 août 1918. 302

ACS, HP 3/9 : Grippe espagnole, Rapport de la CSP 21 octobre 1918.

Illustration 68 : Rapport de la Commission de Salubrité publique de la Ville de Sion au médecin du district de Sion, 31 juillet 1918, ACS, Hygiène publique, HP 3/9, p. 12.

Il semble que la Confédération soit restée relativement en retrait comme l’écrit le Service suisse d’hygiène publique au sujet du partage des responsabilités dans son rapport de 1918 : « La prévention de l’épidémie est demeurée l’affaire des autorités cantonales et communales, qui ont fait tous leurs efforts pour enrayer la marche du fléau. Mais le SSHP est resté en rapports constants avec les autorités cantonales ; il a convoqué à plusieurs reprises des conférences d’experts pour étudier la situation et les mesures à prendre et les résultats de ces discussions ont été communiqués aux autorités cantonales par les circulaires (…). Si les résultats obtenus n’ont pas répondu entièrement à l’activité déployée, c’est que les caractères de l’influenza, la courte durée de sa période d’incubation, son extrême contagiosité et l’ignorance où nous sommes encore de la nature exacte de son agent rendent impossible ou vaine l’application de mesures préventives en usage dans la lutte contre les autres maladies transmissibles (…). Tous les pays envahis par le fléau se sont trouvés en face de la même constatation et partout les autorités sanitaires, en partie désarmées, ont dû renoncer à opposer

à l’influenza une prévention systématique et se borner à prendre au fur et à mesure des événements, les mesures que ceux-ci paraissaient leur indiquer. »303

Annexe 9 : Rapport de la Commission de Salubrité publique de la Ville de Sion au sujet de son activité à l’occasion de la Grippe espagnole, 11 septembre 1918, ACS, Hygiène publique, HP 3/9, p. 48-54.

En guise de résumé, citons le Service suisse d’hygiène publique : « Nous avons dû reconnaître qu’il était impossible de la [la grippe] soumettre à la loi fédérale sur les épidémies, qui a pour base les deux principes de la dénonciation obligatoire et de l’isolement, pratiquement inapplicables à l’influenza et nous avons dû nous borner à des mesures dictées par les circonstances. »304