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L'APPLICATION DIDACTIQUE AU NIVEAU DES ÉLÈVES 1 Caractères de cet enseignement en France

Ignace RAK

4. L'APPLICATION DIDACTIQUE AU NIVEAU DES ÉLÈVES 1 Caractères de cet enseignement en France

L'enseignement obligatoire de la technologie dans l'enseignement général du collège, concerne la totalité des élèves de l'enseignement obligatoire qui suivent de la 6ème à la 3ème et en 4ème et 3ème technologiques une dé- marche de projet technique identique (Figure 6).

6 ans 11 ans 15 ans 18 ans LYCÉE COLLÈGE ÉCOLE PRIMAIRE 6 ans 11 ans 15 ans 18 ans BACCALAURÉAT

BREVET DES COLLÈGES

Lieu

de l'enseignement obligatoire de la technologie

Cycles

obligatoires

Figure 6. Schéma général de la scolarité en France jusqu'au Baccalauréat

Son horaire est 2h par semaine sur les 4 années. En 4ème et 3ème technolo- gique il est de 10h par semaine sur les 2 années.

Pour ancrer cette démarche d'action avec des projets motivants existant dans la réalité quotidienne, un choix essentiel a été émis, celui de la recherche de produit à réaliser parmi toutes les catégories de petits systèmes techniques trouvés dans les utilisation courante, c'est-à-dire,

! loisirs (jeux électroniques,...)

! équipement familial (accessoires électroniques de cuisine,...) ! équipement personnel (badge,...)

! auto-équipement d'un établissement scolaire (modules pour mesures en laboratoire d'électronique,...), etc...

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Le choix de systèmes à partir desquels va se construire la démarche de pro- jet technique, a limité le champ des disciplines technologiques à trois : la mécanique, l'électronique et l'économie et gestion. Il se trouve qu'elles sont les plus représentatives dans les connaissances techniques qu'il faut mobili- ser pour concevoir, produire et commercialiser ces systèmes à caractère plu- ritechnologique couramment utilisés dans la vie quotidienne.

Concernant l'organisation pédagogique, est né plus récemment le "projet pédagogique" de l'équipe de professeurs de technologie. Cette approche complémentaire d'une seconde forme de projet permet de résoudre les pro- blèmes posés dans un même établissement :

! nombre et type de produit pour une même promotion d'élèves,

! répartition des objectifs et connaissances techniques du programme entre les projets et les années,

! coordination des professeurs de technologie entre-eux, voire avec d'au- tres professeurs de disciplines différentes sur des thèmes transversaux communs.

La démarche de projet technique est donc principalement l'occasion de faire observer des produits divers en dehors de ceux à réaliser, signe que la dé- marche est porteuse de potentialités. Ce qui est fondamental dans les tech- niques de réalisation des projets, c'est la règle de fabrication en série. Cette option dans les formes de travail rompt avec l'ancienne orientation bien connue selon laquelle : chacun fabrique son produit avec des techniques de travail à l'unité selon des techniques artisanales.

Cependant, ce sont les objectifs techniques qui semblent actuellement pré- dominer dans les priorités des professeurs, c'est à dire seulement les résul- tats (les produits). On pourrait avec l'aide de la recherche en didactique dans la discipline, exploiter plus encore une orientation qui s'appuie plus forte- ment sur la démarche de projet pour élargir cet enseignement technique vers un enseignement plus technologique..

Citons quelques axes déjà perceptibles.

4.2. Des suggestions issues de la recherche.

Plusieurs difficultés importantes sont apparues à l'issue de quelques années de mise en application des programmes et de la démarche de projet. La dis- cipline technologie avec sa démarche de projet technique comme corollaire, balance actuellement entre cette culture technicienne que la forme des pro- grammes et la formation des professeurs a tendance à maintenir, et une au- tre culture "susceptible d'être transmise au plus grand nombre comme une clé de la compréhension du monde technique"21.

Si le choix des trois techniques enseignées, la mécanique, l'électronique et l'économie et gestion semble motiver tous les élèves, y compris les jeunes filles au travers de l'étude et de la réalisation de petits systèmes techniques, une confusion semble s'instaurer entre l'application stricte de la démarche de projet industriel à celle du projet technique. Elle engendre soit des faus-

ses assimilations (prix, temps de réalisation, conditions matérielles, ...) soit au contraire l'abandon total d'exemples et de références industrielles pour conduire des projets techniques strictement scolaires donc dénués de sens industriel ou commercial externe à l'école.

Pour éviter ces écueils il y a deux solutions :

! la première est une solide formation à cette démarche de projet industriel et commercial dans le milieu des entreprises et à la différenciation péda- gogique avec une démarche de projet technique au niveau scolaire,

! la deuxième est aussi une formation de type pédagogique pour savoir séparer dans l'acte de formation, ce qui appartient à la démarche de projet technique au niveau scolaire et ce qui appartient aux "détours" dans les exemples, c'est à dire les nombreuses références industrielles qu'il s'agisse de concepts, méthodes, outils et connaissances techniques.

Notons que c'est lors de ces nombreux "détours" que les apprenants sont systématiquement placés en situation créative ceci à l'occasion de chacune des étapes de la démarche de réalisation du projet.

Nous nommerons cet axe celui de la "stratégie des détours". Elle utilise dans des conditions adaptées, les outils et méthodes industrielles.

Une deuxième difficulté concerne la critique, fondée, de l'impossibilité de faire parcourir à l'apprenant la démarche complète de projet, de l'idée à l'élimination du produit.

En effet si le système technique est connu à l'avance, par exemple la réali- sation d'un minuteur pour l'usage en cuisine ou dans un autre lieu, il est dif- ficile de faire parcourir la démarche de projet dans ses activités analyse de besoin, étude de faisabilité et conception sans fausser la problème d'une vé- ritable créativité des fonctions et solutions.

La solution précédente de la "stratégie des détours" permet de répondre en partie à cette remarque. Une autre solution consiste à se rapprocher de l'idéal : donner la possibilité aux jeunes avec les techniques limitées à leur niveau, de créer un système technologique. La réponse est d'ordre pédago- gique. Il est en effet possible dans le cadre de la pédagogie variée, celle qui permet à l'enseignant dans sa classe d'installer par exemple trois projets dif- férents menés simultanément selon les étapes de la démarche de projet, de confier à trois groupes différents (Figure 7) le soin de les conduire :

! pour le premier (N°1) l'étude d'un produit totalement inconnu donc nou- veau doit aboutir au moins à un ou plusieurs prototypes différents, par exemple la fabrication d'un système permettant de gérer les jours de changements mensuels du stationnement alterné des véhicules en ville, ! pour le second (N°2) il s'agit d'aboutir à une modification d'une solution

technique sur un produit existant, par exemple étendre la période de comptage du minuteur de cuisine quinze à soixante minutes,

! pour le troisième (N°3) il s'agit de conduire un projet technique "stabili- sé" par exemple le minuteur dont on possède tous les documents et ou-

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tillages parce qu'ils ont fait l'objet d'une fabrication ayant abouti à des produits répondant à un cahier des charges .

Elimination Commercialisation et Utilisation Conception, Fabrication Expression fonctionnelle du besoin Idée année scolaire Produits terminés prototype projets et groupes d'élèves N° 1 groupe A N° 2 groupe B N° 3 groupeC

Figure 7 : Organisation pédagogique favorisant le parcours complet de la dé- marche de l'idée à la commercialisation.

L'important dans cette solution d'organisation pédagogique est d'intervertir les membres des trois groupes afin que tous acquièrent une partie de la démarche aboutissant à la création d'un produit entièrement nouveau. No- tons également que des projets complets qui mènent à des produits nou- veaux peuvent être des produits complémentaires à un produit existant comme par exemple l'emballage du minuteur, un film vidéo pour la publi- cité, etc.

Cette volonté d'aller au plus prêt de cette démarche complète, de l'idée de produit à son élimination constituerait l'axe "démarche de projet et com- plémentarité des projets techniques".

Une troisième difficulté concerne le manque de compétences techniques des apprenants pour aborder avec efficacité une démarche qui mobilise toujours un minimum de connaissances techniques, concepts, méthodes et outils pour conduire cette "stratégie des détours".

En effet la pertinence de leur utilisation est importante car elle permet de développer des capacités principalement axées sur le plan cognitif (compré- hension, créativité, mémorisation,...) et sur le plan affectif (travail en groupe, prise de responsabilité, et d'initiative etc.)

Deux réponses semblent prévaloir :

! le choix, donc une liste de ce qui peut être utilisé dans tel projet ou dans telle année,

! une simplification de certains outils, méthodes, concepts et connaissan- ces techniques sans déroger à leur rigueur technique.

Citons à titre d'exemple la simplification de l'outil graphique "diagramme des interactions" permettant de trouver et visualiser les fonctions et les in- terrelations du produit avec ses différents milieux extérieurs.

Cet instant où le professeur doit prendre des décisions vis à vis du pro- gramme, constituerait l'axe des "choix et simplifications techniques et pé- dagogiques".

L'ensemble de ces difficultés énoncées dans le cadre d'une technologie dis- cipline d'enseignement général, conduit l'institution à choisir de façon fon- damentale l'orientation des finalités de cet enseignement technique. S'agit-il d'un enseignement pré-professionnel ou d'une culture technologique?

Si l'on s'inscrit dans cette dernière finalité comme les différents textes offi- ciels français l'indiquent, finalité confirmée par le contenu des récents tests des élèves concernés en fin de scolarité, alors il s'agit d'exprimer avec préci- sion ce qui va être évalué à l'issue de la formation, que cette dernière soit ponctuelle, en cours, ou en fin de formation. Ceci est d'autant plus vrai si une telle discipline à vocation de culture technologique est proposée comme matière à enseigner dans le cycle suivant car il doit y avoir continuité et complémentarité pour asseoir une identité et une validité dans une épreuve d'examen. Ainsi les objectifs minimaux à vérifier à l'issue du cycle de for- mation à la technologie en collège seraient à choisir à l'intérieur d'au moins cinq catégories de savoirs et de compétences spécifiques ci-dessous. L'éva- luation serait proposée avec comme support, un projet technique à réaliser. A partir de cette situation-problème, sont posées :

o 1° une ou plusieurs questions sur la définition et l'application de la dé- marche de projet technique et industriel, de ses étapes, de son amplitude relative au cycle de vie du produit,

o 2° une ou plusieurs questions sur l'un des concepts-clés et ses attributs enseignés et nettement situés dans l'un des six systèmes en interrelation avec la démarche de projet technique (Figure 8).

o 3° l'utilisation d'au moins une méthode caractéristique de l'une des acti- vités de projet,

o 4° l'utilisation d'au moins un outil caractéristique de l'une des activités de projet,

o 5° une ou plusieurs questions sur des savoirs techniques mis en oeuvre dans une réalisation écrite, dessinée ou pratique, qui seront ensuite utiles quelle que soit la profession choisie : décoder un dessin technique ou de bâtiment, appliquer une procédure de mise en service à partir d'une no- tice d'utilisation, etc.

Cinq questions au moins, une conception des sujets sur le plan local, voilà ce qui engage à redéfinir des programmes structurés selon ces catégories. C'est donc une reformulation du programme actuel qu'il est souhaitable de proposer, programme réorganisé autour d'un noyau dur d'opérateurs cogni- tifs (démarche de projet technique, cycle de vie du produit, méthodes, ou- tils, concepts clés).

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L. D'HAINAUT utilise cette notion à l'intérieur de la définition qu'il donne d'une discipline : "une discipline est formée d'opérateurs supportés ou inté- grés par des cadres conceptuels spécifiques de la discipline, ces opérateurs étant des outils mentaux nécessaires ou utiles pour atteindre les buts d'ac- tion ou de savoir qui peuvent dépasser le cadre de cette discipline"22.

La démarche de projet est non seulement un moyen industriel au service de la pédagogie mais il est aussi une fin, c'est-à-dire objectif d'enseignement. Pour J.M. BARBIER la démarche de projet peut être définie comme un "processus de transformation d'une représentation orientée du réel, a effet cognitif,..."12. Pour J. DE ROSNAY l'approche globale et systémique au

travers de ses produits et permet comme il l'indique, de,".. s'élever pour mieux voir, relier pour mieux comprendre et situer pour mieux agir23.

La démarche de projet industriel donne un sens global positif aux connais- sances de toute nature à apporter en technologie. Comme J. DE ROSNAY nous pensons qu'une approche systémique opérationnelle favorise pour sa part :

! la transmission de la connaissance, parce qu'elle offre un cadre de réfé- rence conceptuel,

! l'action, parce qu'elle permet de dégager des règles pour affronter la complexité, situer et hiérarchiser les éléments sur lesquels se fondent les décisions,

! la création, parce qu'elle catalyse l'imagination, la créativité, l'invention. Pour toutes ces difficultés rencontrées et pour les solutions suggérées, une organisation systémique du programme et de son application pédagogique est justifiée. Nous publions le schéma d'une telle approche et avec une or- ganisation systémique de l'enseignement de la technologie sous une forme synoptique (Figure 9). Elle est le support de la pensée inventive, tandis que l'approche analytique est le support de la pensée connaissante"24.

Ce dernier axe de description est donc celui d'une "définition systémique du programme de technologie".

Le projet technique, résultat concret de la démarche d'action de projet, n'est finalement qu'un prétexte pour atteindre d'autres finalités et objectifs.

Il reste à définir ce que justifie et apporte l'existence d'une telle discipline, la technologie..

5. IDENTITÉ ET SPÉCIFICITÉ DE LA TECHNOLOGIE COMME