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1. Surdité et société

1.4 Audition et surdité

1.4.4 Appareillages et implant cochléaire

Les différentes surdités présentées auparavant, nous laissent alors entendre qu’il existe également plusieurs types d’appareillages selon leurs caractéristiques et leurs fonctions. Le but ici n’est pas de décrire précisément les différents mécanismes disponibles, nous nous arrêterons donc aux types d’appareillages les plus fréquents sans rentrer dans les détails techniques. Il faut cependant noter que quel que soit le type d’appareillage, leur but final est identique pour tous. En effet, ils ont pour objectif, par l’ensemble de leur technique, de donner à la personne sourde ou malentendante une qualité d’intelligibilité la plus élevée possible.

Pour cela ils se doivent de corriger le mieux possible l’audition défectueuse de la personne en compensant un maximum ses pertes auditives. Il y a un certain nombre d’éléments qui se retrouvent dans tous les différents types d’appareillage. Premièrement une partie dite

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réceptrice qui à l’aide d’un microphone captant le signal sonore a pour but de traduire les vibrations sonores en signaux électriques. Une seconde partie est amplificatrice, car son objectif est d’amplifier les vibrations électriques transmises par la partie réceptrice. Les appareils fonctionnent grâce à des microprocesseurs, qui ont pour buts d’analyser, d’amplifier et de transformer le son en signal numérique. La troisième partie est reproductrice, c’est-à-dire qu’elle amplifie les vibrations électriques puis les transforme en vibrations sonores.

L’écouteur fait partie de ce troisième élément (Busquet & Mottier, 1978) et peut se définir comme un mini haut-parleur (Grosbois & Le Pellec, 2006). Enfin la quatrième partie, et non la plus importante, est simplement la partie de l’alimentation, à savoir celle qui permettra de fournir l’énergie à l’amplificateur. Cela fait donc appel à une pile ou un accumulateur (Busquet & Mottier, 1978).

L’une des aides auditives les plus classiques et que tout le monde a au moins vu une fois est le simple contour d’oreille. Si cet appareil porte ce nom, c’est tout simplement parce qu’il se place derrière le pavillon de l’oreille (Grosbois & Le Pellec, 2006). Il en existe différents modèles qui sont généralement peu visibles, mais certaines personnes ont de la peine à les accepter, par manque parfois d’esthétisme. Ce type d’appareillage est prescrit aux personnes souffrant de surdité diverses, quels que soient le type et le degré. Il est cependant plus intéressant pour les personnes sourdes profondes, car il possède une bonne capacité d’amplification du son et a une grande autonomie du point de vue de la pile (Grosbois & Le Pellec, 2006). Pour les enfants, il est nécessaire de faire des ajustements au fil de leur développement, car leur conduit auditif se modifie. Lorsqu’une prothèse n’est plus de la bonne taille, cela peut faire mal ou être gênant, il se peut alors que l’enfant refuse de la porter.

Ce refus peut également se retrouver dans les cas où l’appareillage ne suffit pas à comprendre toute l’information vocale ou que l’environnement sonore est trop intense, occasionnant ainsi une douleur. Il faut également être conscient que porter une aide auditive demande une grande concentration, pouvant ainsi conduire à une grande fatigabilité (Repère Handicap, 2009). La technologie d’aujourd’hui et sa capacité de miniaturisation permet de réaliser différents modèles d’appareils intra-auriculaires, pouvant être ainsi quasi-invisibles. Toutefois, ces appareils sont davantage conseillés aux personnes atteintes de surdité légère ou moyenne (Grosbois & Le Pellec, 2006).

Un autre appareillage qui se détache de par sa technique des autres appareils est l’implant cochléaire. Bien que dans les observations de ce mémoire il n’y a pas d’enfants avec implant cochléaire, il est important de le mentionner. Il a été créé dans les années 70-80

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et n’est pas considéré comme une aide auditive, car le dispositif est implanté de manière chirurgicale (Grosbois & Le Pellec, 2006) ; c’est un dispositif électro-acoustique (Transler, Leybaert & Gombert, 2005) qui stimule électriquement les fibres nerveuses du nerf auditif (Grosbois & Le Pellec, 2006). L’implant cochléaire nécessite une intervention chirurgicale pour pouvoir être fonctionnel, et se compose de 3 parties : externe, interne et un système d’électrodes (Virole, 2006). La partie externe est semblable à un contour d’oreille et contient un microphone omnidirectionnel (Grosbois & Le Pellec, 2006 ; Virole, 2006), servant de récepteur au signal sonore et d’amplificateur (Virole, 2006). Ce signal est ensuite transmis à une antenne émettrice qui va transmettre les informations à la partie implantée (Grosbois &

Le Pellec, 2006 ; Virole, 2006). La partie interne est directement implantée et donc fixée sur l’os du crâne. C’est pour cela qu’une intervention chirurgicale est nécessaire. L’information donnée par l’antenne réceptrice est transmise à la troisième partie, qui se compose d’une à une vingtaine d’électrodes implantées généralement directement à l’intérieur de la cochlée, et vont ensuite activer le nerf cochléaire. L’implant cochléaire ne se fait que sur l’oreille la moins performante, l’autre oreille est alors appareillée avec une aide auditive. Pour comprendre cette intervention unilatérale, il faut savoir que lors de la mise en place de la partie interne de l’implant cochléaire, des cellules encore fonctionnelles de la cochlée sont souvent détruites ne permettant pas, par la suite, un appareillage moins invasif (Virole, 2006). L’implant cochléaire est proposé exclusivement aux personnes présentant une surdité de perception, totale et bilatérale (Grosbois & Le Pellec, 2006). Chez les enfants, l’interventions peut se faire dès 2 ans, voire 1 an (Virole, 2006). Pour certains, il est important d’avoir une intervention précoce pour que l’enfant puisse pleinement se développer au niveau du langage (Transler, Leybaert & Gombert, 2005), mais il n’y a pourtant pas d’assurance que cela fonctionne pour tous. De plus, l’intervention est clairement une première étape, mais par la suite cela demande une grande implication de la part du patient et/ou de son entourage proche, notamment concernant la rééducation logopédique. Cela nécessite également un travail au niveau cortical, le cerveau doit apprendre à interpréter et intégrer un codage qu’il ne connaissait pas auparavant (Grosbois & Le Pellec, 2006). Un enfant implanté tôt peut réagir à certains bruits après quelques mois de la mise en place de l’implant (Gorouben & Virole, 2004), mais pour que l’audition devienne performante, il faut patienter encore plusieurs mois, voire plusieurs années (Grosbois & Le Pellec, 2006).

Est-ce que les personnes implantées peuvent réellement entendre la parole ? Dans son ouvrage, Virole (2006) nous explique qu’il existe, en clinique, des personnes se servant de

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l’implant comme d’une fonction d’alerte. C’est-à-dire qu’il leur permet de détecter les stimuli sonores de l’environnement, mais pas de comprendre la parole, car la reconnaissance phonétique n’est pas assez développée pour comprendre le langage oral. L’auteur nous indique aussi les cas où les personnes ont la possibilité d’utiliser cette fonction d’alerte de la même manière qu’elles peuvent reconnaître efficacement les phonèmes et ainsi avoir une bonne intelligibilité de la parole. Ce qui va différencier une personne appartenant à la première situation d’une se trouvant dans la deuxième est notamment le facteur de l’âge de l’implantation, mais également de facteurs constitutionnels, tels que les prédispositions génétiques, et les facteurs environnementaux (dans quelle mesure l’enfant est stimulé linguistiquement parlant) (Virole, 2006). Bien que l’implant cochléaire apparaisse comme une solution « magique » à certaines surdités, il faut préciser qu’il se peut qu’après l’implantation, des effets secondaires apparaissent, comme des migraines ou des étourdissements, forçant alors une intervention afin de retirer le dispositif. Il ne faut pas non plus oublier que la partie externe s’enlève dans certaines situations (piscine, bain, ou la nuit), et que la surdité reste donc présente (Gorouben & Virole, 2004). Hormis ce côté pratique, il ne faut pas omettre que la mise en place de l’implant cochléaire fait débat. Le but ici n’est pas de faire une dissertation sur les pour et les contre de l’implant cochléaire ni d’expliciter les débats existants, nous présenterons donc succinctement comment l’implant cochléaire peut être perçu par les Sourds. En effet, bien que l’implant cochléaire soit mieux accepté aujourd’hui par la communauté sourde, il faut souligner que les Sourds ressentent la mise en place de l’implant cochléaire comme un refus de la part de la société à leur laisser un pouvoir de s’exprimer.

Pour eux, l’implant cochléaire sert à effacer la surdité pour les mettre aux normes des entendants, alors que c’est la surdité-même qui leur sert d’identification (Virole, 2006). « Les implants sont devenus alors le symbole du déni de l’identité sourde » (Ibid., p.379). Ce qui dérange le plus les Sourds, c’est qu’avec l’implant cochléaire, la langue des signes est petit à petit moins utilisée, car la lecture labiale et l’oralisation vont souvent de pairs avec l’implant.