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Anthony Giddens : du dualisme à la dualité

Dans le document La structuration des pratiques sociales (Page 90-116)

À propos des concepts de structure et de système dans la « Théorie de la structuration »

A. Giddens est l’un des penseurs et sociologues contemporains qui, avec N. Elias, P. Bourdieu, J. Habermas et R. Bhaskar, pour ne citer que les plus connus, récuse, on l’a vu, le dualisme socié- té/individu, contrainte/action, structure/ pratique et propose de le dépasser, en lui substituant ce qu’il appelle la « dualité du structurel ». Giddens considère, en effet, que ces différents couples conceptuels dichotomiques, sont, dans leur homologie, plus particulièrement au principe de la division, puissamment marquée dans le monde anglo-saxon, de l’espace disciplinaire de la sociologie entre sociologies interprétatives (interactionnisme, phénoménologie, ethnométhodologie, etc.) et sociologies struc- turelles (structuro-fonctionnalisme, fonctionnalisme, marxisme structuraliste, etc.), si l’on veut suivre ici la terminologie avancée par Giddens.

Encore convient-il d’ajouter que cette division affecte non seulement la sociologie, mais qu’elle concerne aussi le champ même des sciences sociales. Même si elle ne s’établit pas, à l’intérieur de chaque discipline qui le compose, selon les mêmes dénominations conceptuelles : celles-ci, au sein d’un dispositif logique particulier (qui affirme toujours la prévalence de l’un des termes du couple sur l’autre), ne reçoivent pas exactement le même contenu sémantique, en fonction de l’objet qu’une disci- pline construit, et des traditions dont elle hérite. Ainsi en est-il, en économie par exemple, avec la notion d’homo œconomicus, qui comme acteur rationnel maximisant ses gains et minimisant ses pertes, est au fondement de la formation des agrégats écono- miques, comme conséquences macro-sociales ; ou, encore, en linguistique structurale, avec l’énoncé du primat de la langue sur la parole. Cela étant, ne peut-on pas dire, en définitive que, ce

qui se dissimule, derrière ce jeu de balancier, c’est la vieille dis- tinction philosophique entre sujet et objet ?

Giddens, depuis son livre, au titre ironique, New Rules of So- ciological Method (1976) n’a de cesse de critiquer les effets impro- ductifs et pernicieux de ce dualisme. Il refuse tout autant les ap- proches interprétatives que les approches structurelles. Les premières privilégient, dans l’étude des conduites, l’action et la signification. Elles délimitent, par exemple, un ordre sui generis de l’interaction, comme on le voit chez Goffman, et ne prennent pas en considération les analyses structurelles, et les concepts « macro-sociaux » qui s’y attachent. Quant aux secondes, elles affirment le primat de la société sur l’individu, plus exactement, de la structure sur les pratiques, une structure caractérisée comme un réseau de contraintes sociales indépendantes de l’individu et extérieures à celui-ci. De ce point de vue, Giddens montre bien que le concept de structure s’appuie sur l’analyse durkhemienne des faits sociaux, définis, comme on le sait, par l’extériorité et la contrainte par rapport aux individus. C’est la théorie durkhemienne qui a permis la construction des concepts de structure, ainsi qu’on peut le mettre en pleine lumière chez le post-durkhemien A. R. Radcliffe-Brown (1968).

Toutefois, le dualisme structure/pratique ne peut être résolu, en aucune manière, selon Giddens, à partir d’une sorte de partage (sharing-out) des tâches de la sociologie entre microsociologie et macrosociologie, l’une s’occupant de l’expérience sociale subjec- tive des individus, l’autre des totalités sociétales ou des faits so- ciaux (comme le mariage…) appréhendés de manière principa- lement statistique à l’échelle de « la » société (de l’État-Nation en réalité) ou du monde. Propos qu’il est indispensable de nuancer, cependant, comme Giddens le souligne, car toute analyse micro- sociologique ne peut être assimilée ipso facto à une théorie de l’action, ou toute analyse macrosociologique à une théorie de la structure sociale et des changements sociaux qui s’y opèrent (Giddens, 1981, p. 168).

Pour Giddens, il est requis, en conséquence, d’introduire une nouvelle conceptualisation qui a pour axe d’interrogation les pratiques sociales récurrentes et leur transformation. Il va, pour ce faire, formuler un certain nombre de schèmes conceptuels

sensibilisateurs, permettant de penser, à nouveaux frais, la relation structure/pratique. Structure/pratique ne renvoient plus alors à des réalités extérieures l’une à l’autre. Il s’agit, en premier lieu, de circonscrire leur implication réciproque. Loin d’être opposées, structure et pratique se présupposent mutuellement. Dans cette conception, le structurel va être défini comme le medium et le résultat des pratiques qu’il organise de manière récursive.

Ce que remarque Giddens, dans nombre de ses textes, c’est que dans les sociologies anglo-américaines, ainsi qu’on le constate avec l’approche fonctionnaliste, mais également dans toutes celles de tendance objectiviste, le concept de « structure » apparaît comme une notion tenue pour acquise, et qui n’est donc jamais soumise à un examen approfondi. Ce qui n’est guère le cas, par contre, du concept de « fonction » qui, lui, a donné lieu à des débats ad nauseam. (Ibid.) Ainsi, quand on s’efforce d’étudier les modalités d’emploi du concept de structure, il se fait nettement jour que « pour les fonctionnalistes, et même pour la grande ma- jorité des analystes sociaux, le concept de “structure” fait réfé- rence au développement ou à l’existence d’une sorte de modèle régularisé (patterning) de relations sociales ou de phénomènes so- ciaux. » (Giddens, 1987, p. 65) On pourrait même dire qu’il se présente sous l’aspect d’une sorte de métaphore fondatrice, mal élucidée, mal contrôlée : « Bien souvent l’idée de structure est naïvement associée et même assimilée à des images qui peuvent se visualiser sans difficulté, comme le squelette ou l’anatomie d’un organisme, ou la charpente d’un édifice. » (Ibid.)

Si l’on essaie, maintenant, de rendre compte de la place occu- pée par le concept de système dans « the mainstream of social science », en le comparant à celui de structure, on se rend compte que, bien souvent, les auteurs fonctionnalistes font le choix d’un terme au détriment de l’autre, ou qu’ils usent alternativement de l’un des deux termes, en lui assignant un même contenu séman- tique. Cette dernière pratique est particulièrement étrange, comme le souligne Giddens, car « il peut sembler, à première vue, qu’il existe dans le fonctionnalisme une base pour maintenir la distinction structure/système. » (Giddens, 1982, p. 34) Si l’on reprend l’idée que la structure de la société est comme l’anatomie d’un organisme, lorsque celle-ci « fonctionne », précise Giddens,

nous avons alors un système. Un système est ici « as it were » une structure fonctionnante : structure + fonction = système. Mais cette analogie organique ne saurait tenir en ce qui concerne la société. Ce point de vue a été défendu, en toutes lettres, par A. R. Radcliffe-Brown dans son ouvrage Structure et fonction dans les société primitives ! « Cependant, l’anatomie d’un corps peut exister indépendamment de son “fonctionnement”. L’anatomie d’un corps peut être étudiée, sa morphologie décrite, même s’il a cessé de fonctionner, cessé de vivre. Mais ce n’est pas le cas, avec les modèles régularisés de l’interaction sociale reproduits dans le temps et l’espace : une société cesse d’exister si elle cesse de “fonctionner”. C’est pourquoi, les auteurs fonctionnalistes qui reconnaissent une sorte de distinction entre structure et système tendent en pratique à fondre les deux termes en un seul [to col- lapse the two into one]. » (Ibid.)

Pour Giddens, il ne faut, cependant, pas abandonner, en tant que telle, la notion de structure, car pensée autrement, elle peut rendre des services théoriques précieux. Mais pour cela, il est requis de la libérer de sa matrice durkhemienne, car, dans les approches qui s’inscrivent dans la filiation de l’œuvre du socio- logue français, elle se réduit à une contrainte sociale implacable. Or, l’on peut faire un usage pertinent du concept de structure en prenant appui sur la manière dont Saussure conçoit la langue, et les relations de cette dernière avec la parole, bien qu’il emploie plutôt le terme de système pour désigner la langue, que celui de structure.

Ce qui intéresse ici Giddens, c’est que Saussure articule une relation entre moment et totalité tout à fait distincte de celle qui prévaut dans les écrits fonctionnalistes. On pourrait dire que Saussure, en quelque sorte, met en œuvre une relation dialec- tique entre présence et absence. Sur ce registre, la relation qui se noue entre une phrase ou un énoncé, au sein de la parole d’une part, et de la langue de l’autre, n’est nullement identifiable à celle qui se réalise entre un organe du corps et cette totalité que repré- sente l’organisme. « Quand je prononce une phrase ou donne sens à l’énoncé de quelqu’un d’autre, je fais usage (draw upon) d’un “corpus absent” de règles syntaxiques et sémantiques afin de faire cela. La relation syntagmatique entre les mots prononcés

existe dans un contexte spatio-temporel, mais les propriétés structurelles de la langue comme caractéristiques d’une commu- nauté d’énonciateurs ne sont pas de cette sorte. Ces propriétés ont une “existence virtuelle”. » (Ibid. ; 33)

Mais, on se doit ici de prévenir une interprétation erronée. Raisonner ainsi ne signifie pas, pour Giddens, que la société soit homologue au langage. Pour éviter cette fausse lecture, Giddens va d’ailleurs éliminer dans son exposé le plus systématique de la théorie de la structuration, La constitution de la société, cette analo- gie. Mais essayons de circonscrire les implications d’un tel raison- nement. Giddens, formule, sans ambiguïté, dès New Rules of So- ciological Method que les actes de parole présupposent un sujet, tandis que la langue est sans sujet, même si elle « n’existe » que si elle est connue et produite par des sujets : des locuteurs. Le dis- cours oral reconnaît ainsi potentiellement la présence de l’autre. Mais « la langue, en tant que structure n’est ni un produit inten- tionnel d’un sujet, ni orientée vers l’autre. » (Ibid.) La langue est une structure, une structure sans sujet, ni fin, pourrait-on dire, en faisant allusion à la conception althussérienne de l’histoire, comme processus sans Sujet, ni Fin.

Si l’on essaie de pousser l’analogie jusqu’au bout, comme le fait Giddens, nous pouvons alors décliner la proposition sui- vante : les pratiques, à l’image des actes de parole, renvoient à des activités situées à l’intérieur de contextes spatio-temporels parti- culiers, elles peuvent être examinées relativement à leurs résultats « intentionnels », et aux « réponses » pratiques qu’elles suscitent. Quant au structurel, il ne se rapporte à aucune localisation spa- tio-temporelle : il se trouve caractérisé par l’absence du sujet, il est soustrait ainsi à toute dialectique sujet-objet. (Ibid.)

Giddens, se référant aux travaux plus récents du structura- lisme, ceux de Levi-Strauss, notamment, va retenir sa définition de la structure comme ensemble de règles de transformation. La structure ne va plus désigner, chez Giddens, un état statique, contraignant de l’extérieur les agents sociaux. C’est, précisément, à partir de cet emprunt, paradoxal, à Levi-Strauss, comme nous allons le montrer, qu’il va admettre que le structurel est non seu- lement contraignant, mais habilitant. Cependant cet emprunt à la conception structurale de Levi-Strauss et de Saussure, prend

l’allure d’une torsion de leur système de pensée. Pour éclairer cette affirmation, il nous paraît ici opportun d’envisager la ma- nière selon laquelle Pierre Bourdieu critique le structuralisme de Levi-Strauss et ses soubassements saussuriens, comme l’illustration même de l’objectivisme dans les sciences sociales contempo- raines. Cette comparaison avec Bourdieu est d’autant plus fé- conde, nous semble-t-il, que Giddens et le sociologue français s’attachent, tous deux, à dépasser le dualisme structure/pratique.

Ce que Bourdieu dénonce dans la pensée de Levi-Strauss, c’est de rester du coté de la langue, dans la construction du con- cept de structure. Celui-ci va être appliqué, notamment, à l’étude des mythes et de la parenté. Levi-Strauss et la pensée structuraliste, ainsi que la tendance dominante de la linguistique moderne, sont dépendants du logocentrisme, ou même, avec Hjelmslev, du phonocentrisme. La dimension de la parole est refoulée, seul le modèle de la langue est pris en considération dans son anthropologie structurale. Les mythes désignent alors une structure binaire inconsciente qui « agit » les sujets. Comme le montre Bourdieu, le modèle de la structure, ainsi élaboré par le chercheur, va apparaître comme le principe d’action des agents sociaux. Ceux-ci obéissent à cette structure à leur insu, quand ils agissent. Alors que, pour se limiter au seul domaine des mythes, ceux-ci sont produits à l’intérieur de la culture orale, de sociétés sans écriture, comme le reconnaît Levi-Strauss. Mais l’opération de l’anthropologue va consister à produire, à partir de dizaines de variantes orales, un texte écrit unitaire, dont la structure sera ex- hibée par les chercheurs, et par la suite attribuée aux acteurs, comme principe de leur action. Nous avons affaire ici, comme l’indique Bourdieu (1980, p. 43-70), à un véritable paralogisme.

Toute autre est l’approche de Giddens. Il prend appui, de ma- nière limitée certes, sur certains aspects du concept de structure – la structure comme ensemble de règles de transformation – pour dépasser l’objectivisme du structuro-fonctionnalisme et du fonc- tionnalisme. De manière limitée, car on ne peut concevoir cet emprunt isolément. Giddens ne peut raisonner ainsi que parce qu’il mobilise simultanément d’autres apports, particulièrement ceux issus des sociologies interprétatives, de la philosophie du second Wittgenstein, de l’herméneutique de Gadamer à Ricœur,

etc. Autant de courants, qui, malgré leurs origines, leurs statuts distincts – et leurs différences – dessinent, pour le moins, des convergences importantes entre eux.

On le voit très bien lorsque Giddens indique, à propos de la notion de règle, que toute règle est transformatrice. Une telle assertion n’est possible que sur la base des travaux de Goffman, ou surtout de Garfinkel (1984). Mais avant d’aborder cet aspect, il convient de préciser, maintenant, ce que l’on entend par duali- té du structurel. Comme nous l’avons déjà entrevu, Giddens re- fuse d’abandonner l’idée contenue dans la conception orthodoxe de la structure : celle de modèle régularisé (patterning) de relations sociales. Mais il pense que cet élément doit être transféré du coté de ce qu’il appelle les « systèmes sociaux ».

Pour lui, les systèmes sociaux sont des systèmes de pratiques régularisées. Le terme de système social fait référence aux mo- dèles reproduits de relations sociales. Les institutions, quant à elles, recouvrent les pratiques sociales les plus profondément sé- dimentées et ancrées au sein des systèmes sociaux ou intra- sociétaux, que forme une « société ». Elles se caractérisent par la profondeur de leur extension spatio-temporelle.

Toute pratique comporte un élément transformateur, a une portée transformatrice. Agir au sein de pratiques sociales, c’est toujours être capable d’agir autrement, c’est introduire des diffé- rences au sein des contextes spatio-temporels. Cette dimension proprement pratique de l’action, ou cette dimension actionaliste de la pratique peut se subsumer, selon nous, selon l’heureuse traduction de Jean-Pierre Olivier de Sardan (1995), sous le con- cept d’« agencéité » (agency). L’agencéité des pratiques met en exergue la capacité, c’est-à-dire le pouvoir qui lui est inhérent. Tout agent social, chez Giddens, est doté de pouvoir. Ce pou- voir ne peut s’exercer, au sein des systèmes sociaux, dans une interaction donnée, par exemple, que parce qu’il y a de la part de l’agent, non seulement actualisation in situ de règles sociales, mais aussi de ressources d’autorité et de ressources d’allocation. En bref, l’exercice du pouvoir requiert des moyens : les moyens de son actualisation. Ce qui ne veut pas dire que ces moyens sont également distribués entre les agents sociaux. Proposition qui entraîne la reconnaissance de relations d’autonomie et

d’interdépendances, qui sont des relations dissymétriques ou asy- métriques, au sein de systèmes sociaux. Ces derniers, selon cette perspective, impliquent des activités situées de sujets agissants. Ils existent de manière syntagmatique dans le flux du temps. Les systèmes sociaux ne sont pas des structures. Ils présentent des structures : ils affichent, pour être plus précis, des « propriétés structurelles ». Les structures sont les propriétés de systèmes so- ciaux ou de collectivités. Ils existent seulement dans et à partir de la structuration, comme le résultat d’actions contingentes d’une multiplicité d’agents sociaux (Giddens, 1982, p. 35).

Autrement dit : « L’étude de la structuration des systèmes so- ciaux est celle des modes par lesquels ces systèmes qui s’ancrent dans les activités d’acteurs compétents, situés dans le temps et dans l’espace et faisant usage de règles et de ressources dans une diversité de contextes d’action sont produits et reproduits dans l’interaction de ces acteurs, et par elle. Au centre de l’idée de structuration, nous retrouvons la dualité du structurel qui, sur le plan logique, dérive des affirmations qui précèdent. La constitu- tion des agents et celle des structures ne sont pas des phénomènes indépendants, un dualisme : il s’agit plutôt d’une dualité. Selon la dualité du structurel, les propriétés structurelles des systèmes so- ciaux sont à la fois le medium et le résultat de pratiques qu’elles organisent de façon récursive. » (Giddens, 1987, p. 74)

Soutenir la position de la dualité du structurel, contre le dua- lisme structure/pratique, c’est se doter des fondements théoriques et empiriques d’une analyse des traits récursifs, itératifs de toute pratique sociale. L’on peut, d’autre part, établir que le concept de dualité du structurel, relie la production de l’action, comme ac- complissement (accomplishment et non pas achievement, terme utili- sé par Parsons pour décrire l’action) d’acteurs compétents (knowledgeable), à la reproduction des systèmes sociaux dans le temps et l’espace.

1/ Tout d’abord, parler ici d’accomplissement, ce n’est pas employer un vocable neutre ou arbitraire, c’est faire sien le con- cept avancé par Garfinkel. Pour celui-ci, les acteurs sociaux ne sont pas confrontés, dans la vie sociale de tous les jours, à des faits sociaux qui leurs sont indépendants ou extérieurs, c’est-à-dire à

des modes collectifs d’agir, de penser et de sentir qu’ils intériori- saient. La vie sociale est, au contraire, l’espace permanent de pra- tiques sociales, qui s’étayent sur des accomplissements pratiques, continus et contingents. Mais, selon Giddens, reconnaître le ca- ractère d’accomplissement des pratiques, ne revient pas, comme nous le verrons, à admettre que le principe d’ordre – de structu- ration pour Giddens – de ces dernières se limite aux coordonnées de la situation, ou de la rencontre (encounter) selon la terminolo- gie de Goffman.

Les pratiques, sous cette modalité, renvoient à la « conscience pratique ». Cette dernière désigne l’élément tacite des savoirs et savoir-faire mis en œuvre par les agents. Elle se distingue de la conscience discursive qui, elle, au sein de la compétence actée par les individus, se rapporte, aux formulations verbales que ceux-ci sont à même d’énoncer, au titre de « raisons » (il s’agit ici de ce que Giddens nomme, la rationalisation de l’action) 1.

Et quand Giddens invoque les pratiques comme accomplisse- ments, il entend ne pas restreindre ceux-ci à l’autodescriptibilité, au travail signifiant de configuration, en bref, d’accountability qu’elles manifestent, in situ, dans un contexte de co-présence, où sont engagés divers individus. Comme nous l’avons déjà mis en exergue, on ne peut réduire les actions aux significations qu’elles instaurent de visu ou grâce aux actes de parole ; on ne peut

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