• Aucun résultat trouvé

amp; interactionnisme symbolique

Dans le document La structuration des pratiques sociales (Page 32-44)

Comme on le sait, l’interactionnisme symbolique – terme in- venté par H. Blumer à la fin des années 1930 –, place le concept d’action au centre de son dispositif théorique (Blumer, 1969). Pour l’interactionnisme symbolique, parler de société revient à parler, en réalité, d’action. Comme l’indique Blumer « fonda- mentalement les groupes humains ou la société existent dans l’action et doivent être vus en termes d’action ». Pour lui, se re- présenter « la société humaine comme action doit être le point de départ (et le point de retour) de tout schème qui se propose de traiter et d’analyser la société humaine de manière empirique » (Ibid., p. 9).

Ainsi que cela a déjà été remarqué (Terrail, 1994), on ne peut qu’être attentif, sur ce plan, à la parenté théorique de ce schème avec celui énoncé par Marx dans la première des Thèses sur Feuer- bach, où se cristallisent les principes inauguraux du matérialisme historique, en relation avec la critique de l’humanisme théorique de Feuerbach. La révolution théorique opérée par Marx, ne fait qu’un, comme l’a dit Althusser, avec la découverte du « conti- nent Histoire », dans lequel vont se « loger », par la suite, les di- verses sciences sociales, dont, plus particulièrement, la sociologie avec Durkheim et Weber.

Pour Marx, accéder au continent Histoire, c’est rompre avec l’humanisme théorique de Feuerbach par un déplacement en direction d’un terrain d’analyse non plus philosophique, mais scientifique. Ce qui va être, dorénavant, pris en compte c’est l’« Objekt », c’est-à-dire le monde social objectif appréhendé en termes d’« activité sensiblement humaine, comme pratique ». Autrement dit, l’intelligibilité du monde social ne peut qu’être celle de la praxis qui le définit, des pratiques sociales. Mais il con-

vient, également, de mettre au jour une autre relation d’affinité entre l’interactionnisme et le marxisme : elle à trait à la critique des entités théoriques abstraites, fictives et fixes, dont la philoso- phie idéaliste, pour Marx, et la sociologie objectiviste pour l’interactionnisme, notamment pour Blumer, sont le lieu perma- nent.

S’agissant, tout d’abord, de l’interactionnisme, on ne peut que souligner combien la formulation de ses prémisses est inséparable d’une dénonciation, potentiellement dévastatrice, des hypostases produites par la discipline sociologique. Il est clair que Blumer, a, ici, en vue la théorisation structuro-fonctionnaliste de la société, quand il récuse l’explication de l’action à partir de normes, de valeurs : entités transcendantes par rapport aux individus réels, véritables forces supra-individuelles. Lesquelles vont être, dès lors, invoquées pour analyser l’action sociale. Entités « réifiées », auxquelles, on va décerner, par ailleurs, le titre de facteurs so- ciaux chargés de rendre compte de cette dernière.

Toutefois, une telle critique ouvre nécessairement une inter- rogation à laquelle on ne peut se soustraire : cette critique ne signe-t-elle pas, de manière implicite, un retour du psycholo- gisme au sein du dispositif conceptuel de l’interactionnisme. On ne peut que répondre, au moins formellement, par la négative à cette question. En effet, la critique des hypostases sociologiques va de pair avec celle des hypostases psychologiques. Blumer ré- cuse les schèmes psychologiques, comme les « motifs, les atti- tudes, les complexes cachés » (Blumer, 1969, p. 7). Pour lui, ces hypostases, qu’elles soient sociologiques ou psychologiques ont, en commun, pour effet de « traiter l’interaction sociale seulement comme un medium à travers lequel passent les déterminants du comportement pour produire le comportement » (Ibid.). Ce que l’on doit mettre, derechef, en exergue, c’est que le concept d’action est indissociable de celui d’interaction. En fait, pour Blumer, l’action sociale c’est nécessairement l’interaction sociale. Et, comme nous allons le voir, cela ne sera pas sans effets théo- riques cruciaux quant à la conception de l’action qui domine l’interactionnisme. Par ailleurs, analyser l’interaction sociale re- viendra à expliciter les interprétations qui y sont consubstantiel- lement attachées, ainsi que nous le montrerons plus tard.

S’agissant, maintenant, de Marx, la critique des abstractions philosophiques spéculatives est solidaire, comme nous l’avons déjà entrevu, de l’énoncé de ses concepts fondamentaux, no- tamment de celui de rapport de production, et, plus largement, de rapport social. Non seulement ceux-ci présupposent la récusa- tion de l’Homme feuerbachien, mais aussi de toutes les catégories qui lui sont corrélatives, comme celle de conscience. On observe la présence en toutes lettres de ces critiques dans L’Idéologie alle- mande, où Marx et Engels annulent la catégorie de conscience, comme principe explicatif des processus sociaux réels. La cons- cience ne peut-être comprise que comme celle d’individus so- ciaux réels : « on part des individus réels et vivants eux-mêmes et l’on considère la conscience uniquement comme leur cons- cience » (Marx & Engels, 1976, p. 21 ; soul. par M. & E.). Mais, pour eux, différence nodale avec l’interactionnisme, ces hypos- tases idéalistes ont partie liée avec les mécanismes de l’idéologie, de la camera obscura. Idéologie et idéalisme sont intrinsèquement liés.

Cependant, ces affinités entre matérialisme historique et inte- ractionnisme symbolique ne saurait occulter les divergences pro- fondes qui les séparent. Pour Marx, analyser les pratiques sociales ne peut s’opérer qu’en référence aux rapports sociaux. Les pra- tiques ne peuvent être pensées qu’en corrélation avec les struc- tures sociales (économique, idéologique, politique). Et on ne peut qu’insister, sous ce registre, sur le rôle central joué par le concept du rapport de production dans l’intelligence du mode de production des formations sociales capitalistes. Par contre, il s’affirme une tendance prévalente, du côté de l’interactionnisme, à autonomiser un ordre de l’interaction ; celui-ci va être conçu comme une réalité sui generis. Il est donc justiciable d’une analyse propre, détaché de toute considération à l’égard de ce qu’il nomme l’ordre macro-social, comme on le constate chez Goff- man. Dans l’« ordre social de l’interaction », Goffman ne nie pas, en tant que tel, l’existence d’un niveau macro-social, mais c’est pour aussitôt mettre en évidence qu’un certain nombre de phé- nomène macro-sociaux ne peuvent s’affirmer, s’ils ne s’appuient pas sur des interactions microsociales (Goffman, 1988).

Si l’on revient à Blumer, un examen précis des prémisses de l’interactionnisme permet d’éclairer le principe d’élision de l’ordre macrosocial qui leur est immédiatement associé. Terme ambigu, car il présuppose une indépendance de deux ordres (ce- lui de macro-social et celui de microsocial) ; indépendance et distinction qui, selon nous, n’ont pas lieu d’être. Elles dénient, en définitive, la relation intrinsèque entre pratiques et structure so- ciale, relation que l’on peut au moins envisager, à titre d’hypothèse, si l’on se réfère au « programme » marxiste. En véri- té, ce qui est exclu dans l’interactionnisme, c’est le concept même de rapport social. Mais passons à l’élucidation de ces pré- misses.

Comme nous l’avons déjà mentionné, l’action sociale, pour Blumer, ne peut-être saisie sans prise en compte de l’interaction sociale. « L’action consiste en une multitude d’activités que les individus accomplissent dans leur vie, en tant qu’ils se rencon- trent les uns les autres, et en tant qu’ils ont affaire à la succession de situations auxquelles ils sont confrontés ». Puis il indique plus loin : « les activités sont celles d’individus agissants et sont réali- sées [carried on] par eux toujours par rapport aux situations dans lesquelles ils doivent agir » (Blumer, 1969, p. 6).

C’est dire que l’action sociale se résout, d’une part, dans l’interaction sociale (c’est-à-dire là où les individus « se rencon- trent les uns les autres »), et, d’autre part, celle-ci se raccorde à une succession de situations. Comme Blumer le précise, dans nombre de textes, le concept de situation désigne, en fait, des réalités spatio-temporelles restreintes : des rencontres (encounters) pour reprendre l’un des termes employés, par la suite, par Goff- man. Même si le fondateur de l’interactionnisme reconnaît l’existence de l’action collective, et, par conséquent, celle de « si- tuations collectives », il nous semble que cela relève plus d’une concession formelle que d’une prise en compte réelle, concep- tuellement maîtrisée.

Mais, en dehors de cet aspect, ce qu’il est décisif de porter au jour, c’est que l’action sociale est principiellement assimilée à une chaîne discontinue de rencontres entre individus. Celles-ci ne cessent donc de se former et de se dénouer. L’action sociale, on le voit, est identifiable à la formation, la dissolution et la reforma-

tion d’interactions spatio-temporellement situées. En clair, Blu- mer soutient que l’interactionnisme symbolique repose, en der- nière analyse, sur trois prémisses. Premièrement, les individus humains agissent en direction des « choses », c’est-à-dire en di- rection d’objets physiques, d’autres individus, des amis ou des ennemis, des institutions (l’école, par exemple), d’idéaux direc- teurs (l’honnêteté, par exemple) en fonction des significations

que ces « choses » ont pour eux. Deuxièmement, les si-

gnifications de ces dernières procèdent, surgissent de l’interaction que l’on a avec autrui. Enfin, troisièmement, ces significations sont traitées et modifiées grâce à des processus interprétatifs lors- que les individus ont affaire à ces diverses « choses » (Ibid., p. 2).

En réalité, ce que l’on voit s’élaborer, c’est l’idée séminale se- lon laquelle l’action est, non seulement, une interaction sociale localisée, mais aussi qu’elle n’existe, comme telle, qu’en fonction des significations qui s’y inscrivent immédiatement, quand celles- ci donnent lieu, de la part des interactants, à un processus d’interprétation. On ne peut qu’observer, d’autre part, combien les concepts d’interaction, de signification, d’interprétation et de situation ne peuvent être, en aucune manière, dissociés : ils fonc- tionnent en réseau, bref, ils s’intriquent. Il s’ensuit, pour cette raison, que l’interactionnisme ne peut être qu’un interaction- nisme symbolique. Comme on le sait, Blumer entend incorporer, à la sociologie, la perspective théorique inaugurée par Mead. Pour ce dernier, on ne peut comprendre l’esprit (Mind), ou si l’on veut la conscience, sa genèse et ses mécanismes, si l’on fait abstraction des interactions en lesquelles tout « soi » (Self) est in- séré. Toute interaction est médiatisée par le langage, des sym- boles significatifs. C’est pourquoi, selon Habermas, la mise en relation de la conscience et des interactions médiatisées par le langage, est au principe d’une rupture avec la philosophie de la conscience. La prise en compte « du côté actif » de la conscience a pour condition que l’on se détache de la figure de la conscience monologique du sujet souverain, que l’on se tourne, désormais, vers les formes de réalisation de la conscience à l’intérieur de la communication verbale. La conscience se matérialise dans l’action, elle est saisie sous la forme d’interactions langagières. Les individus ne sont donc pas, dans ce cas, des sujets passifs : ils sont

engagés en permanence dans des processus d’interprétation « au vu des significations qu’ils se manifestent réciproquement ».

En vérité, ne retrouve t-on pas, paradoxalement, sous des formes originales, indépendamment de la divergence fondamen- tale qui se noue autour de la question des rapports sociaux –

ignorés, en tant que « rapports structurels », par

l’interactionnisme, condition théorique requise pour rendre compte de pratiques pour le matérialisme historique –, une pré- occupation commune ? Préoccupation qui vise à penser le « côté

actif » de la conscience, en des termes qui se proposent

d’échapper à la philosophie de la conscience, ainsi que cela est explicité dans les Thèses sur Feuerbach, plus particulièrement la première. Cette nécessité de penser la dimension subjective de la pratique n’est-elle pas au cœur des aphorismes marxiens ? Marx indique dans la thèse 1 que c’est le trait commun de tous les ma- térialismes antérieurs d’avoir évacué cet aspect crucial, laissant, dès lors, à l’idéalisme la mise en évidence du rôle de la cons- cience. Même si elle finit, comme chez Hegel, par résorber l’« objectif » dans le « subjectif », à concevoir la réalité historique comme le déploiement de l’Idée. Pour Marx, saisir la pratique comme activité objective est décisif, mais sous la requête de ne pas en annuler l’élément subjectif. En fait, analyser l’objectivité de la pratique, revient à ne pas disjoindre l’objectif du subjectif.

Mais, objectera-t-on, un tel raisonnement n’est-il pas pure- ment formel, cherchant à rapprocher des positions qui, finalement, s’excluent mutuellement ? Dans ce cas, ne convient- il pas d’en rester, avant tout, au marquage des différences qui se donnent comme matricielles, c’est-à-dire constitutives des deux problématiques ? Cet argument mérite sérieusement examen, car il semble, au premier abord, pour le moins pertinent. Il peut s’appuyer, en outre, sur le faisceau des concepts centraux du ma- térialisme historique. Leur formulation apparaît, en effet, contra- dictoire, voire antagonique, avec ce qui sera désigné – évoquant l’interactionnisme symbolique – comme une philosophie de l’intersubjectivité, totalement incompatible avec une thématique des rapports sociaux, des rapports objectifs. Comme nous l’avons indiqué, l’interactionnisme tend à écarter, du champ de son ana- lyse ceux-ci, pour se concentrer sur les interactions, même s’il

présume l’existence de déterminations macro-sociales, c’est pour mieux les éluder, en insistant sur la dynamique propre à l’ordre interactionnel, ou éventuellement en portant au jour que l’ordre macro-social n’existe que dans une relation de dépendance par rapport à ce dernier.

À quoi l’on peut ajouter la remarque suivante : si l’on peut concéder que l’interactionnisme et le marxisme ont pour déno- minateur commun une rupture avec la philosophie de la cons- cience, que sur la base de cette rupture, ils insistent, tous deux, sur le « côté actif » de la conscience, sur la nécessité de mettre en exergue la dimension subjective des activités, quand est envisagée l’activité sociale des individus concrets, la prise en compte de ces aspects ne peut dissimuler que l’on a affaire à deux conceptions contradictoires de l’activité sociale. Pour l’interactionnisme, l’activité sociale c’est l’action et l’interaction, et même l’interaction plutôt que l’action. S’agissant du matérialisme histo- rique, il s’agit de pratiques. Lesquelles paraissent ne rien à voir avec ce que l’on désigne sous l’aspect d’interaction localisée, ou même étendue à des contextes plus larges que de simples ren- contres. En effet, dans cette perspective, on entend par pratiques, les pratiques productives, par exemple, dont les procès de travail sont l’espace, et qui s’exercent sous des rapports sociaux de pro- duction. L’objectivité matérielle et sociale de la pratique ne peut- être comprise qu’en relation avec les rapports sociaux qui les dé- terminent. Rendre compte des pratiques, c’est, au premier chef, rendre compte des rapports sociaux qui les conditionnent. Et ceux-ci ne sont pas, dans leur « essence », des rapports intersub- jectifs. D’autre part, en ce qui concerne l’élément subjectif inves- ti dans les pratiques, on ne peut l’appréhender que sous la con- trainte théorique de cette thématique qui renvoie à une rupture avec l’idéalisme. Ce que Marx énonce de la façon suivante : « Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur être ; c’est inversement leur être social qui détermine leur conscience. » (Marx, 1977, p. 3)

Cependant, cet argument, et le raisonnement qui le porte, n’est-il pas solidaire d’une certaine lecture de Marx, celle-ci s’appuyant sur les contradictions dont ses écrits sont le champ ? D’autres lectures sont possibles, notamment celles qui renvoient

au jeune Marx. Dans ce cadre, le marxisme est assimilé à une sorte de philosophie de l’action. Selon nous, on ne peut masquer les tensions internes à l’énoncé marxien, dont il est manifeste qu’il n’est pas exempt d’une tendance objectiviste. Elle sera, en particulier, au principe d’une lecture structurale (et structurelle) du matérialisme historique. Pour s’en convaincre, il suffit de rat- tacher le passage que nous venons de citer, à celui qui le précède quelques lignes plus haut, et qui l’éclaire. Il a été apprécié, sou- vent, comme la pierre de touche de l’« essence » du marxisme : « dans la production sociale de leur existence, les hommes en- trent en des rapports déterminés nécessaires, indépendants de leur volonté, rapports de production qui correspondent à un degré de développement déterminé de leurs forces productives maté- rielles. » (Ibid., p. 2)

Ce passage, ainsi que le précédent, nous semble être l’illustration même, parmi d’autres, d’une tendance objectiviste au sein du matérialisme historique, où, à tout le moins, elle auto- rise une lecture objectiviste. Dans la première citation, l’être définit les rapports sociaux dans lesquels les individus concrets sont inscrits, tandis que la conscience renvoie aux idées, à l’activité intellectuelle de la société, c’est-à-dire, en fait, au con- cept historique-social, structurel de superstructure. Dans la se- conde, ce qui est en jeu, c’est un schème naturaliste sous-jacent, où l’extériorité et l’indépendance des rapports de production sont caractérisées par analogie avec la réalité naturelle, la Nature : l’objectivisme revêt ici, en vérité, une figure naturaliste- scientiste.

De ce point de vue, les défenseurs d’une vision objectiviste de la sociologie, comme discipline universitaire autonome, ne s’y sont pas trompés, lorsque, pour étayer les principes d’une science sociologique unifiée, ils n’hésitent pas, dans le cours de leur dé- monstration, à établir une relation entre la dernière citation de Marx et l’aphorisme durkheimien, selon lequel « il faut considé- rer les faits sociaux comme des choses ». En sorte que tout se passe comme si ces deux énoncés, particulièrement le premier, qui, dans sa forme philosophique, instaure l’acte inaugural de fondation du matérialisme historique – il n’est que la reprise transformée d’un passage de L’Idéologie allemande –, étaient indis-

sociables d’une posture qui peut immédiatement ouvrir à une conceptualisation objectiviste, c’est-à-dire, en dernière instance, à une forme spécifique d’idéalisme, en raison de l’intellectualisme qui l’habite.

Ce qui se signale, ici, dans ce renversement objectiviste, c’est l’absence de théorisation adéquate, dans les écrits des fondateurs du marxisme, du concept de pratique. Ce que nous voulons sou- tenir, c’est que ce concept n’a pas connu la même élaboration théorique que celle de rapport social : il est, pourrait-on dire, si on emprunte une formulation d’Althusser (1965), théoriquement sous-déterminé. Sous-détermination qui va avoir des consé- quences incalculables pour le devenir-monde du marxisme, et dont on prend encore à peine la mesure. Au vrai, l’injonction marxienne, contenue dans la première des Thèses sur Feuerbach, et les autres, n’a pas été soumise aux traitements denses et spé- cifiques qu’elle requérait.

Or, pour nous, on ne peut penser les pratiques, la praxis qu’en corrélation avec une théorie de l’action. Toute pratique, dans sa régularité, comporte, à titre de composantes internes élémen- taires, des actions et des interactions, qui forment autant de sé- quences analytiquement distinguables au sein de processus com- plexes à dominante (de travail, domestique, de sociabilité, etc.). Une théorie de la pratique, ainsi articulée, comme à l’un de ses présupposés, à une théorie de l’action, ne peut, consécutivement, se soustraire à la question du sujet, du sujet de la pratique, de la subjectivité et de l’intersubjectivité pratiques, mais aussi de la transsubjectivité dialogique. En bref, d’un sujet qui, en tant qu’agent de la pratique se constitue par et dans la pratique, d’un sujet constitué, et, indissolublement, en retour, constituant.

Raisonner de cette façon, en termes d’action, c’est imman- quablement se focaliser sur les significations qui s’y attachent inextricablement. Attention qui est au cœur de la conceptualisa- tion interactionniste. Marx, en mettant en relief la dimension transformatrice de la pratique productive interne à l’antagonisme social, et qui ne fait qu’un avec les rapports de production capita-

Dans le document La structuration des pratiques sociales (Page 32-44)