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Analyses descriptives et statistiques des joueurs masculins

I – Données sociodémographiques et pratiques de jeu

1. Analyses descriptives et statistiques des joueurs masculins

Les joueurs masculins ayant été recrutés sur deux lieux différents (en population clinique via des centres de soins et en population générale via des forums de jeux en ligne), il nous a semblé intéressant de décrire les joueurs composant l’échantillon clinique et de les comparer aux joueurs issus de la population générale.

1.1. Description des joueurs recrutés en population clinique

Contrairement à nos attentes, les joueurs en demande de traitement n’ont pas tous été classés comme joueurs pathologiques probables par le SOGS. En effet, sur les 20 joueurs réguliers masculins recrutés en population clinique, 10 figurent dans la catégorie « joueurs sans problème de jeu », 3 dans la catégorie « joueurs à risque » et 6 dans la catégorie « joueurs pathologiques probables ».

Le nombre de joueurs recrutés en population clinique étant minime (n=20), un appariement des données a été effectué au regard de l’âge, de la sévérité de jeu et du type de jeux pratiqués afin de comparer ces joueurs à leurs homologues recrutés en population générale. Au sein de l’échantillon clinique, deux participants présentaient des caractéristiques éloignées de celles de l’échantillon général. Il s’agit en l’occurrence de deux individus âgés, pour lesquels

aucune correspondance n’a pu être faite avec un des joueurs de la population générale. Ces deux joueurs ont donc été exclus des analyses statistiques comparatives. Ainsi, les deux sous- échantillons étaient respectivement composés de 18 joueurs en demande de soins et 18 joueurs en population tout-venant possédant des âges similaires, une sévérité de jeu et un type de jeux pratiqués identiques.

1.2. Comparaison des joueurs recrutés en population clinique versus générale

À la vue du petit nombre de joueurs dans chacun des sous-groupes (n=18), un test non-paramétrique, le U de Mann-Whitney, a été effectué pour les comparer.

Les résultats obtenus (annexe 12) ont globalement révélé l’absence de différences significatives entre les joueurs en demande de soins et les joueurs en population générale pour l’ensemble des variables étudiées, excepté pour la suppression expressive. En effet,les joueurs issus de population clinique ont davantage recours à la suppression expressive que les joueurs issus de la population générale (p=0,27 ; p<0,05).

Par ailleurs, une tendance à la significativité s’observe pour l’illusion de contrôle (GRCS) et la symptomatologie dépressive (HADS) : les joueurs issus de la population clinique semblent présenter davantage cette croyance (de contrôler la finalité du jeu) et des symptômes dépressifs que les joueurs issus de la population générale.

Bien que de petites différences s’observent entre ces deux groupes, les joueurs recrutés en population clinique ne diffèrent pas fondamentalement de leurs homologues recrutés en population générale sur les variables étudiées. C’est pourquoi les joueurs issus de la population clinique, recrutés lors du premier rendez-vous et n’ayant pas entamé de prise en charge, ont été associés aux joueurs issus de la population générale. L’échantillon global sur lequel les analyses suivantes ont eu lieu est donc composé de 291 joueurs réguliers masculins. Néanmoins, les quelques résultats observés seront discutés.

Au regard du SOGS, les joueurs sans problème de jeu sont au nombre de 193 (66,3%), les joueurs à risque au nombre de 51 (17,5%) et les joueurs pathologiques probables au nombre de 47 (16,2%). Le tableau 2 renseigne les données sociodémographiques des joueurs masculins ayant participé à la présente étude.

Sur le plan descriptif, l’âge des participants variait de 18 ans à 69 ans au moment de la passation du protocole (moyenne ± écart-type : 33,99 ± 10,19), dont 20% étaient âgés de moins de 25 ans. Les joueurs à risque sont en moyenne plus jeunes que les joueurs appartenant aux deux autres groupes : parmi les joueurs ayant moins de 25 ans, 79,3% ont été classés dans les joueurs à risque (n=46) et 10,7% dans les joueurs pathologiques probables (n=6). La majorité des participants, quelle que soit l’intensité de la pratique de jeu, ont obtenu un diplôme d’études supérieures (68,7%). La catégorie socioprofessionnelle la plus représentée est celle de cadre et professions intellectuelles supérieures (36,8%), suivi de la catégorie « autre » (20,6%) pouvant renvoyer à la présence de joueurs ayant le statut d’étudiant au moment de la complétion des questionnaires. Les données issues de l’activité professionnelle semblent aller dans ce sens-là. En effet, le statut d’étudiant concerne 13,1% des joueurs et vient en second après le travail à plein temps exercé par 54,0% des joueurs, soit la majorité de cet échantillon. Par ailleurs, le pourcentage d’étudiants apparaît plus élevé chez les joueurs à risque alors que le pourcentage de chômage, lui, est plus élevé chez les joueurs pathologiques probables. Sur le plan familial, deux statuts sont majoritairement représentés : marié ou en couple pour 47,1% de l’échantillon et célibataires pour 46,0% d’entre eux. Enfin, 103 participants, soit 35,4%, avaient au moins un enfant au moment de la passation.

Sur le plan statistique (ANOVA et Khi²), il n’existe aucune différence significative entre les trois groupes de joueurs masculins concernant les caractéristiques sociodémographiques (p>0,05).

Tableau 2. Caractéristiques sociodémographiques des joueurs masculins (N=291) JSP (n=193) JR (n=51) JPP (n=47) Total (N=291) ANOVA

Moy. (Ety) Moy. (Ety) Moy. (Ety) Moy. (Ety) F p

AGE 34,46 (10,26) 31,08 (8,59) 35,19 (11,09) 33,99 (10,19) 2,645 ,073 SOGS 0,87 (0,74) 3,49 (0,50) 7,21 (2,65) 2,35 (2,65) 523,239 ,000** N (%) N (%) N (%) N (%) Chi2 p NIVEAU DE DIPLOME 8,635 ,567 Aucun 2 (1,0) 0 (0,0) 0 (0,0) 2 (0,7) Certificat d’études primaires 1(0,5) 0 (0,0) 0 (0,0) 1 (0,3) BEPC ou équivalent 14 (7,3) 3 (5,9) 6 (12,8) 23 (7,9) Baccalauréat 36 (18,7) 9 (17,6) 13 (27,7) 58 (19,9) Diplôme d’études supérieures 135 (69,9) 39 (76,5) 26 (55,3) 200 (68,7) Autre 5 (2,6) 0 (0,0) 2 (4,3) 7 (2,4) CATEGORIE SOCIO-PROFESSIONNELLE 19,084 ,162 Agriculteur 0 (0,0) 1 (2,0) 0 (0,0) 1 (0,3)

Artisan, comerçant, chef

d’entreprise 18 (9,3) 4 (7,8) 2 (4,3) 24 (8,2) Cadre, profession intellectuelle sup. 68 (35,2) 25 (49,0) 14 (29,8) 107 (36,8) Profession intermédiaire 16 (8,3) 3 (5,9) 8 (17,0) 27 (9,3) Employé 33 (17,1) 7 (13,7) 8 (17,0) 48 (16,5) Ouvrier 13 (6,7) 2 (3,9) 7 (14,9) 22 (7,6) Retraité 2 (1,0) 0 (0,0) 0 (0,0) 2 (0,7) Autre 43 (22,3) 9 (17,6) 8 (17,0) 60 (20,6) ACTIVITE PROFESSIONNELLE 18,126 ,201 Temps plein 105 (54,4) 24 (47,1) 28 (59,6) 157 (54,0) Temps partiel 5 (2,6) 4 (7,8) 0 (0,0) 9 (3,1) Irrégulier 17 (8,8) 3 (5,9) 3 (6,4) 23 (7,9) Chômage 16 (8,3) 4 (7,8) 9 (19,1) 29 (10,0) Etudiant 25 (13,0) 9 (17,6) 4 (8,5) 38 (13,1)

Invalidité ou arrêt longue maladie 3 (1,6) 1 (2,0) 1 (2,1) 5 (1,7) Retraité 7 (3,6) 0 (0,0) 1 (2,1) 8 (2,7) Autre 15 (7,8) 6 (11,8) 1 (2,1) 22 (7,6) SITUATION FAMILIALE 3,248 ,777 Célibataire 93 (48,2) 22 (43,1) 19 (40,4) 134 (46,0) Marié ou en couple 86 (44,6) 27 (52,9) 24 (51,1) 137 (47,1) Divorcé 12 (6,2) 2 (3,9) 4 (8,5) 18 (6,2) Veuf 2 (1,0) 0 (0,0) 0 (0,0) 2 (0,7) ENFANT(S) 69 (35,8) 14 (27,5) 20 (42,6) 103 (35,4) 2,471 ,291 JSP: Joueurs Sans Problème ; JR: Joueurs à Risque ; JPP: Joueurs Pathologiques Probables ; SOGS: South Oaks

Les habitudes de jeu des joueurs masculins en termes de média de jeu utilisé et des jeux pratiqués sont détaillées dans le tableau 3.

Au sein de l’échantillon masculin, 46 joueurs ont indiqué joué exclusivement en ligne et 10 joueurs ont rapporté joué exclusivement en live. La grande majorité des joueurs masculins semblent donc utiliser les deux principaux média de jeux existants pour jouer aux jeux de hasard et d’argent : en ligne et en live. De manière générale, le poker apparait comme étant le jeu pratiqué par la majorité des joueurs masculins : 89,5% d’entre eux y jouent en ligne et 74,6% en live.

Bien que le blackjack ne fasse pas parti des jeux en ligne autorisés par la loi l’ARJEL, 1,0% de l’échantillon masculin semble y avoir accès et y jouer.

Tableau 3. Répartition des joueurs selon le média de jeu utilisé pour chacun des jeux évalués

N=291 Répartition selon le média de jeu utilisé

En ligne n (%) Enn (%) live Poker 260 (89,5%) 217 (74,6%) Blackjack X – 3 (1,0%) 37 (12,7%) Machines à sous X – 0,0% 18 (6,2%) Roulette X – 0,0% 25 (8,6%) Paris sportifs 112 (38,5%) 67 (23,0%) Paris hippiques 14 (4,8%) 25 (8,6%) Jeux de grattage X – 0,0% 32 (11,0%) Absence de jeu 10 (3,4%) 46 (15,8%)

X = jeu illégal en ligne

Concernant le type de jeux pratiqués, aucun joueur ne s’adonne exclusivement aux jeux de hasard pur. Toutefois, deux groupes de joueurs se distinguent en fonction du type de jeux pratiqués : ceux jouant exclusivement à des jeux de hasard et de stratégie et ceux jouant à la fois à des jeux de hasard et de stratégie et des jeux de hasard pur (pratique de jeu mixte). Les jeux pratiqués selon le type de joueurs sont présentés dans le tableau 4 ci-dessous.

Tableau 4. Répartition des joueurs en fonction du type de jeux pratiqués

N=291 Répartition selon le type de joueurs

Stratégiques

n (%) Mixtesn (%) Poker en live 166 (72,5%) 51 (82,3%) Poker en ligne 207 (90,4%) 53 (85,5%) Paris sportifs en live 48 (21,0%) 19 (30,6%) Paris sportifs en ligne 81 (35,4%) 31 (50,0%)

Blackjack 20 (8,7%) 17 (27,4%)

Paris hippiques en live 12 (5,2%) 13 (21,0%) Paris hippiques en ligne 9 (3,9%) 5 (8,1%)

Jeux de grattage -- 32 (51,6%)

Roulette -- 25 (40,3%)

Machines à sous -- 18 (29,0%)

-- = jeux non joués

Alors que l’ensemble des joueurs mixtes sont concernés par la présence d’une multi- activité, puisqu’ils jouent par définition au minimum à deux jeux de hasard et d’argent, un peu moins de la moitié des joueurs stratégiques le sont également (44,5%).

Ainsi, quel que soit le sexe du joueur, la pratique des jeux de hasard et d’argent semble mixte tant en termes de média utilisé (en ligne et en live) qu’en termes de jeux pratiqués (jeux

de hasard et de stratégie, jeux de hasard pur, pratique mixant ces deux types de jeux). Dans la présente étude, seules quelques joueurs féminins ont rapporté avoir une pratique exclusive de jeux de hasard purs.

2. Analyses descriptive et statistique des joueurs en fonction du type de jeux