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Analyse étymologique du fonds primitif et des emprunts

I. Lexicographie diachronique : Notices Étymol(ogie) et Hist(oire) du TLF

2. Du dépouillement à l’intégration

2.3. Structuration de la notice

2.3.2. Section étymologie-origine

2.3.2.2. Composantes de la section : analyse étymologique et commentaire

2.3.2.2.1. Analyse étymologique du fonds primitif et des emprunts

Les principales composantes de l’analyse étymologique sont présentées selon l’ordre qui

suit :

séquence initiale

langue source

graphie et présentation de la langue source

définition, source, élément de datation de la langue source

origine de l’étymon direct

2.3.2.2.1.1. Séquence initiale

1) Les étymons du fonds primitif et des emprunts de la langue française sont indiqués,

selon qu’ils sont empruntés ou issus directement d’une autre langue, par diverses formules, dont

les principales sont celles du type : ‘du (de)’ / ‘issu du (de)’, lorsqu’ils sont héréditaires.

FANGE

Issu d'une forme germ. *fanga, dér. avec suff. -ga, soit de l'a. b. frq. *fani, soit du got. fani (v. fagne); cf.

l'a. gasc. fanha « boue » (DAG fasc. 2/3, pp. 220-221) issu du plur. neutre *fanja, du got. fani (cf. FEW t.

15, 2, p. 111a)

OISEAU

Du b. lat. aucellus «oiseau» (cf.TLL), forme syncopée de *avicellus, dimin. de avis «oiseau».

POIRE

Du lat. pop. pira, bot., neutre plur. considéré comme fém. sing. du lat. class. pirum «id.».

SALE

Du frq. *salo « trouble, terne, sale »; cf. a. h. all. salo, m. h. all. sal « id. » (v. FEW t. 17, pp. 14b-15a).

et ‘empr. à (de)’ / ‘adapt. (= adaptation) du (de)’ / ‘calque du (de’), lorsqu’ils sont entrés en

français par voie savante.

MÉTACARPE

Empr. au gr. metaka'rpion «id.», comp. de μετά, v. méta- et de καρπός, v. carpe

1

.

RESSUSCITER

Empr. au lat. chrét. resuscitare « ramener à la vie » (v. BLAISE Lat. chrét.), issu du lat. class. « réveiller,

rallumer (la colère) », formé de re-, fr. ré-, v. re- et de suscitare « lever, éveiller », fr. susciter*

SABELLE

Adapt. du lat. sc. sabella (LINNÉ), peut-être formé sur le subst. lat. vulg. *sabellum « sable » (v. G.

GRÖBER ds Arch. lat. Lexicogr. t. 5, 1888, p. 454; cf. sabellus « id. » ca 1200 ds LATHAM; sabelum

XIII

e

s. ds NIERM.), issu, par changement de suff. [-ellu], du class. sabulum, v. sable

1

*. Les dér.

gallo-rom. de *sabellum par voie pop. sont originairement localisés dans le Dauphiné (topon. Savel, Isère XI

e

s.

d'apr. DAUZAT-ROST. Lieux, s.v. sable; 1338 Grenoble savel, FEW t. 11, p. 5a) et de là, se sont étendus

au domaine occit. (prov. saveu, savel « sablon », MISTRAL). À l'appui de l'étymon *sabellum, le fait que

sabelle et son dér. sabellaire (1809,LAMARCK, Philos. zool., t. 1, p. 314), sont tous deux synon. du

subst. sabulaire (1845, BESCH.), dér. sav. de sabulum (FEW t. 11, p. 18b).

GRATTE-CIEL

Calque de l'anglo-amér. sky-scraper « building » (1891 ds NED), lui-même composé de sky « ciel » et de

scraper « qui gratte », ce type de construction étant en usage aux États-Unis dep. 1883.

introduits par : ‘Mot’

KAISER

Mot all. signifiant « empereur », du lat. Caesar (v. César)

KAKÉMONO

Mot japonais (composé de kakeru « suspendre » et de mono « chose ») désignant une peinture sur soie ou

sur papier, de forme longitudinale, qui est suspendue verticalement et qui peut se rouler autour d'un bâton.

RIO

Mot. esp. signifiant « rivière, fleuve », du lat. tardif rius « ruisseau », lui-même issu du lat. class. rivus «

id. », v. COR.-PASC.

2) Les étymons issus des ressources propres au français, c’est-à-dire principalement par

dérivation et composition, comportent nécessairement tous les éléments qui entrent dans la

construction du mot vedette et sont introduits par des formules du type ‘dér. du (de)’ / ‘comp. de’ /

‘formé de (sur)’, pour l’essentiel :

GRATTELLE

Dér. de gratter*; suff. -elle*, v. aussi gratte.

HYDROLAT

Prob. formé sur alcoolat*, terme de pharm. De hydr- (v. hydro-); suff. -at*.

MÉLODRAME

Comp. de l'élém. form. mélo-* et de drame*.

RECOQUILLER

Dér. de coquille*; préf. re-*; dés. -er.

[selon la terminologie actuelle, il s’agit plus précisément d’un parasynthétique]

ou encore : ‘d’apr.’ (= d’après) / ‘déverbal de’/ ‘dimin. (= diminutif) de’/ ‘var. (= variante) de’/

‘altération de’, ‘réfection de’/ ‘tiré de’/ ‘substantivation de’ :

ÉTISIE

Réfection d'apr. étique* de hectisie*.

IMPRESSIONNISME

D'apr. impressionniste*; de impression*, suff. -isme*.

LÈCHE

2

Déverbal de lécher* « flatter » et « exécuter (une œuvre artistique) avec un soin minutieux ».

MANDARINE

Originaire de l'Asie orientale, la mandarine se répandit jusqu'en Égypte et à l'île Maurice (française à

l'époque); le nom a donc dû exister en Asie avant d'arriver en Europe. Cf. FEW t. 20, pp. 104b-105a.

RECROQUEVILLER

Altér. de recoquiller*, prob. sous l'infl. de croc* et ville, forme anc. de vrille*; v. FEW t. 2, 2, p. 1006b,

note 16.

SALERON

Dimin. en -on

1

* de salere, forme anc. de salière*.

TOURTEREAU

TRANSFILER

Var. de tranchefiler (dér. s.v. tranchefile) « faire une épissure à (un cordage) », sous l'infl. de trans-*.

Cette séquence initiale est parfois précédée d’un sigle de structure emprunté à la partie historique

précédente, pour introduire des étymologies différentes selon le sens :

LIVARDE

I. 1752 corderie « corde d'étoupe autour de laquelle on tortille le fil pour lui faire perdre le tortillement et

le rendre plus uni » (Trév.). II. 1773 mar. (BOURDÉ DE VILLEHUET, Manuel des marins, p. 69-70). I

orig. obsc., peut-être de livarde II, mais cette hyp. fait difficulté tant du point de vue sém. (l'un étant

attesté en corderie, l'autre en mar.) que du point de vue chronol. (le 1

er

étant vivant dès la seconde moitié

du XVIII

e

s., tandis que le 2

e

, excepté les attest. de 1773 et de 1797 (cf. supra), est rare av. la seconde

moitié du XIX

e

s.). II prob., et malgré le FEW t. 23, p. 97a qui classe ce mot parmi les matériaux d'orig.

inc., de l'adv. néerl. lijwaarts « sous le vent ». Essentiellement attesté dans le syntagme lijwaarts zeil «

voile sous le vent », ce mot a été pris pour un adj. Le fr. livarde serait donc une substantivation de l'adj.

livarde (s. -ent. voile) v. FEW t. 16, p. 465a.

ou de ‘prob.’ (= probablement)pour marquer l’hésitation sur l’étymon :

LAPON

Prob. d'un lat. médiév. lapo, laponis « id. », lui-même issu du finlandais lapp « id. ».

Un lien plus explicite concernant le type de dérivation peut être mentionné à la suite de ces

séquences par des formules du type : ‘Dér., p. (= par)’ + indicateur, ‘Dér. du rad. (= radical)’, ‘Dér.

irrég. (= irrégulier)’, ‘Dér. régr. (= régressif)’, ‘Dér. sav.(=savant)’, etc. :

ENVAHISSEUR

Dér. du rad. du part. prés. de envahir*; suff. -eur

2

*

GUIGNE

2

Dér. régr. de guignon*; cf. FEW t. 17, p. 590b.

ETHNIE

Dér. sav. du gr. e%qnoj (où -os est considéré comme suff.), proprement « toute classe d'êtres d'origine ou

de condition commune »; suff. -ie*

MAQUILLEUR

2

Dér. irrég. du rad. de maquereau

1

*; suff. -eur

2

*.

MORILLON

Dér., p. anal. de couleur, de more (var. de maure*); suff. -illon (de -ille* et -on*)

NUMISMATE

Dér. régr. de numismatique*; sur le modèle de paires comme diplomatique/diplomate.

Pour les emprunts :

NANDOU

Empr., par l'intermédiaire de l'esp. d'Amérique nandu «id.», var. de nandu (1745 ds COR.-PASC.), au

tupi et guarani nandu «id.» (v. FRIED., 451b et 452a et ARV., pp.358-360)

NIMBUS

Empr., par L. Howard dans sa nomenclature des nuages établie en 1803, au lat. nimbus «nuage de

pluie», v. nimbe (On the modifications of Clouds, [Réimpr. Berlin, 1894], p.6)

Pour les variantes et altérations :

MULETTE

1

Var. inexpliquée de moulette « petite moule » (ca 1350, moslete ds T.-L.); dimin. de moule

2

*. Cf. FEW t.

6, 3, p. 262a et 263a, note 3.

REVERTIER

Altér. phonét. de reverquier (1672, M

me

DE VILLEDIEU, Œuvres, éd. 1702, t. 7, p. 372 ds DG), dér.,

à l'aide du préf. re-* indiquant la réitération, de verkier (1657, Journ. de voyage de deux jeunes

Hollandais à Paris en 1656-58, éd. L. Marillier, p. 198), lui-même calqué sur le néerl. verkeerspel «

id. » (v. Mél. Thomas, 1927, p. 170).

3) À ces deux grandes classes il faut ajouter celle des mots dont l’origine est inconnue,

incertaine ou obscure ou discutée, dont la plupart ont donné lieu à des hypothèses multiples. Ces

étymons sont généralement introduits par : ‘ (Mot d’) Orig. inc. (= origine inconnue)’, ‘(Mmot d’)

orig. incert. (= origine incertaine)’, plus rarement par ‘(Mot d’) Orig. obsc. (= origine obscure)’ ou

‘Étymol. discutée’, ‘ soit … soit … ’.

2.3.2.2.1.2. Langue source

La mention de la langue source se fait sous une forme abrégée qui trouve sa résolution dans

les Abréviations et signes conventionnels du TLF (t. 1, pp. CXXVII-XXXI).

En ce qui concerne le latin, il faut distinguer les premiers latinismes chrétiens des

latinismes de traductions et avoir à l’esprit que le français a tendance à relatiniser, à diverses

époques, son vocabulaire. La classification adoptée est chronologique ; la terminologie et la

périodisation appliquées sont les suivantes : 1) latin classique (lat. class. ou lat.) qui s’étend des

origines jusqu’à la mort d’Auguste, 14 apr. J.-C. ; 2) latin impérial (lat. imp.) qui s’achève en 200

apr. J.-C. ; 3) bas latin (b. lat.) ou latin chrétien (lat. chrét.) qui finit avec l’avènement des langues

romanes, au début du IX

e

siècle ; 4) latin médiéval (lat. médiév.) qui prend fin au XIII

e

siècle avec

l’essor du latin scolastique ; 5) latin scolastique (lat. scolast.) et enfin 6) latin scientifique (lat.

scient.). Mais il ne faudrait pas passer sous silence, le latin populaire, celui que parlait la plèbe, le

peuple dans l'ensemble des pays de l'Empire romain, qui apparaît au moment de l'expansion de

l'Empire romain, à la fin du IV

e

s. et dont sont issues les langues romanes : il est noté dans la

rubrique par lat. pop. (latin populaire) ou lat. vulg. (latin vulgaire) (cf. FÊLER: Prob. du lat. vulg.

*fagellare…―Lissage : Du lat. pop. licia…). Cependant, cette chronologie ne concerne nullement

l’étymon, mais uniquement le mot latin qui est devenu l’étymon du fait de son usage dans le roman

commun.

En ce qui concerne les étymons germaniques, on a adopté la classification en usage dans le

FEW, à savoir germanique commun (germ.), ancien bas francique (a. b. frq.), ancien haut allemand

(a. h. all.), etc.

86

Cette répartition qui repose essentiellement sur la répartition géographique liée

aux conséquences des invasions germaniques a, de ce fait, été sévèrement critiquée par Martina

Pitz

87

.

Les ouvrages de références du latin sont le Gaffiot, OLD, TLL, mais seuls sont cités BLAISE (=

86

Cf. Le recensement réalisé dans Buchi 1996, 28 qui cependant diffère d’un point de vue terminologique.

87

M. Pitz, « Pour une mise à jour des notices historiques consacrées aux emprunts à l’ancien francique dans le Trésor

de la langue française informatisé » [http://www.atilf.fr/atilf/seminaires/Seminaire_Pitz_2006-11.pdf], 28 p.

BLAISE Lat. chrét.) pour les auteurs chrétiens, BLAISE Latin. Med. Aev., DU CANGE,

LATHAM, NIERM. pour le latin médiéval. Pour le grec, l’usuel est LIDDELL-SCOTT. En ce qui

concerne les langues germaniques, les usuels sont :

1) pour le groupe des langues germaniques occidentales : GRAFF pour l'ancien haut

allemand (a. h. all.), LEXER pour le moyen haut allemand (m. h. all.), LASCH-BORCHL. pour le

moyen bas allemand (m. b. all) et VERDAM pour le moyen néerlandais (m. néerl.) complété par le

dictionnaire étymologique de DE VRIES.

2) FALK-TORP pour le germanique du Nord et plus particulièrement le norvégien.

3) FEIST pour le germanique oriental dont le seul représentant est le gotique

88

.

À partir de la lettre G, guidé par la restriction de place de cette rubrique, le renvoi à ces

dictionnaires de la langue germanique n’est plus donné qu’exceptionnellement, la notion d’ancien

haut allemand étant désormais liée à GRAFF, celle de moyen haut allemand à LEXER et ainsi de

suite.

2.3.2.2.1.3. Graphie et présentation de l’étymon

Cet étymon est en italique ; s’il est latin, il est donné sous la forme du nominatif ; s’il est

grec, il est aussi cité au nominatif et transcrit en lettres grecques. Les étymons conjecturaux sont

précédés de l’astérisque (cf. *rutare, s.v.RUER, *salo, s.v. SALE). Lorsque l’étymon de la lexie

traitée est formé à partir des ressources propres au français, c’est-à-dire principalement par

dérivation, préfixale ou suffixale, ou par composition, l’étymon suit la séquence initiale définie

plus haut et comporte tous les éléments qui entrent dans la composition de cet étymon.

Si l’étymon est formé par dérivation, les éléments sont introduits, après un point-virgule,

selon l’ordre suivant : l’élément de base (racine ou radical), puis la mention du préfixe, puis

éventuellement celle du suffixe ou de la désinence. Ces éléments sont à chaque fois séparés par un

point-virgule.

ENNUAGER

Dér. de nuage*; préf. en-*; dés. -er

MÉTABOLITE

Dér. de métabolisme*; suff. -ite*.

PROBATOIRE

Dér. du rad. de probation*; suff. -oire, v. -oir (v. FEW t.9, p.407a et 407b, note 16)

RECOQUILLER

Dér. de coquille*; préf. re-*; dés. -er. [selon la terminologie actuelle, il s’agit plus précisément d’un

parasynthétique]

Si l’étymon est formé par composition, les éléments, accompagnés ou non d’autres éléments, sont

énumérés et reliés par ‘et’ :

88

Le développement bibliographique de ces ouvrages se trouve dans la Bibliographie générale (thèse, t. 3, pp.

313-315).

OISEAU-CHAMEAU

Comp. de oiseau* et de chameau*

HOMOGREFFE

Composé de l'élém. formant homo-* et de greffe*

ROUSPÉTER

Prob. formé de rousser, d'apr. rouscailler* et de péter*.

Chacun des constituants énumérés est suivi d’un astérisque de renvoi interne : ainsi, pour reprendre

l'exemple du verbe ENNUAGER, le lecteur trouvera des informations sur la formation

étymologique du mot sous la rubrique diachronique de nuage et sous l'étymologie du préfixe -en.

Les principaux éléments de dérivation et de composition du français ont donné lieu à une notice de

synchronie qui en examine le fonctionnement et en précise la morphologie, l’étymologie et la

prononciation et orthographe. D’une manière générale, lorsque l’étymon est une lexie traitée dans

le TLF, cet étymon est également affecté d’un astérisque qui signale un renvoi au dictionnaire.

ENTRAVE

Déverbal de entraver

1

*.

HERPE

Var. de harpe

2

*.

Les racines des dérivés et composés non traitées dans le TLF sont forcément définies et suivies

d’une étymologie :

ROUSCAILLER

Comp. de rousser « grogner, gronder » (1611, COTGR.), d'orig. onomat. et d'un *cailler « bavarder », cf.

cailleter « id. » et caille

1

, caillette

2

« jeune femme bavarde ».

TRÉFILERIE

Dér. de l'anc. subst. trefilier « tréfileur » (1260, ÉTIENNE BOILEAU, loc. cit.; aussi traifilier « id. » ID.,

ibid.); compos. de l'anc. préf. de tré(s)- « à travers », du lat. trans (v. trans-); de fil* et du suff. -ier*; cf.

aussi filière.

Enfin j’ajouterai, pour finir, que les confixés et les délocutifs sont présentés comme des composés,

comme on peut le constater dans les exemples suivants :

HOMOTHÉTIQUE

Comp. des élém. formants homo-* et -thétique (cf. antithétique, hypothétique) de -thèse, gr. θέσις

« position ».

[selon la terminologie actuelle, il s’agit plus précisément d’un confixé]

JE(-)NE(-)SAIS(-)QUOI

Composé de je*; ne*; sais (forme de savoir*) et quoi

[selon la terminologie actuelle, il s’agit plus précisément d’un délocutif]

2.3.2.2.1.4. Définition, élément de datation et source de

la langue source

Lorsqu’un étymon ne renvoie pas à une lexie traitée dans le TLF, « l’accent est mis, chaque

fois que cela est possible, sur la caractérisation du mot dans sa langue d’origine au moment de

l’emprunt ... Il est bien entendu que pour les emprunts aux langues romanes, la recherche dépasse

celle de l’étymon proche et s’étend jusqu’aux langues dont est issu cet étymon … Pour les

emprunts aux langues germaniques, référence est faite, dans les meilleurs cas, à la racine

indo-européenne à laquelle peut se rattacher l’étymon. »(Gérard 1972, 274).

De ce fait, la définition de l’étymon est mentionnée entre guillemets français ; cette

définition peut être remplacée par « id. », ce qui signifie que la définition de l’étymon est la même

que celle de la lexie traitée. En règle générale, tous les étymons sont dotés d’un élément de

datation concernant la première attestation de l’étymon dûment accompagnée d’une référence, à

l’exception des étymons qui se rattachent au latin classique, au latin de l’époque impériale ou au

latin vulgaire ― la notoriété des termes présents dans tous les dictionnaires usuels permettant

généralement d’éviter toute référence à un ouvrage précis ― et de ceux qui se rattachent à l’ancien

bas francique. Cette source est pour l’essentiel de seconde main, tirée des usuels retenus dans les

Études fréquemment citées du dictionnaire (thèse, supra, p. 59). Le nom de l’auteur est en

majuscules françaises et le titre en italique.

Voici quelques exemples d’étymons non précisément datés et non référencés :

ÉNONCER

Empr. au lat. enuntiare de même sens.

ÉNORME

Empr. au lat. impérial enormis, proprement « qui est hors de la norme ».

HOCHER

De l'a. b. frq. *hottisôn « secouer », dér. en -isôn de *hottôn « faire balancer, branler »; cf. m. néerl.

hutselen, hutsen « secouer, agiter, remuer, balancer »; néerl. hutsen « id.»

LAID

De l'a. b. frq. laiþ « désagréable, contrariant, rebutant », de la même famille que l'all. leid, adj. et Leid,

subst. « mal, peine, souffrance, douleur » (cf. KLUGE

20

et DUDEN Etymol.), et qui correspond à l'a. h. all.

leid « désagréable, affligeant »; m. h. all. leid « id. »

TILLEUL

Du lat. pop. *tiliolus « tilleul », dimin. de *tilius « id. » (d'où l'anc. subst. t(e)il « id. »: ca 1150, Thèbes,

éd. G. Raynaud de Lage, 4403, écrit teill), masc. issu du lat. class. tilia fém. « id. ».

À titre d’exemples d’étymons précisément datés et référencés :

IMPRÉGNATION

Empr. au lat. médiév. impraegnatio « action de concevoir » (av. 1173 ds BLAISE Latin. Med. Aev.)

MORGANATIQUE

Empr. au lat. médiév. morganatica «(femme) qui reçoit un douaire» (mil. XIII

e

s. ds NIERM.),

morganaticus (dep. 1310 ds DU CANGE, s.v. morganegiba, t.5, p.520b; sens mod. dep. 1608 ds

LATHAM) issu, par changement de suff., des formes plus anc. morganegyba (VI

e

s., GRÉGOIRE DE

TOURS ds BLAISE Lat. chrét.), morgincap (901 ds Nov. gloss.), morgincaput (938, ibid.), morganatio,

morganatus (976, ibid.), «donation faite par le mari à sa femme le lendemain des noces», empr. à un mot

germ. correspondant à l'all. Morgengabe, littéralement «don du matin». Le passage du sens de «donation

faite le lendemain des noces» au sens mod. reste inexpliqué.

SAPONAIRE

Empr. au lat. médiév. des botanistes saponaria « id. » (av. 1250 ds LATHAM), latinisation de l'a. fr.

(erbe) savoniere « id. » (fin du XI

e

s., RASCHI, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, § 363),

dér. de savon*; suff. -ière, v. -ier.

Les étymons empruntés aux langues vivantes étrangères, tout comme les calques, sont dotés de la

date au moment de l’emprunt ou du calque ; cette date est annoncée — presque toujours, par la

mention dep. (= depuis), qui indique effectivement qu’il s’agit d’une première attestation — ainsi

que des références de la source de cette date aussi précises que celles données dans la partie

histoire de la notice (voir Dufour 1990, 154). Cette catégorie peut être illustrée par les exemples

suivants :

HOMOSEXUALITÉ

Prob. empr. à l'all. Homosexualität (dep. 1869, texte anonyme attribué à K. Kertbeny [pseudonyme de

K.M. Benkert], d'apr. J.-C. Féray ds Arcadie n

o

325, p. 12 et p. 19, note 4), comp. de l'élém. formant

homo- (homo-*) et de Sexualität (sexualité*)

LANIER

Calque du germ. anothapuh (où hapuh correspond à l'all. mod. Habicht « autour ») signifiant « qui prend

les canards » (vers 728, Loi des Bavarois, cf. EVANS, p. 24, v. Bbg), sous une forme primitive anier

(hapax, 1304 ds EVANS, p. 31 : faucons heroniers et aniers), formée de ane « canard » (v. bec-d'ane,

étymol. et hist., s.v. bec) et du suff. -ier. L'agglutination, dans lanier, de l'art. déf. au mot, est difficilement

explicable (peut-être pour empêcher l'homon. avec a(s)nier, du lat. asinus, mais la forme lanier entraîne

l'homon. avec lanier, du lat. lanarius; peut-être est-elle due aussi à la disparition du subst. ane « canard »)

PATINE

Empr. à l'ital. patina, att. dep. 1681 au sens de «teinte que le temps donne aux tableaux» (BALDINUCCI

ds TOMM.-BELL.), également «vernis» et «enduit destiné aux cuirs des chaussures» (v. DEI), empr. au

lat. patina «plat creux» et «sorte de pâte» (v. ERN.-MEILL.; cf. patène)

2.3.2.2.1.5. Origine de l’étymon direct

L’origine étymologique de l’étymon direct est donnée entre parenthèses selon le procédé en

usage pour l’étymon direct, c’est-à-dire :

- pour les composés : mention du ou des éléments de composition suivie d’une définition

référencée ou d’un renvoi à une forme présente à la nomenclature du dictionnaire signalé par un

astérisque postposé :

LINOLÉINE

Empr. à l'angl. linolein « id. » (1857 ds NED, s.v. linoleic), composé de lin- (lat. linum « lin » et de olein

(lat. oleum « huile » + -in, suff. indiquant la nature d'un produit)

PAGODITE

Empr. à l'ital. pagodite «id.» (1798, NAPIONE d'apr. DEI), dér. de pagòda, fr. pagode*.

SAUCISSE

Du lat. reversus, part. passé de revertere « retourner sur ses pas, revenir » (de re-, fr. re-* et de vertere «

tourner, faire tourner »)

REVERS

Du lat. d'époque impériale (farta) salsicia « saucisse » (ACRO scoliaste d'Horace ds FORC.), fém. subst.

du lat. salsicius « salé », dér. de salsus « id. » (cf. sauce). Voir FEW t. 11, pp. 107-108a.

- pour les étymons qui se rattachent à une autre langue, l’étymon second est défini,

daté et référencé selon le procédé en usage pour l’étymon direct :

GRAT(T)ERON

gratter*; gleton, lui-même vient de cleton (4

e

quart du XIII

e

s., ibid., 1543), lui-même issu de l'a. b. frq.

*kletto de même sens (FEW 16, 330b); cf. a. h. all. kletto, kleddo « bardane » (kletta, kledda, au fém.); m.

h. all. klette; all. Klette « id. » qui se rattache à la racine germ. *kleib- (d'un gli- indo-européen) que l'on

retrouve dans l'all. kleben « coller ».

MORGANATIQUE, voir page 80.