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A – Les affections neuropsychiatriques

Dans le document La criminalité des malades mentaux (Page 30-33)

Les affections neuropsychiatriques criminogènes sont au nombre de trois : l’épilepsie (1), la démence (2) et le retard mental (3).

1/ L’épilepsie

L’épilepsie26 27 28 ou comitialité est une affection chronique caractérisée par la répétition de paroxysmes ou crises dus à l’activation subite, simultanée et anormalement intense d’un grand nombre de neurones cérébraux. Il existe de nombreuses formes d’épilepsie. En France, environ 2% des admissions en psychiatrie sont le fait de troubles mentaux liés à l’épilepsie. Les motifs sont variés : troubles comportementaux, tentatives de suicide, confusion mentale, état délirant, syndrome dépressif. Les épisodes psychiatriques sont aigus et de durée brève. Ils concernent 5 à 8% des épileptiques. Dans la population carcérale, la prévalence de l’épilepsie est 2 à 4 fois supérieure à celle de la population générale. Néanmoins, les études ne montrent pas de différences significatives entre épileptiques et non épileptiques quant à la prévalence de la criminalité avec violences sur les personnes et les biens.

La violence chez l’épileptique est reliée à un certain nombre de facteurs. Certains d’entre eux sont spécifiques : sexe masculin, âge < 40 ans, QI inférieur à la moyenne, bas niveau socio-économique, mauvais traitements dans l’enfance. D’autres sont liés à la maladie : début précoce des crises, présence de lésions cérébrales, existence de multiples

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CHEVALIER J.-F., LEMPÉRIÉRE Th. « Troubles psychiques liés à l’épilepsie », dans DENIKER P., LEMPÉRIÈRE Th., GUYOTAT J. (sous la direction de), Précis de psychiatrie clinique de l’adulte, Paris, Masson, 1990, p.202-209.

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HARDY-BAYLÉ M.-C., HARDY P., CORRUBLE E., PASSERIEUX C., Enseignement de la psychiatrie, 2ème édition, Doin, 2003, 295 pages.

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GARNIER M., DELAMARE V., Dictionnaire des termes techniques de médecine, 20ème édition, Maloine, Paris, 1978.

types de crises partielles et généralisées. La violence en rapport direct avec le type de la crise elle-même n’intervient que pour une faible part dans la criminalité des épileptiques. Les troubles du comportement à caractère médico-légal sont le plus souvent décrits dans les états crépusculaires. Le sujet reste à peu près orienté dans le temps et l’espace et peut garder une activité relativement adaptée dans la vie quotidienne. Si l’état se prolonge, le sujet présente des fluctuations de l’état de conscience pouvant se présenter sous la forme de moments oniroïdes délirant (comme dans un rêve) et hallucinatoire (hallucinations visuelles surtout). Mais les troubles graves du comportement demeurent exceptionnels. Par ailleurs, l’épilepsie temporale est communément impliquée dans les comportements violents. Elle concerne plusieurs structures cérébrales contiguës et intimement reliées entre elles. Les crises générées sont partielles mais complexes, c’est-à-dire avec une altération de la conscience. Mais la question est de savoir si cette violence est une manifestation de la crise elle-même ou de la pathologie intercritique. Les données actuelles sont en faveur de l’extrême rareté de la violence en tant que phénomène critique.

L’épilepsie peut apporter à des degrés divers des remaniements de la personnalité parmi lesquels sont décrits une impulsivité, une explosivité et des troubles caractériels à l’origine de violence.

2/ Les démences

Les démences29 sont caractérisées par un affaiblissement global et durable des fonctions supérieures, d’intensité suffisante pour entraîner des difficultés d’adaptation professionnelle ou sociale. Cet affaiblissement concerne le raisonnement, le jugement, les capacités attentionnelles et l’orientation. Le dément va présenter progressivement des troubles du langage variables selon la nature et la localisation du processus de dégénérescence, mais le plus souvent il s’agira d’un appauvrissement du langage. Le dément souffre également de troubles praxiques (incoordination des mouvements vers un but proposé) et de troubles gnosiques (altération de la faculté de reconnaître par un des sens la forme d’un objet, de se le représenter et d’en saisir la signification).

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HARDY-BAYLÉ M.-C., HARDY P., CORRUBLE E., PASSERIEUX C., Enseignement de la psychiatrie, 2ème édition, Doin, 2003, 295 pages.

Les troubles de la mémoire sont ceux qui inquiètent le plus souvent le sujet et son entourage. Ils peuvent concerner la mémoire à court terme mais aussi la mémoire à long terme dans les formes évoluées. Cet affaiblissement provoque des troubles caractériels et comportementaux à connotation parfois médico-légale. Ils sont nombreux et variés. Il peut s’agir d’une indifférence pour tout avec laisser-aller, incurie, et pour tous avec désintérêt, indifférence. Les autres remarquent un émoussement affectif, mais aussi une tendance accentuée aux colères associée à un égoïsme pathologique. Dans certains cas, le dément peut développer des idées délirantes hypocondriaques, de préjudice, ou de persécution, idées absurdes et incohérentes. Les troubles du comportement à caractère médico-légal concernent surtout les coups et blessures, mais aussi une tendance à l’exhibitionnisme par désinhibition par rapport aux normes sociales.

3/ Le retard mental

Le retard mental30, ou arriération mentale, ou débilité mentale, se définit par un quotient intellectuel (QI) égal ou inférieur à 70 et par des particularités comportementales. Une comorbidité avec l’épilepsie est parfois retrouvée Un tiers des arriérations sévères est d’origine inconnue. Un tiers correspond aux trisomiques 21, mais leur sociabilité pose assez peu de problèmes en général et permet un maintien fréquent en milieu familial. Le dernier tiers est le fait d’agressions pré-, péri-, ou post-natales, de maladies héréditaires du métabolisme et d’aberrations des chromosomes sexuels. L’anomalie du « X fragile » serait à l’origine probablement d’une prévalence légèrement supérieure de l’arriération chez les sujets de sexe masculin.

La fréquence des troubles psychiatriques est nettement plus importante chez les arriérés mentaux que dans le reste de la population. Parmi les diagnostics retenus, sont retrouvés des troubles affectifs et la schizophrénie, même si ce dernier diagnostic porte à controverse. Mais c’est surtout les troubles de la personnalité et de l’adaptation sociale qui posent question en matière de dangerosité potentielle. L’interaction entre le sujet et son entourage est ici primordiale. L’ensemble des études montre une fragilité de l’arriéré aux modifications environnementales et une fréquence de la pathologie réactionnelle telle qu’une

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RODIÈRE C., LEMPÉRIÈRE Th. « Troubles psychiatriques chez les arriérés mentaux à l’âge adulte », dans DENIKER P., LEMPÉRIÈRE Th., GUYOTAT J. (sous la direction de), Précis de psychiatrie clinique de

brusque désorganisation de la personnalité ou des réactions dépressives ou caractérielles. La personnalité s’organise le plus souvent sur un mode passif-agressif ou passif-dépendant, bien plus rarement sur un mode psychopathique franc. Ces sujets sont facilement manipulables par des tiers. Une corrélation est retrouvée entre l’importance de l’agressivité et le degré de déficit intellectuel du débile mental. Le sujet ne peut pas se projeter dans le long terme et donc ne mesure pas la portée de ses actes.

La pathologie mentale peut également être provoquée ou même aggravée par l’utilisation de substances psychoactives.

B – Les troubles mentaux et du comportement liés à l’utilisation de

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