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Chapitre 7 : Présentation de la recherche

7.4 Présentation du corpus : deux situations

7.4.1 Adaptation de l’épreuve de conservation des quantités de liquide

La première situation de mon corpus correspond à l’adaptation de l’épreuve de conservation des quantités de liquide (Breux et al., 2013; Greco Morasso et al., 2015; Perret-Clermont, Arcidiacono, Breux, Greco, & Miserez-Caperos, 2015; Perret-Clermont, Breux, Greco Morasso, & Miserez-Caperos, 2014; Sinclaire-Harding, Miserez, Arcidiacono, & Perret-Clermont, 2013).

Dans cette épreuve, un adulte-psychologue et un groupe d’enfants (généralement trois enfants) sont assis autour d’une table. Le matériel utilisé comprend des verres de différentes dimensions, des animaux en peluche (au total quatre animaux en peluche : un singe, un ours, une girafe et un guépard), une bouteille en pet contenant du sirop de couleur verte (sirop menthe) et une gourde opaque contenant du sirop rouge (sirop à la framboise) (voir figure 8).

71 La psychologoie culturelle ainsi que certaines études (par ex., Breux et al., 2013; Zapiti & Psaltis, 2012) mettent bien en évidence que le genre est une caractéristique culturelle importante à considérer dans les processus d’interaction, c’est la raison pour laquelle je mentionnerai dans les transcriptions, si cet adulte-psychologue qui interagit avec des enfants, est un homme (H) ou une femme (F).

Figure 8 : Peluches et récipients contenant les sirops, utilisés dans l'adaptation de l'épreuve de conservation des quantités de liquide

Dans cette épreuve les verres suivant ont été utilisés (voir figure 9). L’appellation de ces verres (à savoir les verres identiques A et A’, et le verre C, plus large et plus bas, et le verre B, plus mince et plus haut) est reprise de la recherche pilote effectuée au préalable de cette recherche (Arcidiacono & Perret-Clermont, 2009, 2010).

Figure 9: Verres utilisés dans l'adaptation de l'épreuve des quantités de liquide Étant donné qu’il peut être difficile de se rendre exactement compte des différentes grandeurs de chacun de ces verres sur ces photos, je propose d’utiliser, à l’avenir, le schéma suivant (voir figure 10) lorsque je me réfère aux verres et aux niveaux de sirop pour chacun des verres. Ce schéma sera par exemple proposé dans chaque transcription concernant l’adaptation de l’épreuve de conservation des quantités de liquide.

À la suite de cette recherche pilote, nous avions constaté que l’utilisation des quatre verres A, A’, C et B, pouvait rendre l’épreuve complexe, car il n’était pas toujours facile pour les enfants de prendre en considération quatre verres, dont trois ayant des largeurs et grandeurs différentes. Nous avons donc choisi de privilégier l’utilisation des verres A, A’ et C, mais de laisser le verre B à disposition. C’est la raison pour laquelle il sera possible de trouver certains extraits dans lesquels les enfants utilisent ces quatre verres. Ainsi, dans les schémas ci-dessus, j’ai privilégié un ordre selon l’usage des verres effectués durant les entretiens, plutôt que l’ordre alphabétique de l’appellation de ces verres.

Ces verres ont été utilisés dans les deux mises en scène (voir section 7.3.3.2) proposées aux enfants. La première consiste en une phase d’introduction dans laquelle l’adulte- psychologue raconte une histoire aux enfants et leur demande ensuite de mettre la même quantité de sirop, mais uniquement dans les verres A et A’. Et la deuxième consiste en l’interaction proprement dite de partage de sirop entre les verres A, A’ et C. Ces mises en scène (phase d’introduction et interaction proprement dite de partage de sirop entre les verres A, A’ et C), qui sont insérées dans des narrations, suivent une technique d’interrogation (voir section 7.3.4) qui est la même pour toutes les interactions. Dans la phase d’introduction, l’adulte-psychologue met en scène deux des animaux en peluche, ainsi que les verres A et A’ (voir figure 11) ; la bouteille en pet contenant du sirop vert est utilisée uniquement dans cette première mise en scène.

Figure 11 : Disposition des enfants et matériel utilisé dans la première mise en scène (phase d’introduction) de l'adaptation de l'épreuve de conservation des quantités de

Voici une reproduction de la technique d’interrogation de cette phase d’introduction, tirée d’une transcription.

11. Adulte-psy72 : [...] ces deux animaux ils sont dans un zoo. et un jour ils tombent malades. ils commencent à tousser ((fait semblant de tousser)) ils ont mal à la gorge. oh qu'est-ce qu'on prend quand on a mal à la gorge?

12. Samuel : du sirop

13. Adulte-psy : ((en regardant Adrien et Julie)) vous êtes d'accord?

14. Adrien : oui. et des médicaments.

15. Adulte-psy : et des médicaments, oui. alors on est allé à la pharmacie des animaux et ils nous ont donné du sirop contre la toux. et ce sirop contre la toux, ben on aimerait que vous donniez du sirop à ces deux animaux pour qu'ils soient guéris. et à la pharmacie des animaux, ils nous ont donné ces deux verres. ((met sur la table les verres A

et A')) et on aimerait que vous leur mettiez la

même chose de sirop. il faut que petit ours qui boit dans ce verre ((A)) et petit singe qui boit dans ce verre ((A')) aient la même chose de sirop. parce que s'ils ne boivent pas la même chose de sirop, qu'est-ce qu'il va se passer? 16. Adrien : ((hausse les épaules))

17. Adulte-psy : ben ils ne seront pas guéris. 18. Adrien : ben ouais.

19. Adulte-psy : ils auront encore la toux 20. Adrien : beaucoup plus

Dans cette phase d’introduction, deux verres (A et A’) et deux animaux en peluches (en l’occurrence dans cet extrait il s’agit du singe et de l’ours) ont été proposés aux enfants. Voici les raisons de ce choix : de jeunes enfants (5 à 7 ans), peuvent ressentir une gêne lorsqu’il faut s’exprimer face à l’adulte. Nous avons tenté d’y pallier à cela en proposant cette phase d’introduction. En effet, notre but était de faire connaissance avec les enfants, de leur laisser un peu de temps pour qu’ils se sentent plus à l’aise pour discuter et s’exprimer. Nous avons donc choisi de ne proposer aux enfants que les verres A et A’, car nous estimions qu’égaliser la quantité de ces deux verres identiques était une tâche simple, dans laquelle les enfants n’avaient pas besoin de mobiliser trop de connaissances. Une fois que l’adulte-psychologue a terminé la narration, la conversation est laissée ouverte, donnant ainsi la possibilité aux enfants de réfléchir à la situation proposée et de verser la même quantité de sirop dans les verres A et A’.

Les termes « la même chose » ou « la même chose à boire », que nous utilisons dans les entretiens, ont été repris de la méthode d’interrogation piagétienne (Piaget & Szeminska, 1941). Piaget employait en effet ces termes lorsqu’il posait aux enfants le problème de la conservation sous forme d’une question d’égalité ou de non-égalité avec le verre-témoin, pensant ainsi reprendre les modes d’expression spontanés des enfants. Il souhaitait aussi éviter l’usage d’un vocabulaire (pour désigner les « quantités ») que les

72 Pour des questions de place dans les transcriptions, dans cet extrait de transcription ainsi que dans les suivants, les tours de parole de l’« adulte-psychologue » seront abrégés « Adulte-psy ». Et dans certains cas, lorsque la transcription est bilingue, « Adulte-psy » est abrégé « AP », également pour des raisons de place.

enfants de ces stades ne maîtrisent pas encore et risquent de réutiliser sans le comprendre, rendant plus difficile pour le chercheur de saisir de sa pensée.

Au terme de cette phase d’introduction, c’est-à-dire lorsque les enfants ont versé la même quantité de sirop dans les verres A et A’, l’adulte-psychologue propose aux enfants la deuxième mise en scène : l’interaction proprement dite de partage de sirop entre les verres A, A’ et C (voir figure 12). Il change ainsi de narration et introduit cette fois un troisième animal en peluche. Il met en scène l’un des animaux, en général une girafe, en le faisant parler.

Figure 12 : Disposition des enfants et matériel utilisé dans la deuxième mise en scène (interaction proprement dite de partage de sirop) de l'adaptation de l'épreuve de

conservation des quantités de liquide

La technique d’interrogation développée par l’adulte-psychologue est la même pour chaque interaction :

« ces petites peluches sont dans un zoo. et en fait c'est l'anniversaire de la petite girafe aujourd'hui. oh. petite girafe elle fête son anniversaire et elle a invité petit singe et petit ours à son anniversaire. ils fêtent, ils ont ouvert les cadeaux, ils ont ouverts les cadeaux et ils ont mangé un énorme gâteau […] que la maman de petite girafe a préparé. et puis vous êtes d'accord qu'aujourd'hui on entre dans le monde de petite girafe et de son anniversaire avec le singe et puis le petit ours? »73

L’adulte-psychologue laisse ensuite la parole à la girafe, qui contextualise l’épreuve de manière à ce qu’elle soit la plus familière possible pour les enfants : elle explique qu’elle a son anniversaire ce jour-là, qu’elle a invité ses amis (en général, le singe et l’ours), qu’ils ont déjà mangé le gâteau au chocolat préparé par sa maman et qu’ils souhaitent boire à présent du sirop, car ils ont soif :

« moi c'est petite girafe et c'est mon copain petit singe et petit ours que j'ai invités pour mon anniversaire. comme [nom de l’adulte-psychologue] a dit avant on a mangé un énorme gâteau au chocolat et maintenant on a vraiment soif et ma maman elle nous a préparé du sirop. ((prend la gourde)) et puis elle nous a donné des verres pour qu'on puisse boire du sirop »74

Elle précise alors la consigne donnée aux enfants :

« on aimerait tous boire la même chose. il ne faut pas qu'il y en ait un qui boive plus, il ne faut pas qu'il y ait un qui boive moins. alors j'aimerais que vous mettiez du sirop dans ces deux verres. ((A et

A')) parce que s'il y en a un qui boit plus on ne va

pas être content. vous allez peut-être commencer par mettre du sirop pour mon copain petit ours et mon copain petit singe »75

Cette consigne est similaire dans toutes les interactions que nous avons menées, mais n’est pas exprimée exactement avec ces mêmes mots chaque fois. La girafe présente ainsi aux enfants les verres identiques (A et A’) de ses amis ours et singe et les invite à commencer par leur donner à boire en effectuant eux-mêmes les divers transvasements de sirop entre les verres. Le verre C plus large et moins haut (verre généralement attribué à la girafe) sera introduit une fois que les enfants se seront mis d’accord sur l’égalité du sirop contenu dans les verres de départ A et A’. C’est à partir du moment où les enfants ont devant eux les verres A, A’ et C que la conversation est laissée ouverte. Le verre B restait à disposition sur la table et a été utilisé dans certaines interactions lorsque nous le jugions nécessaire : par exemple lorsque les enfants nous semblaient conservants et que d’emblée ils versent la même quantité de sirop dans les verres A, A’ et C, ou lorsque nous souhaitions provoquer les enfants et mettre leurs standpoints et arguments à l’épreuve. Ce choix offre en effet la possibilité aux enfants de proposer des transvasements, d’argumenter sur ces derniers, ou encore de choisir par exemple de verser tous les sirops des verres dans la gourde pour reprendre l’activité depuis le début. Nous avons ainsi veillé à offrir aux enfants plusieurs occasions de développer des

standpoints, des avis, des arguments, de relever des désaccords, de transvaser le sirop,

etc. Parmi les nombreuses occasions, certaines ont été développées de manière « programmées » par l’adulte-psychologue et d’autres se sont présentées dans le hic et nunc de l’interaction. Parmi ces occasions « programmées », on peut mentionner les deux mises en scènes élaborées : dans la phase d’introduction et l’épreuve proprement dite, les enfants avaient ainsi la possibilité de présenter un standpoint, un avis, etc., lors des partages de sirop entre les verres A et A’, car l’adulte-psychologue demandait à chacun s’ils pensaient avoir mis la même quantité dans ces verres et pourquoi ils le pensaient. Une autre occasion se présentait lors de l’introduction du verre C et du

74 Référence de cette citation à notre corpus: VIL10-11_1P_GAB_ENF10-11-12. 75 Référence de cette citation à notre corpus: VIL10-11_1P_GAB_ENF10-11-12.

partage entre les verres A, A’ et C. En effet, l’introduction du verre C a suscité certaines réflexions : certains enfants ont mentionné que ce verre était bizarre, différent, trop gros, etc. De plus, afin de permettre à tous les enfants d’observer, de réfléchir aux transformations et de développer un standpoint ou un avis, les différents transvasements ont volontairement été répétés (par l’adulte-psychologue ou par les enfants). En effet, nous avions observé qu’encourager plusieurs fois les enfants à observer, réfléchir, développer un standpoint, un avis, à le justifier et à répéter les transvasements, contribuait grandement à leur implication dans un dialogue argumentatif avec leurs pairs. C’est pourquoi, à certains moments, il a été proposé aux enfants de verser tous les sirops dans la gourde pour reprendre l’activité depuis le début.

Il faut également préciser que les animaux en peluche ont souvent été attribués à un verre en particulier. Il est cependant possible qu’au fur et à mesure de l’interaction, cette attribution change, selon l’évolution de la discussion.

L’adulte-psychologue tente d’impliquer un maximum les enfants dans l’épreuve en les invitant à effectuer eux-mêmes les transvasements de sirop dans les verres : les enfants ont ainsi la possibilité d’observer les transformations physiques du sirop selon les verres, ce qui contribue à leur implication dans l’épreuve, tout en soutenant leurs processus de pensée.

7.4.2 Épreuve des « dés truqués »

La seconde situation de ce corpus, correspond à l’épreuve des « dés truqués » (Breux et al., 2013; Greco Morasso et al., 2015; Perret-Clermont et al., 2015; Perret-Clermont et al., 2014).

Dans cette épreuve, les enfants (généralement trois enfants) et l’adulte-psychologue sont assis autour d’une table. Le matériel (voir figure 13) utilisé comprend cinq dés (bleu, vert, rouge, jaune et noir) ; les enfants ont également à disposition des crayons ou stylos et des feuilles de papier fournis par l’adulte-psychologue, ainsi que n’importe quel autre matériel se trouvant dans la pièce dans laquelle l’interaction avait lieu (par ex., des règles, des livres).

Figure 13 : Matériel utilisé et matériel à disposition dans l’épreuve des « dés truqués » Pour les mêmes raisons que pour l’adaptation de l’épreuve de conservation des quantités de liquide, deux mises en scènes ont été proposées : une phase d’introduction, suivie de l’épreuve proprement dite « des dés truqués ». Chacune de ces mises en scène (phase d’introduction et interaction des « dés truqués ») suit une technique d’interrogation

La phase d’introduction consiste tout d’abord à jouer à un jeu : le jeu des échelles (voir figure 14). Ce jeu consiste à déplacer des jetons sur un tableau de cases avec un déen essayant de monter les échelles et en évitant de trébucher sur les serpents.

Figure 14: Jeu des échelles proposé aux enfants dans la phase d'introduction de l’épreuve des « dés truqués »

L’adulte-psychologue suit la technique d’interrogation suivante : ensemble l’adulte- psychologue et les enfants discutent des règles du jeu. Puis, l’adulte-psychologue propose aux enfants de choisir chacun un jeton de couleur. Tous les joueurs positionnent ensuite leur jeton sur la case « 1 » et les enfants lancent chacun à leur tour le dé afin de savoir quel joueur commencera ; celui qui obtient le nombre le plus grand commence (voir figure 15 pour la disposition des enfants et le matériel utilisé). Cette phase d’introduction a également pour but de faire connaissance avec les enfants dans un cadre ludique et de leur laisser un peu de temps pour se sentir à l’aise.

Figure 15 : Disposition des enfants et matériel utilisé dans la première mise en scène (phase d’introduction) de l’épreuve des « dés truqués »

Au terme de cette phase d’introduction, l’adulte-psychologue invite les enfants à jouer à un autre jeu, et présente aux enfants les cinq dés suivants. C’est alors que débute l’épreuve des « dés truqués » (voir figure 16).

Figure 16 : Disposition des enfants et matériel utilisé dans la deuxième mise en scène (discussion sur les dés) de l’épreuve des « dés truqués »

Dans cette épreuve, l’adulte-psychologue donne aux enfants cinq dés et leur demande de trouver quel dé est truqué. Cette consigne est la même pour les enfants de 5-7 ans et 9-11 ans. Cette épreuve a également été contextualisée au travers d’une narration reproduite intégralement ici :

1. Adulte-psy : voilà. alors en fait ici on a cinq dés, un bleu, un rouge, un jaune, un vert et un noir et on est allé discuter avec d'autres enfants d'une autre école. on jouait avec ces dés et les autres enfants et ces enfants nous ont dit, que parmi ces cinq dés, il y en a un qui est truqué. vous savez ce que ça veut dire truqué?

2. Alan : mmh ((acquiesce))

3. Adulte-psy : qu'est-ce que ça veut dire truqué?

4. Antonin : ben par exemple ça veut dire qu'il ((montre

de la main les dés)) a deux six.

5. Adulte-psy : ouais

6. Anita : plusieurs fois le même nombre

7. Adulte-psy : plusieurs fois le même nombre, ouais. 8. Alan : ((se penche pour regarder les dés)) 9. Adulte-psy : quoi d'autre tu dirais Alan?

10. Alan : ben c'est par exemple si on joue et on a plus envie de gagner, alors on fait un dé truqué pour tricher.

11. Adulte-psy : voilà, par exemple, exactement. c'est un dé qui pénalise ou alors qui avantage. ça veut dire que s'il y a un des dés qui est truqué, tu vas soit gagner, soit perdre, c'est ça que tu veux dire?

12. Alan : mmh ((acquiesce))

13. Adulte-psy : voilà, exactement, ça c'est un dé truqué. donc les enfants ils nous ont dit que parmi les cinq dés qu'il y a là, il y a un dé qui est truqué. mais ils ne sont pas arrivés à nous dire lequel était truqué et qu'est-ce

s'est dit, on va aller voir d'autres enfants, on va aller discuter avec d'autres enfants pour qu’ils nous aident à trouver le dé truqué, et qu'est-ce qui fait qu'il est truqué. d'accord?

14. Alan : ((acquiesce)) 15. Antonin : ((acquiesce))

16. Adulte-psy : donc le but c'est que vous discutiez, que vous réfléchissiez. vous pouvez donc prendre les dés, les toucher, faire tout ce que vous voulez. il y a aussi du papier, des crayons si vous avez besoin. et le but c'est qu'on discute ensemble pour voir si vous pensez qu'il y en a un qui est truqué ou pas. d'accord?

L’adulte-psychologue contextualise ainsi l’épreuve, veille à ce que les enfants s’expriment sur ce que signifie « être truqué » et présente la consigne. Dès lors, la conversation est laissée ouverte. Les enfants discutent alors ensemble et mettent en place différentes stratégies leur permettant de trouver le dé truqué. L’adulte-psychologue espère ainsi créer une situation dans laquelle les enfants cherchent à résoudre le problème en affirmant leurs avis, leurs standpoints, les démarches qu’ils préconisent et comme elles seront sans doute multiples et incomplètes, l’adulte s’attend à ce que les enfants entrent alors dans une discussion argumentative pour défendre leurs

standpoints, tenter de la valider, de contrer les standpoints des camarades, de les mettre

à l’épreuve, etc.

Dans les chapitres 8, 9 et 10, le lecteur constatera que les extraits présentés sur l’épreuve des « dés truqués » concernent, pour la plupart, les enfants plus âgés (9 à 11 ans). Une raison à cela peut être expliquée par certains travaux (par ex., Cavalcante, 2014, 2016; Martí et al., 2013; Rodríguez & Scheuer, 2015) ayant observé une complexité cognitive de l’usage de l’information liée aux chiffres se trouvant sur les dés (voir section 3.2.3). On pourrait ainsi supposer que la nature de l’usage des dés et des chiffres sur les dés (notamment les chiffres quatre, cinq et six) serait liée à l’âge des enfants : ces usages seraient compliqué pour des enfants de 5 à 7 ans et cette difficulté