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Accompagner et informer le patient 1) Le conseil et ses limites

Les patients aimeraient avoir plus d'informations sur les

B. Accompagner et informer le patient 1) Le conseil et ses limites

Le pharmacien occupe une place importante dans la pratique de l’automédication, il a notamment « un devoir particulier de conseil lorsqu’il est amené à délivrer un médicament

qui ne requiert pas une prescription médicale » (Article R.4235-48 du CSP). Son rôle est de

déceler les besoins et les attentes de chaque patient, afin de les accompagner au mieux dans leur démarche de soins. Le pharmacien doit, à travers « des conseils appropriés et dans

le domaine de ses compétences, participer au soutien apporté au patient» (Article R.4235- 48 du CSP), et ce, sans retarder une éventuelle orientation médicale. Il s’engage aussi à renforcer la qualité de dispensation (méthode ACROPOLE), à favoriser le bon usage des médicaments, ainsi que l’observance des traitements.

À chaque médicament délivré le pharmacien engage sa responsabilité (déontologique, civile et pénale), c’est pourquoi il doit être apte à dispenser un conseil de qualité, et savoir identifier les signes de gravité. Il a aussi le devoir de refuser une dispensation « lorsque

l’intérêt de la santé du patient lui paraît l’exiger » (Article R.4235-61 du CSP).

Cependant, le rôle du pharmacien est limité par la définition de l’exercice illégal de la médecine. En effet, dans l’Article L.4161-1 du CSP il est écrit, qu’exerce illégalement la

130 médecine « toute personne qui prend part […], même en présence d'un médecin, à

l'établissement d'un diagnostic ou au traitement de maladies, […] réelles ou supposées, par actes personnels, consultations verbales ou écrites ou par tous autres procédés […], ou pratique l'un des actes professionnels […], sans être titulaire d'un diplôme, certificat […] exigé pour l'exercice de la profession de médecin, […]». Pour ne pas être considéré comme illégal,

le conseil du pharmacien doit respecter deux conditions :

 D’une part, conseiller la consultation médicale dès qu’il se trouve face à une affection qui dépasse les limites de ses compétences. En effet, l’article R.5015-44 du CSP rappelle qu’à « chaque fois qu’il est nécessaire, le pharmacien doit inciter ses clients à

consulter un médecin ».

 D’autre part, éviter de commenter l’évolution de la maladie. Cette condition est illustrée par l’article R.5015-47 du CSP qui dit que « les pharmaciens doivent

s’abstenir de formuler un diagnostic ou un pronostic sur la maladie ou traitement

de laquelle ils sont appelés à collaborer. Notamment, ils doivent éviter de commenter médicalement auprès des malades ou de leurs préposés les conclusions des analyses qui leur sont demandées ».

En termes d’automédication, le pharmacien doit être conscient que ses actions sont limitées. En effet, il est restreint par les médicaments qu’il peut dispenser, mais aussi dans les pathologies qu’il peut prendre en charge.

De plus, afin d’assurer leur position de pilier de l’automédication, les pharmaciens sont tenus d’actualiser leurs connaissances tout au long de leur exercice professionnel, ainsi que suivre une formation obligatoire annuelle, et réglementée : le Développement Professionnel Continu (DPC). [9,128,129]

2) Faire la promotion des brochures

En complément de son rôle de conseil et d’accompagnement, le pharmacien veille à mettre à disposition des patients un nombre suffisant d’informations, sous forme de brochures ou de dépliants (Article R.4235-48 du CSP). Ces documents sont élaborés par les autorités de santé, et sont relatives au bon usage des médicaments de médication officinale (brochures «

Bon usage du médicament »), ou informent sur certaines pathologies bénignes (fiches « Bien vous soigner avec des médicaments disponibles sans ordonnance »).

Ces documents d’informations sont à commander auprès du Cespharm (www.cespharm.fr), ou sont directement téléchargeables en ligne sur le site de l’ANSM. [20,38,128]

131

3) Promouvoir le recyclage des médicaments : Cyclamed

Les trois quarts des Français (81.6%) affirment réutiliser des médicaments dont ils disposaient dans leur armoire à pharmacie (chiffre de l’Afipa 2013 [50]). Afin de limiter ce phénomène, notamment la réutilisation de médicaments à prescription obligatoire, le pharmacien doit sensibiliser les patients à la bonne gestion de leur armoire à pharmacie, ainsi que mettre en avant le réseau Cyclamed.

Cyclamed est une association française qui a été créée en 1993 par l’industrie du médicament. L’objectif était de mettre en place un circuit de retour des médicaments via les grossistes répartiteurs. De 1993 à 2008, Cyclamed contribuait au recyclage humanitaire des médicaments en redistribuant les médicaments non utilisés (MNU), et non périmés aux pays du tiers-monde, par le biais des ONG partenaires. Cependant, depuis

le 1er janvier 2009, les associations humanitaires ne peuvent plus, légalement, redistribuer les médicaments non utilisés, notamment pour des raisons de problèmes logistiques (date de péremption…) et de traçabilité, mais aussi suite à des affaires de détournement de médicaments. Depuis, tous ces médicaments sont uniquement conduits vers des usines d’incinération, pour subir une valorisation énergétique. [130,131]

Depuis 2007, les pharmacies françaises sont obligées de collecter, gratuitement, les

médicaments périmés ou non utilisés, à usage humain apportés par les particuliers (Article

L.4211-2 du CSP). Avant de les stocker dans un carton spécifique, ils doivent contrôler les retours des patients, et vérifier qu’il n’y ait aucune seringue usagée.

Les produits collectés sont :

132 En revanche, ne sont pas collectés par Cyclamed :

Les aiguilles et seringues usagées, ou non sont des DASRI-PAT (déchets d’activités de soins à risques infectieux perforants des patients en auto- traitement), et sont remis à part, dans un collecteur sécurisé (délivré gratuitement dans les pharmacies), afin de suivre un circuit spécialisé. La récupération de ces boites se fait dans des points de collecte (géolocalisés sur « nous-collectons.dastri.fr »).

Les produits chimiques (alcool, éther ou autres solvants) sont à déposer en déchetterie.

Les produits vétérinaires peuvent être polluants. Il convient de se renseigner auprès du vétérinaire.

Les cosmétiques, les produits de parapharmacies et les compléments

alimentaires peuvent être jetés dans la poubelle ménagère.

Les lunettes et les orthèses peuvent être recyclées pour une redistribution humanitaire (lunettes sans Frontière, Compagnie des Aidants…). Sinon les déposer à la déchetterie.

Les appareils de diagnostic (tensiomètre, thermomètre, appareil

électronique de diagnostic…), sont à déposer en déchetterie, ou dans les conteneurs dédiés aux appareils électriques et électroniques. Cependant certains produits en état de marche peuvent intéresser certaines

associations d’aidant.

Les radiographies sont à déposer en déchetterie.

Les conditionnements totalement vides, et les notices peuvent être mis sans danger dans la poubelle de tri sélectif.

C’est pour cela que le pharmacien doit effectuer un contrôle systématique pour chaque retour patient. [128,132,133]

133 Une fois le carton Cyclamed rempli, il doit être fermé selon les recommandations inscrites sur l’emballage, et personnalisé au nom de l’officine. « Toute distribution et toute mise à

disposition des médicaments non utilisés sont interdites. Ces médicaments sont détruits dans des conditions sécurisées […] » (Article L. 4211-2 du CSP).

Ensuite, le grossiste, dans le cadre de sa tournée quotidienne, assure gratuitement la reprise de ces cartons. Ces cartons vont être stockés dans un

conteneur sécurisé qui, une fois plein, est pris en charge par des transporteurs spécialisés.

Ces transporteurs vont acheminer les conteneurs vers des unités d’incinération agréées.

Ces centres de valorisation sont tous conformes aux normes environnementales les plus strictes (aucun risque de pollution atmosphérique), et récupèrent l’énergie produite (sous forme

de vapeur et d’électricité) qui sert à chauffer et éclairer des logements.

Le « reflexe Cyclamed » permet de limiter la réutilisation des médicaments sans l’avis d’un professionnel de santé, mais aussi de préserver l’environnement (évite la pollution des eaux et des sols) et la santé publique (évite le risque d’intoxication chez les enfants, ou les risques de confusions médicamenteuses chez les personnes âgées). [133]

L’étude menée par BVA, en 2014, montre que 77% des Français rapportent leurs médicaments non utilisés en officine (en moyenne, deux fois par an),ce chiffre pourrait être amélioré. Malgré des campagnes d’informations régulières (spots publicitaires « les

médicaments sont utiles, ne les rendons pas nuisibles ») et les affiches d’informations au sein

des officines, le dispositif Cyclamed reste parfois mal connu. [128,134]

Remarque : En cas de retour de médicaments stupéfiants, ces produits doivent être rangés dans une armoire, ou un local fermé à clef en attendant leur destruction. Le procédé particulier de leur dénaturation est disponible sur le site Meddispar (www.meddispar.fr, onglet « Substances vénéneuses », sous partie « Stupéfiants et assimilés »).