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Absorption de boucles par une dislocation glissant dans un système pyramidal <a>

Chapitre IV. Etude des interactions dislocation-boucle par Dynamique des

II. Simulations de cas observés expérimentalement

II.2. Absorption de boucles par une dislocation glissant dans un système pyramidal &lt;a&gt;

II.2.1. Description du cas expérimental

Le cas d’absorption des boucles simulé ici, et illustré en Figure IV-7, a été observé expérimentalement lors de la thèse de Drouet [2]. Il implique une dislocation glissant dans un plan pyramidal à 350°C et de vecteur de Burgers b⃗ = 1

3[21̅1̅0]. La vitesse de glissement avant l’interaction de la dislocation est

d’environ 2,2 nm.s-1. La dislocation interagit avec deux boucles de dislocation (encadrées en rouge et

en bleu sur l’image a) de la Figure IV-7). Lors de leur interaction avec la dislocation, les deux boucles sont absorbées entraînant la formation de crans, fortement ancrants pour le glissement, qui sont entraînés dans la direction du vecteur de Burgers de la dislocation et qui s’étendent ensuite le long de la partie vis de la dislocation.

II.2.2. Caractéristiques des boucles de dislocation

Le vecteur de Burgers de chacune des boucles a été déterminé en testant systématiquement tous les vecteurs <a> possibles. La configuration permettant la meilleure correspondance entre l’expérience et la simulation par DD est obtenue pour des boucles de nature interstitielle présentant un vecteur de Burgers différent de celui de la dislocation : b⃗ = 1

3[1̅21̅0].

Afin de bloquer le glissement des boucles le long de leur cylindre, des coefficients de viscosité importants ont été appliqués dans le plan prismatique et dans le plan de base, soit des valeurs respectives de 1 MPa.s dans le plan prismatique et de 10 MPa.s dans le plan de base.

La concordance entre les traces de la dislocation, très nettes expérimentalement, avec les traces du plan de glissement en DD est très satisfaisante. Cependant au cours du glissement, un léger décalage est remarqué quant à la direction de glissement de la dislocation obtenue lors des simulations par DD par rapport à l’expérience. Ce décalage implique alors d’appliquer certaines corrections géométriques, notamment en ce qui concerne la position des boucles. Expérimentalement, l’interaction entre la première boucle et la dislocation a lieu sur la partie mixte de cette dernière. Hors, lors des simulations par Dynamique des Dislocations, si la boucle est positionnée dans le plan (XY), comme déterminé expérimentalement, l’interaction se fera avec la partie coin de la dislocation. Il est donc nécessaire de décaler la boucle à droite de la boite de simulation, selon l’axe X, d’environ 40 nm, afin que la boucle interagisse avec la partie mixte de la dislocation. Pour cette même raison la seconde boucle a également été décalée par rapport à sa position réelle.

II. Simulations de cas observés expérimentalement a) t=0 s A) t=0 s b) t=12 s B) t=12 s c) t=16 s C) t=16 s d) t=35,72 s D) t=20 s e) t=80 s E) t=36 s 40 nm 40 nm 40 nm 40 nm 40 nm 40 nm 40 nm 40 nm 40 nm 40 nm

Figure IV-7. Simulation d’une interaction d’absorption de boucles par une dislocation glissant dans un plan

pyramidal et de vecteur de Burgers différents (angles d’Euler en radians à tilt +11° : ϕ1=2,88, φ =0,593 et

ϕ=0,942).

Comparaison expérimental-DD:

L’interaction obtenue en simulation entre la dislocation et les boucles est très proche de ce qui est observé expérimentalement. La courbure de la dislocation est également tout à fait comparable, notamment avant l’interaction (images a) et A)). La partie mixte de la dislocation interagit avec le brin prismatique inférieur de la première boucle de dislocation (images B) et C)). La boucle est alors absorbée par la dislocation et un cran est créé le long de la partie vis de la dislocation, composé de deux brins ancrants dans le plan de base (images C) à E)). Contrairement à ce qui est observé lors de l’essai de traction in-situ, le cran ne s’étend pas autant en DD, mais est trainé par la dislocation le long de son cylindre (images E) et F)). Le même type d’interaction est observé avec la deuxième boucle, menant à la formation d’un second cran identique au premier (images F) à I)). A la suite de cette seconde interaction, l’étalement des crans est constaté, menant à une forme de la dislocation très proche de celle observée expérimentalement (images i) et I)).

II. Simulations de cas observés expérimentalement

II.2.3. Comparaison des modélisations en DD avec le cas expérimental

La comparaison entre l’interaction expérimentale et la simulation en Dynamique des Dislocations est présentée en Figure IV-7, pour des stades comparables. Tout comme pour le cas précédent, la simulation par DD démontre que, pour les paramètres retenus, l’interaction entre la dislocation et les boucles est très proche de ce qui est observé expérimentalement. La courbure de la dislocation est également tout à fait comparable, notamment avant l’interaction (images a) et A)).

La partie mixte de la dislocation interagit avec le brin prismatique inférieur de la première boucle de dislocation (images B) et C)). La boucle est alors absorbée par la dislocation et un cran est créé le long de la partie vis de la dislocation, composé de deux brins ancrants dans le plan de base (images C) à E)). Contrairement à ce qui est observé lors de l’essai de traction in-situ, le cran ne s’étend pas autant en DD, mais est trainé par la dislocation le long de son cylindre (images E) et F)). Le même type d’interaction est observé avec la deuxième boucle, menant à la formation d’un second cran identique au premier (images F) à I)). A la suite de cette seconde interaction, l’étalement des crans est constaté, menant à une forme de la dislocation très proche de celle observée expérimentalement (images i) et I)).

Hirsch [22] propose un mécanisme d’absorption des boucles circulaires par une dislocation vis sous la forme de crans, basé sur la possibilité qu’ont les boucles à glisser sur leur cylindre et à adopter le même vecteur de Burgers que la dislocation. Foreman et Sharp [23] ont également proposé un mécanisme similaire pour l’absorption des boucles par une dislocation. La Figure IV-8 présente de façon schématique le mécanisme proposé (images a) à e)) et également une comparaison avec la réaction observée lors des simulations (images A à E)). Pour le mécanisme de Foreman et Sharp, la dislocation D glisse vers la boucle B (images a) et b)) et forme une jonction notée J (image c)). La jonction J et la boucle B s’inclinent ensuite selon leur cylindre de glissement (image d)) et se combinent pour former un segment de même vecteur de Burgers que la dislocation D (image e)). L’interaction obtenue lors des simulations (images A) à E)) montre un mécanisme tout à fait comparable. Cependant, l’étape décrite en image c) n’est pas observée lors de la simulation, où l’on passe directement de l’étape b) du mécanisme théorique (image B)) à l’étape d) (images C) et D)). La jonction J glisse dans son plan, et la boucle pivote sur son cylindre pour se retrouver dans le plan de glissement de la jonction. Une réaction entre la jonction et un des brins prismatiques de la boucle est alors possible (images D)), entraînant la formation d’un cran de même vecteur de Burgers que la dislocation (image E)).

Figure IV-8. Mécanisme d'absorption d'une boucle L par une dislocation G [23] et comparaison avec l'interaction obtenue lors des simuations.

D D D B B D D J J B B D D J B D D D D D B a) b) c) d) e) 40 nm 40 nm 40 nm 40 nm 40 nm A) B) C) D) E) B D B D D D B D J J D B D D D D

En termes de cinétique, les paramètres initialement imposés étaient cohérents avec les déterminations expérimentales, soit un coefficient de viscosité du plan pyramidal de 0,3 MPa.s et une contrainte calculée de 95 MPa. Cependant, pour ces paramètres, la vitesse de glissement de la dislocation obtenue en DD était trop importante en comparaison à la vitesse expérimentale. Il a donc été décidé d’ajuster la valeur du coefficient de viscosité afin d’atteindre des cinétiques de glissement plus proches. En conséquence, il est nécessaire de ré-estimer la contrainte de friction τf, et donc la

contrainte appliquée σT (Eq. III-6). Il a été choisi de faire correspondre la vitesse de la dislocation en

DD avec l’expérience avant l’interaction avec la première boucle, où la vitesse de la dislocation a été déterminée comme étant très faible à 2,2 nm.s-1. La valeur du coefficient réajustée est de 3 MPa.s-1,

soit dix fois plus grande que la valeur initialement estimée. La contrainte appliquée recalculée pour ce coefficient de viscosité est alors de 124 MPa. Dans ces conditions, les vitesses de glissement de la dislocation obtenues entre la DD et l’expérimental avant l’interaction sont tout à fait en accord, comme illustré en Figure IV-7 des images a) et A) à c) et C). Il subsiste cependant encore une différence de cinétique lors des interactions de la dislocation avec les boucles. En effet, la force d’ancrage de la première jonction semble plus importante dans le cas des observations expérimentales où la formation du cran n’est observée qu’après 35,72 s, alors qu’elle est observée après 20 s en simulation en DD. De plus l’interaction avec la seconde boucle et la formation d’un cran ne survient qu’après 90,8 s dans l’expérience. Au contraire, une interaction élastique entre la dislocation et la boucle est déjà observable dès 56 s en DD. Cependant le cran est formé pour des temps plus longs (après 180 s) et l’étalement de ces derniers le long de la partie vis est très lent.

II.3. Ancrages d’une dislocation glissant dans le plan de base