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3 La protection sociale du travail de care non rémunéré en Suisse

3.1 Les ménages pris dans l’étau du care

3.1.1 Conciliation travail-famille

La pauvreté n’est pas plus répandue dans les familles avec des enfants et des adolescents en forma-tion que dans les autres ménages, même lorsque les enfants sont petits et qu’ils nécessitent une prise en charge importante. Des conditions favorables à la conciliation travail-famille contribuent à cette situation. Des structures d’accueil extra-familial pour les enfants en âge scolaire et préscolaire existent sur l’ensemble du territoire en quantités suffisantes, permettant de concilier famille et travail notam-ment parce que ces structures sont ouvertes durant les vacances scolaires. Le coût de cet accueil, en particulier pour les enfants en âge préscolaire, est calculé en pour cent du revenu ; il ne surcharge pas les budgets familiaux, même élevés. Les rabais de fratrie sont devenus plus substantiels afin que le travail lucratif d’un deuxième parent ne soit pas considéré d’emblée comme non rentable et que celui-ci ne réduise par son taux d’activité. Beaucoup de cantons ont introduit le école enfantine facultatif dès trois ans, contribuant ainsi à décharger considérablement les budgets familiaux.

Le monde du travail s’est habitué à ce que les collaboratrices et collaborateurs aient d’autres obliga-tions à côté de leur travail. Les responsables des entreprises savent que les personnes qui assument des responsabilités extraprofessionnelles se distinguent par leur fiabilité. Les horaires de travail sont adaptés aux besoins des parents dans la mesure du possible. Une attitude flexible de l’employeur face aux obligations familiales des parents augmente la loyauté de ces derniers par rapport à

l’entreprise. Parmi les conséquences observées, le taux d’activité des mères a augmenté de manière générale du fait de cette meilleure compatibilité travail-famille ; de plus, ces femmes se voient attribuer davantage de responsabilités de cadre. De ce fait, et parce qu’elles ne sont plus tenues de prendre des emplois sous-qualifiés pour des raisons de conciliation travail-famille, les mères ont des salaires plus confortables.

L’introduction d’un congé parental payé a beaucoup contribué à faciliter la conciliation travail-famille, permettant aux pères ou aux mères de rester partiellement ou entièrement chez eux, auprès des en-fants, pendant la première phase de la vie des enen-fants, lorsqu’ils nécessitent des soins particulière-ment intenses (cf. 3.3.8). Comme les collaboratrices et les collaborateurs passent presque toutes et tous, tôt ou tard, par des phases de réduction du temps de travail à cause des enfants, les entreprises entreprennent tout naturellement les réajustements internes au niveau du personnel. Les employeurs voient eux aussi leurs charges allégées dans la mesure où les jours d’absence des parents pour cau-se de maladie des enfants sont à précau-sent couverts par une assurance. La compétition que cau-se livrent les entreprises pour recruter des professionnel-le-s qualifié-e-s les a incitées à proposer comme avan-tage des horaires de travail normaux plus courts, qui facilitent la conciliation travail-famille. Cette me-sure a conduit à une remise en question générale de la réglementation des heures supplémentaires. Il est devenu plus habituel de chercher à répartir les charges de travail à l’intérieur de l’entreprise durant les pointes, ce qui permet d’accomplir le travail tout en évitant les surcharges.

La protection sociale des parents qui n’exercent aucune activité lucrative parce qu’ils sont au chôma-ge, malades ou accidentés est devenue plus fiable parce que les interruptions de l’activité lucrative sont plus rares et parce que le taux d’activité des mères dans le monde du travail a augmenté. Si le revenu familial est insuffisant malgré tout, ou si l’insertion professionnelle est irrégulière ou précaire, les familles bénéficient d’une assurance sociale minimale sous la forme de prestations complémentai-res qui leur sont destinées (cf. 3.4.2).

3.1.1.2 Situation de départ et état du débat

Les enfants coûtent du temps et de l’argent. L’étau du care se résume dans cette constatation : lors-qu’un couple a un enfant, il n’est guère en mesure d’augmenter son revenu pour couvrir les frais sup-plémentaires. Au contraire, le temps requis pour s’occuper de l’enfant réduit les possibilités de gagner de l’argent. En Suisse, les allègements fiscaux ainsi que les allocations pour enfants et les allocations de formation ne couvrent en général qu’une petite partie des coûts de consommation directs des en-fants. Ce surcoût est en majeure partie couvert par la modération de la consommation des parents, dont le niveau de prospérité est en moyenne inférieur à celui des couples sans enfants. Quant au temps consacré aux enfants, les mères le mobilisent en général en réduisant leur taux d’activité sur le marché du travail. Dans les ménages constitués d’un couple et de deux enfants, le revenu d’une mère est en moyenne inférieur de 1600 francs par mois à celui d’une femme sans enfant. Dans les familles monoparentales avec deux enfants, les mères ont un taux d’activité généralement supérieur, mais gagnent malgré tout 750 francs de moins que les femmes célibataires sans enfants (Gerfin/ Stutz et al. 2008). Selon les statistiques, les hommes ne modifient guère leurs taux d’activité en devenant pè-res, même s’ils élèvent seuls leur(s) enfant(s). Leur revenu est plutôt légèrement supérieur à celui des hommes sans enfants.

Les familles mettent donc en place des stratégies très différentes pour résoudre LE DILEMMETEMPS

-ARGENT qui découle des problèmes de CONCILIATION TRAVAIL-FAMILLE. Branger et Schön-Bühlmann (2008) constatent ainsi que le modèle à un apporteur de revenus et le partage radical des tâches en-tre les sexes qu’il implique est nettement en recul. Même les couples qui ont des enfants de moins de cinq ans ne sont plus que 36% à vivre selon ce modèle. Lorsque les enfants ont passé le cap des dix ans, ils ne sont plus que quelque 20%, puis 14% lorsqu’il n’y a pas ou plus d’enfants dans le ménage.

Le modèle dominant de partage des tâches au sein du couple parental est le suivant : le père travaille à plein temps et la mère à temps partiel, avec un taux d’activité qui augmente avec l’âge des enfants.

De manière générale, le taux d’occupation des mères a d’ailleurs progressé au cours des récentes années. Seul 1% des familles pratique un PARTAGE ÉGALITAIRE DU TRAVAIL LUCRATIF ET DU TRAVAIL FAMILIAL ET MÉNAGER. La moitié des ménages constitués d’un couple et d’enfants de moins de cinq ans et trois quarts des familles monoparentales utilisent les structures d’accueil extrafamilial pour les enfants pendant une partie de la semaine.

Conciliation travail-famille : quelques chiffres

LES FAMILLES AVEC ENFANTS ne représentent 32% DE TOUS LES MÉNAGES en Suisse alors que 54%

DE LA POPULATION vit en famille (2009).

70% DES MÈRES qui vivent en couple et qui ont DES ENFANTS DE MOINS DE QUATRE ANS ONT UNE ACTIVITÉ LUCRATIVE ;le taux de femmes actives augmente avec l’âge des enfants (2009).

61% DES MÈRES mais seulement 7,3% DES PÈRES travaillent à temps partiel (2009). Source : OFS

Les conditions de travail ne sont pas forcément plus favorables à la conciliation travail-famille pour les mères que pour les pères. Elles n’ont d’avantages ni en termes de flexibilité des horaires de travail, ni en termes de présence sur le lieu de travail. C’est ce que rapportent Branger et Schön-Bühlmann, qui constatent aussi que les femmes ont plus souvent des réglementations mixtes jours ouvrables – jours fériés, qu’elles travaillent plus fréquemment le soir ou la nuit ou par équipes avec des horaires varia-bles. L’adaptation à la situation familiale intervient donc par l’adoption d’un statut d’indépendant-e ou par la réduction du taux d’activité.

Le partage du travail n’est pas nécessairement le résultat d’un libre choix. En 2005, 189'000 mères d’enfants âgés de moins de 15 ans (26%) ont déclaré qu’elles souhaitaient organiser différemment

leurs horaires de prise en charge des enfants et d’activité professionnelle. Parmi elles, 44% ont indi-qué que le manque de structures d’accueil extrafamilial expliquait leur absence du marché du travail respectivement leur renoncement à augmenter leur horaire de travail (MecoP/INFRAS, 2007). Ce phénomène pourrait être renforcé par le coût élevé de l’accueil extrafamilial des enfants qui, cumulé aux désavantages fiscaux (faible niveau des déductions pour frais de garde d’enfants pour doubles revenus) annulent la rentabilité du revenu du deuxième parent.

Les possibilités de CONCILIATION TRAVAIL-FAMILLE n’ont évolué que tardivement et par à-coups pour s’adapter à la réalité des familles d’aujourd’hui. Depuis 2005, un congé de maternité de 14 semaines est ainsi ancré dans la législation. Mais toute avancée en termes de congés paternels ou parentaux se heurte actuellement au refus du Parlement fédéral (cf. 3.3.8). Si les structures d’accueil extrafami-lial pour les enfants ont connu un développement considérable, elles ne suffisent toujours pas à cou-vrir les besoins sur tout le territoire national (cf. 3.2.1) et la garantie légale de pouvoir disposer d’une place d’accueil reste rarissime. De plus, les tarifs élevés facturés aux parents constituent un réel pro-blème. Dans le monde du travail, la prise de conscience à propos des obligations qu’ont tous les pa-rents, y compris les pères, vis-à-vis de leurs enfants est très variable. Dans les secteurs où prédomi-nent les métiers typiquement masculins, la question de la conciliation travail-famille pour les pères est généralement occultée. La durée élevée du temps de travail normal en Suisse et les exigences ac-crues de mobilité, de flexibilité, de disponibilité et d’engagement compliquent encore la conciliation travail-famille.

La politique, lorsqu’elle aborde la question des nouveaux besoins des familles, est confrontée au pro-blème que le droit suisse considère largement que la famille relève du domaine privé et que l’État fédéral ne dispose que de compétences constitutionnelles réduites pour agir dans l’intérêt des famil-les. Les propositions de politique familiale présentées au Parlement se heurtent régulièrement à ce constat. Ainsi, en automne 2005, cinq conseillères nationales issues de cinq groupes parlementaires différents avaient déposé chacune une initiative parlementaire demandant d’inscrire à l’art. 62 Cst.

que les cantons sont tenus de proposer des STRUCTURES DACCUEIL DE JOUR qui couvrent les besoins et que la Confédération peut les soutenir dans cette démarche. En 2006, les commissions de la scien-ce, de l'éducation et de la culture (CSEC) des deux Chambres approuvaient ces initiatives et char-geaient une sous-commission « Structures d’accueil pour enfants » de la CSEC-N d’élaborer une proposition. Ces travaux ont montré qu’il fallait modifier la Constitution en profondeur pour qu’elle puisse imposer aux cantons d’agir dans le sens voulu par les initiatives.

Suite à cette constatation, le conseiller national PDC Norbert Hochreutener a déposé une initiative parlementaire intitulée « POLITIQUE EN FAVEUR DE LA FAMILLE.ARTICLE CONSTITUTIONNEL » (07.419)12

3.4.3

. En 2007 et en 2008, les commissions de la sécurité sociale et de la santé publique (CSSS) des deux Chambres ont approuvé cette initiative, suite à quoi la CSSS-N a demandé à sa sous-commission

« Politique familiale » d’élaborer une proposition. Une première version a été présentée en octobre 2009, demandant en priorité à la Confédération et aux cantons d’encourager la conciliation travail-famille et de mettre sur pied une offre de structures d’accueil extrafamilial et extrascolaire conforme aux besoins des familles. La sous-commission a également soumis au débat l’attribution à la Confédé-ration de la compétence d’harmoniser le système des pensions alimentaires (cf. ). Le projet de rapport et d’article constitutionnel adopté par la CSSS-N en octobre 2010 et mis en consultation ne mentionne les pensions alimentaires qu’à titre de proposition de minorité. Officiellement, la

12 L’état actuel des délibérations concernant les initiatives parlementaires peut être consulté dans la banque de données Curia Vista (p. ex. en introduisant le numéro de la proposition) :

http://www.parlament.ch/d/dokumentation/curia-vista/Seiten/default.aspx.

sion a déclaré renoncer à l’harmonisation des pensions alimentaires pour ne pas surcharger la propo-sition. La CSSS-N débattra une nouvelle fois de cette affaire en novembre 2011.

Parallèlement, la conseillère nationale socialiste Jacqueline Fehr déposait une nouvelle fois une mo-tion en faveur de la créamo-tion d'un OFFICE FÉDÉRAL DE L'ENFANCE, DE LA JEUNESSE ET DE LA FAMILLE

(09.3666).Elle motive sa proposition par le fait que la Confédération ne pourra que difficilement mettre au point une politique familiale cohérente sans disposer des structures adéquates et rappelle que la Suisse est le seul pays moderne qui ne dispose pas d’un tel office. Le Conseil fédéral a rejeté cette intervention et le Conseil national en a fait de même, parce que la motion était restée en suspens pendant plus de deux ans.

Plusieurs autres interventions récentes ont trait à la cause des pères qui cherchent des solutions pour effectuer du travail de care. C’est par exemple le cas de la motion du parlementaire Vert Alec von Graffenried (10.4155), qui demande de mettre en place UNE POLITIQUE FÉDÉRALE POUR LES HOMMES ET POUR LES PÈRES,notamment en encourageant l’engagement des hommes dans la famille et dans le domaine du travail non rémunéré. La motion n’a pas encore été traitée par le plénum. Un autre mem-bre du parlement, la conseillère nationale PDC Barbara Schmid-Federer, exige dans un postulat intitu-lé « EDUCATION DES ENFANTS.LAISSER LA LIBERTÉ DE CHOIX AUX PARENTS »(10.3267), que le Conseil fédéral fasse établir un rapport qui énumère les obstacles limitant notamment l’engagement des pè-res. Dans sa réponse, le Conseil fédéral insiste sur les efforts entrepris pour assurer la conciliation travail-famille et mentionne le rapport « Compatibilité entre la vie familiale et les études » du Secréta-riat d’État à la formation et à la recherche de 2009 ; il renvoie à l’examen de mesures dans les domai-nes de l’encouragement de la formation, de la recherche et de l’innovation ainsi que dans la loi sur la formation continue. Le Conseil fédéral indique aussi que l’impôt fédéral direct a pratiquement éliminé la pénalisation des couples mariés qui ont un double revenu et que la possibilité de déduire les frais de garde des enfants a été décidée ; de plus, il réaffirme son engagement en faveur de conditions de travail favorables aux familles et en faveur de la réduction des écarts salariaux dus au sexe et il rap-pelle le versement d’une incitation financière dans le domaine de la prise en charge des enfants ainsi que d’autres projets qui visent une meilleure conciliation travail-famille. La réduction du montant de coordination pour les personnes qui travaillent à temps partiel a fait l’objet d’un examen lors de la première révision de la LPP par la CSSS, mais il a été décidé de ne pas rendre cette mesure obliga-toire. Le Conseil fédéral conclut qu’une vue d’ensemble n’a pas de sens compte tenu du degré de complexité élevé du système et qu’elle ne permettrait pas d’arriver à de nouveaux résultats, notam-ment parce qu’un nouveau programme de recherche national intitulé « Égalité des sexes » vient d’être lancé. Le postulat n’a pas encore été traité en plénum.

3.1.2 Champs et possibilités d’action

La protection sociale du travail de care est un aspect central de la politique familiale, vu que le travail de care s’effectue le plus souvent dans le milieu familial et que le partage du travail entre les parents a un effet direct sur les risques sociaux que courent les familles. En Suisse, le fait que la politique fami-liale a longtemps été considérée comme une cause marginale et la famille comme une sphère exclu-sivement privée a à voir avec l’idéal de l’apporteur de revenus unique. Dans ce modèle, la protection sociale du travail de care non rémunéré est effectivement considérée comme une affaire privée : in-dépendamment de l’intervention de l’État, le mari doit assurer la protection sociale de l’épouse qui dépend de lui financièrement et, compte tenu de la répartition radicale des tâches dans le couple, les problèmes de conciliation travail-famille n’existent tout simplement pas en théorie.

Dans son tout récent rapport intitulé « Assurer le bien-être des familles », l’OCDE (2011, 12 ss) formu-le des raisons économiques en faveur d’une politique familiaformu-le guidée par la vision d’un partage

égali-taire des tâches entre les sexes et notamment par une plus forte implication des pères dans le domai-ne du travail de care non rémunéré. Selon cette étude, il est indispensable que les pays à démogra-phie vieillissante, en particulier, assurent une meilleure insertion professionnelle des mères s’ils ne veulent pas mettre en jeu leur prospérité future et le financement des systèmes sociaux. De même, il est à l’évidence faux de faire des économies sur le dos des enfants car les investissements précoces dans le potentiel humain sont les plus payants. Par conséquent, il est indispensable de disposer d’une

STRATÉGIE POLITIQUE COHÉRENTE POUR LA PRIME ENFANCE. En particulier, l’OCDE demande instamment aux États un engagement financier en faveur de l’accueil des enfants en âge préscolaire identique à celui qu’il manifeste durant la scolarité obligatoire. L’organisation insiste sur le fait qu’une politique cohérente doit cependant couvrir toute l’enfance et qu’elle doit aider les familles à concilier travail et famille. Elle précise que des mesures dans ce sens prises sur le lieu de travail peuvent elles aussi se révéler payantes.

En Suisse, le modèle de l’apporteur de revenus unique a été atténué en 1985 avec l’entrée en vigueur du NOUVEAU DROIT MATRIMONIAL. Désormais, le Code civil stipule à l’art. 163 : « Mari et femme contri-buent, chacun selon ses facultés, à l’entretien convenable de la famille. Ils conviennent de la façon dont chacun apporte sa contribution, notamment par des prestations en argent, son travail au foyer, les soins qu’il voue aux enfants ou l’aide qu’il prête à son conjoint dans sa profession ou son entrepri-se. » Ces dispositions ne correspondent toutefois pas à une volonté d’adopter un modèle à deux ap-porteurs de revenus/de soins, mais à une volonté de donner davantage de choix. Le nouveau droit matrimonial a également instauré la participation aux acquêts comme régime matrimonial ordinaire.

En cas de divorce, les acquêts, c’est-à-dire les biens acquis durant le mariage y compris le capital de prévoyance auprès de la caisse de pension, sont divisés entre les époux.

La législation sur le mariage prévoit, en théorie du moins, que les deux époux sont responsables aussi bien des travaux de care que de l’exercice d’une ctivité lucrative et que, par conséquent, les risques sociaux sont distribués de manière un peu plus égalitaire, du moins sur le papier. Pour assumer cette responsabilité, les époux ont besoin de conditions qui permettent de CONCILIER TRAVAIL ET FAMILLE. La nécessité pour les deux parents de ne pas quitter le marché du travail est devenue d’autant plus ur-gente que la stabilité des revenus ne va plus de soi et que des phases de chômage peuvent apparaî-tre dans tout parcours professionnel ; par ailleurs, la probabilité d’un divorce va croissant. À tiapparaî-tre indi-viduel et privé, la famille n’est toutefois pas en mesure de créer les conditions qui favorisent la conci-liation travail-famille. La politique familiale a d’autres défis à relever aujourd’hui qu’à l’époque où la société était fondée sur le modèle patriarcal de l’apporteur de revenus unique. Les nombreuses inter-ventions parlementaires en cours montrent clairement que la politique familiale est en train d’endosser ce nouveau rôle dans la mesure où une bonne partie de ces interventions concernent en priorité des

La législation sur le mariage prévoit, en théorie du moins, que les deux époux sont responsables aussi bien des travaux de care que de l’exercice d’une ctivité lucrative et que, par conséquent, les risques sociaux sont distribués de manière un peu plus égalitaire, du moins sur le papier. Pour assumer cette responsabilité, les époux ont besoin de conditions qui permettent de CONCILIER TRAVAIL ET FAMILLE. La nécessité pour les deux parents de ne pas quitter le marché du travail est devenue d’autant plus ur-gente que la stabilité des revenus ne va plus de soi et que des phases de chômage peuvent apparaî-tre dans tout parcours professionnel ; par ailleurs, la probabilité d’un divorce va croissant. À tiapparaî-tre indi-viduel et privé, la famille n’est toutefois pas en mesure de créer les conditions qui favorisent la conci-liation travail-famille. La politique familiale a d’autres défis à relever aujourd’hui qu’à l’époque où la société était fondée sur le modèle patriarcal de l’apporteur de revenus unique. Les nombreuses inter-ventions parlementaires en cours montrent clairement que la politique familiale est en train d’endosser ce nouveau rôle dans la mesure où une bonne partie de ces interventions concernent en priorité des