C AHIERS DE
TOPOLOGIE ET GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CATÉGORIQUES
D ENIS -C HARLES C ISINSKI
La classe des morphismes de Dwyer n’est pas stable par rétractes
Cahiers de topologie et géométrie différentielle catégoriques, tome 40, no3 (1999), p. 227-231
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LA CLASSE DES MORPHISMES DE DWYER N’EST PAS STABLE PAR RETRACTES
par Denis-Charles CISINSKI
CAHIERS DE TOPOLOGIE ET
GE0.IlETRlE DIFFEREJVTIELLE CATEGORIQUES
l’olume VL-3 (1999)
Abstract. In
[1]
R. Thonmason claims that a retract of aDwyer
map is a
Dwyer
map to show the closed modelcategory
struc-ture he defined on the
category
of smallcategories
is proper.This paper
gives
acounterexample
to this claim and shows how togive
aproof
of thepropriety
axiom.Dans Cat as a closed model
category [1],
R. Thomason définit unestructure de
catégorie
de modèles fermée propre sur lacatégorie
Catdes
petites catégories.
Une notion cruciale pour établir l’existence d’une telle structure est celle demorphisme
deDwyer.
Il est affirmé dans[1]
que la classe de ces
morphismes
est stable par rétractes. Cette assertion n’est pas utilisée pour montrer que Cat est unecatégorie
de modèlesfermée,
mais elle intervient pour établir lapropreté,
et pour démontrer que toute cofibration est unmorphisme
deDwyer.
On
présente
ici uncontre-exemple
à cette affirmation en construisantun
morphisme
deDwyer
et un rétracte de celui-ciqui
n’en est pas un.On établit en outre que ce rétracte est une cofibration de
Cat,
cequi
montre
qu’il
existe des cofibrationsqui
ne sont pas desmorphismes
de
Dwyer.
Enprouvant
néanmoins que sous certainesconditions,
unrétracte d’un
morphisme
deDwyer
est unmorphisme
deDwyer,
onobtient que toute cofibration entre ensembles ordonnés
(et
enparticulier
entre
objets cofibrants,
lesobjets
cofibrants de Cat étant des ensemblesordonnés)
est unmorphisme
deDwyer. Enfin,
on introduit la notion depseudo-morphisme
deDwyer qui permet
dedonner
une démonstration de l’axiome depropreté.
On se réfèrera dans ce
qui
suit aux définitions et aux résultats de[1] .
que :
- la classe des
morphismes
deDwyer
n’est pas stable parrétractes ;
- il existe des cofibrations
qui
ne sont pas desmorphismes
deDwyer.
On note Ord la
catégorie
des ensemblesordonnés,
etA
celle des ensemblessimpliciaux.
On définit unfoncteur e :
Ord -> Cat de la manière suivante : si E est un ensembleordonné, (E
est l’ensembledes
parties
finies non vides et totalement ordonnées deE,
ordonné parl’inclusion,
et sif :
E - F est uneapplication croissante, § f
est définipar U ->
f (U).
Le foncteur subdivisionbarycentrique
Sd :A -> A
est
l’unique
foncteur commutant aux limitesinductives,
etprolongeant
le
composé
de la restrictionde e
à lacatégorie simpliciale A
avec lefoncteur nerf N : Cat -
A.
On démontre que si E est un ensembleordonné,
vu comme unepetite catégorie,
alors Sd N E = NeE.
Lemme 1 Pour tout n >
0, l’inclusion 8n : [0]
o[n] (où [n] désigne
l’ensemble ordonné
{0, ... , nl)
est unecofibration
et unrraorphisme
deDwyer.
DÉMONSTRATION.
On définit desapplications
croissantesOn : e[n]
-[n]
par U ->max(U)
etwn: [n]
->e[n]
par i -+[zj.
On a alors undiagramme
commutatifavec
§[0] = [0], 0.0,,
=1[n]. Autrement-dit, 8n
est un rétracte de§8n.
Par
fonctorialité, §8n
est un rétracte de§82n qui
est une cofibration(cf.
[1],
prop.4.6).
Parsuite, 8n
est une cofibration. Le fait que ce soit unmorphisme
deDwyer
estévident,
car 0 estl’objet
initial dans[n],
etdonc 8n
admet unadjoint
àdroite,
et[0]
est un crible de[n].
On considère à
présent
lacatégorie
A définie par Ob A ={a}
etdont l’ensemble des flèches est
HOmA (a, a) = (la, a},
avec les relationsa2
= a eta =1 la.
Il existe uneunique
flèche À :[0]
->A,
et si l’onforme le carré cocartésien dans Cat :
la
flèche j
est une cofibration et unmorphisme
deDwyer (cf. [1],
prop.4.3).
Onpeut
décrire C de manièreplus
concrète : Ob C ={a, b}, a -=1= b, Homc(a, cc)
=HomA (a, a), Homc(a, b) {B,y}, Homc(b, b)
=lb,
etHomc(b, a) 0,
avec les relations ya =l’, l’ -=1=
q. Lefoncteur y
estdéfini en
envoyant
0 -> 1 sur q. Il est aussipossible d’expliciter
unadjoint
à droite sde j :
on pose sa = sb =a, sb
= sa = a et SÎ =1a,
on a alors
sj
=lA,
et lemorphisme d’adjonction E : js - le
est donnépar Ea - la et Eb =y
(le morphisme
q :1 A - sj
étantl’identité).
On définit ensuite B comme la
sous-catégorie
de Cayant
les mêmesobjets
queC,
aet 0
comme seulsmorphismes
nonidentiques,
et on note1 : A - B, k : B - C
les inclusions.Enfin,
on a un foncteur t : C - B induisant l’identité sur lesobjets,
et tel quetB = ty
=B, ta =
a. On ales relations suivantes : tk=
1B,
ksi= j
ett j
=i,
i. e. i est un rétractede j :
Donc z est une
cofibration,
mais ce n’est pas unmorphisme
deDwyer,
carle cocrible
engendré
par A dans B estégal
àB,
et donc si 2 était un rnor-phisme
deDwyer,
i admettrait unadjoint
àdroite,
etHomB(a, b) = {b}
serait en
bijection
avecHomA(a,a) == {1a, a},
cequi
est absurde. On aainsi construit le
contre-exemple
annoncé.Lemme 2 On considère le
diagrarnmt commutatif
suivant dans C;atavec ri =
lA, s j
=1B, j
et r étant desfoncteurs pleins.
Alors si g estun
morphisme
deDwyer, f
est unmorphisme
deDwyer.
DÉMONSTRATION.
En considérant le carré cocartésienet en
remarquant qu’alors
r’ estplein
et queg’
est unmorphisme
deDwyer,
onpeut
supposer(quitte
àremplacer
D parDUC A, j
parr’ j,
ets par
(s, f))
que A = C et que r = 1 =1 A .
On se ramène facilement aussiau cas où D est le cocrible
engendré
par A = C dansD, g
admettantun
adjoint
àdroite,
noté h. Il suffit alors de montrer quef
admet unadjoint
à droite. Or si a e Ob A et b E ObB,
on a :On montre aussi aisément le
Lemme 3 Soient
A E B ->
A deuxflèches
deCat,
telles que ri = lA . Alors si B est un ensembleordonné,
i est une inclusionpleine.
Proposition
1 Soitf :
A -> B unecofibration
de Cat. Si A est unensembles
ordonné,
alors B est un ensembleordonné,
etf
est un moT’-phisme
deDwyer.
DÉMONSTRATION. On
procède
de la même manière que pour la dé- monstration de laproposition
5.7 dans[1],
c’est-à-dire en utilisant l’ar-gument
dupetit objet
et le lemme durétracte,
mais enappliquant
lesdeux lemmes
précédents
à laplace
du 3° dans le lemme 5.3 de[1].
REMARQUE :
on en déduit immédiatement que tous lesobjets
cofibrantsde Cat sont des ensembles
ordonnés,
car0
est un ensemble ordonné.Définition 1 Un
pseudo-n-¿orphisn-¿e
deDwyer
est un crible i : .4 ->B,
tel que i : A -> 2 A admette une rétraction r : Z.4 -> .4
(on rappelle
que Z.4 est le cocrible
engendré
par ..4 dansB),
et telqu’il
existe unmorphisme
de fonc teurs : i r - 1_g_4 vérifiant si = 1, .Lemme 4 La classe des
pseudo-morphismes
deDwyer
est stable par rétractes.DÉMONSTRATION.
Considérons undiagramme
commutatif dans Catavec ri =
lA, s j
=1B.
On va montrer quesi g
est unpseudo-morphisme
de
Dwyer,
il en est de même pourf .
On se ramène facilement au cas où D est le cocribleengendré
par C dansD, g
admettant une rétractionp, telle
qu’il
existe unmorphisme
de foncteurs E : 9P -+l D
vérifiant£g =
1g .
Enposant q
=r p j
et s’ =se j : f q -> 1 B,
on vérifie que q estune rétraction de
f
et queEf
=1 J.
REMARQUE :
il est immédiat que toutmorphisme
deDwyer
est unpseudo-morphisme
deDwyer.
Laproposition 4.3,
le corollaire4.4,
etle lemme 5.3 dans
[1]
sont tous vrais enremplaçant
la notion de mor-phisme
deDwyer
par celle depseudo-morphisme
deDwyer,
et ce enreproduisant
les démonstrations de R.Thomason àl’identique.
Onpeut
alorsremplacer
laproposition
5.4 de[1]
par :Proposition
2 Toutecofibration
de Cat est un rétracte d’un mor-phisme
deDwyer,
et donc est unpseudo-morphisme
deDwyer.
Cela
permet
ainsi d’affirmer le corollaire 5.5 de[1],
à savoir que Cat est unecatégorie
de modèles fermée propre(en appliquant
laproposi-
tion 4.3 de
[1],
mais pour lespseudo-morphismes
deDwyer).
Référence
[1]
R.THOMASON,
Cat as a closed modelcategory,
Cahiers deTopolo- gie
et Géométrie Différentielle XXI-3(1980),
305-324.Université Paris 7
2, place
Jussieu75251 Paris cedex 05
e-mail :