Universit´ e de Bordeaux L3 S5, MA5012
Devoir Maison 1, ` a rendre semaine 41
Exercice 1. On d´ efinit T 0 = {A ⊂ R , A ou son compl´ ementaire est au plus d´ enombrable}.
(1) Montrer que T 0 est une tribu sur R .
∅ ∈ T 0 et T 0 est stable pour le compl´ ementaire en remarquant que (A c ) c = A.
Pour (A i ) i∈I famille au plus d´ enombrable d’´ el´ ements de T 0 (c’est-` a-dire l’ensemble I des indices est au plus d´ enombrable) nous avons
Premier cas : pour tout i ∈ I , A i est au plus d´ enombrable et on sait qu’une union au plus d´ enombrable d’ensembles au plus d´ enombrable est au plus d´ enombrable ; S
i∈I
A i ∈ T 0 . Deuxi` eme cas : il existe i 0 ∈ I tel que A c i0 est au plus d´ enombrable, alors en remarquant que
[
i∈I
A i
! c
⊂ A c i0
nous avons que
S
i∈I
A i c
est au plus d´ enombrable et S
i∈I
A i ∈ T 0 .
(2) On note T 1 la tribu engendr´ ee par la famille {{x, x + 1, x + 2}, x ∈ R } et T 2 la tribu engendr´ ee par la famille des parties finies de R. Montrer que T 0 = T 1 = T 2 .
La famille {{x, x + 1, x + 2}, x ∈ R } est incluse dans la famille des parties finies de R qui elle mˆ eme est incluse dans T 0 . Par d´ efinition d’une tribu engendr´ ee par une famille (plus petite tribu au sens de l’inclusion contenant cette famille) nous avons donc
T 1 ⊂ T 2 ⊂ T 0 .
Pour montrer que T 0 ⊂ T 1 on remarque que
∀a ∈ R {a} = {a − 2, a − 1, a} ∩ {a, a + 1, a + 2}
les singletons sont dans T 1 . Si l’on prend maintenant A un ´ el´ ement arbitraire de T 0 alors Premier cas : A est au plus d´ enombrable et A = S
a∈A
{a} ∈ T 1 Deuxi` eme cas : A c est au plus d´ enombrable et A c = S
a∈A
c{a} ∈ T 1 donc A ∈ T 1 car T 1 est une tribu.
Conclusion T 0 ⊂ T 1 et on a l’´ egalit´ e des trois tribus.
(3) Cette tribu coincide-t-elle avec la tribu bor´ elienne ?
Non, [0, 1] est dans la tribu des bor´ eliens mais ni [0, 1], ni R \ [0, 1] n’est au plus d´ enombrable.
Exercice 2. On consid` ere une suite (a n ) n≥1 avec a n > 0 pour tout n. On pose pour tout x ≥ 0,
f n (x) =
n
X
k=1
e −akx .
(1) Montrer que pour tout n, f n est une fonction Lebesgue int´ egrable sur [0, +∞[.
f n est une fonction continue, donc mesurable sur [0, +∞[. De plus elle est positive donc la
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Lebesgue int´ egrabilit´ e de f n ´ equivaut ` a la convergence de l’int´ egrale de Riemann g´ en´ eralis´ ee R +∞
0 f n (x) dx.
∀X > 0 Z X
0
f n (x) dx =
" n X
k=1
− 1 a k e −akx
# X
0
. Pour tout entier k, a k > 0 donc lim
X→+∞ e −a
kX = 0 et l’int´ egrale de Riemann g´ en´ eralis´ ee de f n converge. On a de plus que
Z
[0,+∞[
f n (x) dx = Z +∞
0
f n (x) dx =
n
X
k=1
1 a k .
(2) Montrer que la suite (f n ) converge simplement vers une fonction mesurable f (les en- sembles de d´ epart et d’arriv´ ee sont munis de leurs tribus bor´ eliennes).
La suite (f n ) est une suite croissante de fonctions mesurables, elle converge simplement vers une fonction f ` a valeurs dans [0, +∞] grˆ ace ` a la croissance de la suite. Cette fonction f est mesurable de ([0, +∞[, B([0, +∞[)) dans ([0, +∞], B([0, +∞])) comme limite de fonctions mesurables.
(3) Montrer que f est Lebesgue int´ egrable sur [0, +∞[ si et seulement si P
k≥1 1 a
k< ∞.
Par convergence monotone (th´ eor` eme de Beppo Levi) f est Lebesgue int´ egrable sur [0, +∞[
si et seulement si la suite de r´ eels R +∞
0 f n (x) dx
n admet une limite finie, soit avec la question 1 si et seulement si
n→+∞ lim
n
X
k=1
1 a k ∈ R .
Exercice 3. Soit Ω un ensemble muni d’une tribu T et d’une mesure positive non nulle µ. Soit f : Ω→ R une fonction mesurable (pour les tribus T et B( R )). Montrer que pour > 0 donn´ e, il existe A ∈ T tel que µ(A) > 0 et
|f (x) − f (y)| < pour tout x, y ∈ A.
Indication : Consid´ erer les ensembles A r = f −1 (]r − /2, r + /2[) et montrer que Ω = ∪ r∈ Q A r . Pour ε > 0 fix´ e et par densit´ e de Q dans R , R = S
r∈ Q
]r − ε/2, r + ε/2[. D’o` u
Ω = f −1 (R) = f −1
[
r∈ Q
]r − ε/2, r + ε/2[
= [
r∈ Q
f −1 (]r − ε/2, r + ε/2[) = [
r∈ Q
A r .
Pour tout rationnel r, A r ∈ T car ]r − /2, r + /2[ est ouvert donc dans B( R ) et f est mesurable pour les tribus T et B( R ).
Puisque Q est d´ enombrable, avec la σ-additivit´ e de la mesure on a, 0 < µ(Ω) ≤ P
r∈ Q µ(A r ). On en d´ eduit qu’il existe r ∈ Q tel que µ(A r ) > 0 et par d´ efinition de A r
∀(x, y) ∈ A 2 r |f (x) − f (y)| ≤ |f (x) − r| + |r − f(y)| < ε d’o` u le r´ esultat.
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Exercice 4. Structure bor´ elienne des points de continuit´ e d’une fonction.
Soit (X, d) un espace m´ etrique et f : X→ R une application quelconque. On note B(x, r) = {y ∈ X|d(x, y) < r} et on d´ efinit l’oscillation de f en x, not´ ee ω(x), par
ω(x) = inf{ω(x, δ) ; δ > 0} avec ω(x, δ) = sup{|f (t) − f(s)| ; s, t ∈ B (x, δ)}.
i. Montrer que f est continue en x si et seulement si ω(x) = 0.
Rappelons la d´ efinition de la continuit´ e de f au point x
∀ε > 0 ∃δ ε > 0 : (y ∈ B(x, δ ε ) ⇒ |f (y) − f (x)| < ε)
On en d´ eduit que si f est continue en x alors
∀(s, t) ∈ B(x, δ ε ) 2 |f (t) − f (s)| ≤ [f (t) − f (x)| + |f (x) − f (s)| < 2ε.
En reprenant les notations de la question on a
∀ε > 0 ∃δ ε > 0 : ω(x, δ ε ) ≤ 2ε On en d´ eduit que 0 ≤ ω(x) ≤ 2ε pour tout ε > 0 et donc ω(x) = 0.
R´ eciproquement si ω(x) = 0 alors par d´ efinition de la borne inf´ erieure
∀ε > 0 ∃δ ε > 0 : ω(x, δ ε ) < ε
ce qui entraine la continuit´ e de f en x (prendre par exemple s = x dans la d´ efinition de ω(x, δ)).
ii. Montrer que pour tout > 0, A = {x ∈ X ; ω(x) < } est un ouvert.
Soit x ∈ A alors toujours avec la d´ efinition de la borne inf´ erieure
∃δ > 0 : ω(x, δ) < ε.
Pour tout y ∈ B(x, δ/2), B(y, δ/2) ⊂ B (x, δ) et en utilisant que pour deux ensembles A et B si A ⊂ B alors sup A ≤ sup B on a que
B(y, δ/2) ⊂ B(x, δ) ⇒ ω(y, δ/2) ≤ ω(x, δ) < ε
soit y ∈ A pour tout y de B(x, δ/2). On vient de montrer que pour tout x de A il existe δ > 0 tel que B (x, δ/2) ⊂ A ; A est ouvert.
iii. En d´ eduire que l’ensemble des points de continuit´ e de f est un G δ (c’est-` a-dire une inter- section d´ enombrable d’ouverts). En particulier c’est un bor´ elien.
Si l’on note C l’ensemble des points de continuit´ e de f alors C = {x ∈ X ; ω(x) = 0} = \
n∈ N
∗{x ∈ X ; ω(x) < 1/n} = \
n∈ N
∗A 1/n .
Avec la question pr´ ec´ edente A 1/n est un ouvert pour tout n ∈ N ∗ et on a le r´ esultat attendu puisque les ouverts et toutes intersections d´ enombrables d’ouverts sont des bor´ eliens.
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