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Submitted on 1 Jan 1904
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Cohésion diélectrique des gaz et température
E. Bouty
To cite this version:
E. Bouty. Cohésion diélectrique des gaz et température. J. Phys. Theor. Appl., 1904, 3 (1), pp.12-28.
�10.1051/jphystap:01904003001201�. �jpa-00240855�
Des cailloux ramassés vers quatre heures de l’après-midi, dans
une cour où ils avaient reçu les radiations solaires, émettraient
spontanément des rayons n : il suffisait de les approcher d’une petite masse de sulfure phosphorescent pour en augmenter l’éclat.
Des fragments de pierre calcaire, de brique, ramasses dans la même cour, produisaient des actions analogues. L’activité de tous ces corps persistait encore au bout de quatre jours, sans affaiblis-
sement bien sensible. Il est toutefois nécessaire, ponr que ces actions se manifestent, que la surface de ces corps soit bien sèclle ;
nous savons, en effet, que la plus mince couche d’eau suffit pour
,
arrêter les rayons n. La terre végétale fut trouvée iuactive, sans
doute à cause de son lmmidité ; des cailloux pris à quelques centi-
mètres an-dessous de la surface du sol étaient inactifs, même après
avoir été séchés.
Les phénomènes d’elnnlagasinement des rayons n qui font l’objet
de la présente Note doivent tout naturellement êtrc rapprochés
de ceux de la phosphorescence; ils présentent toutefois un caractère spécial, sur lequel je reviendrai.
(A sitirre.)
COHÉSION DIÉLECTRIQUE DES GAZ ET TEMPÉRATURE ;
Par M E. BOUTY(1).
1. Pour étudier la variation de la cohésion diélectrique des gaz
avec la température, j’ai tenu à m’écarter le moins possible des con-
ditions où avaient été réalisées mes mesures antérieures. J’ai donc conservé les mêmes dispositions essentielles et observé les mêmes
précautions minutieuses (2). Les seules modifications, imposées par
l’emploi des hautes températures, sont les suivantes :
Les supports en verre paraffiné et les cales d’ébonite séparant les plateaux ont été remplacés par des supports en porcelaine ou en
(1) Communication faite à la Société française de physique : Séance du 4 dé- cembre 1903. Ce mémoire développe et remplace les notes suivantes aux C. Il.
cle l’Académ.ie des Sciences: Cohésion diélectrique des gaz et te111pél’alure,
t. CXXXVI, p. 1616. Cohésion diélectrique des gaz il basse température,
t. CXXXVII, p. 741 ; 1903.
(2) Voir J. de Phys., 48 série, t. I, p. 403; 1903.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:01904003001201
terre de pipe. Des vases poreux de piles neufs, rodés à la meule et
ajustés à la longneur convenable, sont d’un excellent usage.
La charge et la décharge du condensateur s’opèrent comme
dans les expériences antérieures, à cette différence près que l’étin- celle de charge ou de décharge se produit ici en dehors de l’enceinte,
entre des tiges en relation métallique avec les plateaux du conden-
sateur et des godets à mercure reliés aux pôles de la pile de charge.
J’ai fait usage de dispositifs permettant de porter le système entier
du ballon à gaz, du grand condensateur à plateaux (32 centimètres
’de diamètre) et de ses supports à une série de températures graduées
à volonté de - ’ 00° à + 2600.
2. Les hautes températures sont produites par un courant élec-
trique d’intensité variable circulant dans une résistance métallique placée dans l’enceinte, tout autour du système. Le courant, fourni
par le secteur, est gradué à l’aide d’une résistance auxiliaire exté- rieure.
L’enceinte est protégée contre le refroidissement par plusieurs enveloppes en toile d’amiante.
La température, dans la région centrale, au voisinage immédiat
du ballon, est donnée par un thermomètre à mercure, dont le zéro est
vérifié de temps en temps. 0
La paroi du ballon ne pouvant être paraffinée, il est indispensable,
avant chaque mesure, de porter l’étuve à au moins 200° et de l’y
maintenir pendant dix minutes ; on produit ensuite la température désirée, et, quand le thermomètre est bien fixe, on procède à la me-
sure du champ critique.
On observe les lueurs d’effluve à travers une feuille de mica.
3. Pour produire les basses températures, j’ai eu d’abord recours
à une circulation d’acétone refroidi dans un mélange d’acide carbo- nique solide et d’acétone. L’acétone traversait un serpentin de cuivre
extérieur entouré du mélange réfrigérant, puis un serpentin de plomb long et étroit, de 40 centimètres de diamètre, logé dans l’enceinte où il remplaçait la spirale électrique. On faisait varier la température
en modifiant la charge sous laquelle passait le courant d’acétone.
Mais, étant donné le grand volume de l’enceinte (environ ,J 00 lit.),
il devient difficile d’entretenir le réfrigérant, en produisant, dans
le temps voulu, la quantité nécessaire d’acide carbonique, solide.
Je n’ai pas, ainsi, dépassé - 30°.
4. J’ai trouvé qu’il est à la fois beaucoup plus rapide et plus éco-
nomique d’avoir reoours. à l’air liquide, qu’on trouve aujourd’hui
dans le commerce à des conditions peu onéreuses. Grâce à robli- geance de M. Claude, j’ai pu disposer de quantités considérables d’air liquide et étudier le procédé le plus avantageux de réfrigé-
ration.
Le serpentin intérieur à l’étuve est formé d’un tube de 2 centi- mètres de diamètre, percé de trous à la partie supérieure des spires.
Il pèse plus de 10 kilogrammes. L’air liquide, fourni par l’usine dans des ballons de 5 litres de capacité, est chassé, par le jeu d’une poire en caoutchouc, à l’intérieur du serpentin, où il repasse à l’état gazeux, se répand dans l’enceinte et s’en échappe par des fissures.
Les enveloppes protectrices en toile d’amiante sont renforcées de
plusieurs doubles de flanelle épaisse, de manière à réduire le plus possible les pertes dues à la conductibilité et au rayonnement.
Les températures sont lues sur un thermomètre à toluène gradué jusqu’à - 75°, mais permettant encore de repérer des températures jusqu’au voisinage de - 1001.
Quand on commence à envoyer de l’air liquide dans le serpentin,
la température du thermomètre baisse d’abord très lentement, puis
d’une manière rapide. Si l’on cesse de fournir du liquide, la tempé-
rature baisse encor.e pendant quelques minutes, puis se fixe à un
minimum dont elle s’écarte peu pendant un temps largement suffisant
pour la mesure du champ critique.
Après chaque mesure, il est indispensable d’ouvrir l’enceinte et de
paraffiner le ballon à + 1500 (1).
5. Après avoir mesuré la pression du gaz dans l’appareil, à la température ambiante, on ferme le robinet du ballon, de façon à opérer désormais à volume constant, sur une masse de gaz inva- riable. On produit ensuite dans l’enceinte la série des températures auxquelles on désire observer.
Voici quelques séries de mesures opérées sur divers gaz à hante et à basse température désigne la température centigrade, C le champ critique en volts par centimètre, e la différence par rapport à
la moyenne.
La distance des plateaux du condensateur était de 6cm,5. On a (1) La feuille de mica à travers laquelle on observe les lueurs se couvre exté- rieurement d’une couche de givre difficile à enlever, mais dont la présence ne
m’a jamais gêné. Je n’ai, en effet, exécuté d’expériences de refroidissement qu’à
des pressions relativem ent élevées, et la première effluve est alors très brillante.
employé trois ballons plats de même épaisseur moyenne (5em,4 à
5cm,6), l’un de verre, les deux autres de cristal.
16
(1) Températures seulement repérées.
(2) Ce nombre est la moyenne de deux mesures effectuées à des températures
voisines.
XIII.
-Mème ballon. Pression à 17°: 5cm, 537.
XIV.
-Méine ballon. Pression à 17° : 6cm,880.
MÉLANGE D’OXYGÈNE ET D’HYDROGÈNE, 43,6 0, 0 D’HYDROGÈNE.
XV. - Ballon de cristal n° 2. Pression ri1 jO : 7cm,649.
6. L’ensemble de ces observations, et particulièrement les mesures
relatives à l’air et à l’hydrogène, établissent, sans contestation pos-
sible, que le champ critique relatif à une masse de gaz invariable,
observée à volume constant et sous une pression iniliale de quelques
centimètres de mercure, est indépendant de la température, à moins
de un centième de sa valeur près, entre
-10f)0 et + 200°, c’est- à-dire dans des limites où la pression de cette masse gazeuse varie dans un rapport égal à 2,7. Cette indépendance ayant lieu pour toutes les pressions auxquelles j’ai opéré, on en conclut, d’apr(Js la défini-
tison que j’ai donnp’e de la cohésions diélectrique, qu’it 1)olume constant
cet éléJnent est indépendant de la température (1).
7. Dans les limites de pression où j’ai opéré, cette conclusion
est applicable à l’acide carbonique, tout au moins jusqu’à
-70°. Il
convient de remarquer qu’à la pression de 4 centimètres et demi l’acide carbonique peut, même à
-70", être considéré comme un (1) Il résulte de cette loi qu’on n’a pas Si se préuccuper, pour les mesures, de connaître les températures avec une bien grande précision.
Cependant les températures indiquées doivent être considérées comme exactes,
tout au moins à un couple de degrés près, jusqu’aux plus hautes et aux plus
basses températures employées,.
gaz parfait. On sait, en effet, que les thermomètres a air, à hydro- gène et à acide carbonique marchent très sensiblement d’accord
jusqu’à ce que chacun des trois gaz ait atteint sa température de liquéfaction, sous la pression à laquelle on l’emploie.
8. D’après les tableaux ci-dessus, la coliésiun diélectrique à volume
constant se montre indépendante de la température, non seulement
pour un gaz pur, mais aussi pour des mélanges gazeux tels que
air, mélange d’acide carbonique et d’hydrogène, mélange d’oxygène
et d’hydrogène.
A propos de ce dernier mélange, il convient d’insister sur ce fait que l’effluve n’en provoque pas l’explosion, même vers 190°. Elle
ne produit pas non plus de vapeur d’eau en quantité appréciable, car, après le passage d’une ou de plusieurs effluves, la pression n’éprouve
aucune diminution mesurable, même quand on laisse ensuite la com-
munication établie, pendant des heures, entre le ballon et une éprou-
vette desséchante à anhydride phosphorique.
9. Il ne serait sans doute pas bien difficile d’étendre la loi de l’inva- riabilité de la cohésion diélectrique à volume constant à des tempéra-
tures notablement plus basses que celles que j’ai employées. Si l’on se proposait seulement d’obtenir des mesures relatives, on pourrait
diminuer beaucoup les dimensions du condensateur et du ballon, par
conséquent aussi celles de l’enceinte ; introduire l’air liquide dans
une enveloppe fermée, entourant le condensateur, et dans laquelle
on ferait au besoin le vide. Il me paraît certain que la loi se main- tiendrait sans modification, jusqu’au voisinage de la température
pour laquelle l’espace occupé par le gaz deviendrait saturé.
10. Si je n’ai rencontré et si je ne prévois aucune difficulté sérieuse dans le cas des basses températures, j’ai au contraire été promptement arrêté dans le sens des températures ascendantes, par la conductibi- lité qu’acquiert, dès une température assez médiocre, la paroi diélec- trique du ballon. L’importance de la loi à établir sera l’excuse des développements un peu longs que cette complication expérimentale
va entraîner.
Je faisais, dans le principe, usage d’un ballon de verre, auquel
se rapportent quelques-unes des séries de mesures relatées ci-
dessus (’ ), en particulier toutes les mesures à basse température.
(1) C’est le ballon auquel se rapportent les nombres définitifs de mon mémoire,
antérieur (air, hydrogène etacide carbonique), J. cle Phys., 4° série, t. II, p. 413-416.
Aux tableaux de nombres déjà indiqués, je joindrai encore les séries suivantes, relatives à l’air et au ballon de verre :
AIR.
XVI. - Ballon de verre. Pression rapportée à 17°: 4cn,047.
Ainsi, jusqu’à 84°,5, le champ critique paraît remarquablement
constant : sa valeur moyenne est 1986. Tout à coup, à 104°,5, sa
valeur paraît s’être accrue dans un rapport r égal à 1,124.
La même allure se retrouvant dans tous les tableaux que j’aurais
à citer, je me bornerai désormais à indiquer, en chiffres gras, la valeur moyenne du champ critique, dans les limites de température où il
demeure constant, en regard des valeurs variables que le champ paraît avoir dès qu’une certaine température est dépassée.
AIR.
XVII.
-Ballon de verre. Pression rapportée à f7°: 3cm,338.
On voit qu’au-delà d’un certain point l’excès du champ critique
apparent sur le champ critique moyen, ou le rapport r, croît, avec
la température, suivant une loi extrêmement rapide. En réunissant
les observations qui précèdent, on trouve que, jusqu’à 90°, le champ critique est constant :
log r = o;
au dessus de 90°, le rapport r peut être représenté par la formule
empirique :
log r = 0,0040 (t
-90°),
-a l’aide de laquelle ont été dé ter min 8 sIC’ :; nombres de l’avant- dernière colonne des tahleaux précédents.
Le rapport r croît donc suivant une loi exponentielle, il partir
d’une valeur critique de la température qui, pour ce ballon de verre, est de 90’.
t 1. Zon salit, notamment par les expériences de M. Fousserraii (1),
que la conductibilité des diélectriques solides, et en particulier crile
du verre, croît avec la température suivant une loi exponentielle.
Rappelons que le champ agissant sur le gaz en cxpcrience à l’inté-
rieur du ballon est produit à la faveur d’une étincelle qui jaillit entre
des godets à mercure et des tiges métalliques mobiles. Entre l’instant où l’étincelle commence à jaillir et celui où, les tiges aftleurant le
mercure des godets, le chan1p atteint sa valeur maximum, il s’écoule
un temps fini. Pendant cet intervalle, le verre, devenu conducteur,
livre passade à une certaine quantité d’électricité, appelée, par in-
fluence, il circuler à travers sa masse.
Les parois du ballon, ainsi électrisées en sens contraire du plateau
de condensateur le plus voisin, agissent pour d111111111e1’ le champ
à l’intérieur du ballon. Ponr que le champ efficace finale conserve une
valeur fixé, il faut donc que le champ extérieur, seul mesuré, croisse dans un certain rapport r, conformément à ce que l’expérience a
établi. Tant que l’excès de r sur l’nnité ne sera pas trop grand,
cet excès demeurera sensiblement proportionnel à la coii1iuiil>ilil*
du verre, et, puisqu’elle croît avec la température suivant une loi
extrêmement rapide, il en sera de même de l’excès r
-1, ou
de r.. 1
12. Si notre interprétation est exacte, la quantité d’électricité qui
circule dans la paroi de verre pendant que le champ s’établit devra
être d’autant plus considérable que la période variable de ce cliamp
sera elle-même plus longue. Si donc on introduit t dans le circuit
de charge une résistance telle que la valeur maximum du champ ne
soit atteinte qu’un temps appréciable après que les tiges métalliques
ont aftieuré les godets à mercure, le rapport r devra augmenter sen- siblement.
Dans les mesures précédentes (tableaux XVI et X’ÍII), le circuit
des accumulateurs comprenait deux résistances liquides, constituées
(1) G. FOCSSEfiEAU, R¿sÍstaHce éleclJ>iqlle du uer’3°e aux basses le:npéJ’olures (J. de
l’h,ys., 9 ’ série, t. lI, p. 254; 1883).
par des tubes capillaires remplis r eau de source et contenant des électrodes de platine.
Ces résistances diminuent lentement avec le temps; mais même fraîchement construites, elles ne soot, pas suffisamment grandes pour
empêcher un volln1(Blrc électrostatique de M. Carpentier, intercalé
dans le circuit, d’atteindre immédiatement sa position d’équilibre
définitive. En supprinlant l’une de ces résistances, je n’ai pas observé
de variation bien sensible du rapport r. Mais, en substituant dans l’une d’elles de l’eau distillée à l’eau de rivière, après lavage du tube plusieurs fois répété à l’eau distillée, le rapport r a beaucoup ayez menté.
Allt.
xx.iii. 2013 Ballon de t’CITe. I>/’c8."ion Ú 1-o : ?,216..
,
Champ moyen à la température ordinaire 1190,
-
t - 191°,5.
Résistance en eau (lue rivière
...Champ : 2060 l’ == 1,731 1
-
en eau distillée... 2193 z ‘?,095 13. L’introduction d’un condensateur de très grande capacité, placé
en dehors de l’étuve, en dérivation sur le condensateur chauffé, doit produire un effet analogue à celui d’un accroissement de résistance du circuit de charge.
Je me suis procuré un condensateur à lame d’air d’une capacité un
peu supérieure à 3 millièmes de microfarad, formé d’une série de lames de verre de large surface, étamées sur leurs faces en regard
e t distantes de lcffi,5...
On a constaté un effet appréciable de l’introduction de ce conden- sateur. La pression du gaz ramenée à 1 î° était la même que dans
l’expérience précédente.
,XIX. - t - 145°.
C r
.