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Variation des chaleurs spécifiques des gaz parfaits avec
la température
G. Ribaud
To cite this version:
VARIATION
DESCHALEURS
SPÉCIFIQUES
DES
GAZ PARFAITS AVEC LA
TEMPÉRATURE
Par M. G. RIBAUD.Sommaire. 2014 Aux températures élevées le théorème d’équipartition de l’énergie
fournit,
pour une molé-culediatomique, une
chaleur spécifique limite, à pression constante, égaleà $$ 9R/2 =
8,94.Ce théorème d’équipartition doit être considéré comme une assez grossière approximation; il importe de lui apporter des corrections. La première tient à la distension de la molécule sous l’effet de la force
centri-fuge ; la seconde tient au fait que la formule d’Einstein suppose les vibrations harmoniques alors que la
spectroscopie indique des vibrations
anharmoniques.
Enfin l’élévation de la température peut amener, pourune part des molécules, des modifications dans l’édifice
électronique.
Ces trois dernières causes fournissentun accroissement de chaleur spécifique important (0,60 cal/mol pour O2; 0,67 pour H2; 0, 70 pour OH ; 0,21
pour N2 et CO à la température 5 000 °K).
Pour une molécule monoatomique la chaleur spécifique 4,96, constante aux basses températures, tend à s’accroître à partir du moment où l’édifice électronique se modifie : pour l’atome d’oxygène cela entraîne
un accroissement de chaleur spécifique égal à 0,22 à la température 5 000 °K.
Pour échauffer une molécule gramme d’un gaz de la
température
T à latempérature
T-~-
d T sanschanger
sonvolume,
il faut fournir à l’ensemble des moléculesune
énergie supplémentaire
dU. La chaleurspécifique
moléculaire vraie à la
température
T est alors définie par la relation :Dans la théorie
classique
des chaleursspécifiques,
l’énergie
d U cnmprend
l’accroissement del’énergie
ciné-tique
detranslation,
l’accroissement del’énergie
cinéti-que de rotation des moléculessupposées
rigides
et enfin l’accroissementd’énergie qui
résulte de la vibrationharmonique
des atomes lelong
de laligne qui
lesjoint.
Chaleurspécifique
moléculaire de transla-tion. - La théoriecinétique
des gaz fournitaisément,
pour
l’expression
del’énergie cinétique
de translation de l’ensemble des moléculesqui
constituent une molé-cule gramme,l’expression :
La chaleur
spécifique
moléculaire de translationprend
alors pourexpression :
On remarquera que
l’énergie
de translation d’une molé-cule individuelle varierégulièrement,
sans sauts analo-(1) Pour ne pas compliquer les formules qui suivent et éviterl’introduction de la quantité J (équivalent mécanique de la
calorie) nous considérerons la chaleur specifique énergétique; on
passera à la chaleur spécifique habituelle, exprimée en calories, en divisant toutes nos expressions par J.
gues à ceux que nous rencontrerons pour les autres
formes
d’énergie.
Les. molécules
monoatomiques
nepossèdent
aucuneautre
énergie que l’énergie
detranslation,
de sorte qu à toutes lestempératures
leur chaleurspécifique
àvolu-me constant est constante et
égale
à 3 ~ R
ouï,980
cal /
mol ;
la chaleurspécifique
àpression
constante a pourvaleur ~ ~ ~
4,965
calories/mol.
Chaleur
spécifique
moléculaire de rotation. -Dans le cas d’une moléculemonoatomique,
la masseétant tout entière concentrée autour du noyau de
l’ato-me, la rotation de la molécule autour d’un axe
passant
par le noyau ne met pas en
jeu d’énergie;
il en sera de même pour la rotation d’une molécule linéaire autour de laligne qui
joint
les centres des atomes. Seules les rotations autour d’un axeperpendiculaire
à cetteligne
feront intervenir uneénergie
de rotation112 1
étantle moment d’inertie de la molécule autour d’un tel axe
et w la vitesse
angulaire
de rotation.Contrairement à ce
qui
se passe pour latranslation,
cette
énergie
ne varie pas defaçon
continue pour unemolécule
individuelle,
mais obéit à la théorie desquanta
que l’onpeut
ici schématiser sous la forme élé-mentaire suivante(1).
Le moment de la
quantité
de mouvement nepeut
croître que suivant des
multiples
entiers de la constante~,
et l’on doit avoir1
(1) Pour plus de détails nous renvoyons aux ouvrages spéciaux,
par exemple : E. BLOCH. L’ancienne et la nouvelle théorie des
quanta. Hermann, édit., 1930.
Il en résulte pour
l’énergie
de rotationl’expression
classique :
qui,
dans la nouvellemécanique quantique, prend
uneforme un peu différente :
Les considérations
précédentes
nous fixent sur lessauts successifs de w ou de
F,
mais ne nouspermettent
pas de savoir dans
quelles
conditions,
enparticulier
àquelles températures,
ces sauts successifsponrront
être atteints.De
façon
générale
la formuleclassique
deBoltzmann
nous donne le nombre de molécules
qui,
à latempéra-ture
T,
sont dans l’étatd’énergie
Fi :
k,
constante des gazparfaits
rapportés à
une molécule :pu
représentant
lepoids statistique
relatif à la formed’énergie
Ei-La
proportion
de moléculespossédant l’énergie
j5/,
par
rapport
au nombre total des moléculesprésentes,
s’écrit alors :le
signe 1
étant étendu à toutes les moléculesqui
possè-dent del’énergie
sous la forme considérée.Pour ne
plus
avoir à y revenir remarquons en outre quel’énergie
moyenneprésente
dans une molécule de l’ensemble est donnée parl’expression :
d’où l’on déduit aisément
l’expression
de la chaleurspécifique
moléculairecorrespondante :
Une des difficultés rencontrées dans la théorie des chaleurs
spàcifiques
a été depréciser
les valeurs despoids statistiques
à attribuer aux diverses formesd’énergie.
En cequi
concerne la chaleurspécifique
derotation,
la valeur de cepoids
statistique,
dans le casd’une molécule
diatomique,
est fournie par la relation :L’expression
(3)
s’écritalors,
en tenantcompte
de la relation(2 bis) :
La
quantité -
qui
figure
dansl’expotentielle
esthomogène
d’unetempérature,
nousl’appellerons
tempé-rature
caractéristique
de rotation et nous ladésigne-rons par la notation 6. On trouvera dans le tableau 1
les valeurs de I et les
températures caractéristiques
de rotation pour diverses moléculesdiatomiques
et pourC0~ et H20.
TABLEAU I. - Valeurs des
températures caractéristiques
de rotation de diverses rrzolécules.
On remarquera que les diverses relations
(4),
(5)
et, 0
(6)
peuvent
s’exprimer
uniquement
en fonction de7i
ou de
;
le tableau II donne laproportion
des molécu-0les dans les divers niveaux
quantiques,
en fonction del’/8.
(1)
La mécanique ondulatoire indiquerait une expression unpeu plus compliquée :
j (ou J) représentant le nombre quantique rotationnel correspon-dant au moment résultant de toutes les quantités de mouvement;
ü et i. les spins nucléaires des deux atomes qui forment la
molé-cule ; nous rappelons que, pour l’oxygène, l’azote et l’hydrogène, ces spins sont respectivement égaux à 0; 1 et 1/2. En fait l’intro-duction des spins nucléaires ne modifie pas les conclusions qui
vont suivre.
Nous renvoyons également aux articles spéciaux pour la rela-tion entre n et j et au sujet des corrections qu’entraînent les
quantités de mouvement des électrons situés à l’intérieur de la molécule. On en trouvera un résumé dans Bruhat. Cours d’Optique,
2e édit., p. 627 et dans le rapport fait par L. et E. Bloch à l’occa-sion du Congrès in ternat)onal d’Electricité, Paris, 1932. Volume 11.
1re Section, p. 358. Voir également V’eizel. Handbuch der
Expé-ritnental
physik. Bandenspektren.
Nous rappelons seulement que pour les molécules homonucléaires (02 par ex.) il convient de57
TABLEAU II. -Pourcentage
des moléciiles rlans les diversquantiques
rotall*oiiiiels,
enfonction
de7’/ÍJ.
Fig. 1.
On remarquera que pour l’ voisin de
6,
leplus
grand
nombres des molécules est encore dans l’étatquantique
rotationnel inférieur n= 1 ;
au fur et à mesure que latempérature
s’accroît les moléculesatteignent
desni-veaux
quantiques
croissants;
pour 7’ = 100 8 lesmo-lécules se trouvent
groupées
enmajeure partie
dans les niveauxqui
vont de 4 à 10. Si l’on sereporte
au tableau1 on voit que, pour
l’oxygène
qui
a une faible valeurde
0,
les niveauxquantiques
élevés sont atteints à destempératures
notablementplus
basses que pourl’hy-drogène.
Au moyen de
l’expression r6)
onpNut
tracer les courbesqui représentent
la chaleurspécifique
derota-tion d’un gaz en fonction de
1’/0;
ces courbes ont ététracées sur la
figure 1
dans le cas de niveauxquantiques
n =
1, 2, 3,
4...,n =1,
3, 5, 7...,
(cas
de 02 et etn =
1/2,
3/2, 5/2... (cas
deNO ,
OH).
Pratiquement
la chaleurspécifique
de rotation appa-0raît vers
, et,
pour destempératures
de l’ordre de 3 à 5 0 atteint sa valeur maximumégale
à R soit1,986
calorie;
enfait cette chaleurspécifique
limite de rotation est atteinte bien avant latempérature
ordinaire(1),
sauf pourl’hydrogène (fig.
2),
en raison de la valeurélevée de sa
température caractéristique ;
pour ce corpsil reste à la
température
ordinaire un déficit de chaleurde rotation d’environ
0,08
calorie(~).
Chaleur
spécifique
de vibration. - Pourexpli-quer l’accroissement de la chaleur
spécifique
des gazaux
températures
élevées il convient de faire intervenir_ la vibration des
atomes,
les unspar rapport
aux autres. Le cas estparticulièrement simple
pour une moléculediatomique;
oa doit alors considérer lavibration,
defréquence v,
des deux atomes lelong
de laligne qui
lesjoint.
La théorie
d’Einstein,
qui
suppose la vibrationhar-l/loJlique,
fait intervenir des sautsd’énergie égaux
à /ivet
régis
parlastatistique quantique ;
elle aboutit àl’ex-pression
suivante del’énergie
moyenne d’unoscilla-teur
(3~ :
(1) Ilo-tir O:! eUtO est atteinte il 100K et pour NO
(1) Dans les calculs relatifs à ce corps il convient de tenir
compte du fait qui’il est constitué par un mélange de deux types de molécules, symétriques et antisYlnétriques.
58
Fig. 2. TABLEAU III. -
Températures caractëristiques
de vibration(en
dequelques
molécules.1’ABLEAU IV. -
Pourcentage
des nio/écules dans les divers nivea2cavibrationnels,
pourdifférentes
valeurs de770.
hv Ici
encore 2013
esthomogène
cl’unetempérature
etdé-signera
ce que nousappellerons
latempérature
carac-téristique
de vibration On trouvera dans le tableauIII les valeurs destempératures caractéristiques
de vibra-tion dequelques
moléculesdiatomiques,
fournies par laspectroscopie
(~1.
Dans le cas de
l’énergie
de vibration lepoids statistique
àadopter
dans leséquations (3) (4) (5)
(6),
estégal
à l’unité. Nous sommes donc en mesure depréciser
enparticulier
larépartition
des molécules entre les divers niveauxquantiques vibrationnels, v
=0, 1, 2,
3... Laproportion
de moléculespossédant
le nombrequantique
vibrationnel v est donnée par la relation :~~) Nous y avons joint les données relatives aux molécules C02 et H20, sur lesquelles nous reviendrons plus loin.
Nous avons rassemblé dans le tableau IV les
pourcen-tages
de moléculesappartenant
aux divers niveauxvibrationnels,
pour différentes valeurs deT,
0 *En dérivant
l’expression (7)
parrapport
à T onob-tient
l’expression
suivante pour la chaleurspécifique
moléculaire de vibration(formule d’Einstein) :
59 Nous avons
reproduit
sur lafigure
3 la variation de7" la
quantité 9 (x),
’ en fonction de2013.
n
~
Fig. 3.
La chaleur
spécifique
de vibration d’une moléculediatomique
commence àapparaître
pour T =0/10
environ;
pour T ~ 6 elle adéjà
atteint les 92 pour 100de sa valeur
maximum ;
enfin auxtempératures
très élevées elle tend versR,
c’est-à-dire1,986
cal/mol.
On
s’explique
aisément que les molécules dont latempérature
caractéristique
est relativement bassepeuvent
déjà posséder
à latempérature
ordinaire unechaleur
spécifique
de vibration notable. C’est le caspour le chlore
qui,
sous faibledensité,
a une chaleurspécifique
à volume constantégale
à6,02,
alors que, si la chaleurspécifique
de vibration n’intervenait pas, cette valeur devrait être4,96
comme pour les gazH2, N2, CO ;
le
supplément
1,06calorie,
qui représente
environ moitié de la chaleur devibration,
correspond
bien sur laF
figure
3à - == 3/8.
0Pour
l’oxygène,
la chaleurspécifique
de vibration à latempérature
ordinaire,
bien que beaucoup plus
faible,
n’est pasnégligeable
=0,13; Cvibr.
=0,08
cal).
Théorème d’équipartition . -
Si nous résumons cequi
précède
nous arrivons à la conclusion que, pourune molécule
diatomique,
auxtempératures
élevées la chaleurspécifique
moléculaire à volume constant doitt l 7 / h l,of’ " .
tendre vers
7R
et la chaleurspécifique
àpression
2QJ
constante vers
9R
= 8,94
cal/mol,
’
En ce
qui
concerne la chaleurspécifique
à volume.
1 .
f 0 3R
1
constant,
on voit que la translationfournit 2
laro-t 0 2B
1 .. !R . 0 "
tation et la vibration
-2 ;
cequi
a conduit à énon-cer le théorèmed’équipartition
del’énergie
entre lesdivers
degrés
de liberté quepossède
la molécule aiixtempératures
élevées.La translation fait intervenir en effet trois
para-mètres ;
la rotationpeut
s’effectuer suivant deux axesperpendiculaires
entre euxet perpendiculaires
à laligne
qui joint
lesatomes,
cequi représente 2
degrés
deliberté;
enfin la vibration met enjeu
del’énergie
ciné-tique
et del’énergie
potentielle,
correspondant
chacune à undegré
de liberté.Pour une molécule
triatomique
linéaire comme C02ou 1~T20 on
peut
généraliser
le théorèmeprécédent ;
latranslatation et la rotation mettent encore en
jeu
res-pectivement
3 et 2degrés
de liberté comme pour unemolécule
diatomique;
pour la vibration les choses sont t un peuplus complexes.
Les atomespeuvent
en effet effectuer troiscatégories
de vibrationsreprésentée
par les trois schémas suivants :le
premier
et le second schémascorrespondent
à des vibrationssymétriques,
le troisième à une vibrationdissymétrique;
on remarquera en outre que leschéma 2
correspond
à des vibrationssusceptibles
de s’effectuer suivant deux directionsrectangulaires ;
si01,
6:},
03 sont lestempératures caractéristiques
cor-respondant
à ces trois vibrations(tableau
111),.on
peut
généraliser
la formule d’Einstein et l’écrire :Cette relation suppose évidemment que les diverses
énergies
de vibration n’ont pas derépercussion
l’unesur
l’autre,
cequi
constitue,
sans nuldoute,
une assezgrossière approximation
(~).
Une telle moléculepossède
une chaleur
spécifique
de vibrationqui
doit tendrevers
auxtempératures
élevées ;
au total la cha-leurspécifique
àpression
constante de C02 doit tendrevers 15
~,
c’est-à-dire
sensiblement 15calories/mol;
il en est de même pour N20 .Pour une molécule
triatomique
non linéaire commeH20,
la rotationcomporte
3degrés
deliberté ; quant
à la vibration ellepeut
s’effectuer suivant l’un des trois schémas suivants: les deuxpremiers
sontsymétriques,
le troisièmedissymétrique :
(1) On a essayé tout récemment de serrer le problème de plus
Au
total,
la chaleurspécifique
à volume constant àr
Ir :i B 1 l
température
élevéecomprendra
-
pour latransla-z
3 R
l . 6 R
1 .b. t
tion,
3
pour la rotationet20132013pour
lavibration,
auto
-tal environ 12
cal/mol ;
Cp
tendra auxtempératures
élevées vers 14
cal/mol.
Si l’ondésigne
par lestempératures caractéristiques
correspondant
aux trois schémasprécédents,
la chaleurspécifique
de vibration s’écrira :De
façon
générale
une moléculepossède
r - 3paramètres
devibration, â
étant le nombre d’atomes de lamolécule,
l’ le nombre dedegrés
de liberté dero-tation ;
chaque paramètre
de vibrationcorrespondant
à 2degrés
deliberté,
au total la chaleurspécifique
àvolume constant aux
températures
élevées sera doncégale
à :‘~ (3.~
-r - 3)
+
11+
r, les deux dernierstermes
représentant
la translation et la rotation. Autotal,
la chaleurspécifique
àpression
constante tendravers 6~ - r
- 1 ;
si la molécule estlinéaire,
r -2,
si la molécule n’est pas linéaire
Pour C2H2
qui
est linéaireCp
limite z 21;
pour CH ~qui
n’est pas linéaire f6 calories(1).
Les données
précédentes
fournissent l’essentiel dece que l’on
peut
convenird’appeler
la théorieclassique
des chaleursspécifiques. D’importantes
corrections doivent êtreapportées
à cette théorie et leprincipe
d’équipartition
ne doit êtreconsidéré,
comme nousallons le
voir,
que comme une assezgrossière
approxi-mdtion.
Chaleur
spécifique
de distension. - Dans leur mouvement de rotation lesatomes,
du fait de la forcecentrifuge,
s’écartent l’un del’autre,
mettant ainsien jeu
une
énergie potentielle supplémentaire
nonnégligeable
comme onpeut
aisément s’en rendrecompte.
C’est cetteénergie
qui a
amené lesspectroscopistes à ajouter
àl’expression (2
bis)
del’énergie
de rotation un termeen
+
1)2.
Nous allons
rappeler
le calcul de la chaleurspéci-fique
de distension dans le cas de la moléculed’hydro-gène,
ougénéraliserait
aisément pour d’autres corps.Soit ro la demi distance entre les deux atomes au
repos;
si,
pour une raisonquelconque
roaugmente
ou diminue de .z, les deux atomes sont soumis à une(~) On trouvera dans les Tables de LANDOLT. 2e supp. p. 1254 et
suiv., ainsi que dans la Thèse de MONTAGNE, Paris, 193S.
Gauthier--B’itiars, éditeur, les valeurs actuelles les plus probables des
températures caractéristiques des divers corps.
force de
rappel qui
tend à les ramener à leurposition
d’équilibre;
-, cette forcepeut
sereprésenter
par ax.C’est cette force
qui
d’ailleurs intervient dans la vibra-tion des deux atomesresponsable
de la chaleurspéci-fique
de vibration. La constantepeut
d’ailleurs se cal-culer aisément àpartir
de lafréquence
devibration
fournie par laspectroscopie :
Si (,)r est la vitesse
angulaire
derotation,
on doitécrire
qu’il
y aéquilibre
entre la forcecentrifuge
etla force de
rappel,
cequi
fournit :,£ux
températures supérieures
à latempérature,
ordinaire, l’équipartition
de rotation estatteinte,
etl’on a :
L’énergie potentielle
due à la distension s’écritalors,
en tenantcompte
des deux relationsprécédentes :
en tenant
compte
dé la formule(9),
la chaleurspéci-fique
moléculaire de distensions’exprime
alors,
enca-lories,
par la relation :Cette chaleur de distension croît
proportionnelle-ment à
T ;
pourl’hydrogène
il vient : -.
ce
qui représente
à 3000° K unsupplément
de chaleurspécilique
de0,10
cal/mol.
On trouveraplus
loin les valeurs de la chaleur de distension pour diverses molé-culesdiatomiques.
Caractère
anharmonique
des vibrations. - La théorie d’Einstein suppose les vibrationsharmoniques
et les sauts
d’énergie
tousidentiques
àh~~ ;
la formule(5) qui
donnel’énergie
moyenne d’un oscillateur de61
formule
qui
conduit immédiatement à la relation{7j
écriteplus
haut etqui,
dérivée parrapport à T,
nous a fourni la formule d’Einstein.La
spectroscopie
nousenseigne
que les vibrationsdes atomes au sein d’une molécule ne sont pas
harmo-niques,
les sauts successifsd’énergie
ne sont paségaux
et il convientd’appliquer
la formule(5)
enintroduisant ces sauts
d’énergie
avec les valeursqu’en
donne laspectroscopie.
Prenons pour
exemple
l’oxygène;
Birge
etSponer
ont montré que les bandes deSchumann-Runge
four-nissent uneénergie
de vibrationqui
se met très exactement sous la forme :Dans ces conditions la formule
(6)
devient,
en tenantcompte
de ce que E est faible :L’introduction des termes en a
traduit,
dansl’ex-pression
ci-dessus,
le caractèreanharmonique
desoscillations;
les correctionsqu’entraînent
ces termes ont uneimportance
très sensible comme nous le ver-ronsplus
loin.Energie électronique.
-Enfin,
dans tout cequi
précède,
nous avonssupposé
que l’édificeélectronique
de la molécule restait
inchangé ;
en fait une élévationprogressive
de latempérature
entraîne unemodifica-tion de cet édifice
et,
par voie deconséquence,
unaccroissement de la chaleur
spécifique.
Nous choisirons
l’oxygène
commeexemple
concret. L’état normal de la moléculed’oxygène
est un état3~;
toutefois la
présence
de doublets dans lespectre
molé-culaire del’oxygène
conduit à admettre trois formes decouplage électronique
que Mulliken adésignées
parles lettres
F,
li’3,
l’énergie
correspondant
à la forme/?2
excédant d’environ 6calories/molécule
lesénergies
des formesF3
etFi ;
la formeIf’3
est
celle deplus
faibleénergie,
parrapport
à/1’jla
différence est unpeu inférieure à 1
cal/mol.
Aux très basses
températures
celaentraîne,
commel’ont montré Johnston et ses
élèves,
laprésence
d’une chaleurspécifique électronique
due au passage de l’unedes
formesàl’autre,passage régi
par la loistatistique
deRoltzmann
(1) ;
cette chaleurspécifique électronique
(1) Le poids statistique à adopter ici est le même que celuiindiqué
en renvoi au bas de la formules’ajoutant
d’ailleurs à celle que fournit la rotation. Les tableaux V et VIdonnent,
jusqu’à
10°K,
d’unepart
larépartition
des molécules entre les trois formeslf
et les niveaux rotationnelssuccessifs,
d’autrepart
les valeursqui
en résultent pour la chaleurspéci-fique (électronique
etrotationnelle).
TABLEAU V. - Distribution
électronique
et rotationnelle des ïnolécules
d’oxygène jusqu’à
1 OIA.TABLBAU - (,haleur
spécifique électronique
et rota/iollnelle de/’o.Tygène
On remarquera
qu’au voisinage
de0,12’K,
bien que 20 pour 100 seulement des molécules soientpassées
de la forme
1/:3
(de plus
faibleénergie)
à la forme1,
passage de
F;;
à/,’,
nereprésente qu’une
calorie parmolécule cela entraîne une valeur de la chaleur
spéci-fique électronique
d’environ 11l’al/mol.
Celas’explique
par le fait que la chaleurspécifique
vraie,
que nousconsidérons
ici,
est le taux devariation,
pardegré,
del’énergie
de la molécule. C’est ainsi que le passage deO,lt5
à0,150oK,
c’est-à-dire une variation de0° ,025,
entraine un accroissement d’un peu moins de 1 calorie
pour 9 pour 100 des
molécules,
cequi correspond
bien à 3 calories par molécule et pardegré.
Quant
à la chaleur derotation,
elle commence vers1°K et, à
10,K,
elle atteintpratiquement
la valeurd’équipartition -
elle restera ensuite constantejusqu’à
latempérature
ordinaire,
température
pourlaquelle
la chaleur de vibration fera son
apparition.
Pour la molécule N0 les choses se
passent
dans l’ordreinverse;
la chaleur de rotation commence vers0,5°K
et atteintl’équipartition (2 cal.)
vers20°K;
ensuite
apparaît
la chaleurspécifique électronique (1)
qui,
vers75°K,
atteint sa valeur maximum(environ,
0,85 cal.)
et décroîtensuite;
à 300°K elle n’estplus
que
0, i ~
cal.Dans la
plupart
des cas, entre le niveauélectronique
normal de la molécule et le niveau immédiatement
supérieur.
la différenced’énergie
esttrop
élevée (’)
pour
qu’apparaisse
une chaleurspécifique
électro-nique
au-dessous de 5 0(l0,li; [’oxygène
fait toutefoisexception.
Les bandesatmosphériques
duspectre
d’absorption
del’oxygène correspondent
au passagede l’état normale à l’état ’-Y excité
(diamagnétique),
la chaleur de passage a pour valeur 37 000cal/mol.
Le tableau
emprunté
àJohnston, donne,
entre 300 et 5 000OK,
larépartition
des molécules entre les divers niveaux vibrationnels et dans l’état Il excité. Bien que lepourcentage
des moléculesatteignant
l’état ii soitfaible,
il en résulte néanmoins une valeurnotable de la chaleur
spécifique
électronique,
enraison de la valeur élevée du saut
d’énergie
correspon-dant ;
parexemple
entre 3 000 et 4 000°K,
c’est-à-dire pour une variation de1000°,
la fraction de moléculesatteignant
l’état 1 ~ est de0,0027,
correspondant
à 37 000 X0,0027
~ 100 calories cequi
conduit à unechaleur
spécifique
moyenne de0, i0 cal. ;
pour 5000°K la contributionélectronique
de chaleurspécifique
vraie atteint0,25
calorie(2).
TABLEAU VII. -
Pourcentage
des molécules entre les divers niveaux vibrationnels(v
=0,
1,
2 ...)
de l’état norlnal 3l: de
l’oxyqène
et dans l’état excité Il.Dans ce
qui précède
nous avons raisonné comme Qi les diverses formesd’énergie s’ajoutaient;
en réalitéles choses se
passent
un peu moinssimplement
et,
pour un calcul
rigoureux
de la chaleurspécifique,
ilimporte
de revenir à la formule(6)
en faisantfigurer
sous les
signes
de sommation toutes les formesd’éner-gie présentes
dans la molécule à latempérature T,
avec les
poids statistiques
correspondants.
Les calculs ainsi effectués par Johnston et ses élèves ont conduit pour les divers gazdiatomiques,
aux valeurs des cha-leursspécifiques
vraies àpression
constante données par le tableau VIII.Sur ce tableau on remarquera
qu’à
destempératures
(1) L’étude spectroscopique des doublets de 10 conduit, pour l’état normal de la molécule, à deux formes de couplage
élec-tronique
27t1
eL2 7t.~ ~
séparées par une énergie de J54 cal/mol,beaucoup plus grande que dans le cas de l’oxygène, ce qui explique l’apparition de la chaleur
spécifique électronique
à~ destempératures
plus élevées.de l’ordre de 3 000°K la chaleur
spécifique
atteintdéjà
la valeur limite8,94
que fournit le théorèmed’équipartition ;
au delà de cettetempérature
la cha-leurspécifique
continue àcroître,
et,
pour destempé-ratures de l’ordre de 5 OOU"li
prend
des valeursnola-blement plus
élevées(9,55
pourl’oxygène).
Bienqu’il
soitdifficile,
comme nous l’avons vu, de déterminer lapart
qui
revient àchaque
cause d’accroissement de la chaleurspécifique,
ces diverses causesréagissant
lesunes sur les
autres,
il est néanmoinspossible
dechif-frer,
comme l’a faitJohnston,
l’ordre degrandeur
descorrections à
apporter
à la théorieclassique.
Nous
prendrons
encore ici pourexemple l’oxygène,
(i) 1?5 000 cal. pour 168 0-JO pour CO, l,,9 000 pour iN2.
(‘~) Des mesures assez récentes de LEWIS et vox ELBE. J. Amer. Chem. Soc. 55, p. 507,1933, effectuées par explosion de l’ozone dans
une bombe, fournissent dès 15000K des valseurs plus élevées, ce
qui a conduit les auteurs à admettre l’existence,
jusqu’ici
non63
TABLEAU VIII. ---
Chaleurs spécifiques
vraies àpression
constante de gazdiatotiiiques,
calculées àpartir
des donnéesspectroscopique,».
Fig. 4.
pour
lequel
il existe un termeélectronique important.
La
figure
4 fournitl’importance
des termes correctifs.7 /?
La
valeur 7 2 R
correspondrait uniquement
à la rotation pure ; il convient de luiajouter
le terme de distension donné par la formule(10),
ce terme est donné par ladroite
inférieure
enpointillé
(a).
L’addition
dela
cha-leur
spécifique
de vibration, si celte vibration étaitllarmonidue,
donnerait la eourheb,
àlaquelle
ilron-vient
d’ajouter
la correction résultant de l’anharmo-nisme des vibrations(courbe
c).
ladifférence,
àest de l’ordre de
U,3U
calorie.Enfin,
àpartir
de2500oK,
apparaît
le termeélectronique (courbe
d)
qui
prend
une valeur d’environ0,2:>
calorie à 5000"K. Le tableau IXdonne,
pour latempérature 5 UOOOIB,
la valeurde Cp
et les ordres degrandeur
des termes dedistension,
anharmonique
etélectronique
pour diversesmolécules
diatomiques.
TABLEAU IX. -sl)éciiiqziesiïioléculai)-es
vraies à constante de d£vers gaz(Jialoiiiiques
à a 000° Ar et termescorrectifs
àajouter
à laclialeui-spécifique c!ass1’que.
Les calculs de corrections donnés ci-dessus pour les molécules
diatomiques
nepeuvent actuellement,
faute dedonnées,
être effectués pour les moléculestriato-miques ;
la seule conclusion que l’on semblepouvoir
tirer des considérations
précédentes
est que les valeurs fournies par la théorieclassique
doivent subir unecorrection additive.
Gaz
monoatomiques. -
On a coutume de dire que la chaleurspécifique
des gazmonoatomiques
est constante à toutes lestempératures
etégale
à4,961j.
Enréalité,
àpartir
du moment où l’édificeélectronique
est
susceptible
de se modifier sous l’influence de latempérature,
il en résultera l’existence d’un termeélectronique
de chaleurspécifique.
Pour
l’hydrogène atomique
dont l’état normalcor-respond
à laprésence
de l’électron sur l’orbiteinfé-rieure,
le passage à l’orbite immédiatementsupérieure
(première
raie duspectre
deLyman)
correspond
àune mise en
jeu
de 23 ) 000calories, Iiiiolécule,
énergie
trop
grande pourqu’apparaisse
uneproportion
sensible de molécules sur l’orbitesupérieure,
du moins à destempératures
nedépassant pas 5
Il n’en va
plus
de même pourl’oxygène atomique,
dont les états
électroniques
successifs3P.,
3Po
1D~
’1So
sontséparés,
parrapport
à l’état leplus
bas3P2,
par des sauts
d’énergie
respectivement égaux
644,
100 et 96 000calories/mol.
TABLEAU X. 2013 entre les étals â diverses
~ valeurs rle ~ct
électronique
del’oxygène
atmuiqrce.
Ce
supplément, négligeable jusqu’à
3000-K,
devient ensuite trèsrapidement sPDsiblrpour
atteindre0,22 cal/
mol. à 5Influence de la
pression. -
Dans tout cequi
pré-cède, nous avons
supposé
les gaz étudiéspris
sous unepression
suffisamment faible pourqu’on
soit endroit de les considérer comme
parfaits.
Les valeurs admises ne sontplus
valables s’ils’agit
de gazpris
sous des
pressions
notables ;
ilimporte
alors d’effec-tuer sur les valeurs que nous avonsindiquées
lescor-rections,
importantes
aux fortespressions
et bassestempératures, qui
résultent deséquations cla‘siqucs :
Pour
l’application
de cesformules,
il convient dochoisir pour le gaz une
équation
d’état aussicomplète
que
p08sible ;
la formule de Van der Waals conduirait à des valeurs de c et Cindépendantes
de lapression
quesupporte
le gaz, cequi
est contredit parl’expé-rience. Sur le choix de cette
équation
d’état,
nous nepouvons mieux faire que de renvoyer aux articles de
Bridgman
et de ses collaborateurs(1) ;
signalons
toute-fois,
pourpréciser
les ordres degrandeur, qu’à
latempérature
orclinair e,
l’air a une chaleurspécifique
moléculaire àpression
constantequi
s’accroîtdue 7,0
à8,8
lorsqu’on
passe de 1 à 200attnosphères.
Rappelons
également
que ces correctionvarient,
enpremière
approximation,
en raison inverse de la troisièmepuis-sance de la
température absolue ;
elles deviendrontfaibles dès que l’on
dépassera
destempératures
de l’ordre de 1 000-C.(’l Phys. Rel’. 1929, 34, p ~)~6,
Manuscrit reçn le 12 j’1ny:cI’
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE,
limitée aux articles les plus récents parus dans le Journal of the Amei ican Chemical Saciety (on y trouvera la
bibliographie
antérieure).JOHNSTON et CHAPMAN, 1933, 55, p. 153-72 [NO].
JOHNSTON et WALKER, 1933, 55. p. 172-86
[O2].
VON ELBE et LEWIS, 1933, 55, p. 507-11
[O2].
JOHNSTON et DAWSON, 55, p. 2744 53 [OH].