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Submitted on 1 Jan 1923
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Variation de la réfraction spécifique des gaz avec la pression au-dessous d’une atmosphère
V. Posejpal
To cite this version:
V. Posejpal. Variation de la réfraction spécifique des gaz avec la pression au-dessous d’une atmosphère.
J. Phys. Radium, 1923, 4 (12), pp.451-460. �10.1051/jphysrad:01923004012045100�. �jpa-00205115�
VARIATION DE LA RÉFRACTION SPÉCIFIQUE DES GAZ AVEC LA PRESSION AU-DESSOUS D’UNE ATMOSPHÈRE (1)
Par V. POSEJPAL.
1. - La réfraction (z - 1) d’un gaz à la pression p est, tant que p reste dans des limites de pression pas trop étendues, exprimée par la reliai- tion
En mesurant n - 1 pour les pressions p au-dessous d’une atmosphère j’ai trouve que, pour l’air et l’anhydride carbonique, le paramètre, 10, de l’équa-
tion (1) éLait beaucoup plus grand que celui trouve par les aueurs a,nté- rieurs pour des intervalles de pressions p plus élevés. J’ai pu alors montrer
que ~ est une fonction de la valeur moyenne de l’intervalle de pression auquel elle se rapporte et que, par conséquent, la réfraction spécifique, en
restant sensiblement constante pour les pressions moyennes, croit considé- rablement avec la pression, au-dessous d’une atmosphère (~). Je considé- rais comme évident que la réfraction spécifique de la matière en solution varierait avec la concentration, de la même manière qu’à l’état gazeux en
fonction de la pression ; j’étais donc amené à admettre une liaison interne
étroite entre la marche tout à fait analogue dela vitesse de variation avec la
pression de la réfraction spécifique d’une c t du pouvoir fluorescent d’au- tre part. Peu après, dans son intéressant article (~), M. Chénevea11 a montré que la réfraction spécifique des solutions salines ILCI et (N03)2 Mg varie
bien avec la pression osmotique comme celle de l’air et de l’anhydride car- bonique varie avec la pression, mais que le sel N03 donne une Yaria- tion en sens opposé, et il a considéré comme chose probable que l’hydro- gène donnera lui aussi, un résultat semblable.
Le caractère imprévu des valeurs que j’ai trouvés pour ~ aussi bien que le travail de (’Àhéneveau montraâent qu’il était indispensable de sou-
mettre d’autres gaz aux mémes études. Je veux dans ce qui va suivre,
donner un résumé des résultats obtenus, par l’emploi de mes appareils, par 1~~. Safrànek (~) dans le cas de l’hydrogène.
(i) Présenté à l’Académie tchèque des Sciences et des Lettres, le 8 juin 1923.
(~~ l’..1cadétnie tchèque des Sc. et des lettres, année 26, n° 6J (1918) ;
année 29, n~ 13 (-1920).
(3) Casopis pro math. a fys., t. 50 (1921), p. 150 ; Le Journal de Physique et le Raditun, t 2 (1921), p. 85.
(~) G’. R., t. :172 (1921), p. 1408.
lI Classe, année 31 (1923), no ~’7. Casopis, 5i (1922), p. 308.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:01923004012045100
2. L’oxygène. - .~1. Safrànek a trouvé pour les paramètres de l’équa-
tion (1) les valeurs
dans les mêmes conditions que dans mes propres mesures : 1... ---- 5462,3 ~.;
t = 160 C ; p en mm de mercure au-dessous d’une atmosphère. Ces valeurs donnent pour la réfraction, dans les conditions normales de température et
de pression :
valeur qui est bien trop grande.
Quant au paramètre p qui nous intéresse principalement, le tableau 1
montre que la valeur de Safrànek est beaucoup plus grande que celle donnée TABLEAU I.
02.
par Mascart ; celle-ci se rapporte, bien entendu, à un intervalle de pressions beaucoup plus élevé. Une analyse plus détaillée, qu’il est inutile de repro- duire ici, montre que la valeur à de Safranek est sure et qu’il y a ici une ana-
logie parfaite entre l’oxygène et les gaz étudiés antérieurement : Aussi bien que pour l’air et l’anhydride carbonique, le paramètre 03B2 de F oxygène est beaucoup plus grand pour les pressions au-dessous d’une atlnosphére que pour les intervalles de pressions se trouvant au-dessus. L’équatioll (9) n’est
donc valable que pour des intervalles de pressions très étroits; à mesure que la valeur moyenne p de claque intervalle de pressions augmente, le paramètre 03B2 diminue en restant inversementproportionnelà y?(p. p ..--_ const)
tant que p reste inférieur à 2 atmosphères ; au delà de cette limite, t diminue
de plus en plus lentement.
Rappelons que la réfraction spécifique des gaz sous faibles pressions
est suffisamment bien traduite par la formule de Newton-Gladstone,
en désignant par p la densité.
453
En exprimant l’écart de la loi de Boyle-Mariotte par une formule analogue à l’équation (1)
on obtient
En tirant ~, des observations de la compressibilité de l’oxygène pour
.
les pressions légèrement inférieures à une atmosphère, faites par Lord
Rayleigh (1905), D. Berthelot ~1907), Leduc et Sacerdote (1897), Iiamer- lingh Onnes et Hyndman (1902), on trouve que ses valeurs, réduites à
notre température de 16° C, différent peu entre elles et de la valeur
.
= ~100. Alors à - ~~ reste, sous de faibles pressions, un nombre positif assez grand, comme le montre le tableau 111. Par suite de la forte
TABLEAU III.
t -- 161 C..
variation de ~ avec la pression au-dessous d’une atmosphère, on a calculé
les valeurs de~qui se trouvent dans la troisième colonne du tableau 111, d’après
la fonction p. " = j’ (p), représentée par le tableau II et la ligure 1,
Fig. 1
en posant au-dessous d’une atmosphère p. > === 0,002003. Le tableau IV
TABLEAU IV.
et la courbe 0’ dans la figure 2 montrent la marche de la réfraction
*
455
spécifique de l’oxygène avec la hression; on avait pris arbritrairementpour
p = 0,
n - 1
= 10 000 . On voit que la courbe 0’ a une marche sembla- Pble à
celle de
l’air et de l’anhydride carbonique.3. L’hydrogène. - M. Schacherl a effectué ses mesures sur l’hydro-
’
gène dans les mêmes conditions de température etc., à deux reprises. La première série d’observations lui a donné.
la seconde série a donné
la moyenne est :
ce qui donne, pour la réfraction dans les conditions normales de tempéra-
ture et de pression
tandis que les meilleures mesures de C. et Cuthbertsons et de lioch
(1909) ont donné 139,7. Notre méthode d’observation, sur ce point parti- culier, étant adaptée pour la mesure du paramètre ~ au-dessous d’une
atmosphère est très désavantagée vis-à-vis des observations n’ayant pour but que la mesure de la réfraction (n -- 1) sous la pression atmosphérique.
Par conséquent on peut admettre que le résultat de M. Schacherl est favo- rable et montre la bonne validité de ses mesures.
Le tableau V indique tout d’abord une différence essentielle entre les
TABLEAU V H2
456
valeurs de à pour l’hydrogène et celles pour les autres gaz, les premières
étant négatives. Mais, quant aux valeurs absolues, le cas d hydrogène est
tout à fait analogue aux autres : la valeur absolue trouvée pour les pressions
au-dessous d’une atmosphère est beaucoup plus grande que celle, donné par Perreau (1896), pour les pressions plus élevées. Une analyse plus détail-
lée montre que cette analogie se rapporte aussi à la marche de ~ avec la
valeur moyenne p des intervalles de pressions respectifs, de sorte que lavaleur absolue de ~ diminue à mesure que la pression moyenne p augmente, le pro- duit p.,3 restant., pour les faibles pressions et surtout au-dessous d’une
atmosphère, invariable.
Pour le paramètre nous nous reportons aux mesures de la compres- sibilité de l’hydrogène faites aux faibles pressions par Lord Rayleigh (1905), Leduc et Sacerdote (1897), D. Berthelot (190’~;, P. Chappuis (1903),
Witkovslii (190B), Schalkwijk (1901) ; sa valeur, négative aussi, est sensi-
blement égale à . 10’ - - 77 . La différence - O2 est alors, ici aussi,
un nombre assez considérable, mais négatif, comme on le voit dans le ta- bleau VI, analogue au tableau III, de sorte que la réfraction spécifique de
TABLEAU VI
Hydrogène, t = 16° C. _
l’hydrogène varie, elle aussi, avec la pression, comme le montre le tableau VII, et la courbe H’ dans le graphique 2. Mais elle varie en sens contraire
de celui des autres gaz étudiés jusqu’ici, ainsi que l’a prévu 31. Cllèncveau.
457
4. - La marche inverse de la réfraction spécifique due l’hydrogène exige que les idées qui m’ont permis de faire comprendre sa variation dans le cas de Pair et de F anhydride carbonique soient complétées, de sorte qu’elles puissent répondre ii ces deux cas; M. Chéneveau a, dans
son travail, déjà indiqué la voie suivant laquelle cela pourrait être fait, en
’
ll J i drogène, t 1 °
-- 1
--- f ’ ( ),
TABLEAU VII. ===
16o C,p--
P /* (p),admettant quc le nombre 1’. des électrons dispersifs par unité de volume, peut, lui aussi, varier avec la pressions en augmentant si la pression diminue.
En acceptant cette manière de voir, je tiens il remarquer qu’elle est bien
d’accord avec les faits expérimentaux. Ainsi par exemple Ladenburg (’), puis Ladenburg et Loria ~’) ont Inontré que l’hydrogène, un des gaz les
plus transparents. exerce une forte absorption sélective et une dispersion .
anomale dans la région de la raie rouge Ha; sous une pression de 4 mm environ, s’il est en état d’émission lumineuse. Tandis (tue normalement le nombre des électrons dispersifs se rapportant à la fréquence est sen-
siblement égal à zéro, le nombre dans l’état d’excitation, est déjà si grand
que l’on observe une forte absorption avec dispersion anomale. Mais en
mesurant N, les mêmes auteurs ont trouvé qu’il n’y a qu’une molécule
sur 50 000 qui possède un électron dispersif H 1.. Ainsi, même dans le gaz excité, ,V est un nombre petit devant le nombre des molécules d’hydro- gène et, naturellement, il est encore beaucoup plus petit dans l’état nor-
mal. D’autres corps donncnt des résultats semblables. Dans ses b"tudes de PholochiJnie, (page 81). M. Victor Henri indique, pour la méthylisobutylcé-
tone, qu’une seule molécule sur 1 000 participe à l’absorption ultraviolette de
fréquence v =1 109.1012 etc. En général, le nolnbre des électrons dispersifs
est toujours assez petit par rapport au nombre des molécule, il est surtout très petit dans le cas de l’hydrogène.
Supposons maintenant, d’après la tlléorie de Ruiherford-Bolii,, que
(1) Uber die Absorption des leuchtenden Wasserstoffs. lier. der deulsch. plays. Ges.
~908), p. 550.
(2) Uber die Dispersion des leuchtenden Wasserstoffs. lbid., p. 858.
l’émission aussi bien que l’absorption des atomes est rigoureusement mono- chromatique, et soit ’K la fréquence propre de l’atome dans son état donné.
Nous pouvons admettre, comme un fait expérimental, qu’un corps idéal
ayant des atomes rigoureusement identiques et de la même fréquence
propre ,>K aura. pour la fréquence ,> , une réfraction spécifique Ck
propre ’IK aura. pour la requence v, une réfraction spécifique RK =
VA. - v
Ck étant une constante indépendante des conditions physiques extérieures,
de sorte que R est invariable. Soit- .B-K le nombre d’atomes par unité de volume de ce corps idéal. Un corps réel, par exemple un volume donné de gaz, représentera en chaque instant un mélange de tels corps idéaux, aux concentrations aK z ’
== 2013 ;
m = E A’ étant le nombre total des atomes,ce
K ’
qui donne aK = . La réfraction spécifique R de ce corps résultera,
d’après la loi des mélanges, de l’expression
la concentration Y., correspond au corps idéal dont les atomes se trouvent
au zéro d’énergie interne et ne peuvent, ni émettre ni absorber la radiation : leur réfraction spécifique Ho est alors égale à zéro.
Sous conditions données de température et de pression tous les ex chan- geront incessamment, d’après la loi de hasard, mais leurs valeurs moyennes resteront invariables, R ne variera pas. Mais R variera aussitôt que, par la variation de la pression, par exemple, ces changements des u prennent
un sens donné, ‘
Et en effet, selon les idées de M. Perrin qui ont servi de point de départ dans mon analyse primitive (’), on est conduit à admettre une augmentation de l’énergie interne des atomes à mesure que leurs dis- tances moyennes augmentent, ce qui vase voir sur les « de deux manières :
n
1° le nombre d’atomes d’énergie zéro va diminuer, . diminue et ah croît;
A= 1
2° toutes les valeurs des rapports ah : ah croissent, si l’on suppose > ’IK’
Examinons maintenant la réfraction spécifique de l’hydrogène, pour la fréquence ’1 de la raie verte de mercure. A la pression atmosphérique x,
,i
est, d’après ce qu’on a dit plus haut, très grand, a.K est alors très petit.
1i=1. i
La grande transparence du gaz prouve que toutes les fréquences propres
(~~ Journal de Phys., l. c., p. 91.
459
d’atomes vh sont très grandes par rapport à la fréquence ), alors tous les
sont très petits, mais peu différents entre eux. Si maintenant la
/?
pression diminue, diminue, ï aK augmente, une faible diminution rela-
K-1
n
tive de ao produisant un fort accroissement relatif de ! xK. Alors la
i
n
somme des produits L xrt Rl, va grandir ; ce sont, il est vrai, les termes
11=1
Iii, plus petits dont les facteurs a gagnent aux dépens des facteurs xh liés
aux termes Rk plus grauds; mais ceci n’a que tiès peu d’importance, puisque nous admettons que les ~h sont très peu différents les uns des autres. Ceci correspond bien au fait que la réfraction spécifique .~ de l’hy- drogène croit si sa pression diminue au-dessous d’une atmosphère.
Pour un autre gaz, l’oxygène par exelnple, les fréquences propres v K de
ses atomes sont, à la pression atmosphérique, plus proches de v et alors
les réfractions Bk sont plus grandes et plus inégales entre elles. Aussi la
n
somme L aIt est plus grande par rapport à xo que dans le cas de l’hydro-
fi=i
gène. Alors la réfraction spécifique R de l’oxygène est plus grande que celle de l’hydrogène. Si maintenant la pression diminue, ao diminue, y
n
augmente. Mais ici une faible diminution relative de (;(0 ne produi-
K=1
n
sant qu’un médiocre accroissement relatif de 2K, la somme des produits
Ii=t i n
rTa diminuer; le fait que ce sont les facteurs a, des termes Rh plus
hTi
petits qui y gagnent en dépit des facteurs IXK des termes RK plus grands est
devenu prépondérant. Ceci s’accorde avec la variation de la réfraction spé- cifique R de l’oxygène, qui diminue si sa pression diminue au-dessous d’une atmosphère.
La, variation de la réfraction spécifique, interprétée ainsi, sert de preuve
expérimentale de l’existence des changements interatomiques ayant lieu
sous des actions même beaucoup plus simples que ne l’est par exemple
l’excitation d’un gaz par une décharge électrique. Il serait, sans doute, important de continuer les mêmes mesures avec un des gaz monoatomiques,
l’hélium par exemple.
Résumé. - 1. On a montré, en partant de l’équation îi - 1 = Kp (t + 3p), où n est l’indice de réfraction d’un gaz sous pression, que les valeurs du paramètre ~, trouvées par 31. Safranek pour l’oxygène et par
-Ni. Schacherl pour l’hydrogène, au-dessous d’une atmosphère, sont numé- riquement beaucoup plus grandes que celles qui ont été trouvées par des auteurs antérieurs, sous des pressions plus élevées.
2. D’une manière analogue au cas de l’air et de l’anhydride carbo- nique, on a constaté au-dessous d’une atmosphère et sensiblement peu au- dessous, une proportionnalité inverse entre et la valeur moyenne de l’intervalle correspondant de pression, pour les intervalles plus élevés
diminue de plus en plus lentement avec la pression croissante. Pour l’hy- drogène on doit y entendre la valeur absolue de ~, sa valeur vraie étant
négative.
3. Il suit des valeurs des paramètres p et des données expérimentales
sur la compressibilité des gaz, une variation de leur réfraction spécifique,
au-dessous et sensiblement peu au-dessous d’une atmosphère. La marche
de cette variation est représentée par des courbes monotones, tout-à-fait
analogues à celles trouvées auparavant pour l’air et l’anhydride carbonique,
avec la seule différence importante que la courbe de l’hydrogène a une
marche inverse : .’ pour les autres gaz la réfraction spécifique croit avec la pression, et très vite pour les pressions très faibles, en devenant invariable
sous deux ou trois atmosphères, la réfraction spécifique de l’hydrogène
diminue d’une manière analogue avec la pression croissante.
4. On a pu, en se fondant sur les idées de la théorie atomique de Rutherford-Bohr, donner une explication qualitative satisfaisante de cette variation de la réfraction spécifique avec la pression.
Manuscrit reçu le 20 juillet 1923