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Submitted on 1 Jan 1965
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Intensités et largeurs des raies de vibration-rotation de molécules diatomiques
C. Meyer, C. Haeusler, P. Barchewitz
To cite this version:
C. Meyer, C. Haeusler, P. Barchewitz. Intensités et largeurs des raies de vibration- rotation de molécules diatomiques. Journal de Physique, 1965, 26 (6), pp.305-316.
�10.1051/jphys:01965002606030500�. �jpa-00205967�
INTENSITÉS ET LARGEURS
DES RAIES DE VIBRATION-ROTATION DE MOLÉCULES DIATOMIQUES Par C. MEYER, C. HAEUSLER et P. BARCHEWITZ,
Laboratoire d’Infrarouge, Chimie-Physique, Faculté des Sciences, Orsay, Seine-et-Oise.
Résumé. - Mesures des demi-largeurs à mi-hauteur et des intensités des raies de vibration- rotation des bandes harmoniques 03BD0-2 et 03BD0-3 de l’oxyde nitrique NO et de l’acide iodhydrique HI.
Les résultats des mesures des demi-largeurs des raies, comparés
auxrésultats théoriques fournis
par la théorie d’Anderson, mettent
enévidence l’insuffisance de cette théorie, appliquée
auxmolé-
cules ayant
untaible moment dipolaire permanent. Les mesures des intensités ont permis de cal-
culer les deux premiers coefficients du développement
ensérie de Taylor de la fonction dipolaire
de l’oxyde nitrique; elles ont également permis de mettre
enévidence une anomalie dans la valeur de
cescoefficients pour l’acide iodhydrique.
Abstract. 2014 Measurements of half widths and strengths of the vibration-rotation lines of the 03BD0-2 and 03BD0-3 overtones of nitric oxide NO and hydriodic acid HI. The width measurements, compared to the results given by the theory of Anderson, show the inadequacy of this theory applied to molecules with
alow permanent dipole moment. The strength measurements allowed calculation of the two first coefficients of the Taylor power series expansion of the dipole function
of nitric oxide; and also showed to show off
ananomaly in the values sf the coefficients for the
hydriodic acid.
JOURNAL DE
PHYSIQUE 26, 1965,
1. Introduction.
-Depuis quelques ann6es, les spectres d’absorption infrarouge des molecules dia-
tomiques sont etudies systématiquement, aussi
bien du point de vue de l’étalonnage en frequence
des raies de vibration-rotation, que du point de vue
de la mesure des intensités et des largeurs de ces
raies. Sur ces molecules simples, on peut esp6rer
obtenir une connaissance plus profonde des inter-
actions mol6culaires, et verifier les theories quan-
tiques existantes.
Nous avons entrepris, dans ce sens, 1’etude de
l’oxyde nitrique NO, et de 1’acide iodhydrique HI.
Les bandes fondamentales de ces deux molecules, ayant ete pr6c6demment 6tudi6es par d’autres
auteurs [1, 2, 3], nous nous sommes bornes a
1’etude des bandes premiere et seconde harmo-
nique, pour chacune des deux mol6cules.
2. Experimentation. - A. METHOD E D E MESURE.
-
Si on fait 1’hypothese que les raies, dont on veut
mesurer l’intensit6 et la demi-largeur a mi-hauteur,
ont une forme de Lorentz, on d6montre que 1’aire W situ6e sous une raie d’absorption, et convertie
en cm-1, s’écrit :
W represente la quantite nomm6e « largeur 6quiva-
lente de la raie " par les auteurs anglo-saxons,
y la demi-largeur a mi-hauteur de la raie, a la pression de Inexperience, mesur6e en cm-1.
x se d6finit par 1’expression :
où S est l’intensit6 de la raie a la pression et a la
temperature de Inexperience, exprim6e en cm-2,
1 la longueur du parcours absorbant, mesur6e en
cm.
Jo et J1 sont les fonctions de Bessel d’ordre 0 et 1.
Pour x faible, on peut exploiter les largeurs 6quivalentes mesur6es en utilisant les premiers
termes du d6veloppement en s6rie des relations (1) et (2)
S° et y° d6signent respectivement l’intensit6 et la
demi-largeur, rapport6es a une pression d’une atmosphere, en admettant que :
L’equation (1) a deux asymptotes.
Quand x est petit (x 0,05), l’équation (3) prend
la forme asymptotique
Quand x est grand (x » 6), cette meme equation
s’ecrit :
Benedict et al. [4], ont propose un procédé de
mesure utilisant ces deux formes asymptotiques :
on fait une s6rie de manipulations avec de faibles
parcours, c’est-à-dire de faibles valeurs de x, et
une s6rie avec de longs parcours, done de grandes
valeurs de x. Ensuite on represente log W/’p en
fonction de log l. W /p est exprime en cm,-1. atm-1
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01965002606030500
et 1 en cm (fig. 1). Les deux series de mesures per- mettent de repr6senter les deux fonctions log W o/p
et log W oo/p en fonction de log 1 :
Les pentes de ces deux asymptotes sont respec- tivement 1 et 1/2. L’intersection de l’asymptote log W o /p avec la droite log 1
=0, fournit log S°.
Les deux asymptotes se coupent au point :
La figure 1 donne un exemple de l’application
de ce procédé sur la raie P10,1 de la bande VO-12 de
l’oxyde nitrique.
En fait cette m6thode est assez mal adaptee aux
conditions expérimentales, car en general, on ne possede pas un ordre de grandeur valable des quantit6s SO et yO. 11 faudrait donc entreprendre
des manipulations pr6liminaires suffisamment pr6-
cises pour determiner ces ordres de grandeurs qui permettront de decider des longueurs de parcours a utiliser. Elles se revelent pratiquement irr6ali-
sables sur un appareil tres r6solutif, comme celui
que nous avons utilise, car cela augmenterait leur duree, deja tres importante. D’autre part, il arrive
comme on le verra pour 1’acide iodhydrique, qu’on
ne puisse pas augmenter la longueur du parcours absorbant au dela d’une certaine limite. Pour toutes ces raisons on dispose assez souvent de points pour lesquels la valeur de x ne r6pond pas
aux conditions de 1’application de la m6thode de Benedict.
Pour utiliser ces points, nous portons graphi- quement la quantite mesur6e W /pl en fonction
de l. Quand pour les plus longs parcours, x ne
prend pas de valeurs trop grandes, les points peuvent repr6senter une droite dont 1’equation
serait de la forme (3)
L’ordonnée a l’origine de cette droite fournit S°*
et la pente permet d’atteindre Yo*. Ces valeurs ne
sont que des ordres de grandeurs de S° et de Yo, qui peuvent etre facilement am6lior6s par une
m6thode iterative. En effet la relation (1) donne
la valeur de W jp :
Nous voulons pouvoir appliquer 1’6quation :
L’indice I de Wi indique que 1’6quation [5] est
un developpement limit6 de 1’6quation g6n6rale.
Un point experimental W /p doit etre corrige d’une quantite OW /p
=(W - Wl) /p pour, etre ramen6 a Inequation (5). Cette correction ne pouvant pas etre calcul6e exactement, il faudra entreprendre
une m6thode iterative. La valeur corrig6e W* Ip
se calcule en utilisant la relation :
Il existe des tables num6riques de la fonction f (x)
Sur la figure 2, on a represente la droite trac6e avec
les mesures initiales, ainsi que la droite obtenue
apres la derni6re iteration. L’exp6rience montre
que, si pour une raie donn6e, on dispose de points
pour lesquels x est inférieur a 0,2, la valeur de S°*
varie peu au cours des iterations successives.
On a éprouvé cette nouvelle m6thode sur la raie .Plo,1 de la bande VO-12 de l’oxyde nitrique. La
mesure de y° a ete faite a la fois par la m6thode de Benedict, et par le procédé d’it6ration ( fig. 1
et 2) : l’accord est parfait entre les resultats des deux m6thodes.
Malgr6 tout, cette m6thode de mesure ne peut s’appliquer dans tous les cas. Si pour les parcours les plus longs la correction atteint 50 % de la
valeur mesur6e, il est 6vidend que le point W pert
toute signification expérimentaIe, puisque l’incer-
titude absolue sur ce point est divisee par deux.
C’est le cas si x devient superieur a 1,5. Une erreur
de ce genre nous avait conduit a annoncer des valeurs beaucoup trop grandes pour les quatre raies
les plus intenses du sous-6tat 2H 1/2 de la bande
vo--,3 de l’oxyde nitrique [5]. Ces valeurs se sont
r6v6l6es fausses, en utilisant avec nos points exp6-
rimentaux, la m6thode de Benedict. Dans ce cas
tres def avorable, l’intensit6 se trouve trop faible
de 10 a 15 %. Une erreur, beaucoup moins impor- tante, s’était aussi introduite sur les valeurs annon-
c6es pour les largeurs des raies de la bande Vo--+3 de 1’acide iodhydrique [6]. Un autre cas ou on ne peut
calculer yO se pr6sente quand, pour le plus long
parcours, x ne d6passe pas 0,5. A ce moment la pente n’est pas suffisamment bien d6finie pour per- mettre une mesure valable. Mais S’° reste mesurable.
FIG. 2.
B. APPAREILLAGE.
-Le spectrographe utilise
est un appareil dup type Czerny dont la r6solvance
atteint 68 000 [7]. Cet appareil est muni d’un dis-
positif d’étalonnage qui consiste a enregistrer
simultan6ment le spectre infrarouge 6tudi6 et un spectre cannel6 fourni par un etalon de Perot-
Fabry. L’interfrange du spectre cannel6 est connu
avec une grande precision. Ce systeme de franges
est d’une grande utilite dans la mesure des inten-
sit6s, car il facilite la conversion en cm-1 de I’aire situ6e sous la courbe d’absorption (largeur 6quiva- lente). En plus, il permet de detecter et de corriger
des irrégularités dans la rotation du r6seau, ou dans
le d6roulement du papier d’enregistrement. On
d6tecte le rayonnement infrarouge, module à
125 cycles, à la sortie du spectrographe, par une
cellule au sulfure de plomb refroidie a la glace carbonique, et on amplifie le signal detecte par un
amplificateur lin6aire a detection de phase. La
Iinéarité de l’amplificateur est contr6l6e p6riodi- quement au moyen d’un g6n6rateur a basse fr6- quence. Le signal amplifi6 est enfin enregistr6 sur
un enregistreur double-plume dont la vitesse de d6roulement est rigoureusement constante.
C. CONDITIONS EXPERIMENTALES.
-Comme on
1’a vu pr6c6demment, une mesure d’intensit6 n6ces- site un choix de longueur de cuves d’absorption et
une connaissance precise des pressions de gaz utili- s6es.
Pour 6tudier 1’acide iodhydrique gazeux, nous
avons utilise des cuves en verre a faces soud6es,
pour les deux harmoniques. Ces deux bandes 6tant
situ6es vers 1,6 03BC et 2,2 (1., il 6tait possible d’utiliser
des faces en verre. La plus grande longueur utilis6e
6tait de 60 cm pour la premiere bande harmonique, Vo-+2 et d’un metre pour la deuxi6me bande har-
monique, vo_.,3; le caract6re corrosif du gaz est tel que nous avons renonc6 a utiliser la cuve a r6- flexions multiples pour obtenir des parcours plus importants. Le gaz utilise, fourni par la « Matheson Gas Company », a un 6tat de puret6 superieur a 98%
et a servi sans purification pr6alable. La pression
du gaz a ete, pour toute les manipulations, voisine
d’une atmosphere. Les raies de vibration-rotation de 1’acide iodhydrique sont tellement s6par6es les
unes des autres que l’on pouvait utiliser une telle pression sans risquer des recouvrements de raies.
La mesure de la pression du gaz 6tait faite au moyen d’un manometre a mercure, le mercure en contact avec le gaz 6tant prot6g6 par[une couche
d’huile halog6n6e fluide.
Pour 6tudier l’oxyde nitrique, le choix des par-
cours est tres different. Pour la seconde bande
harmonique Vo-+3, nous nous sommes servi d’une
cuve a reflexions multiples du type White. Cette
cuve permet de r6aliser des parcours variant de 4 metres en 4 metres. Pour avoir suffisamment de
points expérimentaux, nous avons du utiliser
jusqu’A 20 metres de parcours. A cause de ce par-
cours important, pour les raies les plus intenses,
on se trouvera dans les conditions de l’application
de la m6thode de Benedict. Pour la premiere bande harmonique, VO-12, la longueur des cuves variait
entre 20 et 6 cm. Cette bande se trouvant situ6e
vers 2,7 03BC, domaine a partir duquel le verre cesse
d’ etre transparent, il a fallu prendre des faces en
fluorine. Les cuves 6taient en laiton, et 1’etan-
ch6it6 entre la face en fluorine et la cuve 6tait assur6e par un joint torique. Le gaz utilise est fourni par la soci6t6 " I’Air Liquide ". Son 6tat de
puret6 est superieur a 99 %. Pour la mesure de la
bande "0-+3’ nous avons choisi une pression de
22 cm de mercure, et pour la bande Vo-+2 une pres- sion de 35 cm de mercure. Malgr6 ces pressions
relativement faibles, il n’a pas ete possible de
determiner l’intensit6 des raies de la branche R pour la bande "0-+3 et, pour la bande VO-->2, nous n’avons pu mesurer d’une façon satisfaisante que celle des derniers doublets de la branche R, car les
raies relatives aux deux sous-6tats se recouvrent
partiellement, ou m6me entierement dans les branches R [8].
Pour la mesure des deuxiemes bandes harmo-
niques, la source infrarouge 6tait une lampe a fila-
ment de tungstene. Au-dessus de 2 y nous avons
utilise un filament de Nernst. Pour éliminer 1’6ner-
gie transmise par le reseau dans les ordres sup6- rieurs, il f aut operer un filtrage rigoureux de Fener- gie incidente. Dans le domaine de 1,5 V. a 1,8 03BC,
un verre au manganal s’est revele suffisant. Par
contre, pour des longueurs d’onde superieures à
2 03BC, il a fallu employer une plaque de germanium
recouverte sur ses deux faces d’un revetement anti- r6flecteur de sulfure de zinc, centre sur 2,5 03BC.
Toutes les bandes d’absorption de l’oxyde nitrique sont situ6es dans des domaines spectraux
de forte absorption atmosphérique : vapeur d’eau et gaz carbonique. A 1,8 03BC, l’utilisation de la cuve
a réflexions multiples, rend impossible l’élimination de la bande de la vapeur d’eau. Nous avons donc seulement mesure les raies completement s6par6es
des raies de la vapeur d’eau. Par contre, a 2,7 03BC, i’intensite des raies de la vapeur d’eau et du gaz
carbonique est tellement grande qu’il a fallu tenter
d’eliminer ces bandes parasites.
Pour éliminer la vapeur d’eau, nous avons en-
ferme la source infrarouge et la cuve d’absorption
dans une enceinte 6tanche a l’int6rieur de laquelle
on assurait un recyclage de 1’air a travers des colonnes absorbantes. Les raies tres intenses du gaz carbonique 6taient dues a une accumulation dans le boitier du d6tecteur du gaz provenant de
la sublimation de la glace carbonique. Une venti-
lation 6nergique du boitier du d6tecteur a permis
1’elimination complete des raies parasites. Malgr6
ces precautions, nous n’avons pas pu analyser
toutes les raies de la bande vO--*2 de l’oxyde nitrique.
D. EXPLOITATION DE L’ENREGISTREMENT.
-Pour chaque parcours 1, chaque raie est enregistr6e
I