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Submitted on 1 Jan 1955
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Spectrographie des rayonnements de fluorescence des radioéléments
Marcel Frilley
To cite this version:
Marcel Frilley. Spectrographie des rayonnements de fluorescence des radioéléments. J. Phys. Radium,
1955, 16 (7), pp.630-634. �10.1051/jphysrad:01955001607063000�. �jpa-00235233�
630.
SPECTROGRAPHIE DES RAYONNEMENTS DE FLUORESCENCE DES RADIOÉLÉMENTS
Par MARCEL FRILLEY,
Laboratoire Curie.
Summary.
-The ionisation of electronic shells resulting from certain radioactive transmutations is followed by the emission of fluorescent photons. The K and L spectra
areconsidered, then their energy and intensity and the information which
canbe obtained
onthe transitions generating them.
LE JOURNAL DE PHYSIQUE ET LE RADIUM. TOME 16, JUILLET 1955,
Au cours de ce Colloque on a étudié divers modes d’ionisation du cortège électronique associés aux
transmutations radioactives, d’où résulte un retour à l’état stable accompagné de l’émission d’un spectre
de fluorescence.
On a mis en évidence le fait que cette ionisation n’était produite avec une probabilité assez grande
que dans les cas de conversion interne de rayons y
ou de capture électronique. Nous limiterons la pré-
sente étude aux spectres des photons de fluores-
cence consécutifs à ces processus d’ionisation et
aux méthodes d’analyse de ces spectres capables
de donner des indications sur l’énergie des rayon- nements émis : spectrographie par diffraction, utilisation de compteurs proportionnels, absorption
sélective. Nous ne considérerons par conséquent
que les spectres K et L, ceux d’énergie plus faible (M, ...) ayant été parfois observés sans avoir été l’objet de mesures précises d’intensité. Nous envisa- gerons les aspects de ces spectres au point de vue de l’énergie et de l’intensité des raies et les renseigne-
ments que l’on peut en tirer sur les transitions qui
leur ont donné naissance.
Quelques considérations d’ensemble peuvent d’abord être développées.
io L’intensité des spectres de fluorescence est
généralement importante, Tsien San-Tsiang évalue
à 18 photons par 100 désintégrations l’intensité des spectres K de Ra (B + C), et leur énergie cor- respond à un bon rendement de la plupart des
moyens de détection. Mélangés avec des photons y nucléaires, les photons de fluorescence ont été confondus avec eux dans les premiers travaux sur
les rayons y. Ainsi lorsque les premières tentatives
de spectrographie y par diffraction ont été faites dès 1914 par Rutherford et Andrade [1] puis par Rutherford et Wooster [2], ce sont en réalité des
raies K et L qui ont été enregistrées.
C’est J. Thibaud, en 1926 [3], qui a, le premier,
obtenu par diffraction des raies y dans la famille du Th, mais ses travaux mettent en évidence avec une intensité dominante le spectre résultant du passage ThB -+ Th C (Z = 83). Identifiés avec une
faible précision par Rutherford et ses collaborateurs les spectres .K et L émis par les éléments de la famille du Ra ont été mieux définis par Frilley
en 1929 [4] et Valadares en 1934 [5] (spectre K).
Valadares a étudié ensuite les spectres L de la même famille en ig4o [6]. L. Meitner a observé des raies du RTh en I g28 [7J, puis Frilley en 1940 les spectres K juxtaposés de plusieurs éléments de la famille de l’Ac [8]. Ce sont encore les spectres de fluorescence
qu’ont obtenus Y. Cauchois et Hulubei quand ils
ont appliqué la méthode du cristal courbé à la diffrac- tion du rayonnement y du Rn [9].
Dans tous ces travaux les spectres de fluores-
cence ont apparu avec des intensités importantes.
Les plus intenses donnent des raies beaucoup plus
faciles à voir que les rayons y. Dans chaque famille
de radioéléments naturels, les spectres des différents
éléments en équilibre radioactif ont des intensités
variées, l’un d’eux étant généralement prépon-
dérant. Par exemple dans la famille du Ra, celui
de Ra B -+ Ra C(Z = 83) est le plus intense, celui de Ra C -+ Ra Cf (Z 84) venant au second rang.
Dans les autres familles le ThB et l’Ac X dominent
respectivement. Parmi les spectres L celui du RaD qui a fait l’objet de plusieurs travaux a une inten-
sité estimée à 27 photons par 10o désintégrations [10].
20 Les fréquences émises sont les mêmes que celles
des spectres de rayons X des éléments correspon- dants. Cette identité a été vérifiée avec une pré-
cision convenable dans les travaux mentionnés ci-dessus et, pour quelques raies, avec une très
haute précision par Du Mond [11] et ses collabo-
rateurs disposant d’un spectrographe à grande dispersion.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:01955001607063000
631 30 Les intensités relatives des raies sont compa-
rables à celles des spectres de rayons X en ce qui
concerne les spectres K. Quant aux spectres L, ils
ont à ce point de vue un aspect très différent des
spectres de rayons X et nous reviendrons spéciale-
ment sur ce point important.
Dans bien des cas où la spectrographie par dif-
fraction n’a pas été utilisée, les photons de fluores-
cence ont été étudiés par absorption sélective ou au
moyen de compteurs proportionnels et de scintilla- teurs. Les renseignements donnés par ces méthodes concernent surtout les intensités absolues et les coïncidences entre ces photons et les émissions nucléaires. Les travaux effectués par ces méthodes sont très nombreux, nous en citerons plus loin quelques-uns.
Les spectres K.
-Le niveau K étant unique
nous avons vu que les spectres K ont un aspect
indépendant du mode d’excitation du niveau.
Les seuls renseignements que l’on peut tirer de l’observation des spectres K sont leur intensité
et les coïncidences éventuelles entre les photons
et d’autres émissions.
L’excitation du niveau K résulte généralement
de la conversion interne de plusieurs y dont la
contribution ne peut être distinguée. Tout au plus
voit-on globalement le lien entre le nombre de y
convertis et l’intensité du spectre K. On comprend
ainsi la prédominance de certains spectres K dans
les familles de radioéléments.
Dans la famille de l’Ac cependant, l’intensité relative considérable du. spectre accompagnant
la transition Ac X ---> An (Z
=86) vient confirmer
la découverte récente par Rosenblum et Valadares.
d’un intervalle de structure fine de 154 keV auquel correspond un y très converti inobservable directe- ment. Le spectre de structure fine présente plusieurs
raies dont une très intense qui semblait corres- pondre au niveau fondamental, mais Rosenblum et Valadares ont trouvé au-dessous de celle-ci deux raies faibles à des intervalles de 26 et 154 keV. Le rayonnement y de 154 keV correspond donc à près
de 10o pour 100 d’excitations et il est fortement converti. Il donne naissance à un spectre K intense
et à des raies d’électrons de conversion dont l’inten- sité était jusqu’à présent difficile à interpréter [8], [12]
(fig. 1).
D’autre part, la mesure de l’énergie du spectre K indique la valeur de Z qui lui correspond et permet de localiser la transmutation correspondante. Ceci
a eu historiquement un intérêt lorsqu’on hésitait
à attribuer aux électrons secondaires l’énergie correspondant à la valeur initiale ou finale de Z.
Actuellement c’est surtout dans le cas de captures K
que l’identification du spectre est utile [13].
Mais c’est surtout l’étude des électrons de conver-
sion, parmi lesquels on peut distinguer ceux qui proviennent de chaque transition, et les mesures
en coïncidence qui permettent d’évaluer les coeffi- cients de conversion, les rapports i K (et en consé- quence la nature et la polarité des y, les spins
des niveaux nucléaires, etc.), les probabilités de capture.
Nous ne nous étendrons pas sur ces problèmes déjà étudiés au cours de ce Colloque [14].
Fig. I.
L’étude comparée de la conversion interne, des spectres d’électrons de conversion et des spectres
de fluorescence fait intervenir les rendements de fluorescence qui ont été l’objet d’une étude parti-
culière de Burhop [15]. Les travaux de radioactivité
utilisent, plutôt qu’ils ne permettent de les vérifier, les données acquises à ce sujet par d’autres méthodes plus précises.
Les spectres L.
-Il n’y a guère qu’une dizaine
d’années que l’intérêt des chercheurs s’est porté
sur les spectres L qui malgré leur complexité peuvent
fournir d’abondants renseignements sur les tran-
sitions radioactives. Une étude d’ensemble de ces
spectres a été publiée par M. Riou [16] à qui nous
’emprunterons la plus grande partie des considéra-
tions ci-dessous.
Ce qu’on désigne globalement comme spectre L d’un. élément est en réalité la superposition de trois spectres correspondant à l’excitation des niveaux L,, Lji et LUI. Tandis que dans les spectres K l’aspect général est le même quelle que soit la valeur de Z, les spectres L varient profondément d’un élément
à l’autre.
La nomenclature des raies les a groupées en trois
séries oc, g et y échelonnées dans l’ordre des énergies croissantes, mais en réalité le spectre Li est réparti
entre les groupes y et g, le spectre Lu également,
le spectre L,I, entre
«et P. En ne tenant compte
que des principales raies, on voit qu’une vingtaine
de niveaux M, N, 0, etc. peuvent être associés aux trois niveaux L. Or, d’un élément à l’autre les diffé-
rences énergétiques correspondant à l’association
des niveaux 2 à 2 varient et peuvent même che-
632
vaucher. Il en résulte par exemple que les raies g, (M1v-¿. Ln) et p2 (Ny-Lin) ont sensiblement la même énergie pour Z
=82. Pour les Z plus petits
on a Àp, > À3, tandis que la différence est en sens inverse pour Z > 82, l’écart des À croissant dans les deux sens quand on s’éloigne de Z
=82.
Des difficultés d’un autre ordre viennent du fait que l’on connaît très mal actuellement les intensités relatives des raies dans les spectres L de rayons X, certaines données actuelles des tables sont, de toute évidence, erronées [17]. C’est en vue de lever ces
incertitudes que C. Victor travaille actuellement
au Laboratoire Curie à mesurer les intensités rela- tives dans les spectres de rayons X des éléments lourds.
Mais en supposant connues ces intensités dans un
spectre de rayons X, comment va se présenter le spectre de fluorescence d’un radioélément pour la même valeur de Z ? Il semble qu’on peut admettre
que pour chacune des fractions LI, LII, Lm des deux spectres, les intensités relatives seront les mêmes,
.