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Submitted on 1 Jan 1938
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Sur l’absorption des rayons bêta des radioéléments
M.-E. Nahmias, L.I. Schiff
To cite this version:
SUR L’ABSORPTION DES RAYONS
BÊTA
DESRADIOÉLÉMENTS
Par M. M.-E. NAHMIAS.Laboratoire de Chimie nucléaire du
Collège
deFrance,
et M. L. I. SCHIFF.U. S. National Research Fellow. Université de
Berkeley
(Californie).
Sommaire. 2014 Les auteurs établissent une méthode de mesure d’absorption des spectres béta qui tient compte de certaines corrections nécessaires. Ils confirment leurs calculs par quelques expériences sur des spectres de radioéléments artificiels. Ils signalent un rayonnement 03B3 de l’ordre de 100 keV émis par le radioargent 22 sec. Il y aurait plus de 10 quanta par béta émis.
Dans une note
antérieure,
l’un de nous(~)
asignalé
l’intérêtqu’iI
y aurait à connaître les valeursapproxi-matives de
l’énergie
maximum limite desspectres
respectifs
d’un trèsgrand
nombre de radioélémentsparmi
les 2~0déjà
découveris. Ces évaluationspermet-traient de
placer
lespoints représentatifs
correspon-dant àchaque
radioélément sur les différentes droites deSétrgent (1)
et cecipourrait
mieux fairecomprendre
certainsaspects
duproblème
desdésintégrations
béta. La mesure deErn peut
être faite soit à la chambreWilson,
soit par la méthoded’absorption soit
par la méthode de focalisationmagnétique,
avec uncomp-teur
(~1)
ou deuxcompteurs
Geiger-àlullb1-,
en coïnci-denceC’).
Ces mesures,particulièrement
celles à lachambre Wilson sont
longues
etquoique,
àpriori,
elles doiventprésenter
de nombreuxavantages,
per mettant de déterminer avecprécision,
nombreusessont les contradictions dans ce genre de
travaux,
sur-tout dans le cas où l’on utilise des couches radioactives relativement
épaisses,
à cause de l’étalement duspectre.
Il nous semble qne pour atteindre une bonneapproxi-mation et avec
beaucoup
moins detravail,
la méthoded’absorption,
concluite enprenant
certainesprécau-tions, peut
très bien êtreemployée.
Des erreurs
grossières (6)
peuvent
être commises sur les coefficientsd’absorption
desspectres
bétalorsqu’on
ne tient pas suffisammentcompte
de certaines cor-rections.Nous avons
repris
ceproblème
et sommes arrivés a bien le délimiter.Considérons un
compteur cylindrique.
Autour de cecompteur
plaçons
descylindres
absorbantsd’épaisseur
croissante. Finalement autour de cesystème
nouspla-c;erons une source radioactive
cylincirique,
émettant des électrons Bque nous dénommerons «ible » ) (fig.
1).
Si la
période
dedésintégration
estgrande (supérieure
à
quelques
dizainesde
minutes parexemple),
on fera varierl’épaisseur
d des absorbantspendant
la duréed’une même décroissance. Si la
période
est inférieureà
quelques
minutes on effectuera dans des conditions identiques plusieurs
activations de la cible(cas
de radio-acUvitéartificielle)
et on fera autant de courbes de décroissance avec àchaque
fois un absorbant différent.L’absorption
étantexponentielle,
les droiteslogarith-niques (1)
d’absorption
serontextrapolées
versl’origine
deslemps
et les valeurs de(log.
/)
pour t
= 0 serontportées
sur undiagramme
en fonction de 1épaisseur d.
Fig. 1.
Considérons le
problème
del’absorption
en cequi
concerne lagéornétrie
del’expérience.
Dechaque
point
de la cible radioactivepartiront
des rayons sous tous les’ °angles
et aboutiront ou non aucompteur.
Nous allons traiter poursimplifier
leproblème,
lecas" de
comp-teurs,
absorbants et cible de formesphérique
et nous passerions ensuile au cas descylindres.
Appelons
~~ lerayon du
compteur, s
sonépaisseur
(voir
fig.
t)
et (J-3 son coefficientd’absorption ;
dl’épaisseur
variable de 1 absorbant et ~2 son coefficientd’absorption ;
enfin p
l’épaisseur
de la cible et li, son coefficientd’absorption.
D’unpoint
A de la cible un rayon est émis et vient aboutir aupoint
B sur la surface ducompteur
Soientm et 0 les
angles
que fait cette direction AB avec les normales en A et en B. On a les relationssuivantes,
avec
1,
comme nombre departicules
de la cible141
active par sec et par cm3 et ilrcomme nombre de
parti-cules à
arrivant sur lecompteur
par seconde :posons y _-_- sin 8 et
intégrons
parrapport à p :
1
Prenons une cible très
mince 1)
et desabsor-i
bants
légers,
parexemple
l’aluminium,
ain-dqu’un
compteur
àparoi
d’Al. V2 == p..3 et nousappelons
alors dl’épaisseur
totale de l’absorbant et ducompteur
(s «
0).
Posons
aussi y
==y2
et nous avons :Faisons maintenant d
+
p « r(dans
lesexpé-riences décrites
plus
loindans les tables smithsoniennes par
exemple.
On tireencore :
comme « on a :
où A =n 4 -z r’ snrface du
compteur
sphérique.
Cette valeur de N est sous-estimée à cause de
compteur
soitgrande
parrapport
à son rayon. On a donc enfin :Les courbes de la
figure 2
représentent,
l’une(I)
uneexponentielle simple,
l’autre(II) l’expression
de A’. Il suffira donc deporter
sur ungraphique
I =f (d)
en ramenant les ordonnées à un maximum de 1000 et les abscisses à une échelle telle que la courbeexpérimen-tale coïncide avec
l’expression
de N tellequ’elle figure
en II. On aura ainsi la courbe
exponentielle
(I)
vraie del’absorption
duspectre
bêta. De cette courbe on déduira le coefficientd’absorption.
Bien
entendu,
on admet que l’émission gammaqui
pourrait
accompagner l’émission bêta n’est pas trèsimportante.
Vu l’efficacité très faible d’uncompteur
àparoi
mince pour lesquanta
gamma cette restriction n’est pas sérieuse. Dans le cas d’ailleurs où l’émission gamma estimportante,
la courbed’absorption
est si visiblementdénaturée,
comme nous le verrons dans lecas du
radioargent
22 sec(fig. 7), qu’il n’y
a pas demesure
possible
sur le coefficientd’absorption
et parconséquent
pas d’erreurgrossière
commise,
mais il estpossible
ainsi de mettre en évidence des rayonne-ments gamma inconnusjusqu’ici (cas
duradioargent
22sec).
Il est évidemment aiséd’imaginer
des corps émetteurs de rayons bêta et dephotons
de telleénergie
et enproportion
telle que les mesures soient fausséessans que la
perturbation
due auxphotons
soit bienapparente.
Les cas de coïncidence de ces conditions doivent être rares et moins à craindre que ceux où il y a émissioncomplexe
de deuxspectres,
comme parexemple
dans le cas du radiochlore.Bien que
restrictive,
la méthoded’absorption,
con-duite comme nous venons de la
décrire,
donne des résultats assez satisfaisants et immédiatement utilisa-bles. Elleprésente
en outre unavantage,
celui de per-mettre l’étude duproblème complexe
del’absorption
exponentielle
desspectres
bêta(i)
et aussi de mettre àl’épreuve
la relationempirique
de Feather(8).
R = 0,s l i
E -0,091
entre le parcours R des rayons du
spectre
exprimé
eng/cln2
et leurénergie
maximum E,
exprimée
en MeV.Puisque l’absorption
estexponentielle
onprendra
pour Rcinq
fois la valeur del’épaisseur qui
fait décroitrel’intensité de moitié
(exprimée
eng/cm2)
et on aura ainsi un parcours par défaut.Lorsque
ce nombre ne coïnciclera pas avec le parcours R mesurédirectement,
on en cherchera d’abord la raison soit dans une émis-sioncomplexe
despectres,
soit dans unrayonnement
gammaperturbateur.
Co ofirmations
expérimentales.
Les
expériences
suivantes ont étéfaites,
avec uncompteur
en Al de0,1
mmd’épaisseur, 4
cm delong
et 1 cm de rayon, Nous avons activé nos cibles avec
une source de 400 mC de Rn
+
Be. La cible entourait la source et le tout étaitplongé
dans laparaffine.
Fig. 3.
Radioaluminium
2,6
minutes. - Courbefigure
3,
Al
I /~
-0,1
cm, R î
1,40
g/cm2,
E’~
> 3MeV. Lesvaleurs connues
jusqu’ici
étaient :Joliot (Chambre
Wilson) :
2,:~
MeV;
Cork (Idem) :
3,3MeV;
Alichanov(focalisation
magnétique) :
3 MeV. Lepoint
représen-tatif de ce radioélément seplace
bien sur lapremière
droite deSargent
(’)
L = 0.Fig. 4.
Radioargent
2,5
minutes. - Courbefigure
4.Al
1/2
=0,08
om, 1,08g/eml,
Em
>2,2
MeV.Les valeurs trouvées par d’autres auteurs sont : Joliot
et Kowarski
(Chambre
Wilson) :
1,7
MeV;
Alichanov :2,1
MeV. Seplace
bien sur lapremière
droite deSargent.
Radiorho,lium
(*)
44 secondes. - Courbefigure
5. Al1/2
=0,075
cm, R >1,01 g/em", Em
>2,15
MeV.143
Radiorhodium
4,2
minutes. - Courbefigure
6. Al1/2
=0,13 ~
cm,R >
g/cm2,
Em > 3,7
MeV.Alichanov,
Alichanian etDzelepow
1’)
donnent une va-leur douteused’aprèsles
auteurs de :~,1
MeV. Ceradio-élément se place
sur la deuxième droite deSargent
L =1.Fig. 5.
Ces deux radioéléments du Rhodium sont très
pro-bablement dus au Rhodium 104
après capture
d’unneutron par
l’isotope
103 dont lepourcentage
estsupériear
à 95 pour 100. Ils seraient donc isomères etl’un d’eux serait issu d’une transition interdite.
Fig. 6.
Radioargent
22 secondes. - .£ucune mesure n’estpossible
car la courbed’absorption
(fig. 7) présente
avec un absorbant de
plus
de0,04
cm d’aluminium un accroissement au lieu d’une décroissance en fonction del’épaisseur.
Cette anomalie atteint un maximum pour uneépaisseur
de0,1
cm d’Al et décroît ensuitesymétriquement.
Onexplique
cette observation par lefait que l’efficacité du
compteur
en « gamma ourayons X »
augmente
à mesure querépaisseur
desabsorbants
interposés
augmente,
atteint un maximum(saturation),
puis
décroît avec le coefficientd’absorp-tion de cette radiad’absorp-tion. De cette décroissance
(fig. 8),
on déduit en utilisant la formuleempirique
deJaeger (1) :
TÍ(en kV) ==
une
énergie
inférieure à 100 keV pour cette radiation. On évalue àplus
d’une dizaine le nombre dequanta
émis pour
chaque désintégration
bêta.Fig.
7.On connaît actuellement
cinq radioargent.
Leradio-argent
110 : 22 sec; leradioargent
108 :2,5 min ;
les deux radio-isomères del’argent
106 : 25 m(seul
émet-teur de
positrons)
et 8jours
et enfin unradioargent
non identifié depériode
voisine de 3 h(10).
Ces trois derniers sont obtenus avec des neutrons trèsrapides
(Li
+
D)
aucyclotron
de Ann-Arbor. M. Pool(11)
Fig. 8.
trouve que le
radioargent
106 de8 j
émet environ 35quanta
gamma pourchaque
désintégration
bêta et que leradioargent
de a h émet 4quanta
par bêta. Onvoit encore mal le schéma
énergétique
de toutes cestransitions avec une telle abondance de raies gamma. Le
phénomène
est toutefois àrappprocher
des pre-mièresexpériences
faitespar Joliot
et Kowarski(t2)
qui
avaient
signalé
laprésence
de rayons gamma de trèsgrande énergie
émis parl’argent
bombardé avec desneutrons de Rn
+
Be ou Po+
Be.Radioiode 25 minutes. - L’iode est
déposée
parvolatilisation sur une feuille de
nickel,
que l’on enrouleensuite en
cylindre.
Courbe 9. Al1/2
=0,09
R >
gJcm2, E -
2,5.,MeV. Alichanov
et ses colla-borateurs trouvent E =2,1
Ce radioélément seplace
sur la droite L = 0.,
Fig. 9.
Radiodysprosium
2 5 heures. - I,apoudre
est tassée dans des cuvettes en duralum fixées sur la surface intérieure d’uncylindre
d’ébonite. Courbe 10. Al =0,065
cm, R >0,88
g/CM2
E -1,5
3IeV.Alichanov donne
E = 9 , ~
MeV. Lepoint
représentatif
seplace
assezprès
de la droite L = 0.Fig. 10.
Ces recherches seront
poursuivies
sur d’autres radioélémentsproduit
avec des sources intenses de neutronslorsque
lecyclotron
duCollège
de France fonctionnera.Manuscrit reçu le 5 janvier 1938.
BIBLIOGRAPHIE 1
(1) M. E. NAHMIAS.
Phys.
Rev., 1937, 52, p. 666.(2) Voir par ex : ALLAN MITCHELL. Phys. Rev., 1937, 52, p. 1.
(3) DEVONS et NEARY. Proc. Cambr. Phil. Soc., 1937, p. 159.
(4) J. S. O’CONOR.
Phys.
Rev., 1937, 52, p. 303.(5) ALICHANOV, ALIGHANIAN et DZELEPOV. Nature, 1935, 136, p. 257. (6) Voir l’exemple cité dans M. E. NAHMIAS et R. J. WALEN. J. de
Physique. 1937. p. 156.
(7) Voir par exemple FOURNIER et GUILLOT. Coll. Actualités Scient. Edit. Hermann et Cie. Paris 1933, N°. 57.
(8) FEATHER.
Phys.
Rev., 1930, 35, p. 1559. (9) M. E. NAHMIAS. C. R., 194, 1932, p. 4811.(10) POOL, CORK et THORNTON.
Phys.
Rev., 1937, 52. p. 380.(11) M. L. POOL. Communication N° 21, p. 9 du Bull.
Phys.
Soc. Chicago meeting. 26 11/37.(12) C. R , 200, 1935, p. 826.
(*) Je remercie M. Jacquet qui a bien voulu se charger de