Membres du jury C. Bobin-Dubigeon | Président F. Empereur | Directrice N. Clere | Co-Directeur S. Faure | Membre C. Naveau | Membre Y. Roquelaure | Membre
Soutenue publiquement le : 02 décembre 2019
2019-2020
MEMOIRE DU DIPLOME D’ETUDES SPECIALISEES D’ INNOVATION PHARMACEUTIQUE ET RECHERCHE
Conformément aux dispositions du décret 90-810 du 10 septembre 1990 tient lieu de : THESE POUR LE DIPLOME D’ÉTAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE
Présentation et Évaluation d’un outil de formation alternatif pour améliorer la communication Professionnels de santé – Patients dans le cadre de la prise en charge du cancer.
Daniel Anne
Née le 05 juillet 1992 à Rennes (35)
Sous la direction de Mme Empereur Fabienne
Conformément aux dispositions du décret 90-810 du 10 septembre 1990 tient lieu de : THESE POUR LE DIPLOME D’ÉTAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE
« PharmaSIM »
Anne DANIEL
ENGAGEMENT DE NON PLAGIAT
Je, soussigné(e) Anne Daniel
déclare être pleinement conscient(e) que le plagiat de documents ou d’une partie d’un document publiée sur toutes formes de support, y compris l’internet, constitue une violation des droits d’auteur ainsi qu’une fraude caractérisée.
En conséquence, je m’engage à citer toutes les sources que j’ai utilisées pour écrire ce rapport ou mémoire.
signé par l'étudiant(e) le 30 / 10 / 2019
LISTE DES ENSEIGNANTS DE LA FACULTÉ DE SANTÉ D’ANGERS
Doyen de la faculté : Pr Nicolas Lerolle
Vice-Doyen de la faculté et directeur du département de pharmacie : Pr Frédéric Lagarce Directeur du département de médecine : Pr Cédric Annweiler
PROFESSEURS DES UNIVERSITÉS
ABRAHAM Pierre Physiologie Médecine
ANNWEILER Cédric Gériatrie et biologie du vieillissement Médecine
ASFAR Pierre Réanimation Médecine
AUBE Christophe Radiologie et imagerie médicale Médecine
AUGUSTO Jean-François Néphrologie Médecine
AZZOUZI Abdel Rahmène Urologie Médecine
BAUFRETON Christophe Chirurgie thoracique et cardiovasculaire Médecine
BENOIT Jean-Pierre Pharmacotechnie Pharmacie
BEYDON Laurent Anesthésiologie-réanimation Médecine
BIGOT Pierre Urologie Médecine
BONNEAU Dominique Génétique Médecine
BOUCHARA Jean-Philippe Parasitologie et mycologie Médecine
BOUVARD Béatrice Rhumatologie Médecine
BOURSIER Jérôme Gastroentérologie ; hépatologie Médecine
BRIET Marie Pharmacologie Médecine
CAILLIEZ Eric Médecine générale Médecine
CALES Paul Gastroentérologie ; hépatologie Médecine
CAMPONE Mario Cancérologie ; radiothérapie Médecine
CAROLI-BOSC François-Xavier Gastroentérologie ; hépatologie Médecine CHAPPARD Daniel Cytologie, embryologie et cytogénétique Médecine
CONNAN Laurent Médecine générale Médecine
COUTANT Régis Pédiatrie Médecine
COUTURIER Olivier Biophysique et médecine nucléaire Médecine
CUSTAUD Marc-Antoine Physiologie Médecine
DE BRUX Jean-Louis DE CASABIANCA Catherine
Chirurgie thoracique et cardiovasculaire Médecine Générale
Médecine Médecine
DESCAMPS Philippe Gynécologie-obstétrique Médecine
DINOMAIS Mickaël Médecine physique et de réadaptation Médecine
DIQUET Bertrand Pharmacologie Médecine
DUBEE Vincent Maladies Infectieuses et Tropicales Médecine
DUCANCELLE Alexandra Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Médecine
DUVAL Olivier Chimie thérapeutique Pharmacie
DUVERGER Philippe Pédopsychiatrie Médecine
EVEILLARD Mathieu Bactériologie-virologie Pharmacie
FANELLO Serge Épidémiologie ; économie de la santé et prévention
Médecine
FAURE Sébastien Pharmacologie physiologie Pharmacie
FOURNIER Henri-Dominique Anatomie Médecine
FURBER Alain Cardiologie Médecine
GAGNADOUX Frédéric Pneumologie Médecine
GARNIER François Médecine générale Médecine
GASCOIN Géraldine Pédiatrie Médecine
GOHIER Bénédicte Psychiatrie d'adultes Médecine
GUARDIOLA Philippe Hématologie ; transfusion Médecine
GUILET David Chimie analytique Pharmacie
HAMY Antoine Chirurgie générale Médecine
HUNAULT-BERGER Mathilde Hématologie ; transfusion Médecine
IFRAH Norbert Hématologie ; transfusion Médecine
JEANNIN Pascale Immunologie Médecine
KEMPF Marie Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Médecine
LACCOURREYE Laurent Oto-rhino-laryngologie Médecine
LAGARCE Frédéric Biopharmacie Pharmacie
LARCHER Gérald Biochimie et biologie moléculaires Pharmacie
LASOCKI Sigismond LEGENDRE Guillaume
Anesthésiologie-réanimation Gynécologie-obstétrique
Médecine Médecine
LEGRAND Erick Rhumatologie Médecine
LERMITE Emilie Chirurgie générale Médecine
LEROLLE Nicolas Réanimation Médecine
LUNEL-FABIANI Françoise Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Médecine
MARCHAIS Véronique Bactériologie-virologie Pharmacie
MARTIN Ludovic Dermato-vénéréologie Médecine
MENEI Philippe Neurochirurgie Médecine
MERCAT Alain Réanimation Médecine
MERCIER Philippe Anatomie Médecine
PAPON Nicolas Parasitologie et mycologie médicale Pharmacie
PASSIRANI Catherine Chimie générale Pharmacie
PELLIER Isabelle Pédiatrie Médecine
PETIT Audrey Médecine et Santé au Travail Médecine
PICQUET Jean Chirurgie vasculaire ; médecine vasculaire Médecine
PODEVIN Guillaume Chirurgie infantile Médecine
PROCACCIO Vincent Génétique Médecine
PRUNIER Delphine Biochimie et Biologie Moléculaire Médecine
PRUNIER Fabrice Cardiologie Médecine
REYNIER Pascal Biochimie et biologie moléculaire Médecine
RICHARD Isabelle Médecine physique et de réadaptation Médecine
RICHOMME Pascal Pharmacognosie Pharmacie
RODIEN Patrice Endocrinologie, diabète et maladies métaboliques
Médecine
ROQUELAURE Yves Médecine et santé au travail Médecine
ROUGE-MAILLART Clotilde Médecine légale et droit de la santé Médecine
ROUSSEAU Audrey Anatomie et cytologie pathologiques Médecine
ROUSSEAU Pascal Chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique
Médecine ROUSSELET Marie-Christine Anatomie et cytologie pathologiques Médecine
ROY Pierre-Marie Thérapeutique Médecine
SAULNIER Patrick Biophysique et biostatistique Pharmacie
SERAPHIN Denis Chimie organique Pharmacie
SUBRA Jean-François Néphrologie Médecine
UGO Valérie Hématologie ; transfusion Médecine
URBAN Thierry Pneumologie Médecine
VAN BOGAERT Patrick Pédiatrie Médecine
VENIER Marie-Claire Pharmacotechnie Pharmacie
VERNY Christophe Neurologie Médecine
WILLOTEAUX Serge Radiologie et imagerie médicale Médecine
MAÎTRES DE CONFÉRENCES
ANGOULVANT Cécile Médecine Générale Médecine
ANNAIX Véronique Biochimie et biologie moléculaires Pharmacie
BAGLIN Isabelle Chimie thérapeutique Pharmacie
BASTIAT Guillaume Biophysique et biostatistique Pharmacie
BEAUVILLAIN Céline Immunologie Médecine
BELIZNA Cristina Médecine interne Médecine
BELLANGER William Médecine générale Médecine
BELONCLE François Réanimation Médecine
BENOIT Jacqueline Pharmacologie Pharmacie
BIERE Loïc Cardiologie Médecine
BLANCHET Odile Hématologie ; transfusion Médecine
BOISARD Séverine Chimie analytique Pharmacie
CAPITAIN Olivier Cancérologie ; radiothérapie Médecine
CASSEREAU Julien Neurologie Médecine
CHEVAILLER Alain Immunologie Médecine
CHEVALIER Sylvie Biologie cellulaire Médecine
CLERE Nicolas Pharmacologie / physiologie Pharmacie
COLIN Estelle Génétique Médecine
DERBRE Séverine Pharmacognosie Pharmacie
DESHAYES Caroline Bactériologie virologie Pharmacie
FERRE Marc Biologie moléculaire Médecine
FLEURY Maxime Immunologie Pharmacie
FORTRAT Jacques-Olivier Physiologie Médecine
HAMEL Jean-François Biostatistiques, informatique médicale Médicale
HELESBEUX Jean-Jacques Chimie organique Pharmacie
HINDRE François Biophysique Médecine
JOUSSET-THULLIER Nathalie Médecine légale et droit de la santé Médecine
LACOEUILLE Franck Biophysique et médecine nucléaire Médecine
LANDREAU Anne Botanique/ Mycologie Pharmacie
LEBDAI Souhil Urologie Médecine
LEGEAY Samuel Pharmacocinétique Pharmacie
LE RAY-RICHOMME Anne-Marie Pharmacognosie Pharmacie
LEPELTIER Elise Chimie générale Pharmacie
LETOURNEL Franck Biologie cellulaire Médecine
LIBOUBAN Hélène Histologie Médecine
MABILLEAU Guillaume Histologie, embryologie et cytogénétique Médecine
MALLET Sabine Chimie Analytique Pharmacie
MAROT Agnès Parasitologie et mycologie médicale Pharmacie
MAY-PANLOUP Pascale Biologie et médecine du développement et de la reproduction
Médecine
MESLIER Nicole Physiologie Médecine
MOUILLIE Jean-Marc Philosophie Médecine
NAIL BILLAUD Sandrine Immunologie Pharmacie
PAILHORIES Hélène Bactériologie-virologie Médecine
PAPON Xavier Anatomie Médecine
PASCO-PAPON Anne Radiologie et imagerie médicale Médecine
PECH Brigitte Pharmacotechnie Pharmacie
PENCHAUD Anne-Laurence Sociologie Médecine
PIHET Marc Parasitologie et mycologie Médecine
PY Thibaut Médecine Générale Médecine
RINEAU Emmanuel Anesthésiologie réanimation Médecine
RIOU Jérémie Biostatistique Pharmacie
ROGER Emilie Pharmacotechnie Pharmacie
SAVARY Camille Pharmacologie-Toxicologie Pharmacie
SCHMITT Françoise Chirurgie infantile Médecine
SCHINKOWITZ Andréas Pharmacognosie Pharmacie
SPIESSER-ROBELET Laurence Pharmacie Clinique et Education Thérapeutique Pharmacie TANGUY-SCHMIDT Aline
TESSIER-CAZENEUVE Christine
Hématologie ; transfusion Médecine Générale
Médecine Médecine
TRZEPIZUR Wojciech Pneumologie Médecine
AUTRES ENSEIGNANTS
AUTRET Erwan Anglais Médecine
BARBEROUSSE Michel Informatique Médecine
BRUNOIS-DEBU Isabelle Anglais Pharmacie
CHIKH Yamina Économie-Gestion Médecine
FISBACH Martine Anglais Médecine
O’SULLIVAN Kayleigh Anglais Médecine
PAST
CAVAILLON Pascal Pharmacie Industrielle Pharmacie
LAFFILHE Jean-Louis Officine Pharmacie
MOAL Frédéric Pharmacie clinique Pharmacie
ATER
FOUDI Nabil (M) Physiologie Pharmacie
KILANI Jaafar Biotechnologie Pharmacie
WAKIM Jamal (Mme) Biochimie et biomoléculaire Médecine
AHU
BRIS Céline Biochimie et biologie moléculaires Pharmacie
CHAPPE Marion Pharmacotechnie Pharmacie
LEBRETON Vincent Pharmacotechnie Pharmacie
CONTRACTUEL
VIAULT Guillaume Chimie organique Pharmacie
Table des matières
TABLE DES MATIERES ... I REMERCIEMENTS ... III LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS ... V LISTE DES TABLEAUX ... VI LISTE DES ANNEXES ... VII
INTRODUCTION ... 1
I. LA PEDAGOGIE EN SANTE ... 5
A.L’HISTOIRE DE L’ENSEIGNEMENT DE LA MEDECINE ET DE LA PHARMACIE ... 5
B.LA SIMULATION EN SANTE ... 8
i) Définition de la simulation dans le domaine médical ... 8
ii) Les enjeux de la simulation en Santé ... 10
iii) Les limites de l’utilisation de la simulation en Santé ... 11
iv) Utilisation de la simulation dans le domaine pharmaceutique ... 12
C.L’EVALUATION DE FORMATION ... 15
D.UN PREMIER EXEMPLE DE PEDAGOGIE ALTERNATIVE DEVELOPPE EN PAYS DE LA LOIRE : LA « BOITE A OUTILS ANNONCE » ONCOPL ... 16
i) Présentation du réseau régional de cancérologie ... 16
ii) Le dispositif d’annonce ... 18
iii) La construction de la « boîte à outils Annonce » ONCOPL ... 20
iv) Le contenu de la « boîte à outils Annonce » ONCOPL ... 21
v) L’évaluation de l’utilisation : résultat de l’enquête auprès des 3C ... 23
II. « LA METHODOLOGIE COMMUNIC’ACTION » ... 27
III. « PHARMASIM » : APPLICATION DE LA METHODOLOGIE « COMMUNIC’ACTION » AUPRES DES PHARMACIENS D’OFFICINE ... 31
A.CONTEXTE : ROLE ET DIFFICULTES DU PHARMACIEN D’OFFICINE DANS LA PRISE EN CHARGE DES PATIENTS ATTEINTS DE CANCER 31 B.LA GENESE ET MISE EN ŒUVRE DU PROJET « PHARMASIM » ... 34
C.PRESENTATION DE LA BOITE « PHARMASIM » ... 37
i) Les outils pédagogiques de session ... 37
ii) Les outils d’évaluation ... 40
iii) Les outils organisationnels ... 41
iv) Mon rôle dans le projet « PharmaSIM » ... 42
IV. ÉVALUATION DE « PHARMASIM »... 43
A.LA PRESENTATION DES SESSIONS DE SENSIBILISATION REALISEES ... 43
B.MATERIEL ET METHODE ... 44
C.LES RESULTATS ... 46
i) Les participants aux sessions... 46
ii) Analyse quantitative des questionnaires de satisfaction des participants ... 48
iii) Analyse qualitative des questionnaires de satisfaction des participants ... 50
iv) Analyse quantitative des pré- et post-tests : ... 52
v) Analyse qualitative des pré-tests... 57
vi) Analyse qualitative des post-tests : ... 57
vii) Analyse de la satisfaction des animateurs ... 58
V. DISCUSSION ... 61
VI. CONCLUSION... 65
ANNEXES ... 67
ANNEXE 1 :PARCOURS DE SOINS IDEAL ... 68
ANNEXE 2 :ÉVOLUTION DES CONCEPTS PEDAGOGIQUES ... 69
ANNEXE 3 :LE CONE D’APPRENTISSAGE D’EDGAR DALE ... 70
ANNEXE 4 :MODELE DE KIRKPATRICK ... 71
ANNEXE 5 :REPRESENTATION DES TREIZE 3C DANS LES PAYS DE LA LOIRE ... 72
ANNEXE 6 :LE DISPOSITIF D’ANNONCE ... 73
ANNEXE 7 :PRESENTATION DES SCENARII FILMES ... 74
ANNEXE 8:PRESENTATION DES SCENARII NON FILMES ... 75
ANNEXE 9:SCENARIO 1–« BAOANNONCE » ... 76
ANNEXE 10 :FICHE « DEBRIEF »SCENARIO 1« BAOANNONCE » ... 78
ANNEXE 11:PRESENTATION DES DIFFERENTS DIAPORAMAS DE LA « BAOANNONCE » ... 80
ANNEXE 12 :PRESENTATION DES OUTILS METHODOLOGIQUES DE LA « BAOANNONCE » ... 81
ANNEXE 13 :FICHE D’OBSERVATION «BAOANNONCE » ... 82
ANNEXE 14 :COMPTE-RENDU DE LA SESSION «BAOANNONCE » ... 83
ANNEXE 15 : QUESTIONNAIRE DE SATISFACTION «BAOANNONCE » ... 85
ANNEXE 16 :TRAME ENTRETIEN TELEPHONIQUE : UTILISATION DE LA « BAOANNONCE » ... 86
ANNEXE 17 :CONTENU D’UNE BAO SELON LA « METHODOLOGIE COMMUNIC’ACTION » ... 87
BIBLIOGRAPHIE ... 89
COMMUNICATIONS ORALES ... 89
OUVRAGES ... 89
ARTICLES,THESES,CONTRIBUTIONS A DES OUVRAGES COLLECTIFS,GUIDES ET RAPPORTS ... 89
LEGISLATIONS ... 93
SITES INTERNET ... 94
Remerciements
À Madame le Docteur Christine Bobin-Dubigeon, merci de me faire l’honneur de présider ce jury de thèse. Merci de m’avoir enseigné avec passion la pharmacologie pendant ces années d’études à Nantes et je vous remercierai jamais assez de m’avoir poussé à passer le concours de l’internat.
À Madame le Docteur Fabienne Empereur, ma directrice de thèse, merci de m’avoir proposé ce sujet de thèse. Merci pour l’encadrement de mes deux semestres et l’accueil chaleureux au sein d’ONCOPL. Au-delà des remerciements professionnels, je voudrais te remercier d’être la personne que tu es et d’avoir été là dans les bons et mauvais moments de ma vie professionnelles et personnelles. Je voudrais remercier l’ensemble de l’équipe ONCOPL, pour ces mois passés dans un environnement bienveillant et agréable, et plus particulièrement Clémence Guillo pour ces mois de travail dans la bonne humeur sur « PharmaSIM ».
À Monsieur le Docteur Nicolas Clere, merci d’avoir accepté d’être co-directeur de cette thèse.
Merci de votre implication dans la réalisation du projet « PharmaSIM ». Merci de me faire l’honneur de juger mon travail.
À Monsieur le Professeur Sébastien Faure, merci de me faire l’honneur de juger mon travail.
Veuillez trouver ici l’expression de ma sincère gratitude.
À Madame le Docteur Catherine Naveau, merci d’avoir accepté de juger mon travail. Je voudrais vous adresser mes remerciements les plus chaleureux pour vos conseils et votre disponibilité au fur et à mesure de la rédaction de cette thèse.
À Monsieur le Professeur Yves Roquelaure, merci de me faire l’honneur de juger mon travail.
Je voudrais vous remercier vous et votre équipe pour votre accueil chaleureux au sein de votre laboratoire ESTER au début de mon internat.
À mes parents, Ottmar et Juliette, pour leur soutien pendant toutes ces années. Merci de m’avoir fait voyager à travers le monde, de m’avoir épaulé dans les bons et mauvais moments de la vie.
Merci d’être des parents au top !!
À ma sœur, Élise, merci d’avoir passé des heures à relire ce travail. Merci d’avoir rendu mes années de vie incroyables. Merci pour tous ces moments de bonheur et de complicité.
À mon grand-père, Émile, Papé, merci de m’avoir toujours soutenue dans mes études. Merci de m’avoir fait passer des vacances exceptionnelles à Saint-Malo avec Mamé pendant toutes ces années, de m’avoir appris à nager, faire du vélo et jouer aux échecs.
À ma grand-mère, Oma, pour ces moments magiques en Allemagne.
À mon mari, Pierre, merci d’être à mes côtés, de rendre ma vie belle, joyeuse et heureuse.
À mes amis, d’enfance et de la fac (Pause Détente) pour ces moments inoubliables. Une pensée particulière pour Alice et Christopher, sans qui je n’aurais jamais eu mon concours.
À ma belle-famille, Françoise, Gérard et Brigitte, Janine, Erwan et Sandrine, merci de m’avoir accepté au sein de votre famille. Merci pour ces bons moments à Nantes, Paris et Carnas.
Je dédie cette thèse à ma Mamé, Éliane Daniel, qui m’a toujours soutenue, et qui aurait été fière d’assister à l’aboutissement de mes études en pharmacie.
Liste des sigles et abréviations
3C : Centre de Coordination en Cancérologie
ADIPH : Association pour le Digital et l’Information en PHarmacie AFSOS : Association Francophone des Soins Oncologiques de Support ANEPC : Association Nationale des Enseignants en Pharmacie Clinique ANSM : Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé ARS : Agence Régionale de Santé
BAO : Boîte A Outils
CD49 : Comité Départemental de la ligue contre le cancer du Maine-et-Loire CH : Centre Hospitalier
CHU : Centre Hospitalier Universitaire
CNAMTS : Caisse Nationale de l’Assurance Maladie des Travailleurs Salariés CPOM : Contrat Pluriannuel d’Objectifs et de Moyens
DA : Dispositif d’Annonce
DCC : Dossier Communiquant de Cancérologie DGOS : Direction Générale de l’Offre de Soins
DHOS : Direction de l’Hospitalisation et de l’Organisation des Soins DM : Dispositif Médical
DMP : Dossier Médical Partagé
DPC : Développement Professionnel Continu
DRASS : Direction Régionale des Affaires Sanitaires et Sociales
GERPAC : Groupe d’Évaluation et de Recherche sur la Protection en Atmosphère Contrôlée HAD : Hôpital A Domicile
HAS : Haute Autorité de Santé IDE : Infirmier Diplômé d’État INCa : Institut National du Cancer
NTIC : Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication
OMEDIT : Observatoire du Médicament, des Dispositifs médicaux et de l’Innovation Thérapeutique
ONCOPED : Unité de coordination de l’onco-pédiatrie ONCOPL : Oncologie des Pays de la Loire
ORL :Oto-Rhino-Laryngologique
PPAC : Programme Personnalisé de l’Après-Cancer PPS : Programme Personnalisé de Soins
RCP : Réunion de Concertation Pluridisciplinaire RRC : Réseau Régional de Cancérologie
RRH : Réseau Régional d’Hygiène
SDO : Sous-Direction de l’Organisation du système de soins SFMU : Société Française de Médecine d’Urgence
SOFRASIMS : Société Francophone de Simulation en Santé SOS : Soins Oncologiques de Support
SRAE : Structure Régionale d’Appui et d’Expertise UCOG : Unité de Coordination d’Onco-Gériatrie URPS : Union Régionale des Professionnels de Santé ZAC : Zone à Atmosphère Contrôlée
Liste des tableaux
Tableau 1 : Statut et nombre de participants Tableau 2 : Satisfaction des participants Tableau 3 : Pré-test
Tableau 4 : Post-test
Tableau 5 : Évolution Pré-test / Post-test
Liste des annexes
Annexe 1 : Parcours de soins idéal
Annexe 2 : Évolution des concepts pédagogiques Annexe 3 : Le cône d’apprentissage d’Edgar Dale Annexe 4 : Modèle de Kirkpatrick
Annexe 5 : Le dispositif d’Annonce
Annexe 6 : Présentation des différents diaporamas de la « BAO Annonce » Annexe 7 : Présentation des scenarii filmés
Annexe 8 : Présentation des scenarii non filmés
Annexe 9 : Présentation des outils méthodologiques de la « BAO Annonce » Annexe 10 : Trame entretien téléphonique : utilisation de la « BAO Annonce » Annexe 11 : Représentation des treize 3C dans les Pays de la Loire
Annexe 12 : Scenario 1 – « BAO Annonce »
Annexe 13 : Fiche « debrief » Scenario 1 « BAO Annonce » Annexe 14 : Fiche d’observation « BAO Annonce »
Annexe 15 : Compte rendu de la session « BAO Annonce » Annexe 16 : Questionnaire de Satisfaction « BAO Annonce »
Annexe 17 : Contenu d’une BAO selon la « méthodologie Communic’Action »
1
Introduction
En 2018, en France métropolitaine, le nombre de nouveaux cas de cancer (incidence) est estimé à 382 000 personnes1. Aussi, la prévalence totale (nombre de cas de cancers enregistrés, prenant en compte les nouveaux et anciens cas de cancer) en 2017 est estimée à 3,8 millions de personnes (1844277 hommes et 1991651 femmes)2, ce qui représente 6,4% de la population française totale. L’augmentation de cette prévalence est due, d’une part, à l’augmentation de l’incidence et, d’autre part, à celle de la survie avec l’apparition de thérapies innovantes et une campagne de dépistage plus précoce.
En 2017 1,2 millions de personnes ont été hospitalisées en France pour le diagnostic, le traitement ou la surveillance de leur cancer3 ; cela représente plus de 6 milliards d’euros de dépenses4.
Ces chiffres permettent d’affirmer que le cancer et sa prise en charge sont un enjeu majeur de Santé Publique. On considère à présent le cancer comme une maladie chronique puisque cette maladie est prise en charge sur le long cours (plusieurs années de traitements et de surveillance).
Les États Généraux de la santé de septembre 1998 à juin 1999 ont été organisés par les Directions Régionales des Affaires Sanitaires et Sociales (DRASS) en collaboration avec les associations de patients. Plus de 1000 réunions ont été organisées dans 180 villes et ont permis de donner la parole aux patients. Lors de ces réunions, le thème de la prise en charge du cancer a été abordé. Les patients ont alors exprimé le désir d’améliorer la relation malade – soignant mais surtout d’être mieux informés sur les traitements et le fonctionnement du système de soins.
Ce constat a été à l’origine de la création d’un programme de Santé Publique le premier plan cancer. Le plan cancer I a non seulement proposé un maillage territorial avec la création de l’Institut National du Cancer (INCa) mais également une réponse organisationnelle avec la création de 25 Réseaux Régionaux de Cancérologie (RRC) et de 260 Centres de Coordination en Cancérologie (3C).
1 Site internet de l’INCa, Les cancers en France l’essentiel des faits et chiffres, édition 2019, Épidémiologie, www.e-cancer.fr, page consultée le 26 avril 2019.
2 Ibidem 1.
3 Site internet de l’INCa, Les cancers en France l’essentiel des faits et chiffres, édition 2019, Les soins et l’activité en cancérologie, www.e-cancer.fr, page consultée le 26 avril 2019.
4 Ibidem 3.
2
ONCOPL5 est le Réseau Régional de Cancérologie (RRC) des Pays de la Loire, une Structure Régionale d’Appui et d’Expertise (SRAE). Créé en 2002, il permet de garantir à tous les patients atteints d’un cancer un accès égal à des soins de qualité en cancérologie quels que soient le lieu et la structure de prise en charge dans la région des Pays de la Loire grâce à une harmonisation des pratiques6. Ce dernier est constitué en association Loi 1901 et rassemble dans son conseil d’administration et son bureau l’ensemble des acteurs de la cancérologie des Pays de la Loire comme les établissements de santé publics et privés, les professionnels du premier recours7 ou encore l’Agence Régionale de Santé (ARS) des Pays de la Loire.
ONCOPL possède une structure opérationnelle coordonnée par un médecin de santé publique, composée de plusieurs chargés de projet en Santé Publique ainsi que de deux assistantes. Depuis 2012, ONCOPL est devenu une SRAE8 et signe donc un Contrat Pluriannuel d’Objectifs et de Moyens (CPOM) avec l’ARS afin de définir les différents objectifs. ONCOPL compte depuis 2013 une branche pour l’onco-gériatrie, l’Unité de Coordination d’Onco-Gériatrie (UCOG) et une branche pour l’onco-pédiatrie (ONCOPED). Il concourt à rendre opérationnel les objectifs fixés par les différents plans cancer – Plan cancer I (2003-2007)9, Plan Cancer II (2009-2013)10 et Plan Cancer III (2014-2019)11 –, les recommandations de l’INCa et les circulaires, dont celles du 22 février 2005 relative à l’organisation des soins en cancérologie12 et du 25 septembre 2007 relative aux réseaux régionaux de cancérologie13. Les missions d’un RRC tel qu’ONCOPL sont donc, entre autres, la promotion et l’amélioration de la qualité des soins, l’évaluation des pratiques professionnelles, le déploiement du Dossier Communicant de Cancérologie (DCC), le Programme Personnalisé de Soins (PPS) ou encore la formation des professionnels.
5 Site internet de ONCOPL, www.oncopl.fr, page consultée le 26 avril 2019.
6 F. EMPEREUR, « Accès aux soins des patients atteints d’un cancer, le rôle du réseau régional de cancérologie », Actualités pharmaceutiques, juin 2018, volume 57, n° 577, pp. 32-34.
7 Site internet de l’ARS : https://www.ars.sante.fr/la-demographie-medicale-des-professionnels-du-premier- recours consulté le 11 juin 2019.
8 M.-S. DESAULLE, « De l’intérêt pour une Agence régionale de Santé d’un réseau régional en cancérologie générale, pédiatrique et oncogériatrie », Oncologie, septembre 2014, volume 16, supplément 1, pp. 14-15.
9 Site internet de l’INCa, Plan Cancer 2003-2007 : www.e-cancer.fr/Plan-cancer/Les-Planscancer-de-2003-a - 2013/Le-Plan-cancer-2003-2007, page consultée le 3 mai 2019.
10 Site internet de l’INCa, Plan Cancer 2009-2013 : https://www.e-cancer.fr/Plan-cancer/Les-Plans-cancer-de- 2003-a-2013/Le-Plan-cancer-2009-2013 , page consultée le 3 mai 2019.
11 Site internet de l’INCa, Plan Cancer 2014 -2019 : https://www.e-cancer.fr/Plan-cancer/Plan-cancer-2014-2019- priorites-et-objectifs , page consultée le 3 mai 2019.
12 Circulaire DHOS/SDO n° 2005-101 du 22 février 2005 relative à l’organisation des soins en cancérologie.
13 Circulaire DHOS/CNAMTS/INCa n° 2007-357 du 25 septembre 2007 relative aux réseaux régionaux de cancérologie.
3
À l’occasion du premier plan cancer14, l’INCa a déterminé un parcours de soins idéal pour chaque patient atteint de cancer. Ce parcours15 débute avec la consultation chez le médecin généraliste et passe notamment par le pharmacien d’officine. De nombreux professionnels de santé sont donc au contact de personnes atteintes de cancer tout au long du parcours de soins.
Parmi ces professionnels de santé et paramédicaux, on retrouve, outre le médecin généraliste, le pharmacien d’officine, le pharmacien hospitalier, des Infirmiers Diplômés d’État (IDE), des médecins oncologues, des chirurgiens, des radiothérapeutes ou encore des internes en médecine ou pharmacie. La sollicitation des usagers lors des États Généraux à fait prendre conscience aux professionnels de santé de l’importance de la communication entre professionnels de santé et patients. En effet, les patients expriment le souhait d’être bien informés, de comprendre leur prise en charge et d’être acteur de leur parcours de soins.
Dans ce contexte ONCOPL a construit en 2015 sur sollicitation des professionnels de l’Annonce en cancérologie un outil de pédagogie alternatif16 : la « Boite à Outils Annonce » qui s’appuyant sur la méthode de simulation propose des outils pédagogiques et méthodologiques pour aider les professionnels de la cancérologie à améliorer leur communication avec les patients lors de l’annonce d’un cancer.
L’objectif principal de cette thèse est de mettre en évidence que l’utilisation d’un outil de pédagogie alternatif favorise et améliore la communication entre professionnels de santé et patients dans le cadre de la prise en charge d’un cancer.
Pour répondre à cette problématique, la première partie présentera la pédagogie en santé ainsi que la Boîte à Outils (BAO) Annonce créée par ONCOPL. La méthodologie
« Communic’Action » fera l’objet de la deuxième partie. L’utilisation de cette méthodologie auprès des pharmaciens d’officine a vu la naissance d’un projet nommé « PharmaSIM » qui sera présenté dans la troisième partie et évalué dans la quatrième et dernière partie.
14 A. BUZYN, « Les apports des Plans cancer à la cancérologie », Oncologie, septembre 2014, volume 16, supplément 1, pp. 4-6.
15 Annexe n° 1.
16 Site internet de l’Espace Ressource Simulation en Santé en Pays de la Loire :
http://www.simulationpdl.com/simulation-et-pedagogie-alternative/ consulté le 27 mai 2019.
4
5
I. La pédagogie en Santé
Dans cette première partie seront présentées l’histoire de l’enseignement de la médecine et de la pharmacie (A), la simulation en santé ainsi que son utilisation dans le domaine pharmaceutique (B), l’évaluation de formation (C), et la « boîte à outils Annonce » créée par ONCOPL sa construction, sa mise en œuvre et son évaluation auprès des 3C (D).
A. L’histoire de l’enseignement de la médecine et de la pharmacie17
Les premiers écrits sur l’enseignement de la médecine remontent à l’Antiquité. À cette époque, l’enseignement se transmettait par compagnonnage, une transmission de savoirs par voie orale et souvent de père en fils, de maître à disciple. Hippocrate, né sur l’île de Cos en 460 avant J.- C., a été le premier médecin vagabond à enseigner la médecine à travers la Grèce. À sa mort, en 375 avant J.-C., il a laissé un très grand nombre d’ouvrages sur la médecine. Ces écrits étaient accompagnés d’un enseignement clinique, au lit du patient. À ce titre, en grec ancien, « kline » signifie le lit.
Quant à la pharmacie, les premiers écrits sont ceux de Galien, né en 131 après J.-C. Ce dernier a publié de nombreux ouvrages qui ont traversé le temps et qui ont été en Europe la base de l’enseignement de la pharmacie jusqu’au XVIIIème siècle18. On considère d’ailleurs Galien comme le père des pharmaciens car il accordait beaucoup d’importance à la formulation et fabrication des médicaments19. Il fait aussi partie des premiers médecins à enseigner son art par des cours publics, que l’on pourrait considérer de nos jours comme des cours magistraux.
Les traces de l’importance de Galien et Hippocrate sont encore perceptibles de nos jours avec la perpétuation du serment de Galien20 pour les étudiants en pharmacie d’une part, et le serment d’Hippocrate21 pour les étudiants en médecine d’autre part.
17 Les éléments de cette partie sont principalement tirés de P. BERCHE, Le savoir vagabond : Histoire de l’enseignement de la médecine, Docis, 2013, 415 p.
18 Site internet de l’ordre national des médecins, Rapport sur la transmission du savoir en médecine : https://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/transmission_du_savoir.pdf, consulté le 11 juin 2019.
19 Y. BROCHARD, Une histoire de la pharmacie : Remèdes, onguents, poisons, La Martinière 2012, 224p.
20 Site internet de l’ordre des pharmaciens : http://www.ordre.pharmacien.fr/Les-pharmaciens/Comment-devenir- pharmacien/Serment-de-Galien, consulté le 11 juin 2019.
21 Site internet de l’ordre national des médecins : https://www.conseil-national.medecin.fr/le-serment-d- hippocrate-1311, consulté le 11 juin 2019.
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Les avancées suivantes relatives à l’enseignement de la médecine et de la pharmacie s’échelonnent au fil du temps. Elles peuvent être résumées comme suit :
- la naissance des universités en Europe et le développement en leur sein d’un enseignement pratique au Moyen-Âge et plus précisément au Xème siècle. Ainsi, à titre d’illustration, apparaissent au XIIIème siècle à Montpellier des stages d’observations à l’hôpital ou en cabinet privé pour les étudiants.
- la disparition progressive des religieux des universités à la fin de la Renaissance permet le développement des connaissances scientifiques, l’apprentissage tant de l’anatomie, sous forme de leçons, que de la physiologie. Les causes religieuses des maladies sont progressivement exclues pour laisser place à un enseignement scientifiquement prouvé.
- l’accès aux études de médecine à tous est permis sous la Révolution française. C’est néanmoins seulement en 1890 que deux femmes ont pu s’inscrire pour la première fois en France à la faculté de pharmacie de Paris.
- la création de l’internat22, le 4 ventôse de l’an X, soit le 10 février 1802, et de l’externat pour les étudiants a été initiée par Napoléon 1er. À compter de cette date, il est possible de suivre en France un enseignement universitaire théorique par des cours magistraux avec l’apprentissage en français – jusqu’alors les enseignements étaient en grecs ou latins – des matières fondamentales comme la microbiologie. En outre, est associé à l’enseignement universitaire un enseignement hospitalier composé de stages avec un enseignement pratique. Cet enseignement pratique consiste en des travaux dirigés dans les matières suivantes : l’anatomie, la physiologie ou encore la chirurgie. Pour les études de pharmacie, les enseignements privilégiés sont la chimie, la botanique et l’histoire naturelle des médicaments. L’enseignement clinique lors des stages permet l’apprentissage de la sémiologie. Cet enseignement combiné est de nos jours encore dispensé tant pour les étudiants en médecine que pour les étudiants en pharmacie avec une alternance entre cours théoriques à la faculté et stages dans les services des hôpitaux.
Si certains enseignements ont perduré au fil des années voire des siècles, il ne fait néanmoins nul doute que les cours d’aujourd’hui ne sont plus les cours de demain du fait du développement du numérique et de l’intelligence artificielle. Les cours théoriques sous forme de cours
22 Site internet de l’association amicale des anciens internes en médecine des hôpitaux de Paris : http://www.aaihp.fr/Histoire.php, consulté le 22 mai 2019.
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magistraux, dispensés par un Professeur devant des étudiants et laissant peu ou pas de place à l’échange entre étudiants et enseignants, apparaissent de moins en moins adaptés, et ce d’autant moins avec l’augmentation du nombre d’étudiants plus ou moins concentrés sur les prises de notes. Le support numérique devient indispensable. Le temps des diapositives, des dessins au tableau tend à disparaitre pour laisser place à un enseignement dynamique associé à des supports numériques. On parle même désormais de méthodes pédagogiques d’avenir23. Ces méthodes ont pour objectif de rendre l’étudiant actif et reposent sur les échanges entre enseignants et apprenants. Les enseignements associés aux Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC)24 sont l’une de ces méthodes. L’apprentissage peut alors être assisté par ordinateur via la simulation, l’e-learning25 ou encore les animations virtuelles ou en 3D26. Ainsi, nous assistons à une évolution des concepts pédagogiques27, en passant d’un enseignement descendant passif à un enseignement de partage actif entre enseignants et étudiants. Une de ces méthodes mérite d’être plus détaillée ici : la simulation dans le domaine de la santé.
23 M. JAFFRELOT, Y. CROQUENNEC, C. AMMIRATI, E. L’HER, Les méthodes pédagogiques d’avenir, Intervention à l’occasion de la Session conjointe SFMU / Société maghrébine de médecine d’urgence SFMU, 2012, 9 p.
24 A. BURGUN, F. LE DUFF, A. FRESNEL, P. SIREGAR, N. JULEN, B. GROSBOIS, G. EDAN, F. GUILLÉ, P. LE BEUX, « Vers l’intégration des NTIC dans une approche pédagogique par problèmes en médecine », Informatique et Santé, 2000, volume 12, pp. 185-194.
25 HAS, E-learning : Guide de conception de formation ouverte et à distance (FOAD) dans le monde de la santé, 2015.
26 T. KARSENTI et B. CHARLIN, « Analyse des impacts des technologies de l’information et de la communication sur l’enseignement et le pratique de la médecine », Pédagogie Médicale, 2010, volume 11, pp.
127-141.
27 Annexe n° 2.
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B. La simulation en Santé
i) Définition de la simulation dans le domaine médical
La simulation est une méthode pédagogique innovante et active qui consiste à reproduire un environnement le plus réel possible afin de permettre un apprentissage de compétences techniques ou non techniques via la participation des personnes présentes. Cette méthode est utilisée dès le début du XXème siècle dans le domaine de l’aéronautique28. En effet, l’entrainement au vol pour les pilotes en conditions réelles étant très coûteux, l’application de cette méthode permettait de baisser considérablement les frais de formation.
Cette méthode a été appliquée dans le domaine médical à partir de la seconde moitié du XXème siècle29, la première réalisation étant la fabrication de mannequin piloté par ordinateur dans le domaine de la réanimation cardio-pulmonaire, s’inspirant là de la poupée en coton et en bois utilisée par Angélique du Coudray30, sage-femme française, au XVIIIème siècle pour former ses élèves à l’accouchement. Elle a été généralisée à la suite du rapport « To err is human » 31 écrit en 1999 aux États-Unis. Ce rapport est à l’origine d’une prise de conscience dans le domaine médical de l’importance des facteurs humains dans la survenue d’erreurs médicales32. Ce rapport dénombre la présence de 44 000 à 98 000 décès par an des suites d’erreurs médicales qui auraient pu être évités. Pour remédier à cela, ce rapport propose d’intégrer la simulation à la formation initiale des professionnels de santé afin, d’une part, expérimenter les erreurs médicales, apprendre des gestes techniques et les répéter et, d’autre part, s’entraîner avant de le faire sur des vrais malades.
28 R. BETA, A. GHUYSEN, V. D’ORIO, « Simulation en pédagogie médicale : état des lieux », Revue médicale de Liège, 2014, 69 : 3, pp. 132-138.
29 K. R. ROSEN, “The history of medical simulation”, Journal of critical Care, juillet 2008, volume 23, pp. 157- 166.
30 J. BARRÉ, A. JOB, D. MICHELET, P. CABON, C. DELGOULET, A. TESNIÈRE, « La simulation obstétricale : du mannequin d’Angélique du Coudray aux Environnements Virtuels. Exemple d’un Simulateur numérique pour l’acquisition de Compétences Non –Techniques », SeGaMed, 2018, 13 p.
31 LT. KOHN, JM. CORRIGAN, MS. DONALDSON, To err is human. Building a safer health system, National Academies Press, 2000, 287p.
32 F. MOUGEOT, P. OCCELLI, K. BUCHET-POYAU, M. ROBELET, S. TOUZET, P. MICHEL, « L’émergence de la question de la sécurité des patients en France », Santé Publique, 2017/6 Vol. 29, pp. 869-877.
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Appliquée à l’univers de la médecine, la simulation33 se définit alors comme34 « l’utilisation d’un matériel (comme un mannequin ou un simulateur procédural), de la réalité virtuelle ou d’un patient standardisé pour reproduire des situations ou des environnements de soin, dans le but d’enseigner des procédures diagnostiques et thérapeutiques et de répéter des processus, des concepts médicaux ou des prises de décision par un professionnel de santé ou une équipe de professionnels »35 .
Il existe différents objectifs possibles en simulation en santé : la réalisation de gestes techniques, la mise en œuvre de procédures, la gestion de comportements ou encore la gestion des risques. Il existe, à ce titre, différentes techniques de simulation qui peuvent être organique (cadavre, animal) ou non organique36 comme l’utilisation de « patient standardisé », des jeux de rôles, de la réalité virtuelle ou encore des jeux dits sérieux (« serious game »). La pratique de la simulation en santé a toujours pour but final l’amélioration des pratiques professionnelles et donc l’amélioration de la prise en charge des patients.
Une séance de simulation37 repose systématiquement sur l’enchaînement de trois étapes : - la phase de briefing qui permet la présentation du contexte et de l’environnement. L’important pour l’animateur de la session est de créer un environnement propice à l’apprentissage.
- le déroulement du scenario. Le scenario doit représenter un environnement réaliste et est écrit en fonction de la population d’apprenants, des objectifs pédagogiques, des moyens humains et technologiques et de la durée de la séance.
- le débriefing. Ce dernier comprend trois temps : la phase descriptive du scenario qui permet notamment de recueillir le ressenti des participants ; la phase d’analyse avec des échanges entre les participants et l’animateur sans être dans le jugement ; la phase de synthèse qui résume ce qui a été abordé et appris.
33 S. BOET, J.-C. GRANRY, G. SALVODELLI, La simulation en santé. De la théorie à la pratique, Springer, 2013, 442 p.
34 J.-C. GRANRY, M.-C. MOLI, Rapport de mission, État de l’art (national et international) en matière de pratiques de simulation dans le domaine de la santé, HAS, 2012.
35 Chambre des représentants USA, 111th congress – 2009.
36 G. CHINIARA, Simulation médicale pour acquisition des compétences en anesthésie, Société française d’anesthésie et de réanimation, Congrès national d’anesthésie et de réanimation 2007, Conférences d’actualisation. Paris, SFAR, 2007, pp. 41-49.
37 HAS, Guide de bonnes pratiques en matière de simulation en Santé, 2012.
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ii) Les enjeux de la simulation en Santé
L’utilisation de la simulation en santé présente plusieurs enjeux38 :
- Des enjeux pédagogiques : il a été démontré que lors d’une simulation d’une expérience et ce après deux semaines on retient 90% de ce que nous avons fait et dit contrairement au 10%
retenu lors d’une lecture39. Cette hiérarchie des apprentissages est explicitée par le cône d’apprentissage d’Edgar Dale40. La simulation permet par ailleurs le développement de compétences professionnelles41.
- Des enjeux d’actualité42 : la génération Y (la génération née entre 1980 et 2000), considère les cours magistraux comme désuets et, pour cette génération, l’enseignement doit être interactif, agréable et stimulant et les apprenants doivent devenir actifs lors de leur formation.
- Des enjeux éthiques : la phrase « jamais la première fois sur le patient » justifie l’utilisation de la simulation.
- Des enjeux de sécurité des soins : on dénombre encore et toujours le signalement de beaucoup d’évènements indésirables chaque jour dans les établissements de santé.
- Des enjeux humains : avec l’apprentissage, par exemple, de la bonne communication dans un service ou avec les patients.
- Des enjeux psychologiques : avec l’apprentissage de la gestion du stress dans les situations d’urgence ou les bonnes pratiques de l’annonce d’un cancer43.
- Des enjeux politiques : avec le soutien du ministère de la santé via la Direction Générale de l’Offre de Soins (DGOS) avec l’instruction du 12 juillet 201344 incitant le développement de la
38 J.-C. GRANRY, « La simulation en santé : quels enjeux ? », Revue des Maladies respiratoires, 2015, 32, pp.
966-968.
39 E. DALE, Audiovisual methods in teaching. Dryden Press, 1969, 748 p.
40 Annexe n°3.
41 M.-C MOLL, J.-C. GRANRY « La simulation : un facteur de développement des compétences professionnelles », Risque et qualité, 2014, Vol. 9, pp 21-25.
42 F. BOULÉ, « Hautement différente : la génération Y, un défi de taille pour l’enseignement médical », Pédagogie médicale, 2012, 13 (1), pp. 9-25.
43 I. CARTIER-CHATRON, T. URBAN, J. HUREAUX, « Formation à l’annonce en oncologie par la simulation : Implications psychologiques et place du psychologue », J. Psycho Oncologie, 2014, Volume 8, pp. 200-204.
44 Instruction DGOS/PF2 n° 2013-298 du 12 juillet 2013 relative au programme national pour la sécurité des patients.
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simulation dans le programme national pour la sécurité des patients et l’arrêté du 26 septembre 2014 relatif au diplôme d’état d’infirmier intégrant la simulation dans le cursus officiel45.
- Des enjeux financiers : avec l’instruction du 19 novembre 201346 relative au développement de la simulation et accordant une dotation annuelle de 8,26 millions d’euros.
- Des enjeux d’innovation : avec le développement de la recherche scientifique sur la simulation47.
iii) Les limites de l’utilisation de la simulation en Santé
Cette méthode de la simulation dans le domaine de la santé présente quelques limites. La principale limite identifiée est le coût élevé de ces formations48 puisque ces dernières nécessitent du matériel, des locaux et du personnel formé49. La création d’un centre de simulation est également très coûteuse50 ; on compte ainsi en France seulement 49 centres de simulation51. L’accès à ces formations à l’ensemble des professionnels de santé sur le territoire est nécessairement limité.
Une deuxième limite identifiée est le temps nécessaire pour former un professionnel de santé par la simulation. En effet, il s’agit de formations chronophages car elles nécessitent une mise en situation de chaque professionnel qui doit être formé dans son environnement de travail avec un scenario qui peut être assez long et un « debriefing » par le responsable de la formation.
Une autre limite est la gestion des émotions des participants et le caractère stressant de la séance de simulation : la simulation peut engendrer du stress chez les participants du fait d’être observés par des tierces personnes puis jugés. Pour éviter que ces situations se produisent, il est indispensable pour l’animateur d’évoquer dans le briefing que la séance n’a pas pour but
45 Arrêté du 26 septembre 2014 modifiant l'arrêté du 31 juillet 2009, Annexe 3, chapitre 5 ; relatif au diplôme d'Etat d'infirmier
46 Instruction DGOS/PF2 n° 2013-383 du 19 novembre 2013 relative au développement de la simulation en santé.
47 D. BOULD, V. N NAIK, « Le futur de la recherche en simulation : défis et opportunités » in S. BOET, J.-C.
GRANRY, G. SALVODELLI, La simulation en santé. De la théorie à la pratique, Springer, 2013, pp. 389-399.
48 PJ. MORGAN, D. CLEAVE-HOGG, “A worldwide survey of the use of simulation in anesthesia”, Canadian Journal of Anesthesia, août-septembre 2002, volume 49(7), pp. 659-662.
49 T. BAUGNON, J.-C. GRANRY, O. ORLIAGUET, « Challenges dans le fonctionnement d’un centre de simulation : organisation, matériel, personnel » in S. BOET, J.-C. GRANRY, G. SALVODELLI, La simulation en santé. De la théorie à la pratique, Springer, 2013, pp. 425-432.
50 M. JAFFRELOT, G. SAVOLDELLI, « Concevoir un centre de simulation » in S. BOET, J.-C. GRANRY, G.
SALVODELLI, La simulation en santé. De la théorie à la pratique, Springer, 2013, pp. 403-410.
51 Site internet de l’association la société francophone de Simulation en Santé : http://www.sofrasims.fr/pages/services/centres-de-simulation/, consulté le 17 mai 2019.
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l’humiliation, ne sera pas pénalisante et surtout de mettre à l’aise les participants qui pourraient être timides. Ce côté stressant peut être un frein à la participation.
La présence de personnel qualifié est donc indispensable pour respecter les bonnes pratiques de simulation. En outre, le nombre de participants doit rester limité afin de favoriser les échanges et limiter le stress des participants.
Enfin des limites techniques persistent car malgré l’avancée de l’innovation dans le domaine des mannequins, le matériel ne reproduit pas encore le réalisme complet de l’être humain.
iv) Utilisation de la simulation dans le domaine pharmaceutique
En France, l’utilisation de la simulation dans le domaine pharmaceutique est encore peu fréquente. On note néanmoins depuis quelques années un essor de cette méthode comme moyen de formation. Ainsi, quelques projets de pédagogie avec simulation ont été mis en place en pharmacie hospitalière52 ou dans les domaines de la pharmaco-technie, de la gestion des risques et de la pharmacie clinique ou encore dans le domaine officinal.
Quelques illustrations :
1. Dans le domaine de la pharmacie hospitalière, en pharmaco-technie avec le recours fréquent à la méthode de « la chambre des erreurs » 53. Cette méthode, originaire du Canada, s’est développée en France à partir de 2011. Il s’agit d’un outil ludique54 qui permet de sensibiliser les professionnels de santé à la sécurité des patients et à la qualité des soins55. Le principe de l’utilisation de la chambre à erreurs consiste en un exercice de simulation in situ56, organisé dans l’environnement de travail. Cette mise en situation permet aux participants d’identifier les erreurs volontairement présentes dans la pièce et en tirer un enseignement afin que ces erreurs ne se produisent plus jamais.
52 M.-A. VONESCH, A. CAPELLE, M. ROUAULT, S. RENET, H. DE FREMINIVILL, D. HOEGY, A.
JANOLY-DUMENIL, C. DUSSART, « Intégrer les nouvelles technologies en santé : exemple de la pharmacie hospitalière », Journal de Pharmacie Clinique, mars 2018, volume 37(1), pp. 37-45.
53 M.-J. D’ALCHE-GAUTIER, La chambre des erreurs : un outil de simulation ludique pour améliorer la sécurité des soins, 15e journée du RRH, octobre 2015.
54 HAS, La « chambre des erreurs », un outil ludique d’amélioration des pratiques, de la qualité et de la sécurité des soins, 2014.
55 E. ESTIVAL, J.SINOQUET, F. CLUZEL, La chambre des erreurs, un outil d’apprentissage ludique, Soins dossier l’apprentissage par la simulation en santé, Mars 2017, n°817, pp 52-54.
56 HAS, Guide de bonnes pratiques de la simulation en santé, 2012.