• Aucun résultat trouvé

Les officines sont, en France, réparties selon le nombre d’habitants. On compte aujourd’hui, en moyenne, une officine pour 3076 habitants105, soit 21 591 officines106 sur l’ensemble du territoire français. Ce maillage territorial permet une permanence des soins, un accès rapide et facile à un professionnel de santé sans rendez-vous, un libre choix de son pharmacien mais également et surtout une facilité d’accès aux médicaments et conseils.

Par ailleurs, le nombre de patients traités par thérapies orales est en constante augmentation.

Une étude prospective menée par UNICANCER107 estime qu’en 2025 la proportion de traitements médicamenteux par voie orale qui représente actuellement 25% devrait passer à 50 %. De la même manière, dans un rapport publié par l’INCa108, l’évolution des dépenses liées aux anticancéreux en ville est en augmentation. La dispensation d’anticancéreux en ville en 2013 représente 879 millions d’euros109 de dépenses, soit 5,7% des dépenses totales de médicaments.

Ces constats placent nécessairement le pharmacien d’officine110 au cœur du parcours de soins des patients par la dispensation de leurs traitements, des thérapeutiques et des conseils pour la prise en charge des effets secondaires111.

105 Site internet de l’ordre national des pharmaciens : http://www.ordre.pharmacien.fr/index.php/Les-pharmaciens/Secteurs-d-activite/Officine , consulté le 5 août 2019.

106 Ministère chargé de la santé, Les chiffres clés de l’offre de soins de la direction générale de l’offre de soins, 2018.

107 Site internet d’UNICANCER : http://www.unicancer.fr/cancerologie-2025, consulté le 2 août 2019.

108 INCa, Situation de la chimiothérapie des cancers en 2014, juillet 2015.

109 ANSM, Rapport analyse des ventes de médicaments en France, 2013.

110 S. LEMOINE, S. FAURE, « Rôle du pharmacien auprès des patientes atteintes d’un cancer du sein », Actualités Pharmaceutiques, septembre 2016, volume 55, issue 558, pp. 26-32.

111 J.-M. MROZOVSKI, « Accompagner les patients à l’officine », Actualités Pharmaceutiques, mars 2017, volume 56, issue 564, pp. 25-28.

32

Face à cette situation, le pharmacien a le devoir de s’adapter à ces nouvelles dispensations. À ce titre, la loi Hôpital, Santé, Patient, Territoire (HPST) de 2009112 a été à l’origine de nouvelles missions113 pour le pharmacien d’officine. L’article 38 [pharmacie d’officine] de la partie II [accès de tous à des soins de qualité] précise ainsi le rôle des pharmaciens d’officine :

 participer à la coopération entre professionnels de santé ;

 participer à l’éducation thérapeutique114 et aux actions d’accompagnement des patients ;

 proposer des conseils et prestations destinés à favoriser l’amélioration ou le maintien de l’état de santé des personnes.

Par ailleurs, la coordination entre professionnels de santé impose dans le cadre de la prise en charge de patients atteints de cancer une amélioration de la coordination Ville – Hôpital. Des outils sont alors développés et mis en place dans la région, tels que la remise à chaque patient d’un Programme Personnalisé de Soins (PPS)115 qui détaille les traitements reçus ainsi que les soins de support, ou le développement de l’utilisation du Dossier Médical Partagé (DMP).

De surcroît, afin de pouvoir faire de l’éducation thérapeutique au sein de l’officine, l’aménagement des locaux116 est nécessaire. La création d’espace de confidentialité sera une nécessité afin de pouvoir réaliser un entretien entre le patient et le pharmacien. La question de la rémunération des entretiens pharmaceutiques, des séances d’éducation thérapeutique et des conseils est toujours d’actualités et est souvent une limite quant à la réalisation au sein des officines puisque ce sont des actes qui nécessitent du temps et de la disponibilité.

Dispenser des anticancéreux à l’officine présente cependant de réelles contraintes professionnelles117 et des difficultés. La mauvaise coordination Hôpital –Ville est souvent à l’origine d’une absence de connaissance par le pharmacien du traitement prescrit au patient. En

112 Loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires.

113 M. D’ELBEE, M. BAUMEVIEILLE, C. DUMARTIN, « Missions de coopération introduites par la loi

« hôpital, patients, santé et territoires » : participation des pharmaciens d’officine en Aquitaine », Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique, juin 2017, volume 65, issue 3, pp. 231-239.

114 Site internet de l’HAS https://www.has-sante.fr/jcms/r_1496895/fr/education-therapeutique-du-patient-etp consulté le 9 septembre 2019.

115 Site internet d’ONCOPL : https://www.oncopl.fr/copie-de-l-organisation-des-soins , Programme Personnalisé de Soins en Cancérologie. Vers un PPS « socle » régional! Qu’est-ce que le PPS de cancérologie ? novembre 2018, consulté le 14 octobre 2019.

116 M. RIOLI, Le pharmacien d’officine dans le parcours de soins – Rapport remis à la ministre Mme Bachelot, 2009.

117 T. MARMORAT et al, « Dispenser des anticancéreux oraux à l’officine. Contraintes professionnelles et pistes d’actions », SFSP, 2017/1, vol. 29, pp. 89-93.

33

outre, de nouveaux médicaments sortent tous les jours sur le marché et il est difficile pour les pharmaciens d’officine d’actualiser leurs connaissances de façon régulière.

Le projet de loi « Ma santé 2022 » 118 présenté par la ministre Madame Agnès Buzyn en 2018 place le pharmacien d’officine au cœur de la coopération interprofessionnelle avec le déploiement à partir de l’automne 2019119 dans les territoires sous-médicalisés du statut de

« pharmacien d’officine correspondant120 » créé initialement en 2011. L’objectif de cette loi121 est de promouvoir la coopération Ville – Hôpital et celles entre tous les professionnels, entre établissements privés et publics. Cette loi doit également permettre d’améliorer la communication entre les différents professionnels de santé grâce au développement du numérique en santé, tel que le développement du Dossier Médical Partagé (DMP). Ces actions ont pour objectif final de créer un collectif de soins en rassemblant les compétences de chacun au service des patients.

En 2017, certains pharmaciens d’officine exprimaient le fait de ne pas se sentir légitimes et de se sentir exclus du parcours de soins du patient. Ils évoquaient aussi la difficulté de prendre en charge correctement les patients atteints de cancer au comptoir du fait d’un manque de formation à la communication. Un projet de formation à la communication a donc été mis en place à la suite de cette sollicitation de ces pharmaciens d’officine de la région d’Angers auprès du comité départemental de la Ligue contre le cancer du Maine-et-Loire (49).

Ce projet nommé « PharmaSIM » est fondé sur la méthodologie « Communic’Action » développée par ONCOPL. Il a pour objectif de valoriser la place du pharmacien d’officine dans le parcours de soins du patient atteint de cancer, grâce à la formation de ces professionnels à la communication avec les patients et leurs aidants.

118 Site internet du ministère de la santé : https ://solidarites-sante.gouv.fr/systeme-de-sante-et-medico-social/ma-sante-2022-un-engagement-collectif/, consulté le 26 aout 2019.

119 Ma santé 2022 : point d’étape des mesures d’accès aux soins – Dossier de presse.

120 Décret n° 2011-375 du 5 avril 2011 relatif aux missions des pharmaciens d’officine correspondants.

121 Loi n° 2019-774 du 24 juillet 2019 relative à l'organisation et à la transformation du système de santé.

34

B. La genèse et mise en œuvre du projet « PharmaSIM »

Le comité départemental du Maine-et-Loire de la Ligue contre le Cancer (CD 49)122, porteur et commanditaire du projet de formation à destination des pharmaciens d’officine, a pour mission123 de lutter contre le cancer et toutes ses conséquences et s’engage sur :

- la recherche scientifique et médicale ; - l’action pour les malades et leurs proches ;

- l’information du public, la prévention et le dépistage ; - la mobilisation de la société contre le cancer.

C’est dans le cadre de cette mission que les pharmaciens d’officine du Maine-et-Loire ont sollicité le comité départemental du Maine-et-Loire de la Ligue contre le Cancer (CD 49). En réponse à cette sollicitation, le CD 49 s’est rapproché du réseau régional de cancérologie ONCOPL afin de constituer un partenariat dans le but de créer une formation. ONCOPL assure le soutien méthodologique du projet et a alors proposé de décliner sa méthodologie

« Communic’Action » auprès des pharmaciens d’officine. La Ligue, par conséquent, a constitué un groupe de travail composé de quatre pharmaciens d’officine du Maine-et-Loire. Les réunions ont permis d’échanger sur les difficultés rencontrées par les pharmaciens d’officine. Les difficultés de communication rencontrées au comptoir dans une officine ont été listées. La détermination de ces situations a servi dans un premier temps de support pour les thèmes des scenarii.

L’objectif de ce partenariat entre le commanditaire du projet (le CD49) et l’accompagnant méthodologique (ONCOPL) est de contribuer à l’amélioration des pratiques de communication des pharmaciens d’officine et de l’ensemble des professionnels travaillant en officine (pharmaciens, préparateurs en pharmacie, étudiants) auprès de patients atteints de cancer, à différentes étapes de leur prise en charge (annonce, rechute, suivi, rémission, etc.) au sein de la région des Pays de la Loire, voire au-delà.

122 Site internet du comité départemental du Maine-et-Loire de la ligue contre le cancer https ://www.ligue-cancer.net/cd49/journal consulté le 4 septembre 2019.

123 Site internet de la ligue contre le cancer https ://www.ligue-cancer.net/article/30689_missions-de-la-ligue-contre-le-cancer consulté le 4 septembre 2019.