• Aucun résultat trouvé

Les premiers écrits sur l’enseignement de la médecine remontent à l’Antiquité. À cette époque, l’enseignement se transmettait par compagnonnage, une transmission de savoirs par voie orale et souvent de père en fils, de maître à disciple. Hippocrate, né sur l’île de Cos en 460 avant J.-C., a été le premier médecin vagabond à enseigner la médecine à travers la Grèce. À sa mort, en 375 avant J.-C., il a laissé un très grand nombre d’ouvrages sur la médecine. Ces écrits étaient accompagnés d’un enseignement clinique, au lit du patient. À ce titre, en grec ancien, « kline » signifie le lit.

Quant à la pharmacie, les premiers écrits sont ceux de Galien, né en 131 après J.-C. Ce dernier a publié de nombreux ouvrages qui ont traversé le temps et qui ont été en Europe la base de l’enseignement de la pharmacie jusqu’au XVIIIème siècle18. On considère d’ailleurs Galien comme le père des pharmaciens car il accordait beaucoup d’importance à la formulation et fabrication des médicaments19. Il fait aussi partie des premiers médecins à enseigner son art par des cours publics, que l’on pourrait considérer de nos jours comme des cours magistraux.

Les traces de l’importance de Galien et Hippocrate sont encore perceptibles de nos jours avec la perpétuation du serment de Galien20 pour les étudiants en pharmacie d’une part, et le serment d’Hippocrate21 pour les étudiants en médecine d’autre part.

17 Les éléments de cette partie sont principalement tirés de P. BERCHE, Le savoir vagabond : Histoire de l’enseignement de la médecine, Docis, 2013, 415 p.

18 Site internet de l’ordre national des médecins, Rapport sur la transmission du savoir en médecine : https://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/transmission_du_savoir.pdf, consulté le 11 juin 2019.

19 Y. BROCHARD, Une histoire de la pharmacie : Remèdes, onguents, poisons, La Martinière 2012, 224p.

20 Site internet de l’ordre des pharmaciens : http://www.ordre.pharmacien.fr/Les-pharmaciens/Comment-devenir-pharmacien/Serment-de-Galien, consulté le 11 juin 2019.

21 Site internet de l’ordre national des médecins : https://www.conseil-national.medecin.fr/le-serment-d-hippocrate-1311, consulté le 11 juin 2019.

6

Les avancées suivantes relatives à l’enseignement de la médecine et de la pharmacie s’échelonnent au fil du temps. Elles peuvent être résumées comme suit :

- la naissance des universités en Europe et le développement en leur sein d’un enseignement pratique au Moyen-Âge et plus précisément au Xème siècle. Ainsi, à titre d’illustration, apparaissent au XIIIème siècle à Montpellier des stages d’observations à l’hôpital ou en cabinet privé pour les étudiants.

- la disparition progressive des religieux des universités à la fin de la Renaissance permet le développement des connaissances scientifiques, l’apprentissage tant de l’anatomie, sous forme de leçons, que de la physiologie. Les causes religieuses des maladies sont progressivement exclues pour laisser place à un enseignement scientifiquement prouvé.

- l’accès aux études de médecine à tous est permis sous la Révolution française. C’est néanmoins seulement en 1890 que deux femmes ont pu s’inscrire pour la première fois en France à la faculté de pharmacie de Paris.

- la création de l’internat22, le 4 ventôse de l’an X, soit le 10 février 1802, et de l’externat pour les étudiants a été initiée par Napoléon 1er. À compter de cette date, il est possible de suivre en France un enseignement universitaire théorique par des cours magistraux avec l’apprentissage en français – jusqu’alors les enseignements étaient en grecs ou latins – des matières fondamentales comme la microbiologie. En outre, est associé à l’enseignement universitaire un enseignement hospitalier composé de stages avec un enseignement pratique. Cet enseignement pratique consiste en des travaux dirigés dans les matières suivantes : l’anatomie, la physiologie ou encore la chirurgie. Pour les études de pharmacie, les enseignements privilégiés sont la chimie, la botanique et l’histoire naturelle des médicaments. L’enseignement clinique lors des stages permet l’apprentissage de la sémiologie. Cet enseignement combiné est de nos jours encore dispensé tant pour les étudiants en médecine que pour les étudiants en pharmacie avec une alternance entre cours théoriques à la faculté et stages dans les services des hôpitaux.

Si certains enseignements ont perduré au fil des années voire des siècles, il ne fait néanmoins nul doute que les cours d’aujourd’hui ne sont plus les cours de demain du fait du développement du numérique et de l’intelligence artificielle. Les cours théoriques sous forme de cours

22 Site internet de l’association amicale des anciens internes en médecine des hôpitaux de Paris : http://www.aaihp.fr/Histoire.php, consulté le 22 mai 2019.

7

magistraux, dispensés par un Professeur devant des étudiants et laissant peu ou pas de place à l’échange entre étudiants et enseignants, apparaissent de moins en moins adaptés, et ce d’autant moins avec l’augmentation du nombre d’étudiants plus ou moins concentrés sur les prises de notes. Le support numérique devient indispensable. Le temps des diapositives, des dessins au tableau tend à disparaitre pour laisser place à un enseignement dynamique associé à des supports numériques. On parle même désormais de méthodes pédagogiques d’avenir23. Ces méthodes ont pour objectif de rendre l’étudiant actif et reposent sur les échanges entre enseignants et apprenants. Les enseignements associés aux Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC)24 sont l’une de ces méthodes. L’apprentissage peut alors être assisté par ordinateur via la simulation, l’e-learning25 ou encore les animations virtuelles ou en 3D26. Ainsi, nous assistons à une évolution des concepts pédagogiques27, en passant d’un enseignement descendant passif à un enseignement de partage actif entre enseignants et étudiants. Une de ces méthodes mérite d’être plus détaillée ici : la simulation dans le domaine de la santé.

23 M. JAFFRELOT, Y. CROQUENNEC, C. AMMIRATI, E. L’HER, Les méthodes pédagogiques d’avenir, Intervention à l’occasion de la Session conjointe SFMU / Société maghrébine de médecine d’urgence SFMU, 2012, 9 p.

24 A. BURGUN, F. LE DUFF, A. FRESNEL, P. SIREGAR, N. JULEN, B. GROSBOIS, G. EDAN, F. GUILLÉ, P. LE BEUX, « Vers l’intégration des NTIC dans une approche pédagogique par problèmes en médecine », Informatique et Santé, 2000, volume 12, pp. 185-194.

25 HAS, E-learning : Guide de conception de formation ouverte et à distance (FOAD) dans le monde de la santé, 2015.

26 T. KARSENTI et B. CHARLIN, « Analyse des impacts des technologies de l’information et de la communication sur l’enseignement et le pratique de la médecine », Pédagogie Médicale, 2010, volume 11, pp.

127-141.

27 Annexe n° 2.

8