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Plan régional d’actions : Plantes Exotiques Envahissantes en Midi-Pyrénées 2013-2018

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Plan régional d’actions : Plantes Exotiques Envahissantes en Midi-Pyrénées

2013-2018

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Sommaire

1. État des connaissances ... 10

1.1. Connaissances et principes généraux ... 10

1.1.1. Statut d’indigénat : définitions ... 10

1.1.2. Dynamique d’invasion ... 13

1.1.3. Perception des plantes exotiques envahissantes ... 16

1.1.4. Réglementation ... 17

1.1.4.1. Contexte réglementaire à l’échelle international ... 17

1.1.4.2. Contexte réglementaire à l’échelle européenne ... 18

1.1.4.3. Contexte réglementaire à l’échelle nationale ... 19

1.2. Stratégies d’actions déjà existantes ... 21

1.2.1. Stratégie mondiale ... 21

1.2.2. Stratégie européenne et nationale ... 22

1.2.3. Apports des régions limitrophes ... 25

1.3. Identification des enjeux en Midi-Pyrénées et élaboration des listes régionales de plantes exotiques envahissantes ... 28

1.3.1. Approche scientifique préalable à l'élaboration de listes de plantes exotiques envahissantes ... 28

1.3.1.1. Méthodologie de travail du Conservatoire botanique ... 28

1.3.1.2. Évaluation des risques et des impacts ... 29

1.3.1.3. Comparaison avec les listes des régions limitrophes ... 30

1.3.1.4. Recueil des connaissances et des documents produits en région ... 31

1.3.2. Recensement des acteurs et de leurs attentes ... 34

1.3.2.1. Enquête et réunion de lancement ... 34

1.3.2.2. Rencontre des acteurs ... 36

1.3.3. Les listes de plantes exotiques envahissantes ... 38

2. Hiérarchisation des enjeux en Midi-Pyrénées ... 40

2.1. Enjeux communs ... 40

2.2. Enjeux spécifiques ... 46

2.2.1. En milieux urbains et anthropisés ... 49

2.2.2. En milieux aquatiques ... 51

2.2.3. En milieux boisés et espaces connexes ... 57

2.2.4. En milieux agricoles ... 58

2.2.5. En milieux naturels autres ... 60

2.3. Les filières de production de végétaux ... 61

2.3.1. Les végétaux d'ornement ... 61

2.3.2. Les productions forestières ... 63

2.4. Communication ... 65

2.4.1. Des publics variés en attente d'informations claires ... 65

2.4.2. Une communication adaptée à chaque public ... 67

3. Objectifs et mise en œuvre du plan régional d’actions sur les plantes exotiques envahissantes ... 70

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3.1. Les objectifs généraux du plan ... 70

3.2. Une stratégie d'accompagnement des acteurs régionaux pour la gestion ... 71

3.3. Actions à mettre en œuvre ... 73

3.3.1. Objectifs opérationnels ... 73

3.3.2. Synthèse des actions à mettre en oeuvre ... 74

3.3.3. Description des actions à mener ... 75

3.4. Modalités organisationnelles du plan ... 97

3.4.1. Gouvernance du plan ... 97

3.4.2. Bilan et évaluation ... 97

Sommaire de figures ... 99

Sommaire de tableaux ... 100

Bibliographie ... 101

Annexes ... 1

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Avant-propos

Les espèces exotiques envahissantes représentent une menace pour l'économie et la biodiversité à l'échelle internationale.

De nombreux acteurs de la région ont perçu cet enjeu majeur et ont multiplié les initiatives, investissant des domaines variés liées à la recherche et à la connaissance, ou des actions opérationnelles de lutte contre certaines espèces invasives.

Ces espèces ne connaissent pas de frontières et sont à l'interface de tous les acteurs, soulevant des problématiques complexes de surveillance ou de lutte, d'aménagement et de gestion des territoires. Une action efficace ne peut être conduite que si elle est coordonnée et concertée avec l'ensemble des parties prenantes et s'intègre dans une stratégie appréhendant l'ensemble des enjeux.

Qui mieux que le Conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées pouvait coordonner cette mission, réalisant dans un premier temps un état des lieux des actions et des acteurs de la région investis sur cette thématique pour ensuite proposer un plan régional d'actions, en lien avec les démarches nationales et européenne.

Pendant près de deux ans, l'équipe du Conservatoire a cherché à réunir l'état de la connaissance et à fédérer les acteurs concernés qui se sont fortement mobilisés pour construire une stratégie régionale qui réponde aux enjeux environnementaux et sociétaux. Que les efforts de l'équipe du Conservatoire soient salués chaleureusement et que l'ensemble des acteurs ayant contribué à l'élaboration de cette stratégie régionale soient vivement remerciés.

L'approche scientifique et technique coordonnée par le Conservatoire botanique a permis d'aboutir à une proposition de plan régional d'actions. Parce que la société doit faire face à des défis environnementaux sans précédent ; parce que les enjeux environnementaux se trouvent parfois confrontés à des enjeux économiques ; parce que l'état de la connaissance nécessite d'être approfondie pour apporter une vision plus objectivée de certaines espèces ; des compromis ont été pris pour continuer à avancer de façon concertée et partenariale dans l'élaboration et la mise en œuvre de ce programme d'actions.

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Résumé

Les espèces exotiques envahissantes sont considérées au niveau mondial comme l'une des premières causes d'érosion de la diversité biologique. Leur présence constitue une préoccupation majeure de nombreux acteurs de la société en raison d'incidences écologiques, économiques ou sanitaires. Des stratégies coordonnées se mettent en place à l'échelle nationale et européenne pour répondre à cet enjeu sociétal. Localement, des initiatives de lutte ou de sensibilisation se sont multipliées ces dernières années sur le territoire régional.

Dans ce contexte, la DREAL Midi-Pyrénées a mandaté le Conservatoire botanique pour réaliser dans un premier temps un état des lieux sur les plantes exotiques envahissantes sur son territoire d’agrément, en relation avec l’Agence de l’eau Adour-Garonne, la DRAAF et des experts scientifiques, et avec le soutien du Conseil régional de Midi-Pyrénées et du Fonds Européen de Développement Régional.

Un formulaire d’enquête a été diffusé et des groupes de travail ont été organisés en regroupant autour d’une problématique « milieu », les chercheurs, les naturalistes et les gestionnaires concernés. Les connaissances, les expériences de gestion acquises, les difficultés et les contraintes spécifiques aux milieux agricoles, aquatiques, forestiers et urbains ont ainsi été recueillies. Une collaboration a été initiée avec la filière horticole au travers de la Fédération nationale des professionnels de l’horticulture et de la pépinière et de l’association Plante & Cité.

L’état des lieux recense les acteurs et les actions de gestion ou de communication menées, mais tente également de préciser quels sont les impacts écologiques et économiques réels identifiés par les gestionnaires. Une attention particulière est portée aux préoccupations des acteurs socio- professionnels et à leurs attentes vis à vis du plan d’actions. Les enjeux liés à l’utilisation ou à l’exploitation de plantes exotiques envahissantes en foresterie et en horticulture ont été considérés.

Le Conservatoire a réalisé un travail préparatoire à l'établissement des listes d’espèces exotiques envahissantes présentes sur son territoire d’agrément en relation avec les naturalistes. Un recueil de documents bibliographiques a été organisé et plus de 600 références ont été répertoriées dans la base de données du Conservatoire. Sur la base de ce travail préalable, une consultation des différents acteurs concernés a été réalisée. Suite à cette consultation et tenant compte des enjeux écologiques et socio-économiques, la DREAL a arrêté deux listes d'espèces exotiques envahissantes comportant en tout 143 taxons répartis selon leur dynamique de prolifération : une liste de plantes exotiques envahissantes et une liste de plantes exotiques à surveiller. Ces listes pourront être actualisées en fonction des connaissances acquises sur la fréquence et l’abondance des populations de chaque taxon et sur leur caractère envahissant dans des milieux particuliers.

A l’issue de cette démarche partenariale, un plan d’actions a recueilli l'avis du CSRPN. Le document proposé est orienté vers l’amélioration et la mise à disposition de connaissances, la détection précoce, la promotion de techniques de prévention, l’accompagnement des acteurs pour la gestion et l’évaluation des résultats. Les perceptions variées des différents publics devront être prises en compte car elles génèrent des discours contrastés sur l’acceptabilité de ces plantes dans l’environnement, et orientent les décisions de gestion ou de non-gestion. La stratégie de communication visera à mobiliser le plus largement possible les décisionnaires, les professionnels et le grand public, ainsi que les futurs acteurs lors de leur formation.

Un site internet et un forum d’échange seront créés pour alimenter une cartographie dynamique des espèces, favoriser le partage des techniques et le fonctionnement en réseau des acteurs. Une lettre d’information sera diffusée, les médias seront sollicités et des outils pédagogiques seront conçus à l’attention du monde éducatif. Des démarches spécifiques seront menées auprès des professionnels de la vente, de l’aménagement paysager et des acteurs de la forêt.

Un appui technique sera proposé :

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- pour accompagner au niveau local la prise de décision d’intervenir ou non, en fonction des milieux, de l'espèce concernée et des incidences de celle-ci sur les objectifs de gestion ; - pour choisir des moyens techniques pour une intervention efficace et durable, des moyens

de restauration du milieu et des protocoles de suivi pour évaluer l’efficacité de l'intervention.

Le plan régional d’actions contribuera à la démarche nationale animée par la cellule scientifique et technique sur les plantes exotiques envahissantes animée par la Fédération des Conservatoires botaniques nationaux.

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Introduction

Depuis ses premières migrations, l’Homme a contribué de façon volontaire ou non à l’introduction d’espèces animales et végétales hors de leur aire de répartition naturelle. Avec l’augmentation des échanges internationaux, ces transferts se sont accélérés et le nombre d’espèces naturalisées s’est accru dans toutes les régions du monde. Cependant seul un faible pourcentage d’espèces introduites deviendra envahissant.

Le processus d’envahissement par des plantes exotiques, correspondant à des proliférations locales d’espèces en forte dynamique d’expansion géographique, est particulièrement complexe. Il semble lié à la fois aux caractéristiques biologiques des espèces, à l’absence de prédateurs dans leur nouvel environnement et aux dysfonctionnements des écosystèmes qui les accueillent. Les milieux propices à la prolifération d’espèces introduites présentent généralement des sols perturbés, qu’ils soient naturellement instables, ou remaniés par des activités humaines.

Les enjeux liés à ces espèces peuvent concerner les domaines suivants :

• la biodiversité ; elles peuvent avoir une incidence sur la diversité locale (modification de la composition spécifique et du fonctionnement des communautés locales) ; l’éventuelle élimination de ces espèces demande un effort de gestion supplémentaire pouvant avoir des répercussions sur la biodiversité,

• la santé ; certaines de ces plantes peuvent être photo-sensibilisantes ou allergisantes (cas de l’Ambroisie),

• l’économie ; les coûts engagés par les mesures de gestion peuvent être très importants, les conséquences économiques liées au ralentissement voir à l’arrêt de certaines activités peuvent également être notable (ex : herbiers de Jussie dans un plan d’eau limitant les activités nautiques).

La Convention sur la diversité biologique (CDB), le Programme mondial sur les espèces exotiques envahissantes et l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), donne ainsi la définition suivante : « une espèce exotique envahissante est une espèce exotique (allochtone, non indigène) dont l’introduction par l’homme (volontaire ou fortuite), l’implantation et la propagation menacent les écosystèmes, les habitats ou les espèces indigènes avec des conséquences écologiques et/ou économiques et/ou sanitaires négatives.

Objets de bien des controverses, les impacts de ces espèces dans le monde sont considérés par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), comme étant l’une des principales menaces pesant sur la biodiversité.

Le panel des milieux concernés par l’implantation de plantes exotiques envahissantes est très large, il peut s’agir aussi bien de milieux naturels que de milieux forestiers, aquatiques, agricoles plus ou moins anthropisés, voire de milieux urbains.

Les milieux aquatiques (berges, eaux courantes, eaux stagnantes) sont à l’heure actuelle les milieux les plus concernés par ces espèces. Il s’agit de milieux particulièrement favorables à l’installation des plantes exotiques envahissantes, où la pression humaine est souvent élevée (Dutartre et al., 1997), permettant l’installation rapide d’espèces opportunistes. Dans ces milieux les gestionnaires sont confrontés depuis plusieurs années à la problématique. Ils ont donc un certain recul et ont acquis de l’expérience sur la gestion de ces plantes : les actions testées sont

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nombreuses, les coûts engagés clairement chiffrés et les espèces les plus problématiques assez bien connues.

Prise de conscience de la problématique

La prise de conscience de la problématique des plantes exotiques envahissantes est en émergence depuis quelques années, en raison de campagnes de communication, par exemple sur les effets sur la santé, ou d’impacts localisés auxquels sont confrontés les acteurs socio- professionnels et le grand public.

Les perceptions des plantes exotiques envahissantes et de leurs conséquences sur la diversité floristique, l’économie et la santé sont cependant très différentes selon le type de public, et dans les discours, les impacts réels sont parfois difficiles à démêler des impacts supposés.

Outre les naturalistes et les gestionnaires d’espaces, la problématique des plantes exotiques envahissantes concerne également les filières de production et de vente de plantes ornementales.

En effet, les plantes ornementales échappées de jardins sont la plus grande source d’introduction d’espèces exotiques envahissantes (Fried, 2012). Or la sensibilisation du grand public et la prévention rejoint les objectifs de qualité des filières de l’horticulture.

Quelques initiatives d’information aux filières de vente de végétaux d’ornement et au grand public ont eu lieu, par la signature volontaire de charte de bonnes conduites plus ou moins sévères, ou encore par la diffusion d’information à destination du public directement lors de la vente (Mandon- Dalger et al., 2007), mais sans grand succès pour l’instant. Une approche partenariale est à mettre en place de façon à développer l’implication de chacun.

Le ministère chargé de l’écologie est à l’origine de la stratégie nationale de la biodiversité (2011- 2020), qui propose de prévenir et lutter contre les espèces exotiques envahissantes ; c’est dans ce cadre sur la DREAL Midi-Pyrénées a mandaté le Conservatoire pour faire un état des lieux de cette problématique sur le territoire de travail de ce dernier et proposer des actions répondants au constat fait lors de cet état des lieux. Ce travail a donné lieu au document : « Proposition de plan régional d'actions Plantes Exotiques Envahissantes » sur lequel la DREAL s'appuie pour définir ce plan régional d'actions.

La problématique des plantes exotiques envahissantes en Midi- Pyrénées

Au niveau régional, des initiatives concernant les espèces exotiques envahissantes (animales et/ou végétales) ont été lancées. On peut citer :

• le programme INVAG, mis en place par le Laboratoire de recherche Ecolab de l’université Paul Sabatier de Toulouse, suite au projet INVABIO, lancé en 2000, sur les invasions biologiques à l’échelle régionale du bassin Adour-Garonne. Le programme INVAG comporte trois volets : modélisation régionale des invasions biologiques, impacts locaux et Groupe de travail Invasions Biologiques en Milieux Aquatiques ;

• l’implication de l’Agence de l’eau Adour-Garonne, qui travaille sur la problématique depuis de nombreuses années, et qui a notamment financé des actions de gestion et de

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restauration de milieux naturels en zones humides, d’animation d’un observatoire régional de l’Environnement et qui a produit plusieurs numéros de « Revue de l’agence de l’eau » et ouvrages sur les espèces proliférantes.

En parallèle de ces actions regroupant de nombreux acteurs, des initiatives isolées d’inventaire, de gestion et autres actions liées aux plantes exotiques envahissantes ont été entreprises hors des zones humides. Des questions récurrentes ont alors émergé : faut-il intervenir, quand, comment, quelles sont les espèces à traiter en priorité ?… Ces questions concernent à la fois les domaines de la connaissance sur les espèces, de la gestion préventive ou de la lutte.

Les besoins d’échanges, d’aide à la décision et d’appui technique exprimés par les acteurs sont à l’origine du projet de plan d’actions régional. Un tel plan permettra d’avoir une vision globale de la problématique, tout en ayant à l’esprit de garder une cohérence à une échelle plus locale. Les actions proposées ont pour but de répondre aux attentes et aux besoins de tous.

Les orientations du plan d’action

Les objectifs du plan auront donc pour vocation d’assurer :

• une meilleure connaissance des espèces sur le territoire : leur dynamique, leur distribution et leur écologie,

• une prévention efficace : via des échanges, la mise en place d’un réseau de surveillance, un important dispositif de communication à destination du grand public et des professionnels,

• une aide à la priorisation des enjeux,

• un appui à la prise de décision, à la gestion et au suivi des actions : hiérarchisation des espèces, des milieux et des territoires d’intervention, mise à disposition de protocoles et de retours d’expériences.

Le plan régional n’a pas de portée règlementaire, ni vocation à être un plan de lutte, mais bien un plan d’actions orienté vers la mise en commun de connaissances, la prévention et l’appui technique aux gestionnaires. Cette démarche se fait en lien avec l’approche nationale en cours de développement, avec également pour objectif d’associer l’ensemble des acteurs concernés.

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1. État des connaissances

1.1. Connaissances et principes généraux

La notion de plante exotique envahissante intègre deux composantes, l’une liée à l’origine géographique (exotique, par opposition à indigène ou assimilé), l’autre à une capacité à se propager de façon rapide et sur de grandes distances, conduisant à la formation de nouvelles populations et à une dynamique globale d’expansion géographique de l’espèce.

Nous détaillerons dans un premier temps ces deux aspects de la définition d’une plante exotique envahissante.

1.1.1. Statut d’indigénat : définitions

Le terme indigène qualifie un taxon ou une population, originaire du territoire où il se trouve ou arrivé dans ce territoire sans intervention humaine avérée (par exemple : les plantes qui recolonisent un territoire de façon « naturelle » après une période de glaciation sont inclues dans la flore indigène de ce territoire ou celles qui s’étendent naturellement aux marges de leur aire de répartition). Lorsqu’on dit d’un taxon qu’il est indigène dans telle région, il importe de préciser l’échelle de temps à laquelle on se réfère : ères géologiques, périodes glaciaires, époques historiques, etc.

Synonymes : plante native et, partiellement, plante spontanée (ce terme peut aussi concerner des espèces non indigènes dont l’introduction est ancienne puisqu’il définit une « plante croissant en un lieu donné sans avoir été plantée »).

Dans le plan d’actions, sont considérés comme indigène, toute espèce présente dans la région depuis la fin de la dernière glaciation (Würm). Les espèces non indigènes concernent celles introduites après cette période, de manière volontaire ou involontaire par l’Homme (archéophytes et néophytes) (Pysek, 2004). Seules les néophytes, espèces arrivées après le XVème siècle (1492), date de début des premiers grands échanges mondiaux (Gassmann et al., 2008 ; Weber et al., 2006), seront prises en compte dans la liste des plantes exotiques envahissantes . Cette date (1492) communément admise, pourrait cependant être remise en cause, selon certains auteurs, au regard de l’évolution des échanges mondiaux.

Une plante exotique (non indigène) est donc une plante introduite volontairement ou accidentellement par l’Homme hors de son aire de répartition naturelle, et qui peut se naturaliser dans son nouvel environnement. Elle est considérée comme envahissante lorsqu’elle montre une dynamique de colonisation rapide dans ce dernier. Elle peut alors entrer en concurrence avec la flore locale, perturber le fonctionnement d’un écosystème, et avoir localement des conséquences économiques importantes. Une plante exotique envahissante peut dans certains cas, créer des dommages sur la santé humaine. Les termes « exotique » et « envahissant » de cette définition font appel à des notions de sémantique qu’il faut préciser, en l’absence actuelle de définition standardisée.

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Les définitions ci-dessous s’appuient sur une comparaison de définitions et conceptions proposées dans diverses publications traitant des plantes exotiques envahissantes.

Autochtone : se dit d’un taxon, d’une population ou d’un groupement rencontré dans un domaine biogéographique donné dont il est originaire.

Allochtone : se dit d’un taxon, d’une population ou d’un groupement rencontré dans un territoire biogéographique donné (continent, île, région etc.), dont il n’est pas originaire.

Synonymes : plante introduite, plante étrangère, plante exogène, anthropophyte, plante non- indigène.

Différents degrés peuvent ensuite être différenciés dans la notion de plante allochtone, selon le temps d’implantation, le mode d’introduction, etc. Une terminologie riche a été développée principalement en Europe centrale (Holub & Jirásek, 1967 ; Kornaś, 1990…) ; les acceptations et limites des catégories créées sont presque aussi diverses que les auteurs, et une synthèse a été proposée par Pyšek et al. (2002 et 2004). Cette terminologie permet de classer les espèces allochtones dans des catégories en se basant sur trois critères qui reflètent leur lien avec l’Homme : la période d’introduction, le moyen d’introduction, et le type d’habitat colonisé.

Les espèces allochtones seront ici distinguées en fonction de la période à laquelle elles ont été introduites, elles pourront alors être classées en deux catégories : les archéophytes et les néophytes.

Archéophyte : espèce aujourd’hui présente sur un territoire donné en raison de son introduction intentionnelle ou non par l’Homme avant le XVème siècle. En raison de l’ancienneté de leur introduction, les plantes archéophytes sont considérées par les botanistes comme indigènes.

Néophyte : espèce aujourd’hui présente sur un territoire suite à son introduction intentionnelle ou non par l’Homme après le XVème siècle (1492).

Synonyme : chénophyte et partiellement xénophyte (les auteurs qui utilisent ce terme sous- entendent une introduction involontaire de l’Homme).

Dans le plan d’actions, on distinguera les plantes néophytes originaires de régions géographiques proches (régions ou pays voisins) et dont la répartition ne présente pas de discontinuité d’aire avec Midi-Pyrénées, de celles originaires de régions géographiques proches ou éloignées mais dont la répartition est discontinue. Seules ces dernières seront considérées comme exotiques et prises en compte dans le plan.

Selon le degré d’implantation d’une espèce exotique, différentes catégories sont distinguées, nous n’en définirons ici que deux :

Plante accidentelle/occasionnelle : se dit d’une plante exotique qui se reproduit occasionnellement en dehors de l’intervention humaine et qui se maintient plus ou moins longtemps autour de sa station d’origine, sans pour autant arriver à se propager dans le milieu naturel. Seules les introductions répétées par l’Homme lui permettront de persister.

Plante naturalisée : se dit d’un taxon introduit par l’Homme dans un territoire donné et qui s’y reproduit sans intervention humaine. Une espèce peut être naturalisée dans tous types d’écosystèmes (naturel, semi-naturel ou anthropique). Le temps de persistance nécessaire pour que l’on considère qu’une espèce est naturalisée est arbitraire et devrait

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théoriquement dépendre de l’âge auquel la plante se reproduit pour la première fois. Pyšek et al. (2009) proposent une période de 10 ans, les auteurs de Flora Europaea (Tutin et al., 1964–1980 et 1993) considèrent qu’il faut 25 ans. C’est dans cette catégorie que s’insèrent les plantes exotiques envahissantes.

Le sujet est complexe et les conceptions parfois divergentes. Muller et al. (2004) ont par exemple adopté le qualificatif « invasif », en lui attribuant le sens du mot anglais « invasive », pour distinguer les plantes envahissantes étrangères à notre territoire, des plantes autochtones envahissantes. En effet, certaines espèces indigènes peuvent développer des phénomènes de prolifération locale, mais elles relèvent d’une problématique différente de gestion des milieux naturels, et ne sont pas dans une dynamique d’expansion géographique. Valery et al. (2008), intègrent quant à eux indifféremment sous le terme « espèces invasives» des espèces introduites et des espèces indigènes. Si le terme « espèce invasive » est largement employé dans la littérature, notamment anglophone (invasive alien species), nous préférerons à ce néologisme le terme d’ « espèce exotique envahissante » afin de distinguer les espèces allochtones des espèces autochtones.

Il est à noter qu’il serait plus juste de parler de « population d’espèce » car une espèce n’est jamais, en tant que telle, intrinsèquement envahissante ; elle peut adopter, dans une certaine aire géographique, dans un certain contexte écologique, hors de son aire naturelle, un caractère envahissant. Ce sont donc bien certains ensembles d’individus de l’espèce (populations) qui sont le cas échéant envahissants, mais jamais la totalité des individus de cette espèce. Toutefois, par convention de langage, nous utiliserons donc bien par la suite le terme de « Plante Exotique Envahissante » (PEE).

Il est difficile de trouver des données historiques sur le territoire du Conservatoire botanique des Pyrénées et de Midi-Pyrénées, c’est donc pour l’instant une évaluation à dire d’expert du caractère envahissant qui a permis de qualifier les espèces d’envahissantes. Elles ont été identifiées à partir de la connaissance de terrain sur la dynamique des espèces exogènes. Ce raisonnement nécessitant une observation à long terme, il se peut que des espèces naturalisées ne soient pas encore renseignées comme envahissantes. Rappelons aussi que le caractère envahissant d’un taxon dans un territoire donné est évolutif, une plante peut ne pas présenter un caractère envahissant puis changer de dynamique et devenir envahissante, l’inverse étant également possible.

Ces différentes catégories de classement d’espèces peuvent être résumées schématiquement de la manière suivante :

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Figure 1 : Conception du statut d’indigénat des espèces végétales en région Midi-Pyrénées adapté et simplifié de Geslin et al. 2008.

1.1.2. Dynamique d’invasion

L’augmentation des échanges commerciaux et des déplacements humains à l’échelle mondiale, entraînent le déplacement d’espèces animales et végétales. Celles-ci peuvent alors être introduites dans un nouveau territoire ; la rapidité de ces introductions suit la courbe exponentielle des échanges à travers le monde (Figure 2). Ces phénomènes de migrations intervenant partout dans le monde, une espèce dite «autochtone » ou « indigène » à un endroit donné de la planète est donc considérée comme « allochtone» ou « exogène » à un autre endroit de la planète, dès lors qu’elle se trouve hors de son aire de répartition naturelle.

Lorsqu’elles sont introduites dans une région étrangère à leur aire de répartition naturelle, la plupart de ces espèces allochtones ne se maintiennent pas, n’étant pas capables de s’adapter aux conditions écologiques différentes de celles qui prévalent dans leur aire d’origine. Cependant certaines de ces espèces sont capables de se naturaliser et de s’incorporer durablement aux communautés animales ou végétales locales.

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Figure 2 : Augmentation du nombre d’espèces végétales introduites en Europe depuis 1500 (Pysek et al., 2009). Les données cumulatives sont présentées séparément pour les espèces d’origine extra-européenne et celles d'origine européenne, mais qui sont présentes comme exotiques dans d'autres parties du continent.

Le processus d’invasion est souvent décrit par une succession de phases durant lesquelles la plante doit franchir la succession de barrières suivantes (Pysek et al. 2009) (Figure 3) :

• Une barrière géographique est franchie lorsqu’un individu est introduit hors de son aire d’origine suite aux activités humaines (introduction volontaire ou involontaire).

• La phase d’établissement correspond à la période où la plante se développe en s’acclimatant aux conditions de vie du milieu (barrière environnementale). A ce stade les espèces vont : soit se reproduire localement mais ne persisteront pas dans le temps (occasionnelles), soit être volontairement cultivées et en s’échappant de leur zone d’introduction seront qualifiées de subspontanées.

• La phase de naturalisation est atteinte lorsque l’espèce arrive à se multiplier durablement et sans l’intervention de l’Homme (barrière reproductive) ; elle aboutit alors à la formation de populations viables.

• La dernière phase du processus d’invasion se caractérise par la prolifération de la plante (avec parfois une explosion démographique des populations naturalisées et une expansion géographique très rapide), la barrière de dispersion est alors franchie. Les habitats perturbés sont souvent les premiers colonisés, avant une éventuelle propagation dans des milieux naturels plus stables. Une phase de latence de durée variable (quelques dizaines, voire quelques centaines d’années) est fréquemment observée avant l’expansion de la plante, qui est alors présente sans manifester de caractère envahissant.

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Figure 3 : Représentation schématique des principales barrières que la plante doit franchir avant d’être qualifiée d’exotique envahissante. D’après Richardson et al., 2000, modifié.

Ce processus d’invasion peut s’interrompre à chaque étape : la plupart des espèces introduites dans un nouvel environnement disparaissant sans être arrivées jusqu’au stade de prolifération. A chaque étape du processus d’invasion est associée une probabilité d’échec ; Williamson et Fitter (1996) ont ainsi énoncé leur règle « des trois dixièmes » : « the three

tens rule ». Les auteurs estiment que pour 10% des espèces introduites réussissant à s’installer, seulement 10% seront capables de coloniser de nouveaux milieux et de s’y établir définitivement et enfin, 10% de ces dernières seront susceptibles de provoquer des dégâts écologiques et/ou économiques. Ainsi, selon cette règle, qui est à prendre avec précaution, pour 1000 espèces introduites, seules 100 font une apparition au moins fugace à l’état sauvage, 10 deviennent naturalisées et enfin 1 est envahissante.

Figure 4 : Règle des trois dixièmes

Le caractère envahissant d’une plante exotique est donc lié à la fois au milieu et à l’espèce (Rejmanek & al., 2005 ; Richardson & Pysek, 2006); on ne peut donc pas généraliser à tous les milieux le constat fait en un endroit donné, et avoir des préconisations globales sur une espèce.

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1.1.3. Perception des plantes exotiques envahissantes

La bibliographie, de même que les acteurs rencontrés, renvoient une image très contrastée des représentations liées aux plantes exotiques envahissantes. Menaces pour la biodiversité locale, perturbatrices d’un ordre établi, ou ressources nouvelles et facteurs d’un gain de biodiversité ? Au-delà des questions purement techniques, les choix de recherche et de gestion sont révélateurs d’un ensemble de perceptions et d’interrogations qui peuvent conduire à des remises en cause du bien fondé des actions.

Une vision anthropomorphique est souvent appliquée à la gestion des organismes envahissants (assimilation à une forme de protectionnisme voire de racisme). On remarque une prise de conscience de cette problématique ces dernières années, qui a été vecteur de discours alarmistes, où les espèces en question étaient stigmatisées. On a alors constaté le cas de gestionnaires mettant en application des mesures de gestion sur des plantes exotiques envahissantes parce qu’elles sont identifiées dans des guides, sans savoir quels réels problèmes elles posent sur le territoire considéré. Certaines de ces espèces peuvent d’ailleurs parfois avoir été plantées par ces mêmes gestionnaires quelques années auparavant ; il y a donc un besoin d’informations générales sur ces espèces à satisfaire (Simberloff et al., 2012). A l’inverse, le développement d’un discours minimisant l’existence de problèmes engendrés par les invasions biologiques peut également se révéler improductif et être utilisé pour justifier la commercialisation d’espèces dont les impacts ne sont pourtant plus à démontrer (ex : Carpobrotus edulis).

Enfin, il arrive que le grand public identifie certaines plantes exotiques envahissantes comme espèces locales. En effet, certaines d’entre elles sont très visibles dans les jardins et espaces verts publics et donc assimilées à des espèces communes. Certaines, plantées depuis plusieurs années, sont représentées comme faisant partie des paysages traditionnels (peinture, carte postale, souvenirs…) donnant une impression d’espèces typiques du lieu. On peut citer l’exemple de la commune de Bormes les Mimosas, dans le sud-est de la France, dont le nom fait référence à une espèce exotique envahissante (le mimosa) clairement identifiée comme espèce emblématique du département du Var.

Autre exemple, le Buddleja est généralement apprécié par le grand public qui veut participer à l’amélioration de la biodiversité en achetant la plante pour favoriser les papillons.

Il ressort un besoin important de mieux définir les impacts écologiques réels des impacts perçus par les différents publics, pour mettre en place une communication adaptée.

Fiche action associée :

16 : Recueil et analyse des perceptions du grand public et des professionnels

(17)

1.1.4. Réglementation

1.1.4.1. Contexte réglementaire à l’échelle international

Plusieurs conventions internationales ratifiées par la France ont identifié les espèces exotiques envahissantes comme une menace majeure. La Convention sur la diversité biologique (CDB, 1992) dite Convention internationale de Rio, propose une approche globale des espèces exotiques envahissantes et donne comme cible n°9 « d’ici à 2020, les espèces exotiques envahissantes et les voies d’introduction sont identifiées et classées en ordre de priorité, les espèces prioritaires sont contrôlées ou éradiquées et des mesures sont en place pour gérer les voies de pénétration, afin d’empêcher l’introduction et l’établissement de ces espèces ».

Les autres conventions internationales significatives sont :

la Convention internationale pour la protection des végétaux (CIPV, 1952), qui

« propose d’assurer une action commune et efficace pour empêcher la dissémination et l’introduction d’organismes nuisibles aux végétaux et aux produits végétaux et de promouvoir des mesures en matière de lutte ».

la Convention sur les zones humides (Ramsar, 1971), a pour objectif majeur la conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides et de leurs ressources. Des résolutions ont été adoptées concernant les espèces exotiques envahissantes en relation avec les zones humides (résolutions VII.14 et VIII.18).

la Convention relative au commerce international des espèces sauvages et menacées d’extinction (Washington, 1973) (Convention CITES), protège les plantes dont le transport et le commerce sont réglementés et a été ratifiée par la France en 1976.

La liste des plantes est régulièrement mise à jour : elle protège des espèces naturelles, non cultivées. La protection est graduée en fonction des menaces pesant sur les plantes, à l’entrée aux frontières où la douane peut demander les permis d’importation ou d’exportation. Le Règlement d’application de la CITES 338/97 vise le contrôle du commerce des espèces sauvages : il interdit l’importation de quatre espèces : la tortue de Floride à tempes rouges (Trachemys scripta elegans), la grenouille-taureau (Rana catesbeiana), la tortue peinte (Chrysemys picta) et l’érismature rousse d’Amérique (Oxyura jamaicensis). La liste actuellement annexée ne concerne pas les plantes exotiques envahissantes.

la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune et à la flore sauvage (Bonn, 1979), a pour but d'assurer la conservation des espèces migratrices terrestres, marines et aériennes sur l'ensemble de leur aire de répartition. Les espèces exotiques envahissantes y sont considérées comme une menace de manière explicite dans les articles III, 4c et V, 5e.

la Convention sur la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe (Berne, 1979), a pour objectif d’assurer la conservation de la flore et de la faune sauvage et de leur habitat naturel.

D’autres outils internationaux traitent des espèces exotiques envahissantes et visent essentiellement à mieux contrôler les risques d’introduction intentionnelle ou non.

(18)

1.1.4.2. Contexte réglementaire à l’échelle européenne

La Directive 2000/29CE du Conseil du 8 Mai 2000, concernant les mesures de protection contre l’introduction dans la communauté d’organismes nuisibles aux végétaux ou aux produits végétaux et contre leur propagation, établit des procédures standardisées en matière d’inspection aux frontières et à l’intérieur des pays. Ces organismes nuisibles incluent potentiellement des végétaux même si actuellement seules les espèces exotiques du genre Arceut-hobium (parasite de résineux) figurent dans la directive.

Les Directives "Habitat Faune Flore" et "Oiseaux", relatives à la conservation des habitats naturels ainsi que des espèces de faune et de flore sauvages, s’attachent à la prévention d’introduction dans la nature d’espèces susceptibles de porter préjudice aux espèces locales et aux habitats naturels. Notons toutefois que le réseau Natura 2000 fondé sur ces directives n’est pas applicable dans l’outre-mer française, où la problématique des plantes exotiques envahissantes est pourtant particulièrement aiguë. En Midi-Pyrénées, la charte Natura 2000 prévoit dans ces engagements généraux de « ne pas introduire volontairement d’espèces animales ou végétales exotiques envahissantes » ; une liste indicative de plantes exotiques envahissantes est diffusée automatiquement avec la Charte par la DREAL Midi-Pyrénées.

Pour les milieux aquatiques, la Directive Cadre sur l’Eau (DCE ; 2000/60/CE) identifie les espèces exotiques envahissantes comme étant un critère biologique à prendre en compte lors de la réalisation d’un état des lieux et la mise en place d’un programme de surveillance et de mesures correctives.

Pour le milieu marin, la Directive-cadre stratégie pour le milieu marin (DCSMM) (2008/56/CE) reconnaît que l'introduction d'espèces non indigènes met en péril la biodiversité européenne et demande aux États membres d'inclure les espèces envahissantes dans la description du «bon état écologique».

La législation vétérinaire européenne peut s’appliquer aux espèces exotiques envahissantes si elles sont vectrices de maladies d’animaux.

Le Règlement européen 708/2007 relatif à l’utilisation en aquaculture des espèces exotiques et des espèces localement absentes prévoit l’évaluation des risques associés à l’introduction intentionnelle à des fins aquacoles d’organismes aquatiques.

Un projet de règlement européen relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes est actuellement en discussion au sein des instances de l'Union Européenne. Ce projet concerne les espèces exotiques envahissantes animales et végétales et a pour objectif de réduire au minimum et atténuer les incidences négatives de ces espèces sur la biodiversité et les services écosystémiques.

(19)

Tableau 1 : Synthèse de la réglementation à l’échelle européenne.

Règlementation Principes

Directive 2000/29CE mesures de protection contre l’introduction et la propagation d’organismes nuisibles aux végétaux ou produits végétaux

Directives "Habitat Faune Flore" et

"Oiseaux"

prévention d’introduction dans la nature d’espèces susceptibles de porter préjudice aux espèces locales et aux habitats naturels

Directive Cadre sur l’Eau (DCE ; 2000/60/CE) prise en compte des espèces exotiques envahissantes pour un état des lieux, un programme de surveillance ou des mesures correctives

Directive-cadre stratégie pour le milieu marin (DCSMM) (2008/56/CE)

demande aux États membres d'inclure les espèces envahissantes dans la description du

«bon état écologique »

Législation vétérinaire européenne concerne les espèces exotiques envahissantes vectrices de maladies d’animaux

Le Règlement européen 708/2007 évaluation des risques associés à l’introduction intentionnelle d’organismes aquatiques à des fins aquacoles

L’Organisation Européenne et méditerranéenne pour la Protection des Plantes (OEPP), est une organisation intergouvernementale chargée de la coopération dans le domaine de la protection des plantes entre les pays de la région européenne et méditerranéenne. Selon les termes fixés par la Convention Internationale pour la Protection des Végétaux (CIPV), l'OEPP est l'organisation régionale pour la protection des végétaux (ORPV) en Europe. En 2003, l’OEPP a initié l’élaboration d’une liste de plantes exotiques envahissantes à l’échelle de ses 50 pays membres, ainsi qu’une liste de plantes recommandées pour réglementation sur la base d’analyses du risque phytosanitaire (Liste A2). De plus, elle assure un service d’alerte précoce grâce à son service d’information qui diffuse des informations sur les nouveaux foyers d’invasions et via sa Liste d’Alerte. L’OEPP a publié ses Directives pour la gestion des plantes exotiques envahissantes ou potentiellement envahissantes qui sont destinées à être importées ou ont été importées intentionnellement (Norme OEPP PM3/67, 2005), et propose également des mesures de lutte.

1.1.4.3. Contexte réglementaire à l’échelle nationale

Conditionnée par les règles communautaires du marché unique, la réglementation des importations sur le territoire national se limite essentiellement aux mesures phytosanitaires et zoosanitaires, élaborées par la Commission Européenne et mis en œuvre par le Ministère de l’Agriculture (art.L.251-4, 251-6, 251-12, 251-18, 251-20 du Code rural). Les contrôles portent principalement sur l’absence de ravageurs (sur plantes) et de maladies, des systèmes de contrôle et de quarantaine sont donc appliqués conformément aux standards phytosanitaires et zoosanitaires en vigueur. Les départements d’outre-mer (DOM), régions ultra-périphériques européennes, sont concernés par ce cadre réglementaire. Ce n’est pas le cas des autres territoires ultramarins.

(20)

L’article L. 411-3 du Code de l’Environnement (CE) pose des règles générales relatives à l’introduction d’espèces non indigènes dans les milieux naturels. L’article dans sa forme originelle (1995) comprenait un régime général d’interdiction d’introduction dans la nature. En 2005, la Loi sur le Développement des territoires ruraux a élargi le champ d’application de cet article pour permettre l’interdiction du commerce et du transport des espèces non-indigènes mais a également instauré un système de listes d’espèces interdites d’introduction dans le milieu naturel. Cette modification permet de mettre fin aux discussions sur le caractère indigène à un territoire ou exogène d’une espèce. Le décret d’application du 4 janvier 2007 prévoit la préparation d’arrêtés interministériels fixant les listes des espèces dont (a) l’introduction dans le milieu naturel et (b) la commercialisation sont interdites. L’arrêté interministériel en date du 2 mai 2007 interdisant la commercialisation, l’utilisation et l’introduction dans le milieu naturel de la Jussie à grandes fleurs (Ludwigia grandiflora) et de la Jussie rampante (Ludwigia peploides), résulte de ce décret d’application. Ces deux jussies sont donc actuellement les deux seules espèces végétales exotiques dont la commercialisation est réglementée.

D’autres outils réglementaires concernent plus spécifiquement la faune sauvage captive (arts.L 412-1 et L.413-2 à 3 du CE) et les conditions de détention, de vente, de transport de certaines espèces non domestiques (arrêtés ministériels du 10 août 2004), le contrôle dans le milieu naturel des espèces exotiques envahissantes (EEE) qui perturbent l’équilibre du milieu naturel ou de la biodiversité indigène (art. L. 411-3-III du CE), le contrôle des organismes nuisibles aux végétaux (arrêté ministériel du 31 juillet 2000, modifié par l’arrêté du 25 août 2011). Cette dernière modification introduit pour la première fois la possibilité de rendre obligatoire par arrêté préfectoral, localement et pour une période donnée, la lutte contre 15 plantes exotiques envahissantes inscrite aux annexes de l’arrêté ministériel.

Le Code Rural prévoit diverses formes de surveillance du territoire (épidémiologie en santé animale –art . L. 201-1 et suivants, et surveillance biologique du territoire en lien avec les végétaux – art. L ; 251.1 et suivants) qui peuvent concerner des EEE. De même, le code rural prévoit (art. L.

251.3) l’organisation de la lutte contre certaines EEE qualifiées d’organismes nuisibles dans le vocabulaire international de la protection des végétaux (ex : ragondins, capricornes asiatiques, etc).

Les textes précédemment cités s’appliquent dans les départements d’outre-mer et les collectivités de Saint Pierre et Miquelon, de Mayotte, de Saint Martin et dans les Terres Antarctiques Australes Française. Les collectivités françaises du Pacifique (Nouvelle-Calédonie, Polynésie française et Wallis et Futuna) développent quant à elles leurs propres corpus réglementaires.

L’article 23 de la loi Grenelle I (Loi n°2009-967 du 3 Août 2009) précise que « pour stopper la perte de la biodiversité sauvage et domestique, restaurer et maintenir ses capacités d’évolution, l’État se fixe comme objectifs : […] la mise en œuvre de plans de lutte contre les espèces exotiques envahissantes, terrestres et marines, afin de prévenir leur installation et leur extension et réduire leurs impacts négatifs ».

Le projet de règlement européen en cours d'élaboration (cf 1.1.4.2) pourra donner lieu à un cadrage national des actions à mettre en œuvre autour des espèces exotiques envahissantes.

(21)

Tableau 2 : Synthèse de la réglementation à l’échelle nationale

Réglementation Principes

Réglementation des importations sur le territoire national (code rural)

contrôles de l’absence de ravageurs (sur plantes) et de maladies, avec systèmes de contrôle et de quarantaine

Article L. 411-3 du Code de l’Environnement listes d’espèces interdites d’introduction dans le milieu naturel et de commercialisation

Arrêté ministériel du 31 juillet 2000, modifié par l’arrêté du 25 août 2011

contrôle des organismes nuisibles aux végétaux, y compris des plantes exotiques envahissantes (listes OEPP)

Article L. 411-3-III du Code de l’Environnement

contrôle des espèces exotiques envahissantes qui perturbent l’équilibre du milieu naturel ou de la biodiversité indigène

Code Rural, art. L ; 251.1 et suivants surveillance biologique du territoire en lien avec les végétaux

Article 23 de la loi Grenelle I mise en œuvre de plans de lutte contre les espèces exotiques envahissantes

1.2. Stratégies d’actions déjà existantes

1.2.1. Stratégie mondiale

Au niveau mondial, plusieurs initiatives ont été recensées, les principales sont présentées dans le tableau ci-dessous. Ces initiatives s’occupent, à l’échelle mondiale, du contrôle des espèces, du recensement des pratiques de gestion efficace, d’échanges d’informations sur les espèces.

Le Programme mondial sur les espèces exotiques envahissantes (GISP) a été ébauché en janvier 1996 et mis en place en 1997, il traite des menaces globales causées par les espèces exotiques envahissantes et s’attache à soutenir la mise en place de l’Article 8(h) de la Convention sur la Biodiversité. Le GISP est constitué par un consortium du Comité Scientifique sur les Problèmes de l’Environnement (SCOPE), de CAB International (CABI), et de l’Union Mondiale pour la Nature (UICN), en partenariat avec le Programme sur l’Environnement des Nations Unies (UNEP). Le but du GISP est de permettre aux gouvernements et aux autres organisations d’utiliser les meilleures pratiques disponibles pour contrôler les espèces exotiques envahissantes et promouvoir le développement de moyens additionnels et de stratégies nécessaires à l’amélioration de la gestion globale de ces espèces.

Le Réseau mondial d’information sur les espèces envahissantes (GISIN) concerne le partage d’information sur les espèces exotiques envahissantes, il propose divers supports : dépliants, listes, sites internet et d’autres ressources sur les espèces végétales exotiques envahissantes.

Enfin l’ « Invasive Species System Task Group » traite de protocole et de technique standardisés sur les espèces exotiques envahissantes ; ce programme propose notamment des conseils, des références et des contacts visant à faciliter la prévention, l’éradication ou la gestion des espèces envahissantes dont des populations ont réussi à s’installer.

(22)

Tableau 3 : Principales initiatives mondiales

Structures Initiatives, missions

Programme mondial sur les espèces exotiques envahissantes (GISP)

Faciliter et soutenir la prévention, la lutte et la gestion des espèces envahissantes partout dans le monde.

GISP, Stratégie mondiale de lutte contre les

espèces exotiques envahissantes Souligne les dimensions du problème et propose un cadre pour l’élaboration d’une réaction au niveau mondial.

Réseau mondial d’information sur les espèces envahissantes (GISIN)

Offrir une plate-forme pour les échanges d’informations sur les espèces envahissantes au niveau mondial.

Invasive Species System Task Group (qui fait partie de Biodiversity Information Standards (TDWG56))

Vise à développer des standards et des protocoles pour partager des données sur la biodiversité.

1.2.2. Stratégie européenne et nationale

La stratégie européenne sur les espèces envahissantes a été élaborée en 2002 et finalisée en 2004 (Genovesi & Shine, 2004). Cette stratégie s’adresse en priorité aux gouvernements des parties contractantes à la Convention de Berne. Elle a pour but, non seulement d’engager les agences de protection de la nature, mais aussi les organismes de tous les secteurs, responsables d’activités en rapport avec la prévention ou la gestion des espèces exotiques envahissantes. Cette stratégie formule des propositions concrètes afin que le secrétariat de la Convention de Berne exerce un rôle moteur au niveau régional et qu’il favorise une synergie sur les questions relatives aux espèces exotiques envahissantes. Enfin, la stratégie européenne prend en compte toute la gamme d’intervenants liés au déplacement et à l’utilisation d’espèces introduites (industrie et commerce, transporteurs, commerçants, gestionnaires de ressources, public), ainsi que la contribution en matière de prévention, de détection, et de réduction, des organisations non gouvernementales (ONG) compétentes. Un grand nombre des actions recommandées soutient les initiatives communes ou complémentaires menées par les parties prenantes professionnelles et publiques.

Depuis décembre 2010, des groupes de travail thématiques sont organisés par la Commission européenne dans le cadre du processus de consultation pour la définition d'une nouvelle stratégie européenne de prévention et de lutte contre les espèces exotiques envahissantes qui sera adoptée en 2012.

La stratégie européenne recommande des actions en fonction des grandes thématiques suivantes :

• prévention des introductions non intentionnelles ;

• prévention à la source : gestion des exportations et des voies de pénétration ;

• prévention à l’arrivée : contrôle aux frontières et mesures de quarantaine, réglementation des introductions intentionnelles ;

• réduction maximale des introductions non intentionnelles à l’intérieur du pays ;

• mesures spéciales concernant les écosystèmes isolés ;

• prévention de la propagation naturelle ;

• détection précoce et réaction rapide : contrôle et surveillance, réaction rapide et plans d’intervention ;

(23)

• réduction des impacts : aspects juridiques et institutionnels, éradication, confinement, contrôle ;

• reconstitution des habitats naturels.

Ces recommandations sont détaillées dans l’annexe 1 ; les principales initiatives existantes à l’échelle européenne sont répertoriées tableau 4.

Tableau 4 : Principales initiatives européennes

Structures Initiatives, missions

Société européenne de malherbologie (European

Weed Research Society - EWRS) Groupe de travail qui encourage et soutient l’éducation et la formation sur les végétaux envahissants (lutte, aspects horticoles et écologiques) auprès des institutions, des étudiants, des professionnels et du public en général. Organise un colloque tous les 3 ans.

DAISIE (Delivering Alien Invasive Inventories for

Europe) Intègre les informations sur les invasions constatées

partout en Europe grâce à l’élaboration d’une base de données collaborative en ligne sur les espèces envahissantes ; aide à comprendre et à prédire la dynamique des invasions et à prévenir l’invasion de nouveaux territoires.

NEOBIOTA, le Groupe européen sur les invasions

biologiques Collecte toutes les informations disponibles sur les

espèces envahissantes en Europe, les menaces qu’elles engendrent et les techniques de gestion permettant de limiter leur impact. A développé une revue open access Neobiota et organise un colloque tous les deux ans.

Réseau nordique et baltique sur les espèces exotiques envahissantes (NOBANIS)

Réseau de bases de données communes sur les espèces exotiques et envahissantes de la région.

ALARM (Assessing LArge Risks for Biodiversity with

tested Methods) Ce programme désormais achevé avait pour

vocation d’évaluer et prévenir les modifications de la biodiversité et de la structure, des fonctions et de la dynamique des écosystèmes ; d’intégrer les services rendus par les écosystèmes et d’inclure les relations entre société, économie et biodiversité.

La stratégie nationale pour la biodiversité (2011-2020) identifie l’arrivée ou l’exportation d’espèces exotiques envahissantes dans des écosystèmes souvent déjà fragilisés par d’autres pressions comme un problème récurrent, parmi les pressions qui menacent la biodiversité. Elle intègre ce sujet dans ses objectifs de la manière suivante :

• l’objectif 5 (Construire une infrastructure écologique incluant un réseau cohérent d’espaces protégés) : « la définition, la préservation et la remise en bon état de la Trame verte et bleue* (TVB) sont prioritaires, tout en étant vigilant quant à son impact sur les déplacements des espèces exotiques envahissantes et des vecteurs de maladies. »,

• l’objectif 11 (Maîtriser les pressions sur la biodiversité » préconise « de mieux connaître ces pressions, de comprendre leurs causes et leurs effets et d’engager des actions concrètes de réduction ». Ces actions qui « visent à éviter les pressions, à réduire celles qui existent ou à compenser celles qui sont inévitables. » comprennent la lutte contre les espèces exotiques envahissantes,

(24)

• l’objectif 14 (Garantir la cohérence entre politiques publiques, aux différentes échelles) :

« certaines politiques publiques contribuent à accroître les pressions sur la biodiversité, comme la fragmentation des habitats, la surexploitation, la propagation des espèces exotiques envahissantes ou les pollutions. Souvent, une partie de ces atteintes peut être réduite sans modifier les objectifs de ces politiques publiques, mais de nouveaux arbitrages sont aussi à rendre, à la lumière de notre connaissance des enjeux. Le renforcement de la cohérence est à mener à toutes les échelles de territoire (…) ainsi, par exemple, doit-on s’en assurer entre les différents documents de planification et d’urbanisme (stratégies, schémas, plans) existants au niveau territorial. De plus, une bonne articulation est nécessaire entre les différentes échelles d’organisation, du local à l’international, en particulier dans le contexte de la territorialisation de la SNB et de l’élaboration ou de la révision en cours des stratégies régionales et locales pour la biodiversité. Cette cohérence passe notamment par un partage des bonnes pratiques, une véritable évaluation environnementale qui prend en compte la biodiversité et des instruments économiques performants. Chacun à son niveau de responsabilité et de subsidiarité doit s’engager sur ces principes de façon claire et ambitieuse ».

A la suite du Grenelle de l’Environnement, le Ministère de l’Écologie a lancé la définition d’une stratégie nationale de lutte contre les espèces exotiques envahissantes ayant un impact négatif sur la biodiversité. Cette stratégie comprend notamment :

• la constitution d’un réseau de surveillance permettant d’agir dès que l’arrivée d’une nouvelle espèce ou l’expansion de l’aire de présence d’une espèce déjà installée sont détectées ;

• le renforcement des moyens de prévention de l’introduction d’espèces exotiques envahissantes en élargissant la liste des espèces actuellement réglementées en application de l’article L.411-3 du Code de l’environnement à d’autres espèces. Cette liste en cours de préparation doit faire l’objet d’une analyse des risques précise sur l’ensemble du territoire national, basée sur des évaluations scientifiques ;

• la mise en place de plans nationaux de lutte contre les espèces exotiques envahissantes.

On note que les espèces concernées sont identifiées sur la base d’un travail de hiérarchisation, en fonction de l’intérêt à agir.

En effet en 2009, la rédaction de deux plans nationaux d’actions a été lancée, l’un pour une espèce végétale (Herbe de la Pampa) et l’autre pour une espèce animale (Écureuil à ventre rouge). En 2010, la rédaction de quatre nouveaux plans d’actions, concernant des espèces animales, a été initiée.

Pour la mise en œuvre de cette stratégie, le Ministère de l’environnement s’appuie sur deux coordinateurs techniques : la Fédération Nationale des Conservatoires Botaniques Nationaux (pour les espèces de flore) et le Muséum National d’Histoire Naturelle (pour les espèces de faune).

La fédération des Conservatoires Botaniques Nationaux a ainsi mis en place à la fin 2009, une cellule scientifique et technique nationale spécifique aux espèces végétales invasives ayant un impact sur la biodiversité (ou susceptible d’en avoir).

Compte tenu des données définies ci-dessus, la stratégie régionale s’insérera dans une politique cohérente avec les accords internationaux existants, et conforme aux recommandations européennes (Genovesi, 2004 ; Shine, 2009) d’une part et la stratégie nationale pour la biodiversité (2011-2020) d’autre part.

(25)

De plus, dans le cadre du plan Ecophyto 2018, la Fédération des Conservatoires Botaniques Nationaux (FCBN) s'inscrit dans un partenariat avec l’association Plante & Cité1, pour une étude sur la gestion préventive des plantes exotiques envahissantes. En effet depuis 2011, Plante & Cité conduit une étude relative à la gestion préventive des plantes exotiques envahissantes au sein des collectivités territoriales et des acteurs professionnels de l’horticulture et du paysage (voir encadré page 64).

Les objectifs de cette étude sont :

• Évaluer la prise en compte des enjeux liés à la propagation des plantes exotiques envahissantes par les collectivités locales et les entreprises,

• Quantifier et décrire les usages et la valeur de ces espèces,

• Identifier les actions innovantes de gestion préventive mises en œuvre par les collectivités et les démarches conduites par les prescripteurs de végétaux.

1.2.3. Apports des régions limitrophes

Une recherche bibliographique a été faite sur l’état d’avancement de la réflexion des régions limitrophes au territoire du Conservatoire botanique des Pyrénées et de Midi-Pyrénées sur les plantes exotiques envahissantes. Cet avancement s’est avéré hétérogène selon les régions. Les informations collectées ont pour objectif de comparer les listes d’espèces élaborées dans les régions voisines pour éventuellement prévoir les risques d’arrivée de nouvelles espèces sur le territoire de travail du Conservatoire, mais également de recenser ce qui a été fait dans les régions limitrophes, de manière à veiller à la cohérence des actions à l’échelle biogéographique.

Territoires limitrophes français : En L anguedoc-Roussillon

La région Languedoc-Roussillon a mis en place une stratégie régionale d’intervention, qui a pour objectif de réduire au minimum les risques que présentent les espèces exotiques envahissantes pour l’environnement, l’économie et la société et de protéger les écosystèmes aquatiques et terrestres de la région. Sur le volet « espèces végétales », la stratégie régionale est animée par le Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles. Afin de justifier et argumenter les listes de plantes exotiques envahissantes, le Conservatoire botanique a mis en œuvre un système de hiérarchisation des espèces reposant sur l'analyse du risque encouru par l'environnement lors d'introduction d'espèces exotiques. L'analyse de risque utilisée ici est l'analyse développée par Weber & Gut (2004) qui considère 3 niveaux de risques (faible, intermédiaire et fort) pour l'environnement si l'espèce se naturalise (voir paragraphe 3.1.2).

Les espèces ont été regroupées en plusieurs listes, une liste « blanche » qui concerne les espèces dont la présence constitue un risque faible pour l'environnement. Les espèces de la liste d' « observation » sont les espèces qui, à l'issue de l'analyse de risques, sont déclarées présenter un risque moyen (ou intermédiaire) pour l'environnement. Une liste « noire » identifie les espèces pouvant présenter des effets sur la santé animale, végétale ou celle de l’environnement. Enfin, les espèces de la liste « grise » sont celles dont le risque ne peut pas être déterminé de façon définitive par manque de données (Burgiel, 2006).

1 L’association Plante & Cité, initiée en 2006, est au service des gestionnaires d'espaces verts, des collectivités territoriales et des entreprises du paysage. Il s’agit d’une plateforme nationale d'expérimentations et de conseils techniques à destination des services espaces verts des collectivités territoriales et des entreprises du paysage.

(26)

Dans le Massif central

Afin d’adopter une stratégie coordonnée vis-à-vis des plantes exotiques envahissantes, des groupes de travail régionaux réunissant les acteurs intervenant sur ce thème se sont structurés au sein du bassin Loire-Bretagne. En Auvergne, le groupe de travail a émergé en 2003 sous l’impulsion de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne. Il va maintenant être animé dans le cadre du Plan Loire Grandeur Nature (2007-2013) par le Conservatoire des Espaces Naturels d’Auvergne, en lien avec le Conservatoire botanique national du Massif Central pour les aspects de connaissance de répartition des espèces et de formation à leur identification. C’est dans ce cadre qu’une liste de plantes exotiques envahissantes a été élaborée.

En région Aquitaine

Le Conservatoire botanique national Sud-Atlantique, avec l’appui financier de collectivités territoriales et du fonds européen FEADER, s’est engagé en 2010 sur un programme de 3 ans visant à mieux connaître la biodiversité végétale du Pays Bassin d’Arcachon-Val de l’Eyre. C’est dans ce cadre qu’un état des lieux sur les espèces exotiques envahissantes du Pays Bassin d’Arcachon-Val de l’Eyre a été initié ; actuellement il n’existe pas de liste à proprement parler pour le CBN Sud-Atlantique.

Territoires limitrophes espagnols :

La loi 42/2007 du 13 Décembre 2007, sur le patrimoine naturel et la biodiversité a créé le Catalogue espagnol des espèces exotiques envahissantes (article 61) et indique que les Communautés autonomes :

• peuvent prendre l'initiative d'inclure une espèce dans ce catalogue.

• doivent surveiller les espèces exotiques à fort potentiel envahissant.

• doivent élaborer des directives pour des stratégies de gestion, de contrôle et d'éradication éventuelle des espèces, en donnant la priorité aux espèces qui présentent le plus grand risque pour la conservation de la faune, la flore ou des habitats indigènes menacés.

• peuvent établir, dans leurs domaines territoriaux respectifs, des catalogues d‘espèces exotiques envahissantes, déterminer des interdictions et des mesures d’éradication supplémentaires si elles le jugent nécessaire.

Un catalogue espagnol a été publié en juin 2011. De plus, le ministère de l’Environnement a produit un atlas des espèces exotiques envahissantes, dans le cadre d’une collection résultant de l’inventaire national de la diversité biologique (Sanz Elorza et al., 2005). Nombre des espèces citées sont issues de l’horticulture d’ornement.

Dans le Pays basque

Un travail de Campos (2008) a permis de définir la flore allochtone envahissante du Pays-Basque espagnol. La liste qui en découle présente 86 taxons définis comme envahissants. Dans cette étude, quatre groupes ont été identifiés, avec par ordre décroissant de caractère envahissant et de priorité d'action:

• A : les envahissantes transformatrices (21 espèces),

• B : les envahissantes (65 espèces),

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